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Pavillon Français : comment Clément Mousset a fait bouger le gouvernement ! 🔑

Le Registre international français est désormais accessible aux navires de croisières


Jusqu'à 2023, les bateaux de croisières souhaitant battre pavillon français devaient s'immatriculer à Wallis et Futuna. Un héritage de la création des années 90 et de la mise à l'eau de la compagnie Ponant. En juin 2023, Clément Mousset et CFC Croisières ont obtenu une dérogation de la part du gouvernement pour pouvoir battre pavillon français, en s'enregistrant au Registre international français. Il nous raconte cette longue histoire rocambolesque.


Rédigé par le Mercredi 19 Juillet 2023

Le Registre international français du pavillon français est désormais accessible aux navires de croisières - Crédit photo : CM
Le Registre international français du pavillon français est désormais accessible aux navires de croisières - Crédit photo : CM
Être entrepreneur nécessite d'être plutôt alerte et plutôt flexible par rapport aux imprévus, car les emm... ne volent jamais seules.

Alors quand vous êtes un entrepreneur dans le secteur de la croisière en lançant sa propre compagnie à partir de rien, imaginez un peu la taille des problèmes.

Trois semaines après le voyage inaugural Clément Mousset peut souffler et se confier un peu sur les épreuves parcourues.

"Nous sommes avec toute l'équipe juste heureux de voir le bateau s'élancer et les croisières bien se dérouler.

Durant toute la phase du lancement, nous aurons vraiment tout eu et essuyé pas mal de déboires, il y a même eu la bataille pour le pavillon français,
" se remémore désormais détendu, le président et cofondateur CFC Croisières.

Pour rappel, un navire quelle que soit sa taille doit arborer un pavillon national, c'est une obligation même pour des bâtiments affichant plusieurs milliers de tonnes.

Pour obtenir le privilège d'arborer le drapeau français à l'arrière d'un bateau de croisières, le secteur a dû attendre le lancement d'une compagnie baptisée Ponant.

Jean-Emmanuel Sauvée et Philippe Videau poussent au début des années 90 à la création d'un sous pavillon français, à Wallis-et-Futuna. bDans ce territoire, le cadre juridique est adapté, il se veut plus flexible, sauf que [Clément Mousset n'a jamais vraiment voulu entendre de cette spécificité. ]b


CFC Croisières : Après l'annonce, le RIF ne répond plus

Il faut dire que le secteur a été grandement chahuté durant la dernière crise sanitaire.

Pendant que le Costa Deliziosa battant pavillon italien est recalé du port de Marseille, avec 450 passagers français, les navires de Ponant peuvent regagner leurs attaches hexagonales.

Une fois l'orage passé et l'aventure CMV avortée, en raison de la faillite de la maison mère. Clément Mousset frappe aux portes du ministère de la Mer pour un autre projet personnel.

"L'un de ses conseillers me dit que le pavillon de Wallis-et-Futuna n'est pas celui de demain, il faut que je regarde le RIF (Registre international français).

Pendant un an et demi, j'ai potassé le dossier, puis cela tombait plutôt bien, car le bureau est à Marseille,
" poursuit le président de CFC Croisières.

Les démarches sont engagées pour obtenir le fameux drapeau.

Quant au printemps 2021, le projet de compagnie de croisières française prend de l'épaisseur, le néo-marseillais frappe à nouveau à la porte des locaux du RIF.

Le retour est enthousiaste, les salariés du registre se félicitent de pouvoir bientôt immatriculer prochainement le plus gros navire du pavillon français.

"Nous sommes restés sur cette idée. Le 6 septembre 2022, au moment de dévoiler les contours de notre projet, nous annonçons que le navire sera enregistré à Marseille au registre international français.

Dans les semaines qui vont suivre, nous n'avons plus vraiment de nouvelles du RIF.
"

Pavillon Français de Wallis-et-Futuna : "Il n'en était pas question"

L'absence de retour n'inquiète pas à la rue de Rome.

