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France : on n'est pas près de voir des Asiatiques avant longtemps...

La chronique de Thierry Beaumont


Alors que l’Europe annonce, en ordre dispersé, la réouverture de ses frontières, à l’exception des voyageurs en provenance des Etats-Unis, de Russie, d’Israël, de Turquie et d’Arabie Saoudite, il est à craindre que les Asiatiques ne soient pas près de fréquenter les couloirs des aérogares de Roissy CDG. Il est même fort probable que, dans le meilleur des cas, la France ne retrouve sa place parmi les destinations choisies par les Chinois, Japonais, Coréens, Thaïlandais et autres Asiatiques, qu’en 2022, sous réserve que la pandémie de Covid-19 ne connaisse pas une nouvelle poussée mondiale à l’automne et qu’un nouveau virus ne fasse son apparition. Voyons pourquoi.


Rédigé par Thierry Beaumont le Mardi 7 Juillet 2020

Quand on sait que Baicheng, l’agence en ligne soutenue par le géant Alibaba a, d’ores et déjà cessé son activité et que le puissant groupe HNA, très présent dans le tourisme, a été placé sous le contrôle de l’État chinois, on peut craindre le pire - DR :  Depositphotos.com, perig76
Quand on sait que Baicheng, l’agence en ligne soutenue par le géant Alibaba a, d’ores et déjà cessé son activité et que le puissant groupe HNA, très présent dans le tourisme, a été placé sous le contrôle de l’État chinois, on peut craindre le pire - DR : Depositphotos.com, perig76
Supposons que tout s’arrange assez rapidement. Les raisons pour lesquelles les Asiatiques ne reviendront pas de sitôt en France sont multiples et facilement identifiables.

En Chine, les choses sont claires : pour l’instant et jusqu’à nouvel ordre, interdiction formelle de voyager à l’étranger. Et les autorités n’ont laissé entrevoir aucune évolution positive à court terme.

Mais projetons tout de même en 2021 et imaginons que la deuxième vague de contamination est passée sans trop provoquer de décès et qu’une ouverture se profile.

D’ici là, les rangs des agences de voyages chinoises ayant mis la clé sous la porte se seront grandement épaissis, passant de 11 000 faillites actuelles sur 40 000 agences à combien ?

Quand on sait que Baicheng, l’agence en ligne soutenue par le géant Alibaba a, d’ores et déjà cessé son activité et que le puissant groupe HNA, très présent dans le tourisme, a été placé sous le contrôle de l’État chinois, on peut craindre le pire.

Par ailleurs, lorsqu’il y aura reprise, le pouvoir d’achat des Chinois leur permettra-t-il encore de voyager jusqu’en Europe ? Pour rappel, ils étaient 2 millions à visiter la France chaque année.

Il est fort probable qu’ils commenceront par se rendre dans les destinations régionales (Japon, Corée, Thaïlande, Vietnam,…), plus proches et moins chères, avant de choisir un long-courrier.

Quid des Japonais et des Sud-Coréens ?

Pour les Japonais, dont on connaît la hantise des conditions sanitaires dégradées ou instables, le nombre de victimes enregistré en France est un repoussoir absolu, mais pas que...

Pour les Japonais qui ont un peu de mémoire, et ils sont nombreux à en avoir, la France c’est aussi le chaos quasi permanent.

Les images des attentats de ces dernières années à Paris et à Nice, celles des grèves longue durée comme celle de la SNCF en 2019, le feuilleton des « Gilets jaunes » et ces images frappantes des commerces barricadés sur les Champs-Elysées et autres avenues parisiennes, sans oublier celles des saccages et multiples pillages.

On dit souvent que les touristes ont la mémoire courte, pas sûr que ce soit le cas des Japonais.

Pour les Sud-coréens, mêmes arguments, auxquels on peut en ajouter deux autres : partir pour un pays dans lequel l’infection a provoqué plus de 30 000 morts est, à ce jour, inimaginable.

Citée en exemple à travers le monde, la gestion de l’épidémie par les autorités sud-coréennes fera école. Comment expliquer aux éventuels futurs voyageurs qu’en France, on ne respecte pas les consignes du gouvernement, on ne porte pas le masque et on s’embrasse allègrement !

De surcroît, même si certains aventuriers étaient prêts, malgré tout, à visiter l’Hexagone, les conditions imposées lors du retour en Corée sont de nature à décourager les plus téméraires : contrôle médical strict dès la descente d’avion à l’aéroport puis auto-confinement de 14 jours, encore plus strict, car vérifié par une application digitale obligatoire avec lourdes sanctions en cas de non-respect.

Avec le retour à la hausse de la courbe des nouvelles contaminations, l’assouplissement des contraintes n’est pas pour demain, même si la population coréenne n’a, pour l’instant, jamais été confinée dans son ensemble.

