
"Il faut savoir laisser la place, il est plus juste que les jeunes voyagent plus que nous" selon Jean Pinard - Visuel généré avec l'IA
Les agents de voyages et producteurs ont sans doute réellement découvert Jean Pinard à travers ses chroniques sur TourMaG.com, pourtant cet institutionnel est une figure de son secteur depuis de nombreuses années.
Il avait fait une intervention remarquée lors de la Convention des Entreprises du Voyage Île-de-France, estomaquant l'auditoire, de quoi asseoir un peu plus son aura de trublion d'une industrie qui peine parfois à se remettre en question.
Cette grande gueule, mais sage, de l'industrie n'hésite jamais à prendre la parole sur les réseaux sociaux pour provoquer le débat et surtout défendre son amour de toujours : le tourisme.
Ce sportif ayant participé aux Universiades de Zagreb (les JO des étudiants), en canoë biplace avec un équipier qui s’appelait Boivin (ça ne s'invente pas), cache-t-il aussi un grand voyageur ?
"Mon premier voyage, je l’ai fait à 10 ans, assis sur un banc de la petite gare des Longevilles-Mont-d’Or, dans le Doubs, située juste à l’entrée du tunnel éponyme entre la France et la Suisse.
Sur cette ligne passaient à l’époque tous les grands Trans-Europe Express entre Paris et l’Italie, voire même la Yougoslavie.
Et comme le tunnel était à voie unique, trois fois par jour, les trains en provenance de Paris attendaient la sortie du tunnel des trains venant d’Italie pour continuer leur trajet.
Nous étions en vacances avec mes parents dans un gîte à 100 mètres de la gare, et je voulais voir de plus près ces trains internationaux dont je repérais les itinéraires sur ma carte, fasciné qu’un Paris–Zagreb ou un Paris–Rimini puisse passer juste devant moi," nous partage Jean Pinard.
Il avait fait une intervention remarquée lors de la Convention des Entreprises du Voyage Île-de-France, estomaquant l'auditoire, de quoi asseoir un peu plus son aura de trublion d'une industrie qui peine parfois à se remettre en question.
Cette grande gueule, mais sage, de l'industrie n'hésite jamais à prendre la parole sur les réseaux sociaux pour provoquer le débat et surtout défendre son amour de toujours : le tourisme.
Ce sportif ayant participé aux Universiades de Zagreb (les JO des étudiants), en canoë biplace avec un équipier qui s’appelait Boivin (ça ne s'invente pas), cache-t-il aussi un grand voyageur ?
"Mon premier voyage, je l’ai fait à 10 ans, assis sur un banc de la petite gare des Longevilles-Mont-d’Or, dans le Doubs, située juste à l’entrée du tunnel éponyme entre la France et la Suisse.
Sur cette ligne passaient à l’époque tous les grands Trans-Europe Express entre Paris et l’Italie, voire même la Yougoslavie.
Et comme le tunnel était à voie unique, trois fois par jour, les trains en provenance de Paris attendaient la sortie du tunnel des trains venant d’Italie pour continuer leur trajet.
Nous étions en vacances avec mes parents dans un gîte à 100 mètres de la gare, et je voulais voir de plus près ces trains internationaux dont je repérais les itinéraires sur ma carte, fasciné qu’un Paris–Zagreb ou un Paris–Rimini puisse passer juste devant moi," nous partage Jean Pinard.
"Un jour, comme lui, je deviendrai un voyageur..."
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Celui qui a donc expérimenté les voyages immobiles avant l'heure passait des heures à regarder défiler les machines rutilantes.
"Alors, quand les trains en provenance de Paris attendaient leur tour pour passer en Suisse, je regardais ces voyageurs assis au wagon-restaurant, et ce spectacle immobile me ravissait.
Un jour, un voyageur en costume-cravate m’a remarqué et m’a fait un signe de la main. Qu’un homme d’affaires rentrant de Paris à Milan dans le Cisalpin m’ait vu m’avait profondément ému.
Un jour, comme lui, je deviendrai un voyageur," se remémore le consultant pour Futourism.
