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Tourisme durable : "Il faut montrer aux gens que c’est possible"

Faire émerger de nouvelles offres sobres et attractives


À l’initiative de la plateforme Lokki, spécialisée dans la location d’équipements outdoor, était organisée mercredi 20 mars 2024 à Paris une table ronde autour de la thématique « le tourisme durable désirable ». L’occasion pour des acteurs et experts de l’industrie de faire part de leurs réflexions sur cette problématique.


Rédigé par le Jeudi 21 Mars 2024

De gauche à droite, Frédérique Josse (Lokki), Jean Pinard (CRT Occitanie), Clément Chevalier (consultant en transition énergétique), Alisée Pierrot (Mollow), et Guillaume Jouffre (Greengo) - ©David Savary
De gauche à droite, Frédérique Josse (Lokki), Jean Pinard (CRT Occitanie), Clément Chevalier (consultant en transition énergétique), Alisée Pierrot (Mollow), et Guillaume Jouffre (Greengo) - ©David Savary
Sur ce genre de rendez-vous, tout commence souvent par un constat.

« Le tourisme, c’est une manne économique majeure qui représente 4% du PIB, mais c’est aussi un petit cauchemar écologique car il représente 11% des émissions de gaz à effet de serre » indique Frédérique Josse, content manager chez Lokki.

De ce constat découle une question, « comment faire en sorte que ce tourisme durable devienne désirable pour tout le monde ? »

« L’impact carbone pèse à hauteur de 50% sur le transport, 15% sur la restauration, 15% sur l’hébergement et 20% sont liés aux activités sur place » estime Clément Chevalier, consultant en transition énergétique, qui observe surtout « une disneylandisation du voyage, où tout le monde veut aller au même endroit faire la même chose.

Une large majorité des 25-35 ans choisit son voyage pour son côté instagrammeur
».

« Une disneylandisation du voyage »

« La pression sur le vivant et la biodiversité n’est pas tenable » souligne le spécialiste qui prend l’exemple de « la province du Yucatan, haut-lieu de la culture Maya, devenu l’endroit des spring breaks américains ».

« Le triangle formé par la Catalogne, la Camargue et les Baléares constitue la plus grande concentration mondiale d’offres touristiques et donc de fréquentation touristique », argue de son côté Jean Pinard, directeur du Comité Régional du Tourisme (CRT) Occitanie.

Face aux flux croissants générés par le tourisme, et confrontés à l’urgence climatique, il apparaît opportun de faire émerger des offres plus sobres.

C’est ce que s’efforce de faire Mollow, une association permettant aux particuliers de privilégier le train plutôt que l’avion.

« Ce n’est pas qu’un truc de bikepackers, il faut montrer aux gens que c’est possible », affirme Alisée Pierrot, co-fondatrice de la start-up, qui elle-même est allée pour ses vacances en Laponie en train.

« Arrêter l’avion, ce n’est pas arrêter de voyager » déclare la responsable qui propose via Mollow « plus de 150 destinations accessibles sans l’avion, ni la voiture ».

« Maximiser le plaisir et minimiser l’impact »

Co-fondateur de Greengo, plateforme d’hébergements éco-responsables, Guillaume Jouffre s’inscrit dans cette logique de proposer des solutions plus vertueuses pour l’environnement.

Selon lui, « il ne faut pas parler de CO2, il faut tout simplement donner envie ». Autrement dit, « maximiser le plaisir et minimiser l’impact ». Comment ? En diffusant par exemple du contenu qualitatif via les réseaux sociaux.

Pour Guillaume Jouffre, l’expérience du voyageur doit être aussi simple sur Greengo que sur Airbnb. « Notre stratégie d’impact , ajoute-t-il, n’est pas de cibler des personnes écolo-convaincues, mais de toucher des gens qui seraient prêts à passer sur quelque chose à faible impact écologique à condition qu’ils fassent l’effort au niveau du prix ».

D’une logique implacable, Jean Pinard rappelle qu’en matière de tourisme, « c’est l’offre qui fait la demande ». « Vous mettez une low-cost entre Carcassonne et Dublin, et du jour au lendemain, vous avez 150 personnes dans l’avion ».