Une population française qualifiée par la presse thaï d’insouciante et irresponsable

En Thaïlande, le gouvernement militaire a, lui aussi, pris des mesures drastiques pour éviter une contagion massive à la population.

Couvre-feu, un mois de confinement, état d’urgence et des frontières fermées depuis le mois de mars. Le résultat est spectaculaire avec seulement 58 décès pour 69 millions d’habitants !

Alors quand la presse thaïlandaise publie les photos des rassemblements populaires sans protection qu’a connu la France pour la fête de la musique en rappelant le bilan français dans les hôpitaux, l’incompréhension est totale et si le désir d’aller découvrir Paris existe peut-être, il est vite refoulé par la crainte de se mêler à une population française qualifiée par la presse thaï d’insouciante et irresponsable.

Asie : une industrie du tourisme à terre

Enfin, et c’est malheureusement une triste réalité, l’industrie du tourisme des pays asiatiques, à l’instar de celle des autres pays de la planète, est à terre. Agences de voyages et tour-opérateurs sont au bord du gouffre ou déjà au fond.

L’arrêt de toute activité a, d’ores et déjà, provoqué des faillites en cascade chez les plus petits et des réductions drastiques d’effectifs chez les gros acteurs.

Trouver, aujourd’hui, un professionnel qui vous vend un séjour en France relève de l’exploit. Et si vous cherchez à acheter un vol sec, il y a de fortes chances que celui-ci soit annulé ou modifié avant votre départ.

Les vols ? Encore une problématique compliquée. Les spécialistes de l’aérien ne prévoient pas un retour aux programmes de vols que nous connaissions post-pandémie avant 2022-23 dans le meilleur des cas, certains disent même 2025.

D’ici là, combien de compagnies auront abandonné ? Quel sera le prix du billet d’avion si des conditions draconiennes de distanciation sociale sont imposées aux compagnies ? Autant de questions qui n’incitent pas à voir l’horizon se dégager.

Les plus optimistes prétendront néanmoins que « ça va bien repartir ». Mais aucun ne saura dire quand et comment, tant les contraintes imposées aux éventuels voyageurs, ainsi que l’image que donne la France à l’international, n’incitent, ni les professionnels asiatiques, ni les Chinois, Japonais, Coréens, Thaïlandais et autres Asiatiques, à rêver de la France et à y programmer un séjour.

Thierry Beaumont - DR
Thierry Beaumont - DR
Thierry Beaumont, l'ex-voix "voyage" de France Info est installé aujourd'hui en Corée du Sud. A partir de son nouveau camp de base, il en profite pour beaucoup voyager dans la région : Japon, Thaïlande, Vietnam, Cambodge...

Il collabore en particulier pour BFM Business.

Thierry Beaumont est notamment connu pour ses chroniques "voyages" diffusé sans interruption entre 1993 et 2009 sur France Info. Il a également été à l'origine du magazine l'Argus des voyages.

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Commentaires

1.Posté par Xenon le 08/07/2020 08:57 | Alerter
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Un exemple qui démontre que les prochains maîtres de monde se trouvent en Asie et que les pays occidentaux en pleine décadence ne serviront que de parcs d’attractions, (sous contrôle Asiatique bien sûr), pour venir voir les reliques d’une civilisation déchue. Comme nous allions nous-même voir la Grèce antique ou la Rome Antique…

2.Posté par Suzy le 08/07/2020 09:37 | Alerter
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Excellente nouvelle ! La fin du tourisme de masse en provenance d'Asie est ce qu'on pouvait espérer de mieux.

3.Posté par Celine le 08/07/2020 12:21 | Alerter
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Les chinois de toute façons la plupart des pays n'ont pas envie de les revoir , sans oublier les risques d'agressions et quand on sait le nombre d'incultes en France pour qui chaque asiatique est forcément chinois ... Il n'empêche que la Covid 19 ainsi que les nouveaux arrivant dont les médias (vous inclus) aiment déjà utiliser pour créer la peur , viennent tous de Chine ! Le japonais peureux d'origine n'ira pas là-bas non plus. Ca m'attriste à lire cet article , qu'on oublie déjà les protocoles sanitaires mis en place par certain pays pour la reprises des voyages , avec le test pcr avant le départ. La Thailande ferait mieux de s'occuppé de son roi qui voyage librement entre la Suisse , l'Allemagne et la Thailande comme ça lui chante , avec aucune quarantaine ni rien. Facile d'avoir peur de l'étranger et peu de cas chez eux puisqu'ils ne test pas assez. Les test y sont chers pas dans le budget des habitants. Par contre cet article concerne l'Europe entière , stop a toujours vouloir stigmatiser la France. Les défunts ne vont pas ressuscités. Stop la peur constante via la médias !

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