Alors qu’à 10 ans, il se fait la promesse de découvrir le monde, Jean Pinard, devenu majeur, et bien qu’amoureux des trains, ne prend pas la direction de la SNCF.
Il rentre à la fac pour y mener des études de géographie.
Ce voyage immobile sur le quai d'une gare n’a donc pas vraiment orienté sa carrière professionnelle, quoiqu'à bien y regarder, il y a laissé quelques traces.
"Je ne sais pas pourquoi je n’ai jamais travaillé à la SNCF, pourtant je connais toutes les lignes et les horaires par cœur.
Plus sérieusement, j’ai toujours associé le train au tourisme, et j’ai toujours souhaité, dans les jobs successifs, rapprocher l’info tourisme de l’info transport.
Je pense que ce qu’on fait en Occitanie avec l’Occitanie Rail Tour n’est pas si mal, même si on est encore loin de ce qui est fait en Suisse."
"Alors, quand les trains en provenance de Paris attendaient leur tour pour passer en Suisse, je regardais ces voyageurs assis au wagon-restaurant, et ce spectacle immobile me ravissait.
Un jour, un voyageur en costume-cravate m’a remarqué et m’a fait un signe de la main. Qu’un homme d’affaires rentrant de Paris à Milan dans le Cisalpin m’ait vu m’avait profondément ému.
Un jour, comme lui, je deviendrai un voyageur," se remémore le consultant pour Futourism.
Alors qu’à 10 ans, il se fait la promesse de découvrir le monde, Jean Pinard, devenu majeur, et bien qu’amoureux des trains, ne prend pas la direction de la SNCF.
Il rentre à la fac pour y mener des études de géographie.
Ce voyage immobile sur le quai d'une gare n’a donc pas vraiment orienté sa carrière professionnelle, quoiqu'à bien y regarder, il y a laissé quelques traces.
"Je ne sais pas pourquoi je n’ai jamais travaillé à la SNCF, pourtant je connais toutes les lignes et les horaires par cœur.
Plus sérieusement, j’ai toujours associé le train au tourisme, et j’ai toujours souhaité, dans les jobs successifs, rapprocher l’info tourisme de l’info transport.
Je pense que ce qu’on fait en Occitanie avec l’Occitanie Rail Tour n’est pas si mal, même si on est encore loin de ce qui est fait en Suisse."
"Nous sommes partis un vendredi 13 parce que les billets d’avion étaient moins chers"
Celui qui a été pendant 5 ans directeur du CRTL Occitanie a été l'un des instigateurs de l’Occitanie Rail Tour, une sorte de pass rail dédié à la région, pour un tarif de 10 euros par jour.
Et dans chaque grand voyageur, qu’il soit actif ou simple rêveur, se cache toujours un grand lecteur.
A lire : Voyage et tourisme : des philosophes des lumières aux sociologues de l’ombre
Son dernier grand voyage, celui "de ma vie", s'est déroulé dans des terres australes battues par le vent, où l'homme n'est qu'une poussière perdue dans l'immensité.
"Au milieu des années 2010, nous avions accueilli pendant 10 mois une jeune Argentine qui était venue faire un an d’études au lycée d’Issoire, et nous avons décidé de partir pour les vacances de fin d’année afin de passer Noël avec elle et sa famille dans ses montagnes patagoniennes.
Moi qui avais lu tous les bouquins de Luis Sepúlveda et de Francisco Coloane, j’allais enfin mettre des visages sur les noms des personnages de leurs romans, voir en vrai l’immensité de la Patagonie dont je rêvais page après page.
Nous sommes partis avec nos 4 enfants un vendredi 13 parce que les billets d’avion étaient moins chers, pour rejoindre Buenos Aires via Miami. Puis nous avons mis le cap plein sud vers El Calafate, le Perito Moreno et El Chaltén, point de départ de toutes les expéditions vers le Fitz Roy.
Nous sommes passés au Chili en traversant les Andes en bus, pour arriver à Valparaíso, que Sepúlveda m’avait tellement bien décrit que j’avais l’impression d’y être allé déjà dix fois.
