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Pas de vacances pour le tourisme spatial

La chronique de Michel Messager


Après les lancements de Virgin et Blue Origin, le tourisme spatial n'est pas parti en vacances cet été, bien au contraire. Voici un point sur les évènements marquants depuis les vols de Richard Branson et Jeff Bezos.


Rédigé par Michel Messager le Lundi 23 Août 2021

Le 29 juillet, la Station spatiale internationale s’est retrouvée hors contrôle alors qu’un nouveau module russe baptisé Nauka venait de s’y amarrer - Depositphotos.com goinyk
Le 29 juillet, la Station spatiale internationale s’est retrouvée hors contrôle alors qu’un nouveau module russe baptisé Nauka venait de s’y amarrer - Depositphotos.com goinyk
Il fallait s’y attendre, après les lancements de juillet réalisés par Virgin et Blue Origin, le tourisme spatial est entré de plain-pied dans la communication grand public.

Ainsi au cours du mois d’août une abondante littérature (journaux, magazine, radios, télés, réseaux sociaux) a pu être constatée à propos du tourisme spatial.

Cette communication a été des plus clivantes entre les pros et les antis, ces derniers basant leur argumentation sur les coûts financiers et les problèmes environnementaux.

En attendant le prochain départ de Space X, en principe le quatrième trimestre de cette année (la mission durera plusieurs jours au cours desquels les touristes spatiaux effectueront une orbite autour de la Terre toutes les 90 minutes), le tourisme spatial n’a pas pris de vacances.

Voici quelques événements qui ont retenu particulièrement mon attention depuis les vols de Branson et Bezos.

Rien ne va plus pour Boeing et sa capsule CST-100 Starliner

Prévu en mars, puis en avril, avant d’être progressivement repoussé à la fin du mois de juillet, le second vol d’essai de la capsule Starliner OFT-2, a finalement été repoussé sine die par Boeing.

En cause des problèmes techniques, à savoir : un problème avec des valves du système de propulsion qui ne se sont pas ouvertes lors des vérifications d’avant lancement.

La capsule spatiale de Boeing va donc devoir retourner à l'usine pour des réparations, a annoncé l'entreprise. Ce nouveau revers reporte pour au moins plusieurs mois ce vol d'essai crucial pour Boeing mais aussi pour la Nasa.

Rappelons le but de la mission OFT-2 : la capsule Starliner lancée par une fusée Atlas V d'ULA, doit s'amarrer à l'ISS pendant près d'une semaine et doit ensuite revenir en atterrissant sur Terre.

Ce n'est qu'après la réussite de la mission OFT-2 qu'il pourra être envisagé un vol d'essai habité "Boeing Crew Flight Test" avec trois astronautes à bord, puis enfin des vols opérationnels habités.

Un certain nombre d’experts restent, compte tenu de ces reports successifs et du retard pris vis-à-vis de SpaceX, dubitatifs sur la continuation du contrat de Boeing avec la Nasa.

L’ISS la tête à l’envers... !

Le 29 juillet, la Station spatiale internationale s’est retrouvée hors contrôle alors qu’un nouveau module russe baptisé Nauka venait de s’y amarrer.

La NASA a annoncé que l’ISS a fait un tour et demi, soit environ 540 degrés, avant de s’arrêter en étant à l’envers... Afin de retrouver son orientation d’origine, la station a dû subir un retournement de 180 degrés.

La cause : un compartiment du module Nauka qui a déclenché ses propulseurs, alors qu’il était attaché à la station. Il a fallu une heure pour que tout revienne à la normale et fort heureusement, la Station spatiale internationale n’a pas été endommagée.

Il faut quand même préciser que c’est le plus gros module ayant été ajouté à l’ISS depuis 2011.

Ce module pèse 23 tonnes et mesure près de 13 mètres de long et servira uniquement à la recherche et aux repos des équipes. Il est destiné à remplacer le module "Pirs" qui s’est récemment détaché de l’ISS et désintégré au-dessus de l’océan Pacifique.

Business is Business !

Alors que 600 billets ont été déjà vendus entre 2005 et 2014 au prix de 200 000 et 250 000 dollars et bien que l’on sache que pour Virgin, qui l’avait annoncé, les billets qui seraient mis en vente couteraient plus chers, on ne se doutait pas que ceux-ci allaient quasiment doubler de prix.

Annoncée par Michael Colglazier, le PDG de Virgin Galactic : « une nouvelle liste d'attente sera bientôt ouverte et disponible sur le site de l'entreprise.

Les prix pour ces offres démarreront à 450 000 dollars par siège et les ventes seront initialement ouvertes à la liste de ceux s'étant manifestés très tôt.

Ces personnes déjà sur liste d'attente auront la priorité pour acheter leur billet. Trois possibilités leur seront proposées : réserver un seul siège, un lot de plusieurs sièges pour des couples, des amis ou les membres d'une famille, ou enfin l'achat de tous les sièges du vaisseau (pour le moment 4 sièges)
».

SpaceX toujours plus fort, toujours plus grand

Le 6 août 2021, Elon Musk a exhibé ce à quoi ressemblera la plus grande fusée jamais construite.

Super Heavy Starship, 120 mètres de hauteur, 5 000 tonnes au décollage, aura parmi ses missions dans les prochaines années d'expédier le Starship jusqu’à la Lune, dans le cadre de l’opération Artemis.

