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La Réunion : 3 mois après les "Gilets jaunes", comment se porte le tourisme ?

La ministre des Outre-Mer est attendue ce week-end


En novembre 2018, l'île de La Réunion a été paralysée durant une dizaine de jours, par le mouvement des "Gilets jaunes". Trois mois plus tard, et alors que la ministre des Outre-Mer, Annick Girardin, reviendra sur l'île du 17 au 19 mars 2019, comment se porte l'activité touristique de la destination ? Tandis que sortent les premiers chiffres sur l'activité économique du 4e trimestre 2018, TourMaG.com a posé la question aux professionnels du tourisme.


Rédigé par le Vendredi 15 Mars 2019

Après trois années consécutives de hausse, la fréquentation hôtelière baisse légèrement en 2018 par rapport à 2017, selon l'INSEE - DR : C.E.
Après trois années consécutives de hausse, la fréquentation hôtelière baisse légèrement en 2018 par rapport à 2017, selon l'INSEE - DR : C.E.
Le mouvement des "Gilets jaunes" a démarré le 17 novembre 2018, impactant certaines régions de France plus que d'autres.

Si l'on a tous en tête les images de Paris sous les barricades, La Réunion a aussi connu une paralysie de grande ampleur.

LIRE : La Réunion : les gilets jaunes obligent les agences de voyages à plier boutique...

Routes barrées, port bloqué, dégradations et violences... Aux manifestations sont venus se greffer des actes de vandalisme, précipitant la venue de la ministre des Outre-Mer, Annick Girardin, fin novembre.

Les professionnels du tourisme n'ont pas été épargnés par ces événements, en pleine haute saison touristique : tour-opérateurs, réceptifs, agences de voyages, croisiéristes, hôteliers ont passé de longues journées en cellule de crise.

LIRE : Blocages à La Réunion : TO et réceptifs sur le pont pour assurer le séjour des clients

Le chiffre d'affaires des TPE et PME en berne

Trois mois plus tard, alors que des manifestations ont toujours cours sur l'île Bourbon, Annick Girardin reviendra, comme promis, du 17 au 19 mars 2019.

Mais pour l'heure, "aucune rencontre avec les Gilets jaunes n'est prévue", révèle l'agence réunionnaise Imaz Press, qui s'est procuré le programme.

Pourtant, les premiers chiffres ne sont pas bons.

Dans une étude publiée le 13 mars 2019, l'Institut d'émission des départements d'outre-mer (IEDOM) annonce qu'au 4e trimestre 2018, "la quasi-totalité des TPE et PME ont connu des perturbations, qui se sont traduites pour 85% d’entre elles par des pertes de chiffre d’affaires" (voir encadré en fin d’article pour plus de précisions).

Une saison difficile à rattraper

Pour les professionnels, s'il est encore un peu tôt pour communiquer sur les chiffres, le constat est là : la saison ne pourra pas être rattrapée cette année.

"Elle était bien partie, mais le mouvement et plus encore, l'image que les médias ont montré de La Réunion a été fortement écornée, se désole Patrick Serveaux, président de l'UMIH de La Réunion.

Aujourd'hui, les hôteliers peinent à retrouver les mêmes taux de réservations. J'espère vraiment que cet épisode ne va pas casser tout le travail qui a été fourni depuis 10 ans".

Les derniers chiffres dévoilés par l'INSEE, ce 13 mars 2019, confirment ce tableau. "Après trois années consécutives de hausse, la fréquentation hôtelière baisse légèrement en 2018 par rapport à 2017 (-1%)".

Parmi les causes, l'institut cite les intempéries de début d’année qui ont nui au tourisme à Cilaos et dans le Sud de l'île, la fermeture d’établissements de plusieurs dizaines de chambres et les mouvements sociaux de fin d’année, avec un net recul de la fréquentation hôtelière en fin d’année 2018 (-12% en novembre et -17% en décembre par rapport aux mêmes mois de 2017).

"Nous espérons que le plan de relance mis en place par l'Île de la Réunion Tourisme (IRT), notamment la campagne d'affichage dans les transports à Paris et dans les grandes villes de métropole, permettra de redorer l'image de l'île", ajoute Patrick Serveaux.

Autre action pour soutenir la destination, la tenue des Forces de Ventes Affaires de Selectour, du 14 au 18 mars.

Les réservations repartent chez les TO

Pour les tour-opérateurs, après des semaines difficiles, les ventes reprennent peu à peu.

"TUI constate un regain des réservations en janvier ou en février 2019, par rapport à novembre et décembre 2018", nous précise un porte-parole du groupe. Quant aux vacanciers qui avaient réservé pour la fin de l'année, "ils ont décalé leurs vacances à plus tard dans l’année".