En longeant la côte, nous avons terminé notre périple, un peu par hasard, dans un des seuls spots de surf de la côte Pacifique : Pichilemu, station balnéaire roots où l’on surfe toute l’année — mais en combinaison avec cagoule, tant la mer est froide.
Cela fait 10 ans que j’ai fait ce voyage, je rêve d’y retourner, acheter une hacienda et des vignobles qui surplombent le Pacifique, pour y faire ma cuvée Dom Pinar," se souvient Jean Pinard.
Et dans chaque grand voyageur, qu’il soit actif ou simple rêveur, se cache toujours un grand lecteur.
A lire : Voyage et tourisme : des philosophes des lumières aux sociologues de l’ombre
Son dernier grand voyage, celui "de ma vie", s'est déroulé dans des terres australes battues par le vent, où l'homme n'est qu'une poussière perdue dans l'immensité.
"Au milieu des années 2010, nous avions accueilli pendant 10 mois une jeune Argentine qui était venue faire un an d’études au lycée d’Issoire, et nous avons décidé de partir pour les vacances de fin d’année afin de passer Noël avec elle et sa famille dans ses montagnes patagoniennes.
Moi qui avais lu tous les bouquins de Luis Sepúlveda et de Francisco Coloane, j’allais enfin mettre des visages sur les noms des personnages de leurs romans, voir en vrai l’immensité de la Patagonie dont je rêvais page après page.
Nous sommes partis avec nos 4 enfants un vendredi 13 parce que les billets d’avion étaient moins chers, pour rejoindre Buenos Aires via Miami. Puis nous avons mis le cap plein sud vers El Calafate, le Perito Moreno et El Chaltén, point de départ de toutes les expéditions vers le Fitz Roy.
Nous sommes passés au Chili en traversant les Andes en bus, pour arriver à Valparaíso, que Sepúlveda m’avait tellement bien décrit que j’avais l’impression d’y être allé déjà dix fois.
En longeant la côte, nous avons terminé notre périple, un peu par hasard, dans un des seuls spots de surf de la côte Pacifique : Pichilemu, station balnéaire roots où l’on surfe toute l’année — mais en combinaison avec cagoule, tant la mer est froide.
Cela fait 10 ans que j’ai fait ce voyage, je rêve d’y retourner, acheter une hacienda et des vignobles qui surplombent le Pacifique, pour y faire ma cuvée Dom Pinar," se souvient Jean Pinard.
"Il faut savoir laisser la place, il est plus juste que les jeunes voyagent plus que nous"
Et entre ce grand voyage d’une vie et le premier, quelques décennies sont passées, et la façon de s’extraire du quotidien a, elle aussi, évolué.
Pour Jean Pinard, il n’est plus question maintenant de partir loin, laissant aux jeunes le soin de parcourir le monde et de se faire leur propre opinion sur l’humanité, où qu’elle soit.
"Évidemment, la donne a changé et j’essaie de m’appliquer à moi-même les préconisations de Jean-Marc Jancovici.
Il faut savoir laisser la place, et en l’occurrence, accepter qu’il soit plus juste que les jeunes voyagent davantage que nous. C’est le sens de la vie !
Je voyage, mais moins loin et moins souvent. Ce n’est pas une contrainte, c’est un choix assumé. Et je relis de temps en temps un Sepúlveda, histoire de me transporter dans les bars de Valparaíso," poursuit le chroniqueur de TourMaG.com.
La force de l’imaginaire est un levier que les professionnels du tourisme devraient explorer davantage, pour faire évoluer l’industrie vers plus de durabilité et de responsabilité.
À l’heure où les influenceurs ont posé leurs valises dans les Émirats pour des raisons fiscales, et renvoient l’image d’une vie idyllique – malgré les fortes chaleurs toute l’année et des conditions de vie assez peu respectueuses de la planète –, proposer d’autres récits, d’autres images, d’autres destinations serait salutaire.
Sans surprise, la source principale d’inspiration de Jean Pinard a été… la lecture.
Pour Jean Pinard, il n’est plus question maintenant de partir loin, laissant aux jeunes le soin de parcourir le monde et de se faire leur propre opinion sur l’humanité, où qu’elle soit.
