TourMaG.com - Pouvez-vous revenir sur l'origine du collectif ?
Julien : Tout a débuté il y a dix jours, avec le dépouillement de la consultation sur les salaires.
Le refus à 55% de la proposition de la direction par les salariés a été un véritable choc pour nombre d'entre nous.
Nous ne nous attendions pas à ce résultat. Il sonne comme un avertissement lancé à la Direction, il traduit aussi une inquiétude de la part des salariés quant à l'avenir de la compagnie. Nous avons pris conscience qu'Air France n'est pas immortelle.
Suite à cela, un fort sentiment de frustration nous a envahis, car nous avons seulement vu dans les médias les responsables syndicaux du SNPL, de FO et de la CGT. Ils sont présentés comme les uniques représentants des salariés.
Avec le collectif, nous avons envie de faire entendre une autre voix, celle des milliers de personnes qui sont passionnés par leur entreprise, et pour qu'Air France redevienne l'une des premières compagnies mondiales.
TourMaG.com - Vous avez lancé le collectif le 9 mai 2018 à travers un message sur les réseaux sociaux. Combien êtes-vous 5 jours plus tard ?
Julien : A la base du collectif, il existe un noyau dur d'une trentaine de personnes qui gère le groupe, et environ 670 personnes ont répondu à notre questionnaire.
Sur ces retours, 80% d'entre eux ont déclaré vouloir s'engager dans notre démarche.
Nous nous rendons compte qu'au-delà des salariés, les clients sont sensibles à l'avenir de la compagnie, puisque le collectif est composé à 30% de clients d'Air France.
Nous ne voulons pas de gens passifs, mais qui s'impliquent concrètement, nous allons leur proposer de travailler sur des groupes de travail.
Le message est "vous voulez nous rejoindre, et bien nous allons vous mettre au boulot". Il faut regarder ce qu'il se fait à l'étranger pour améliorer la compétitivité d'Air France, la relation clients, et le quotidien des salariés.
Julien : Tout a débuté il y a dix jours, avec le dépouillement de la consultation sur les salaires.
Le refus à 55% de la proposition de la direction par les salariés a été un véritable choc pour nombre d'entre nous.
Nous ne nous attendions pas à ce résultat. Il sonne comme un avertissement lancé à la Direction, il traduit aussi une inquiétude de la part des salariés quant à l'avenir de la compagnie. Nous avons pris conscience qu'Air France n'est pas immortelle.
Suite à cela, un fort sentiment de frustration nous a envahis, car nous avons seulement vu dans les médias les responsables syndicaux du SNPL, de FO et de la CGT. Ils sont présentés comme les uniques représentants des salariés.
Avec le collectif, nous avons envie de faire entendre une autre voix, celle des milliers de personnes qui sont passionnés par leur entreprise, et pour qu'Air France redevienne l'une des premières compagnies mondiales.
TourMaG.com - Vous avez lancé le collectif le 9 mai 2018 à travers un message sur les réseaux sociaux. Combien êtes-vous 5 jours plus tard ?
Julien : A la base du collectif, il existe un noyau dur d'une trentaine de personnes qui gère le groupe, et environ 670 personnes ont répondu à notre questionnaire.
Sur ces retours, 80% d'entre eux ont déclaré vouloir s'engager dans notre démarche.
Nous nous rendons compte qu'au-delà des salariés, les clients sont sensibles à l'avenir de la compagnie, puisque le collectif est composé à 30% de clients d'Air France.
Nous ne voulons pas de gens passifs, mais qui s'impliquent concrètement, nous allons leur proposer de travailler sur des groupes de travail.
Le message est "vous voulez nous rejoindre, et bien nous allons vous mettre au boulot". Il faut regarder ce qu'il se fait à l'étranger pour améliorer la compétitivité d'Air France, la relation clients, et le quotidien des salariés.
Nous, salariés #AirFrance, créons ce collectif pour sauver notre compagnie. Nous avons besoin de vous pour devenir force de proposition et faire entendre notre voix.
