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Futuroscopie - Avare, économe, flambeur... les relations du touriste à l’argent 🔑

Qui sont vos clients ? Une nouvelle série de Futuroscopie. Episode 1


Excepté pour les 10% les plus aisés, dans quasiment toutes les enquêtes, c’est le budget qui apparaît comme le décideur principal des choix de vacances. Les relations que le touriste entretient avec son porte-monnaie sont donc l’une des clés de ses comportements et de ses pratiques. Pour vous éclairer, voici une typologie « simple » de vos clients basée sur leur rapport à l’argent.


Rédigé par le Mardi 31 Mai 2022

1. Un touriste économe : il part où il peut quand il peut

Les relations que le touriste entretient avec son porte-monnaie sont l’une des clés de ses comportements et de ses pratiques - DR : DepositPhotos.com, ljsphotography
Les relations que le touriste entretient avec son porte-monnaie sont l’une des clés de ses comportements et de ses pratiques - DR : DepositPhotos.com, ljsphotography
La grande majorité de la population touristique dispose d’un budget relativement limité.

Budget résiduel que l’on dégage une fois que l’on a réglé l’ensemble de ses factures, le budget vacances fait donc l’objet de dépenses mûrement calculées : le transport, le logement, la nourriture, les activités de loisirs et si possible quelques extras : shopping, souvenirs, cadeaux...

Majoritaire, cette catégorie de touristes est bien connue des professionnels qui, effectivement, tentent de la rassurer et la séduire par des affichages tarifaires attractifs, des formules tout compris, des soldes et autres promotions.


Typologies concernées : Les classes moyennes, les jeunes, les personnes âgées, les personnes sans emploi, les intellos précaires... En résumé, la majorité de la population nationale et des populations occidentales qui ne parviennent pas à dégager en moyenne environ 2 000 euros pour les vacances estivales de leur famille (selon le Baromètre Europ Assistance, il s’agit en effet du budget moyen des Européens pour les vacances d’été) et environ 500 euros pour une personne.

Offres favorites : Locations d’hébergement incluant surtout une cuisine où préparer ses repas. Camping et séjours non marchands chez des proches. Déplacements à plusieurs en voiture ou billets low-cost achetés longtemps à l’avance.

2. Un touriste « malin » : il cherche systématiquement le bon prix

Une autre catégorie a vu le jour il y a une vingtaine d’années, lorsque la tarification de l’offre a commencé à se déréguler.

On se souvient encore des offres sur Minitel de Dégriftour par exemple qui, en soldant les invendus des voyagistes, faisait émerger un nouveau marché de voyageurs qualifiés de « malins ».

La mariée était trop belle. Les prétendants à des voyages achetés à petits prix se sont multipliés à une vitesse amplifiée par l’arrivée massive de nouvelles générations d’opérateurs touristiques proposant toutes sortes de promotions sur internet.

Offres de dernière minute, première minute, privées, spéciales, flash... Face à une offre pléthorique largement étalée sur les écrans fixes et mobiles, une demande de plus en plus nombreuse et exigeante réclamant des tarifs de plus en plus bas s’est organisée.

On peut ajouter aussi ceux qui recherchent systématiquement des destinations où leurs dépenses seront réduites de moitié !

Ils étudient donc de près les tarifs pratiqués par les hébergements et la restauration, choisissent le plus souvent des locations où ils peuvent cuisiner, ce qui leur permet de prolonger leur séjour, parfois sur plusieurs semaines ou plusieurs mois.

Typologies concernées : Cette catégorie est illimitée. On la retrouve parmi tous les profils de touristes, jeunes ou moins jeunes, puisque les seniors sont aujourd’hui parfaitement acquis à l’usage d’Internet. Seuls les « ultra riches » y échappent. Ils n’ont pas besoin de soldes, ni de promotions pour s’offrir des exclusivités. Les très hauts revenus sont sans doute également encore épargnés, excepté ceux appartenant à la Génération Y qui n’ont pas connu un autre mode d’achat qu’Internet et ses promotions.

Offres favorites : Toutes les offres trouvent acquéreur pourvu qu’elles soient dégriffées. Avec un avantage cependant pour les offres de luxe vendues avec des réductions significatives.