Une tendance que confirme Didier Sylvestre, directeur général adjoint d'Exotismes, qui s'est rendu sur place le mois dernier. "Exotismes a mis en place un plan d'actions de relance dès janvier, en s'appuyant sur une mini-brochure de 16 pages comprenant toutes les valeurs ajoutées à proposer autour des séjours sur La Réunion : survol en hélicoptère, excursions, autotours, location de voiture etc.

Les ventes ont d'ailleurs repris de plus belle. Si nous avons eu un manque à gagner sur le mois de crise, nous revenons aujourd'hui à la normale en terme de prises de commandes.
"

Beachcomber Tours, pour sa part, a pu envoyer une partie de ses clients vers d'autres destinations, principalement l'Île Maurice, grâce à des mesures de report. D'autres ont préféré reporter la date du voyage, plutôt que d’annuler.

"La situation a duré une dizaine de jours, puis nous sommes revenus à la normale assez rapidement. Depuis, même s'il persiste quelques mouvements isolés, cela n’impacte pas le bon déroulement des voyages de nos clients", précise David Simon, le directeur commercial du TO.

Les réceptifs ont fait un travail remarquable

Hélion de Villeneuve, le directeur général d'Austral Lagons, constate également une reprise des ventes en ce début d'année, mais brosse un tableau plus "dur" que ses confrères.

"L'année fiscale d'un TO court très souvent de novembre à octobre. Cette année ne sera pas bonne pour nous sur La Réunion, déclare-t-il.

Les mois de novembre, décembre et janvier représentent 55% de notre chiffre d'affaires annuel sur cette destination, alors autant dire que nous ne rattraperons pas l'année, entre les annulations et les non-réservations".

Quant aux reports vers l'Île Maurice, ils n'ont pas permis de "sauver les meubles" pour Austral Lagons, bien au contraire. "Un tiers de notre trafic vers l'Île Maurice est du combiné avec La Réunion, précise Hélion de Villeneuve.

Heureusement que nous sommes un TO solide et que nous proposons d'autres axes, car après un mois de cellule de crise, nous nous retrouvons avec des frais exceptionnels importants".

Le DG d'Austral Lagons n'en oublie pas de saluer son réceptif réunionnais, Mille Tours, "qui a fait un travail remarquable, mais qui, mécaniquement, se retrouve aujourd'hui avec une baisse de ses revenus, car lui n'a pas de destination de report".

Il n'y a qu'à se pencher sur les chiffres du Syndicat des entreprises du tour-operating (Seto) pour mieux cerner la situation.

En terme de départs, les chiffres sont en baisse en novembre, décembre 2018 et janvier 2019, de -31% au total, avec 2 869 pax au lieu des 4 160 enregistrés l'an dernier. Le mois de novembre est le plus durement touché avec 1 486 pax enregistrés, au lieu des 2 201 de l'an dernier (32,5%).

Idem pour les réservations, avec des prises de commandes en baisse de -24,6% sur ces 3 mois par rapport à la saison précédente, avec 3 654 réservations contre 4 846 auparavant. Si novembre et décembre sont respectivement à -35,4% et -38,4%, janvier est moins touchée, avec -6,2% de réservations par rapport à N-1.

Reste à voir désormais si les professionnels réunionnais bénéficieront enfin du coup de pouce annoncé par le Gouvernement...

Que dit l'IEDOM sur le tourisme à La Réunion ?

Selon l’enquête de l’IEDOM, les conséquences des blocages sur le chiffre d’affaires ont été d’une plus grande ampleur pour le secteur du tourisme.

La totalité des entreprises touristiques interrogées déclare avoir subi une baisse de chiffre d’affaires. 4 dirigeants sur 10 estiment que leur trésorerie a été fortement dégradée suite à ce mouvement et plus de la moitié ont des problèmes de paiements des fournisseurs.

Les blocages routiers ont poussé de nombreux touristes à raccourcir leur séjour, tandis que d’autres ont annulé ou reporté leurs vacances dans l’île.

Cette baisse de la fréquentation touristique se traduit par un recul de 8,4% du nombre de nuitées sur le trimestre (données CVS).

Le fonctionnement des aéroports a été également fortement perturbé (vols annulés, horaires modifiés, vols déroutés vers Maurice, etc.) entraînant une baisse des mouvements de vols de 7,7%. Toutefois, le trafic passager a tout de même progressé de 5,2%.

Par ailleurs, le mouvement des Gilets jaunes a également conduit à l’annulation d’une dizaine de croisières.

Les professionnels du tourisme sont près de 40% à prévoir que cette crise aura une forte dégradation sur leur activité de 2019. Plus de 7 dirigeants sur 10 revoient à la baisse leurs projets de recrutement (gel ou annulation) et 6 sur 10 reportent ou abandonnent les investissements programmés.

Anaïs Borios Publié par Anaïs Borios Journaliste - TourMaG.com
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