"Évidemment, la donne a changé et j’essaie de m’appliquer à moi-même les préconisations de Jean-Marc Jancovici.
Il faut savoir laisser la place, et en l’occurrence, accepter qu’il soit plus juste que les jeunes voyagent davantage que nous. C’est le sens de la vie !
Je voyage, mais moins loin et moins souvent. Ce n’est pas une contrainte, c’est un choix assumé. Et je relis de temps en temps un Sepúlveda, histoire de me transporter dans les bars de Valparaíso," poursuit le chroniqueur de TourMaG.com.
La force de l’imaginaire est un levier que les professionnels du tourisme devraient explorer davantage, pour faire évoluer l’industrie vers plus de durabilité et de responsabilité.
À l’heure où les influenceurs ont posé leurs valises dans les Émirats pour des raisons fiscales, et renvoient l’image d’une vie idyllique – malgré les fortes chaleurs toute l’année et des conditions de vie assez peu respectueuses de la planète –, proposer d’autres récits, d’autres images, d’autres destinations serait salutaire.
Sans surprise, la source principale d’inspiration de Jean Pinard a été… la lecture.
"On croit qu'on fait un voyage, mais c'est le voyage qui vous fait"
"Les auteurs sud-américains m’ont vraiment donné envie de visiter la Patagonie, et oui, on peut dire qu’ils m’ont influencé.
Plus proches de nous, Sylvain Tesson et Nicolas Bouvier dont j’aimais beaucoup la vision du voyage : « On voyage pour que les choses surviennent et changent ; sans quoi on resterait chez soi.
On croit qu'on fait un voyage, mais bientôt c'est le voyage qui vous fait, ou vous défait »."
Ce père a bien évidemment transmis le goût du voyage à ses quatre enfants, mais aussi une vision qu’il espère plus consciente et respectueuse.
Le train est privilégié à l’avion, sauf pour les virées lointaines par-delà les océans.
"Est-ce le fait d’avoir accueilli tous ces jeunes des quatre coins du monde à la maison qui leur a donné le goût du voyage ?
Je ne sais pas, mais oui, ils voyagent – et plutôt pas mal – en préférant le train, sauf quand ils partent loin pour leur job ou leurs études.
J’ai quatre enfants et en ce moment, j’en ai une qui travaille à Rio, une qui part travailler à La Réunion, et mon dernier fait un semestre à Mendoza (Argentine) avant d’explorer la Patagonie en bus.
Je pense que pour eux, la finalité du voyage, c’est la rencontre, et j’aime qu’ils me parlent de leurs amis croisés au fil de leurs voyages," conclut cet amoureux du tourisme et du voyage.
Comme quoi les deux sont possibles.
Plus proches de nous, Sylvain Tesson et Nicolas Bouvier dont j’aimais beaucoup la vision du voyage : « On voyage pour que les choses surviennent et changent ; sans quoi on resterait chez soi.
On croit qu'on fait un voyage, mais bientôt c'est le voyage qui vous fait, ou vous défait »."
Ce père a bien évidemment transmis le goût du voyage à ses quatre enfants, mais aussi une vision qu’il espère plus consciente et respectueuse.
Le train est privilégié à l’avion, sauf pour les virées lointaines par-delà les océans.
"Est-ce le fait d’avoir accueilli tous ces jeunes des quatre coins du monde à la maison qui leur a donné le goût du voyage ?
Je ne sais pas, mais oui, ils voyagent – et plutôt pas mal – en préférant le train, sauf quand ils partent loin pour leur job ou leurs études.
J’ai quatre enfants et en ce moment, j’en ai une qui travaille à Rio, une qui part travailler à La Réunion, et mon dernier fait un semestre à Mendoza (Argentine) avant d’explorer la Patagonie en bus.
Je pense que pour eux, la finalité du voyage, c’est la rencontre, et j’aime qu’ils me parlent de leurs amis croisés au fil de leurs voyages," conclut cet amoureux du tourisme et du voyage.
Comme quoi les deux sont possibles.
Les autres épisodes de "Voyage et moi"
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