Starship sera capable d'envoyer 100 tonnes en orbite basse à 500 kilomètres d'altitude et jusqu'à 21 tonnes en orbite de transfert géostationnaire.

Ces prochaines semaines, ce prototype sera préparé en vue d'un vol de démonstration de point à point qui s'annonce spectaculaire.

Ce vol aura pour but de relier le Texas à l'archipel d'Hawaï, avec un passage dans l'espace mais sans réaliser une orbite complète autour de la Terre.

SpaceX et Geometric Energy Corporation (GEC) se sont associés pour faire de la publicité dans l’espace...

Devant la levée de boucliers suite à leur annonce, les deux sociétés ont tenu à préciser cette action par la voie de Samuel Reid, PDG de GEC. « Il n'est pas question d'afficher un écran de centaines de kilomètres de long en orbite terrestre. Geometric ne prévoit pas de publicité spatiale envahissante, l'invisibilité de tout ce que Geometric fait dans l'espace est notre priorité à 100% ».

Pour le moment les deux sociétés développent un satellite appelé CubeSat qui devrait voir le jour en 2022 et sera propulsé par une fusée Falcon 9 de SpaceX.

Une fois en orbite, un "selfie-stick" fixé sur le côté du CubeSat filmera l'écran d'affichage. Ces images seront diffusées en direct sur YouTube ou Twitch afin que tout le monde puisse se connecter pour regarder l'écran du satellite.

Redéfinition de la qualification d’Astronaute

Sans doute pour faire taire le débat pour savoir si l’espace est situé à 80, 90 ou 100 kilomètres de la Terre, fin juillet la Federal Aviation Administration a réévalué les critères permettant d’attribuer des Ailes d’astronautes.

Ainsi, si la limite de 50 miles (80 kilomètres) est toujours de mise, l’administration ajoute comme condition que les membres d’équipages devront réaliser durant le vol « des activités essentielles à la sécurité publique, ou contribuant à rendre le vol spatial habité plus sûr ».

La Russie se lance dans la création d’un hôtel spatial pour touristes

Le patron de Roscosmos a annoncé au cours du mois d’août que la Russie envisageait la création d’un loft de l’espace, arrimé à sa future et très nationale station Ross, déjà en construction.

Les Russes, pionniers des stations orbitales habitées, avec Salyout 1 en 1971 puis MIR en 1986, reviennent donc aux fondamentaux.

Aux dires de Roscosmos, une fréquentation annuelle de 50 000 touristes serait possible dès 2030.

Les Japonais persistent et signent

L’entreprise Obayashi Corp a annoncé que le dispositif "Stars-Me" est bien arrivé à bord de la Station Spatiale Internationale (ISS).

Deux nano-satellites cubiques reliés par un câble de 10 mètres ont simulé le voyage du futur ascenseur.

Une cabine d’ascenseur motorisée, de 3 cm de diamètre et 6 cm de hauteur, s'est déplacée entre ces deux satellites. « Nous sommes très heureux que le premier satellite d'ascenseur spatial ait été lancé avec succès. Notre mission est importante, il s’agit de la première démonstration d'un ascenseur spatial au monde », a déclaré Masahiro Nohmi, un scientifique ayant travaillé sur le projet.

Rappelons le projet : un câble reliant la station à la Terre serait fait en nanotube de carbone et serait long de 96 000 km, soit le quart de la distance Terre-Lune.

L’ascenseur grimperait lui à une vitesse de 200 km/h et permettrait d’envoyer jusqu’à 30 personnes dans l’espace en seulement 8 jours. Le tout, sans fusée.

Il serait alimenté en électricité grâce à des panneaux solaires, et un contrepoids de 13 000 tonnes stabiliserait l’installation. Le coût d'un tel projet est évalué à 8 milliards d’euros, mais cet ascenseur pourrait sensiblement diminuer le prix des voyages spatiaux.

Michel Messager
Michel Messager
Michel MESSAGER est directeur associé de Consul Tours, société de conseil travaillant pour une clientèle privée et institutionnelle dans les secteurs du tourisme.

Après avoir occupé les postes de Secrétaire Général du Tourisme Français, puis de Directeur de Touropa et Directeur du pôle tourisme du Groupe Verney, il rejoint en 1997 l’APST (Association Professionnelle de Solidarité du Tourisme) en qualité de Secrétaire Général jusqu’à fin 2007, période à laquelle, encore jeune retraité, il décide de réactiver sa société de conseils créée au début des années 90.
Nommé par le Ministre chargé du tourisme en 2005, puis en 2012, il siège au Conseil National du Tourisme en qualité de Président Délégué de la section économie touristique, il est aussi Membre Fondateur de l’Institut Européen du Tourisme Spatial et de l’AFST (Association Française des Seniors du Tourisme).

Il est l’auteur de deux livres sur le Tourisme Spatial, le premier publié en 2009 à la documentation française et le second sorti en 2021, "Histoire du Tourisme Spatial de 1950 à 2020" chez Amazon, ainsi que de nombreux articles sur le sujet. Il est considéré actuellement comme l’un des spécialistes en la matière. Il intervient fréquemment sur ce sujet à la radio et à la télévision, ainsi qu’au travers de conférences dans de nombreux pays, notamment au Canada où il réside quelques mois par an.

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