— Collectif Tous Air France (@TousAirFrance) 9 mai 2018
Pour comprendre notre démarche et participer, notre manifeste: https://t.co/9VncrOYaKz
Merci de RT!#TousAirFrance
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TourMaG.com - Parmi les 30% de clients qui vous ont rejoint, comptez-vous des professionnels du tourisme ?
Julien : Il y a de tout, mais surtout nous ne nous attendions pas à un tel engouement, notamment de la part des clients.
Nous avons des passagers réguliers, des clients qui voyagent en premium ou détenteurs de cartes de fidélité Platinium ou Ultimate.
Ces personnes nous partagent leur affection pour la compagnie, et veulent participer à son futur.
TourMaG.com – Quelles sont les futures actions du collectif ?
Julien : Dès ce soir, nous allons envoyer un mail à chacune des personnes ayant répondu à notre questionnaire, pour leur soumettre la liste des groupes de travail.
Ensuite, nous avons deux objectifs avec "Tous Air France", le premier étant de faire entendre une voix différente, et le deuxième étant de se poser en médiateur.
Le problème majeur actuel qui fait que la compagnie n'est pas compétitive, reste le blocage du dialogue social.
Cette analyse peut paraître simpliste, mais selon moi, tous les maux d'Air France viennent de ce problème, des grèves à rallonge aux avions cloués au sol. Nous pensons que la reprise du dialogue social pourra soigner bien des maux.
Pour se poser en médiateur, nous voulons nous tenir éloignés du rapport de force entre la direction et les syndicats.
Julien : Il y a de tout, mais surtout nous ne nous attendions pas à un tel engouement, notamment de la part des clients.
Nous avons des passagers réguliers, des clients qui voyagent en premium ou détenteurs de cartes de fidélité Platinium ou Ultimate.
Ces personnes nous partagent leur affection pour la compagnie, et veulent participer à son futur.
TourMaG.com – Quelles sont les futures actions du collectif ?
Julien : Dès ce soir, nous allons envoyer un mail à chacune des personnes ayant répondu à notre questionnaire, pour leur soumettre la liste des groupes de travail.
Ensuite, nous avons deux objectifs avec "Tous Air France", le premier étant de faire entendre une voix différente, et le deuxième étant de se poser en médiateur.
Le problème majeur actuel qui fait que la compagnie n'est pas compétitive, reste le blocage du dialogue social.
Cette analyse peut paraître simpliste, mais selon moi, tous les maux d'Air France viennent de ce problème, des grèves à rallonge aux avions cloués au sol. Nous pensons que la reprise du dialogue social pourra soigner bien des maux.
Pour se poser en médiateur, nous voulons nous tenir éloignés du rapport de force entre la direction et les syndicats.
TourMaG.com - Vous n'êtes donc proche d'aucune des parties ?
Julien : Nous sommes totalement indépendants. Certains nous reprochent d'une possible proximité avec la Direction ou la CFDT, mais ce n'est pas vrai, nous voulons dépolitiser le débat.
Les syndicats sont indispensables, nous n'avons aucune vocation à prendre la place des syndicats, nous n'avons aucune velléité électorale.
Le collectif ne doit pas durer, notre objectif est de renouer le dialogue entre les différentes parties, et de soumettre nos propositions issues des groupes de travail.
TourMaG.com - Quelle est votre position personnelle par rapport aux grèves ?
Julien : Les 15 jours de grève sont désastreux pour l'image, pour les clients et pour les comptes de la compagnie. Nous sommes tous inquiets quant à son avenir.
Je pense que les torts sont partagés. Si le dialogue a été impossible, la Direction n'a jamais su parler avec les syndicats, il faut changer les têtes. Le SNPL pourrait le faire, car personnellement je ne me reconnais absolument pas en Philippe Evain.
Il faut arrêter de politiser le débat, une compagnie aérienne se gère comme une entreprise privée et non un service public.
Je suis un pilote Air France non syndiqué, lambda, qui ne veut pas rester les bras croisés sans rien faire. Je ne dis pas que notre collectif sera une réussite, mais nous sentons que le message prend, il y a une certaine résonance.
