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Air France-KLM : Ben Smith, le salaire de la discorde

un bonus de Benjamin Smith au coeur d'un polémique


Le bonus de Benjamin Smith, PDG d'Air France - KLM est au cœur d'une polémique lancée par un parlementaire néerlandais. Un bonus en tant de crise cela pourrait faire mauvais genre et pourtant ? TourMaG démêle les rouages de la rémunération du PDG d'Air France - KLM.


Rédigé par Christophe Hardin le Mercredi 28 Avril 2021

En 2020, Ben Smith a touché 744.511 euros de rémunération fixe au titre de 2020 et 768 456 euros de rémunération variable au titre de 2019. A son arrivée à la tête d’Air France-KLM, il avait investi personnellement 900 000 euros pour acheter 100 000 actions d'Air France-KLM. - DR Air France
En 2020, Ben Smith a touché 744.511 euros de rémunération fixe au titre de 2020 et 768 456 euros de rémunération variable au titre de 2019. A son arrivée à la tête d’Air France-KLM, il avait investi personnellement 900 000 euros pour acheter 100 000 actions d'Air France-KLM. - DR Air France
"Bonus scandaleux" c’est ainsi qu’a été récemment présenté par un parlementaire hollandais, un élément de la rémunération de Ben Smith, le PDG d’Air France-KLM.

Sans prendre la peine de vérifier si effectivement il s’agissait d’un bonus au sens où on l’entend, beaucoup se sont empressés de reprendre l’information telle quelle.

Pensez donc : en pleine crise, au sein d’une entreprise perdant des millions par jour, un vilain patron se gavant c’est vendeur !

Quelques journaux sérieux, en France, ont cependant expliqué dans leurs colonnes la réalité des choses. L’ami Jean-Louis Baroux, qui ne passe pas pour un thuriféraire d’Air France, a cette semaine lui aussi rétabli quelques vérités et dénoncé l’attitude du parlement hollandais parfaitement détestable.

Les élections législatives au Pays-Bas ont accouché d’une majorité hétéroclite avec une coalition au sein de laquelle des voix contre le fait que KLM soit une compagnie filiale d’un groupe français se font souvent entendre, avec, et c’est le cas dans cette affaire, une bonne dose de mauvaise foi et de démagogie.

Le "bonus" de Ben Smith n’en est pas un

A propos de ce bonus, les choses sont plus complexes et surement moins scandaleuses que les parlementaires veulent bien le dire.

Le "bonus" de Ben Smith n’en est pas un. Il s’agit d’un élément variable, dument inscrit dans son contrat de travail et faisant partie de sa rémunération.

Cela est payable en actions ou en numéraire et il faut préciser que cette somme ne pourra être débloquée qu’à partir de 2023 sous condition que Ben Smith soit toujours à la tête du groupe et que celui-ci soit redressé.

Les rémunérations variables long terme (sur trois ans) seront appréciées, année par année, sur la base de critères quantitatifs et qualitatifs (sociaux et sociétaux notamment).

Tout cela est publique, approuvé par un conseil collégial des rémunérations ou siègent des représentants des salariés au sein du groupe. Chacun peut aller consulter les détails dans le document d'enregistrement universel 2020, disponible sur le site d'Air France-KLM.

En 2020, Ben Smith a touché 744.511 euros de rémunération fixe au titre de 2020 et 768 456 euros de rémunération variable au titre de 2019.

Mettre la rémunération de Ben Smith en perspective

A son arrivée à la tête d’Air France-KLM, il avait investi personnellement 900 000 euros pour acheter 100 000 actions d'Air France-KLM.

Un geste pour marquer sa confiance dans l’avenir du groupe et pas forcément très rémunérateur quand on voit la dégringolade de l’action.

La rémunérations des grands patrons, y compris celle de Ben Smith peuvent choquer certains. Il faut cependant la considérer avec quelques éléments de contexte et de comparaison.

