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Europe : l'hégémonie de Booking attaquée de toute part...

L'autorité de la concurrence espagnole propose une amende de 486 millions d'euros


L'horizon s'assombrit pour Booking.com en Europe. Alors que la loi européenne sur les marchés numériques (DMA) entrera en vigueur dans quelques jours, la plateforme pourrait se voir infliger une amende record en Espagne, pour abus de position dominante auprès des hôteliers et agences de voyages.


Rédigé par le Vendredi 23 Février 2024

L'autorité de la concurrence espagnole propose une amende de 486 millions d'euros à infliger à Booking - Crédit photo : Depositphotos @hansenn
L'autorité de la concurrence espagnole propose une amende de 486 millions d'euros à infliger à Booking - Crédit photo : Depositphotos @hansenn
Les mauvaises nouvelles commencent à s'accumuler au-dessus du siège social de Booking.com.

Déjà fin janvier 2024, le Tribunal de La Haye avait statué sur le fait que Booking.com est bien une agence de voyages et doit donc adhérer au fonds de pension néerlandais pour le secteur du voyage.

D'après nos confrères du site IPE, le géant de l'industrie touristique se retrouve donc dans l'obligation de payer toutes les cotisations de retraite impayées pour tous ses travailleurs actuels et anciens.

Le montant est estimé à 405 millions d'euros à la fin du troisième trimestre 2023, l'entreprise prédit d’éventuelles prochaines étapes sur ce dossier.

Sauf que le service juridique de Booking doit avancer sur de nombreux fronts, à commencer par le plus dangereux et couteux, celui de l'enquête de la Commission nationale des marchés de la concurrence en Espagne.

Ouverte depuis octobre 2022, suite aux plaintes de l'Association espagnole des directeurs d'hôtels et l'Association hôtelière de Madrid, la procédure se rapproche de son terme et l'instance a proposé d'infliger une lourde amende de 486 millions d'euros à Booking.

Booking. : Une amende record l'attend en Espagne !

Une somme qui constituerait un record absolu aussi bien pour l'autorité que pour le géant du voyage.

Il aurait alors enfreint les règles de la concurrence en Espagne, et abusé de sa position dominante auprès des hôteliers et des agences de voyages. Une affirmation que réfutent les dirigeants de l'entreprise.

"Nous regrettons le projet de décision de la CNMC (Comisión Nacional de los Mercados y la Competencia), et sommes en profond désaccord avec ses conclusions," nous a assuré un porte-parole de Booking.

Si la décision de l'autorité reste inchangée, alors la société fera appel de la décision.

Le processus judiciaire prendra alors plusieurs années, durant lesquelles la plateforme opèrera des modifications dans ces pratiques en vigueur en Espagne, a expliqué le directeur financier David Goulden à Skift.

En septembre dernier, la Commission européenne avait interdit le projet d'acquisition d'eTraveli par Booking, en raison d'une position qui se serait encore renforcée sur le marché des agences de voyages en ligne et dans le domaine hôtelier dans l'Espace économique européen.

A lire : Booking : La fin du rêve de l'agence de voyages ultime ?

Il faut bien comprendre qu'une telle amende resterait une petite épine dans le pied d'une entreprise ayant réalisé en 2023 un bénéfice net de 3,97 milliards d'euros (4,3 milliards de dollars), en hausse de + 40%.

Ses revenus ont eux "seulement" augmenté de 25% pour s'établir à 19,77 milliards d'euros (21,4 milliards de dollars).

DMA : Booking.com va déposer sa notification à la Commission européenne

Et comme les problèmes s'accumulent, Booking.com doit faire face à un sujet bien plus important et systémique, avec l'entrée en vigueur en Europe du DMA.

Le Digital Markets Act (DMA) sera une réalité pour les consommateurs européens, mais surtout les grands groupes mondiaux du numérique à partir du 6 mars).

Dans un premier temps, Booking.com a assuré ne pas répondre "aux critères énoncés dans le règlement et que, par conséquent, le règlement n'exige pas la soumission d'une notification formelle."

Sauf que le Digital Markets Act prévoit que la Commission européenne peut elle-même désigner une plateforme comme gatekeeper, donc un gardien de l'accès à tel ou tel marché.

Pour éviter d'être contraint et sans doute sanctionné financièrement, le géant européen passé sous pavillon américain en 2005, va se notifier en vertu du DMA.

"Nous nous signalerons prochainement à la Commission européenne dans le cadre du Digital Markets Act, qui vise à assurer une réglementation cohérente des plateformes en ligne à l’échelle de l’Union européenne, et ainsi éviter la fragmentation à un niveau national.

Nous sommes convaincus qu’il s’agit là du cadre pertinent pour discuter et adresser les principales préoccupations exprimées par le CNMC, constituant une opportunité de convenir de solutions applicables à toute l’Europe plutôt que pays par pays,
" a poursuivi le porte-parole.

A lire : Ce que va changer le DMA pour Google Flight, Google Hotels & co ?

Le DMA a été prévu pour apporter une plus grande transparence et une meilleure concurrence sur le net européen. Si les entreprises ne se conforment pas aux exigences de la Commissione, alors l'instance pourra taper fort, très fort.

Il est prévu une "amende pouvant aller jusqu'à 10% du chiffre d'affaires total peut être infligée, (20% avec un seuil minimal de 4% réclamés par le Parlement) et un démantèlement est possible.

Il y a du muscle dans ce règlement,
" nous confiait Emmanuel Mounier le secrétaire général d'Eu Travel Tech.

Les prochains mois promettent d'être... musclés pour Booking.

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