Nous sommes un peu dépassés médiatiquement, nous allons nous mettre au travail.
Julien : Nous sommes totalement indépendants. Certains nous reprochent d'une possible proximité avec la Direction ou la CFDT, mais ce n'est pas vrai, nous voulons dépolitiser le débat.
Les syndicats sont indispensables, nous n'avons aucune vocation à prendre la place des syndicats, nous n'avons aucune velléité électorale.
Le collectif ne doit pas durer, notre objectif est de renouer le dialogue entre les différentes parties, et de soumettre nos propositions issues des groupes de travail.
TourMaG.com - Quelle est votre position personnelle par rapport aux grèves ?
Julien : Les 15 jours de grève sont désastreux pour l'image, pour les clients et pour les comptes de la compagnie. Nous sommes tous inquiets quant à son avenir.
Je pense que les torts sont partagés. Si le dialogue a été impossible, la Direction n'a jamais su parler avec les syndicats, il faut changer les têtes. Le SNPL pourrait le faire, car personnellement je ne me reconnais absolument pas en Philippe Evain.
Il faut arrêter de politiser le débat, une compagnie aérienne se gère comme une entreprise privée et non un service public.
Je suis un pilote Air France non syndiqué, lambda, qui ne veut pas rester les bras croisés sans rien faire. Je ne dis pas que notre collectif sera une réussite, mais nous sentons que le message prend, il y a une certaine résonance.
Nous sommes un peu dépassés médiatiquement, nous allons nous mettre au travail.
TourMaG.com - La phase d'inscription est-elle terminée ?
Julien : Non pas du tout, après une phase de communication à destination du grand public, nous allons nous tourner vers les salariés d'Air France.
Communiquer en interne est paradoxalement plus compliqué que vers l'extérieur, pour des raisons légales, car nous ne sommes pas un syndicat. Nous voulons fédérer le plus possible, pour faire émerger des idées constructives.
TourMaG.com – Quels exemples vous inspirent pour sortir de cette situation chaotique ?
Julien : Notre petite sœur KLM est une source d'inspiration. Elle a été au bord du gouffre et a remonté la pente, ce sont des gens très proches de nous, qui peuvent nous inspirer.
TourMaG.com- D'ailleurs, quels échos avez-vous de KLM ?
Julien : Il y a une véritable incompréhension de la part du personnel KLM, il se sent un peu oublié dans l'histoire. Ils ont réussi à se redresser spectaculairement, en ayant fait des efforts.
Il y a un véritable manque de dialogue entre Air France et KLM, qui génère cette incompréhension. Pour éviter cela, nous traduisons notre manifeste en hollandais.
Le collectif a envie de faire passer le message à nos collègues hollandais qu'il n'y a pas que des syndicalistes extrémistes ou une direction incapable d'assumer ses décisions.
Nous voulons vraiment impulser une dynamique positive et rassembler les bonnes volontés. Pour le moment, nous n'avons aucune structure légale, la question de l'association va se poser dans les jours qui viennent. Une chose est sûre : nous ne voulons pas être assimilé à un syndicat.
Julien : Non pas du tout, après une phase de communication à destination du grand public, nous allons nous tourner vers les salariés d'Air France.
Communiquer en interne est paradoxalement plus compliqué que vers l'extérieur, pour des raisons légales, car nous ne sommes pas un syndicat. Nous voulons fédérer le plus possible, pour faire émerger des idées constructives.
TourMaG.com – Quels exemples vous inspirent pour sortir de cette situation chaotique ?
Julien : Notre petite sœur KLM est une source d'inspiration. Elle a été au bord du gouffre et a remonté la pente, ce sont des gens très proches de nous, qui peuvent nous inspirer.
TourMaG.com- D'ailleurs, quels échos avez-vous de KLM ?
Julien : Il y a une véritable incompréhension de la part du personnel KLM, il se sent un peu oublié dans l'histoire. Ils ont réussi à se redresser spectaculairement, en ayant fait des efforts.