3. Les experts de l’économie circulaire : quand le tourisme doit devenir une activité lucrative !

Autres « super malins » : des voyageurs qui exploitent les ficelles du collaboratif avec une adresse étonnante, consistant à mettre leur appartement ou voiture ou bateau… en location afin d’en obtenir un rendement maximum.

En résumé, ceux-là cherchent à gagner de l’argent durant leur absence afin non seulement de financer leurs déplacements mais bel et bien afin de faire un bénéfice !

De plus en plus nombreuse, surtout en période de crise économique, cette population de voyageurs a bel et bien le vent en poupe !

Elle n’est certes pas vraiment nouvelle mais, la simplicité des transactions offertes par les plateformes collaboratives l’a régénérée. (D’ailleurs, selon l’observatoire de Cetelem, les revenus provenant de l’économie circulaire se situent autour de 77 euros mensuels en moyenne en France !)

LIRE A CE SUJET : FUTUROSCOPIE - Economie circulaire et tourisme : de l'idéalisme des débuts au business 🔑

Typologies concernées : Les seniors retraités, les jeunes travailleurs indépendants, les personnes en situation économique fragile : séparations, chômage, baisse de revenus. Les célibataires. Les actifs vivant en famille sont moins concernés.

Offres favorites : Locations, séjours non marchands.

Destinations réputées moins chères : Asie surtout, Afrique, Espagne, Grèce.

4. Les « avares » tout simplement : ils économisent sur tout

Mais, il y a pire pour un opérateur touristique. Et, le pire réside bel et bien dans une catégorie malheureusement très nombreuse et intemporelle qui, bien que disposant de revenus corrects, restreint considérablement ses dépenses.

Pour parler vulgairement, nous pouvons taxer cette catégorie de « radins ».

Un fléau social largement décrit par notre littérature et malheureusement toujours aussi répandu qui, lorsqu’il déferle sur la planète tourisme, consiste à réduire au maximum tous les postes de dépenses : le restaurant où bien entendu, on ne laisse aucun pourboire et on prend un menu pour trois enfants, quand on ne l’a pas carrément supprimé et remplacé par des sandwiches avalés sur la plage, les brasseries jugées excessives (souvent à raison !), les marchands de glace où l’on choisit une boule et pas deux ou trois, les cours de natation et de ski, les entrées dans un parc à thèmes etc.

Même les déplacements sont réduits, coût de l’essence oblige !

Bien entendu, cette catégorie ne fait pas le bonheur des opérateurs touristiques obligés pourtant de la recevoir et de la traiter avec égards !

Typologies concernées : On retrouve des exemples dans tous les milieux, tous les âges, toutes les nationalités et surtout parmi toutes les classes sociales, y compris les hauts revenus.

Offres favorites : Les petits prix en toutes circonstances, dans tous les pays, toutes les gammes d’hébergement, transport, restauration et pourquoi pas des gratuités en logeant dans la famille, chez des amis, en prenant un repas pour deux, en préparant ses pique-niques, en ne consommant aucune activité jugée superflue.

5. Les flambeurs : les vacances c’est pour se faire plaisir !

Cette dernière catégorie est compensée par une population que l’on retrouve non seulement parmi des catégories aisées mais aussi parmi des populations plus modestes.

Les dépensiers, gaspilleurs invétérés, bref, les flambeurs n’ont pas besoin d’être « nantis » pour vivre au-dessus de leurs moyens, s’endetter, creuser leurs découverts bancaires via des cartes de crédit.

Ils peuvent bel et bien appartenir à̀ une classe moyenne aux revenus très moyens. Mais, conditionnés par une histoire familiale non dénouée, ils ne peuvent s’empêcher de faire des dépenses inconsidérées. Non seulement dans leur quotidien mais surtout durant le temps des vacances.

Pour ces dépensiers invétérés, le temps de vacances, et le temps de loisirs d’une façon générale, favorisent bel et bien leurs penchants. Vacances et dépenses sont synonymes.

Délivrés de leur cadre professionnel, le sentiment de liberté qu’ils éprouvent se traduit par des pratiques transgressives dans tous les domaines, y compris celui de l’argent.

Et ces comportements extravagants se vérifient dès le départ, dès l’aéroport et les boutiques en duty-free qu’ils fréquentent assidument, achetant à tort et à travers. Une attitude encouragée par la possession d’une carte de crédit.