Lorsque la France est allée le chercher en 2018, il a fait ce que toute personne qualifiée ferait dans ces circonstances, il a négocié un salaire. Air France partait à l’époque à la dérive : une grève très dure, des comptes dans le rouge et un PDG sur le départ, désavoué par le résultat de la consultation qu’il avait organisée.

Dans ces circonstances, et pour cette mission que certains jugeaient impossible, le conseil d’administration n’avait pas hésité à proposer au nouveau PDG, une rémunération pratiquement doublée comparée à celle de son prédécesseur et mettant le nouveau patron d’Air France-KLM à peu près au niveau du PDG de Lufthansa et un peu en dessous de celui d’IAG.

Le salaire de Ben Smith c'est "peu" par rapport aux majors US

Très loin cependant, des rémunérations des PDG des grandes Majors US qui, avant la crise sanitaire et grâce en partie à leur portefeuille d’actions dépassaient largement les 10 millions d’euros par an.

Le salaire du PDG d’Air France-KLM comparé à ses homologue US, c’est "peu". Comparé à ceux des grandes compagnies ou groupes européens c’est normal.

Comparé au salaire du PDG d’une entreprise publique, c’est beaucoup. L’annexe au projet de loi de finance pour 2021 fait état d’un revenu annuel de 450 000 euros (fixe + variable) pour le PDG de la SNCF.

Une fois données ces précisions peut-on parler de scandale quant au salaire de Ben Smith ? Certains politiques Hollandais qui militent pour une séparation des deux compagnies présentent les choses de façon assez caricaturale.

Se donnant, comme souvent, le rôle des fourmis vertueuses, ils s’enorgueillissent d’avoir conditionné le plan d’aide à KLM à des réductions de salaires pour les employés de KLM, y compris ses dirigeants, laissant à penser que ces cigales de français n’ont rien fait et ont distribué l’argent publique sans contrepartie.

Et du côté d'Air France

Ils "oublient" de dire que les modes de rémunération (et de chômage partiel) au sein des deux filiales du groupe sont très différentes : les pilotes de KLM ont une rémunération mensuelle fixe, alors que les navigants d’Air France ont une rémunération variable, dépendant du nombre d'heures de vol effectuées.

Pour cette catégorie de personnel, l’effondrement des heures de vol ont fait baisser leur rémunération entre 25 et 40%.

Pour les autres personnels, le dispositif de chômage partiel a de facto entrainé une baisse de leur rémunérations. On pointe aussi, coté hollandais un déséquilibre concernant les baisses de rémunérations entre Ben Smith le Directeur Général d’Air France-KLM et Pieter Elbers le PDG de KLM. Pieter serait-t-il plus vertueux que Ben ?

Tous les deux touchent une rémunération fixe, une rémunération variable annuelle liée à la performance de l’exercice écoulé et une rémunération variable à long terme.

Tous les deux ont décidé de faire des sacrifices. D'après le rapport annuel de KLM, il est précisé que "M. Elbers a décidé de réduire volontairement son salaire fixe de 20 % pour le reste de l'année 2020 (juin - décembre 2020)".

Ben Smith de son coté, s’engageait en avril 2020 à renoncer à 25% de sa rémunération pendant la crise liée au covid-19.

Par ailleurs, en 2020, le gouvernement néerlandais a conditionné son aide à KLM à la suppression des rémunérations variables des dirigeants de KLM. Il n'était pas fait mention de la rémunération du Directeur Général d'Air France-KLM.

Quant à d’éventuels bonus, souhaitons que Ben Smith finisse par en toucher. Ils sont très encadrés par la Commission Européenne et s’ils lui sont attribués, cela voudra dire qu’Air France-KLM aura remboursé au moins 75% des aides octroyées et que l’Etat français aura ramené sa participation au capital à son niveau d'avant crise soit 14 %. Le délai maximum est fixé à six ans.

Dans ce secteur comme ailleurs, dès que l’on creuse un peu les sujets c’est toujours aux dépends des démagos.


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