Mais aux yeux du directeur du CRT Occitanie, ce qui est contestable « c’est que pour ces 150 personnes dans l’avion à 50 euros l’aller-retour, on a donné 2 millions d’argent public, ça c’est un vrai problème ».

« On ne sait pas se rationner sur l’offre »

En résumé, « rien n’oblige à tomber dans une surenchère d’offres qui est de toute façon de plus en plus carbonée. On ne sait pas se rationner sur l’offre touristique » précise Jean Pinard qui souhaite que l’on « réhabilite le temps du voyage - le transport, et plutôt en train qu’en avion, - comme un temps à part entière du temps touristique, plutôt que de jouer à pile ou face pour savoir dans quelle capitale européenne on va aller car il y a 50 low cost au départ de son aéroport ».

Tout comme le train, le vélo s’intègre de plus en plus comme un outil de transition écologique profitable à de nombreux territoires, d’autant plus « qu’un touriste à vélo dépense en moyenne 68 euros par jour contre 55 euros pour le touriste français », précise Alisée Pierrot.

« Il existe une vraie demande pour ce type de produit, il y a même toute une communauté pour cela. Notre rôle est de l’amener vers les territoires qui disposent de l’offre », complète la responsable.

Finalement tout est question d’équilibre. « 100 000 touristes à la Grande Motte sur la plage ne polluent pas plus qu’un touriste qui fait du vélo dans la Creuse », nuance Jean Pinard.

Ce qui revient à dire qu’il est préférable que les visiteurs aillent où c’est aménagé. « Qualifier et montrer du doigt des gens qui viennent au même endroit au même moment relève du mépris de classe », signale le directeur du Comité Régional du Tourisme d'Occitanie.

Une COP du tourisme ?

« Rendre sexy le voyage local, le voyage éco-responsable demeure notre obsession » proclame Guillaume Jouffre, précisant que « l’intensité carbone des séjours chez Greengo est six fois moins importante que la moyenne des Français ».

D’ailleurs, « 15% des voyages des Français en avion font 70% de l’impact carbone » précise l’intéressé.

« J’attends des pouvoirs publics, j’attends de l’Etat qu’il fasse une COP du tourisme » déclare Jean Pinard, convaincu qu’en matière de développement durable, « il y a des modélisations nouvelles à trouver ».

« Amener de nouvelles catégories de consommateurs sur le temps du loisir »

D’un côté, « il y a ceux qui ont les codes, des jeunes qui savent voyager, et de l’autre côté des personnes qui ne sont jamais parties en vacances, et qui n’auraient pas l’idée de prendre le train pour aller en Laponie ».

« Amener de nouvelles catégories de consommateurs sur le temps du loisir, comment par exemple prendre le train à la journée de Toulouse à Collioure, eh bien ça marche », avance Jean Pinard.

Pour Clément Chevalier, « il s’agit de remettre le voyage au cœur d’un écosystème local, et voir comment on peut régénérer les territoires sur lesquels on va ». Tout en sachant qu’il faut faire la balance entre ce que rapporte le tourisme et ce qu’il entraine sur le plan environnemental.

« Car s’il ne fait que rapporter de l’argent et détruire les écosystèmes dans lesquels le visiteur va, cela n’a pas de sens », indique le consultant en transition énergétique.

« Le tourisme durable, ça marche »

Alors que la mentalité des voyageurs évolue, Jean Pinard se réjouit de voir arriver une nouvelle génération d’acteurs, « bourrée d’envie et de convictions, c’est stimulant et positif ».

« Le tourisme durable, ça marche. L’offre appelle la demande » s’enthousiasme Guillaume Jouffre qui a commencé Greengo avec « 100 hébergements pour en avoir aujourd’hui 11 000 en ligne, donc ça marche et c’est très excitant à faire ».

Avec Mollow, Alisée Pierrot capitalise sur « l’énorme retour du train de nuit, + 90% de voyageurs en France entre 2019 et 2022 ». « Que ce soit avec l’introduction du Paris-Vienne, puis du Paris-Berlin, on voit que les gens ont envie de se lancer », conclut l’entrepreneuse.


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