Les salariés s'affairent pour lancer ex nihilo une compagnie de croisières, alors même qu'il faut prévoir une rénovation de son premier bateau, baptisé le Renaissance.

Puis un jour, le téléphone sonne.

"Le RIF nous demande un entretien, pour nous dire que personne ne parle français, dans le management. Notre staff à bord est géré par une entreprise américaine.

Je leur dis que nous allons embaucher une personne pour régler ce problème,
" prévient alors Clément Mousset.

Les discussions reprennent, tout semble bien se passer.

Après quelques semaines, le bureau marseillais conseille au cofondateur de CFC Croisières de s'intéresser au pavillon spécial de Wallis-et-Futuna. Sauf que s'il s'avère plus flexible sur le droit, il est aussi plus onéreux.

Une compagnie doit débourser des sommes plus ou moins importantes en fonction du tonnage du navire. En l'occurrence, le propriétaire du Renaissance aurait dû s'acquitter de 457 000 euros et 22 000 euros de taxe annuelle.

"Il n'en est pas question, pour une raison très simple. Au RIF cela coute 0 euro, contre des centaines de milliers d'euros. Nous sommes une start-up, avec un business plan à 3 ans que nous devons tenir," se montre inflexible Clément Mousset.

Le passionné de croisière se montre ferme, il renvoie un à un dans les cordes, tous les interlocuteurs qui se mettent en travers de son chemin pour obtenir son fameux drapeau français accordé par le RIF.

Pavillon Français : "Je ne suis pas peu fier d'avoir fait bouger le gouvernement"

Le temps passe, aucun drapeau ne flotte à l'arrière du navire et la montre tourne vite, trop vite. Entre temps, Clément Mousset subit de son propre aveu une pression monstre.

"J'ouvre doucement la porte de Wallis-et-Futuna, puis je m'aperçois que mes projections faites un an plus tôt ne sont plus les bonnes, les autorités ont révisé par deux fois le montant de la taxe annuelle.

Elle a doublé, je leur dis alors que cette éventualité n'est absolument pas possible,
" fulmine Clément Mousset.

Elle passe de 22 000 à 44 000 euros.

La direction de CFC Croisières négocie avec les autorités locales qui leur accordent un paiement en 10 fois des 457 000 euros. La proposition de Wallis-et-Futuna reçoit une fin de non-recevoir.

Les pages du calendrier se tournent, la croisière inaugurale se rapproche.

"Le Ministre ne veut pas en démordre, après je dis à son cabinet qu'il serait dommage de voir un navire baptisé Renaissance, du même nom que le parti politique présidentiel, immatriculé dans un autre pays que la France."

Tout le monde se mêle de l'histoire, les membres du gouvernement rappellent de précédentes déclarations stipulant que le pavillon de la croisière est à Wallis-et-Futuna.

"J'œuvrai pour CFC Croisière et Exploris. Je ne cède pas et je dis au ministre des Outre-mer, qu'avec 14 navires immatriculés dans ce territoire, le registre représente un budget annuel de 462 000 euros.

Vous allez me dire que l'Etat n'est pas en mesure de subvenir aux besoins des territoires d'outre-mer ?
Je ne suis pas le mécène de Wallis-et-Futuna,
" se remémore avec le sourire Clément Mousset.

Le bras de fer se poursuit, jusqu'à l'obtention d'une dérogation parvenue par écrit en juin 2023, après 8 mois de bataille. La loi n'a pas été modifiée pour CFC Croisières, mais juste appliquée, rendue par la même caduque le pavillon de Wallis-et-Futuna.

Une victoire dont n'est pas peu fier le patron de la compagnie.

"J'ai un sentiment de fierté, ce n'était pas gagné, j'ai énormément œuvré pour cela," conclut un patron heureux de voir maintenant un drapeau français flotter à l'arrière du Renaissance.

Romain Pommier Publié par Romain Pommier Journaliste - TourMaG.com
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