En fait, dépenser est un plaisir tout comme les vacances sont un plaisir auquel ils se soumettent volontiers, quitte à payer le prix fort en rentrant et à devoir se serrer la ceinture.

* Les acheteurs compulsifs agissent légèrement différemment. Plus pathologiques, leurs comportements vis-à-vis de l’argent est à ranger dans le chapitre de l’addiction, voire de la drogue. Ils achètent de l’inutile de préférence, non pas pour le plaisir mais pour compenser un manque. Ils laissent d’autant plus aller leur compulsivité qu’ils achètent sur écran, dans des espaces virtuels. Ainsi, certains peuvent acheter plusieurs séjours et billets d’avion, sans pouvoir ni les échanger, ni se les faire rembourser !

Typologies concernées : Les « flambeurs » sont plus souvent des hommes. Les acheteurs compulsifs sont plutôt des femmes. Tous les âges et nationalités sont concernés. Toutes les offres conviennent à ces bons vivants pour qui la perspective de dépenser constitue une fin en soi.

Offres favorites : le luxe sous toutes ses coutures.

6. Les nouveaux riches : l’ostentation à tout prix !

La population précédente de bons vivants assimilant dépenses à plaisir, ne doit pas être confondue avec celle d’une autre population toujours très présente dans nos sociétés de consommation qui, assimile ses dépenses touristiques à un marqueur social.

Évidemment, les années 2000, notamment les années de crises et la vaste démocratisation du secteur des vacances, ont largement réduit les pratiques ostentatoires.

Le passage d’une société de l’ « avoir » à une société de l’ « être », y est également pour beaucoup dans un changement d’attitude notoire par rapport à l’achat.

Néanmoins, on ne peut nier l’existence à une échelle visible de « nouveaux riches » dont les pratiques touristiques consistent à démontrer leur statut social et leur réussite.

Les pays émergents comme la Chine surtout, comptent des milliers de ces « new money » qui affichent leur ascension sociale en revenant de voyages leurs valises bourrées de produits du luxe.

Typologies concernées : Professions libérales, commerçants, artistes, communicants, plutôt jeunes, urbains ou au contraire appartenant à la bonne bourgeoisie de province.

Origine : Chine, Taiwan, Mexique, Brésil, Colombie, quelques pays d’Afrique, Moyen Orient...

Offres favorites : Voyages de luxe, lointains, coûteux, fréquentés de préférence par des « people », réservés à la jet-set dont ils suivent les pérégrinations sur des magazines spécialisés.

7. Les touristes d’affaires : vive les notes de frais !

On peut compléter et achever cet inventaire par une dernière catégorie, celle des voyageurs d’affaires, certes moins nombreux depuis la pandémie, mais dont les frais sont entièrement couverts par une entreprise bien portante et généreuse.

Ce type de voyageur a une particularité : il ne regarde pas à la dépense puisque ce n’est pas lui qui règle les factures.

Il dépense donc parfois sans beaucoup compter, avec délectation, s’offrant ce qu’il n’oserait jamais s’offrir lors de ses déplacements personnels.

Il profite aussi de ses déplacements pour emmener un membre de sa famille. Et, par la même occasion, il allonge son séjour par un séjour touristique.

Les temps ont beau avoir changé, ces touristes existent toujours.

Typologies concernées : salariés, cadres moyens ou supérieurs d’entreprises de toutes tailles, surtout multinationales.

Offres favorites : hôtellerie de luxe, ou au moins 4 étoiles. Restaurants gastronomiques. Taxis, classes affaires en avion, salons VIP, avions privés...

Retrouvez tous les articles de la série Futuroscopie "Qui sont vos clients ?"

Josette Sicsic - DR
Josette Sicsic - DR
Journaliste, consultante, conférencière, Josette Sicsic observe depuis plus de 25 ans, les mutations du monde afin d’en analyser les conséquences sur le secteur du tourisme.

Après avoir développé pendant plus de 20 ans le journal Touriscopie, elle est toujours sur le pont de l’actualité où elle décode le présent pour prévoir le futur. Sur le site www.tourmag.com, rubrique Futuroscopie, elle publie plusieurs fois par semaine les articles prospectifs et analytiques.

Contact : 06 14 47 99 04
Mail : touriscopie@gmail.com


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