Il y a un véritable manque de dialogue entre Air France et KLM, qui génère cette incompréhension. Pour éviter cela, nous traduisons notre manifeste en hollandais.
Le collectif a envie de faire passer le message à nos collègues hollandais qu'il n'y a pas que des syndicalistes extrémistes ou une direction incapable d'assumer ses décisions.
Nous voulons vraiment impulser une dynamique positive et rassembler les bonnes volontés. Pour le moment, nous n'avons aucune structure légale, la question de l'association va se poser dans les jours qui viennent. Une chose est sûre : nous ne voulons pas être assimilé à un syndicat.
TourMaG.com - La direction a-t-elle engagé un dialogue avec vous ?
Julien : Il n'y a eu aucun contact direct, je le rappelle, nous sommes indépendants, je pense que la direction doit être plutôt satisfaite de cette initiative.
Dans une entreprise normale, cela peut paraître utopique à l'heure actuelle, mais il me semble logique que les responsables et les salariés aient des objectifs communs.
TourMaG.com - La démission de Jean-Marc Janaillac va-t-elle relancer le dialogue ?
Julien : Il faut espérer, après nous profitons de l'occasion pour être force de proposition, et apporter des nouvelles idées.
Cette mésaventure nous amène à nous poser la question de l'intervention de l'Etat dans la gouvernance d'Air France. Ne serait-il pas mieux de dépolitiser la question ?
Nous aurions tout intérêt à trouver un chef d'entreprise qu'il faudra peut-être aller chercher à l'étranger, et qui sera sans doute payé plus que le président actuel de la compagnie, mais la compagnie aurait alors une personne ayant les capacités de gérer ce genre de société.
Il sera plus judicieux de ne pas confier les rênes à une personne issue de la sphère politique ou qui a occupé uniquement des fonctions dans des entreprises monopolistiques.
Julien : Il n'y a eu aucun contact direct, je le rappelle, nous sommes indépendants, je pense que la direction doit être plutôt satisfaite de cette initiative.
Dans une entreprise normale, cela peut paraître utopique à l'heure actuelle, mais il me semble logique que les responsables et les salariés aient des objectifs communs.
TourMaG.com - La démission de Jean-Marc Janaillac va-t-elle relancer le dialogue ?
Julien : Il faut espérer, après nous profitons de l'occasion pour être force de proposition, et apporter des nouvelles idées.
Cette mésaventure nous amène à nous poser la question de l'intervention de l'Etat dans la gouvernance d'Air France. Ne serait-il pas mieux de dépolitiser la question ?
Nous aurions tout intérêt à trouver un chef d'entreprise qu'il faudra peut-être aller chercher à l'étranger, et qui sera sans doute payé plus que le président actuel de la compagnie, mais la compagnie aurait alors une personne ayant les capacités de gérer ce genre de société.
Il sera plus judicieux de ne pas confier les rênes à une personne issue de la sphère politique ou qui a occupé uniquement des fonctions dans des entreprises monopolistiques.
Voici les thèmes des groupes de travail proposés par le collectif Tous Air France :
- "Diagnostique de la grève",
- "Les atouts d'Air France" qui pourraient être utilisés comme stratégie de communication,
- "Freins et contraintes qui pèsent sur le groupe", le problème de dialogue social et de gestion,
- "Les actions sur les coûts", les bonnes idées à implémenter sur chaque métier,
- "Orientations stratégiques, quel futur pour Hop!, Transavia et Joon ?",
- "La suite à donner aux assises du transport aérien".
Vous pouvez rejoindre le Collectif Tous Air France, en cliquant ici.
- "Les atouts d'Air France" qui pourraient être utilisés comme stratégie de communication,
- "Freins et contraintes qui pèsent sur le groupe", le problème de dialogue social et de gestion,
- "Les actions sur les coûts", les bonnes idées à implémenter sur chaque métier,
- "Orientations stratégiques, quel futur pour Hop!, Transavia et Joon ?",
- "La suite à donner aux assises du transport aérien".
Vous pouvez rejoindre le Collectif Tous Air France, en cliquant ici.