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Cessation des activités de WOW Air : que faire vis-à-vis de vos clients ?

Par Me David Sprecher*


Quelles mesures immédiates à prendre en cas de défaillance d'un transporteur aérien ? Alors que la compagnie islandaise WOW Air a annoncé, ce jeudi 28 mars 2019, l'arrêt de ses activités et l'annulation de tous ses vols, Me David Sprecher apporte un éclairage aux professionnels du tourisme.


Rédigé par Me David SPRECHER le Jeudi 28 Mars 2019

Introduction

A cette heure, WOW Air n’a pas été liquidée donc a priori il pourrait encore y avoir des remboursements… sauf qu’il convient à tout moment de vérifier sa situation juridique car cela peut évoluer d’heure en heure - DR : Facebook WOW Air
A cette heure, WOW Air n’a pas été liquidée donc a priori il pourrait encore y avoir des remboursements… sauf qu’il convient à tout moment de vérifier sa situation juridique car cela peut évoluer d’heure en heure - DR : Facebook WOW Air
La compagnie WOW Air vient de cesser toutes ses opérations.

Cette compagnie, basée en Islande, avait a priori un bel avenir devant elle et desservait Paris CDG.

De nombreux professionnels s’interrogent à juste titre sur ce qu’il y a lieu de faire en cas de défaillance d’un transporteur aérien.

Et cette question est d’autant plus d’actualité que nombre de compagnies aériennes ont été liquidées ces dernières années, à l’instar de Cyprus Airways, Air Méditerranée, VLM Airlines Flanders, Air Berlin, Cobalt et d’autres encore.

Il nous a donc apparu important de dresser une check-list de différents points importants que le professionnel se doit de considérer dans ce secteur.

Le cadre juridique

Cette procédure a été engagée conformément aux dispositions en vigueur en Islande.

A cette heure, elle n’a pas été liquidée donc a priori il pourrait encore y avoir des remboursements… sauf qu’il convient à tout moment de vérifier sa situation juridique car cela peut évoluer d’heure en heure.

Les mesures immédiates à prendre en cas de défaillance du transporteur aérien

Il convient en premier lieu de vérifier si le transporteur a arrêté ses vols OU si ceux-ci vont être effectués par des transporteurs affrétés. Par exemple, lors de la faillite de Transaero, les vols ont été effectués durant deux mois par Aeroflot.

Au cas où la compagnie viendrait à cesser ses vols, dans le cas de la vente de forfait, il convient de reprotéger les passagers sur d’autres vols pour éviter la survenance d’événements additionnels donnant lieu au paiement de compensations de la part de l’agent de voyages.

Dans le cas présent, la compagnie ne procède actuellement pas au remboursement de billets et il convient de se rapprocher immédiatement de l’administrateur judiciaire afin d’établir une déclaration de créance.

Attention car les agents de voyages sont des créanciers non privilégiés et qui viendront bien après ceux de rangs supérieurs !

Pour les billets émis, non volés et non payés, il convient d’une part d’annuler les segments, de reprotéger les passagers et ensuite, en ce qui concerne toute différence de tarif, de se rapprocher de la compagnie aérienne défaillante, voire du liquidateur.

Le remboursement de ces montants est à envisager, mais ne peut être garanti !

Billets réservés directement auprès des transporteurs aériens

En cas de billets réservés directement auprès des transporteurs aériens, plusieurs cas sont à envisager :

a. Vols effectués par le transporteur défaillant et billet émis par ce dernier

Dans ce cas, il faut se rapprocher du transporteur, ou de l’administrateur judiciaire, ou du liquidateur judiciaire, suivant le statut juridique de l’entreprise, et donc prendre la place d’un créancier chirographaire avec toutes les conséquences associées.

b. Vols vendus par le transporteur défaillant et effectué par un tiers (code share)

Il convient de se rapprocher du transporteur effectif et de vérifier si ce dernier a été payé par le transporteur défaillant, auquel cas le transporteur effectif se devra de transporter les passagers et d’honorer le billet de passage.

La situation est moins claire dans les autres cas, et il convient d’analyser chaque cas séparément.

c. Ventes par carte de crédit

Dans ce cas, il convient de se rapprocher dans l’immédiat de l’émetteur de la carte et d’apporter la preuve que les segments réservés n’ont pas été effectués par le transporteur défaillant.

d. Groupes et voyages à forfait

Dans le cas d’acomptes payés, il convient de se rapprocher immédiatement de la compagnie aérienne ou de l’administrateur judiciaire ou du mandataire judiciaire.

Il faut également bien vérifier qui est le transporteur effectif du groupe et appliquer si cela est possible les règles édictées ci-dessus en ce qui concerne les vols en partage de code.

Enfin, il ne faut jamais oublier les règles en vigueur en ce qui concerne, si c’est le cas, la vente de forfaits et la responsabilité de l’agent pour l’exécution de toute le contrat de voyage ce inclut le transport.

Il convient de bien respecter les dispositions de la Directive 2015/2302 et notamment l’article 13 : "les États membres veillent à ce que l'organisateur soit responsable de l'exécution des services de voyage compris dans le contrat de voyage à forfait, indépendamment du fait que ces services doivent être exécutés par lui-même ou par d'autres prestataires de services de voyage."

Le professionnel du voyage est responsable de la bonne exécution du contrat ce inclut la partie voyage.

Mesures de précaution à prendre

Il est fortement conseillé à chaque professionnel de se tenir bien informé de la situation financière des compagnies aériennes vendues.

En effet, le fait d’avoir été prévenu du risque clair et quasi sûr de défaillance d’un transporteur peut, dans certains cas, être associé à une négligence de la part du professionnel du voyage.

Chaque situation sera analysée en profondeur et ce qui a été indiqué ci-dessus doit être compris au cas par cas.

Il n’empêche qu’il est de l’obligation du professionnel de ne conseiller que les transporteurs qui, de manière raisonnable, seront à même de transporter les clients.

On se souviendra des obligations imposées au professionnel en ce qui concerne les compagnies reprises dans la Liste Noire (cfr/ Règlement CE 2111/2005) et qui imposent à l’agent de rerouter ou de rembourser toute personne ne désirant pas voler sur une telle compagnie. C’est là aussi la question de la possible négligence de l’agent qui est évoquée en sous-entendu.

* Me David Sprecher est avocat spécialisé dans le droit du tourisme et de l’aviation civile et par ailleurs avocat du CEDIV et membre de l’International Forum of Travel and Tourism Lawyers et du World Airport Lawyers Association.

Il est Senior Lecturer en droit du tourisme et de l’aviation civile au sein d’universités et écoles supérieures de commerce et également référent en régulation aérienne pour institutions et Parlement.

Les informations contenues dans cet article ne peuvent en aucun cas servir de conseils juridiques et tout lecteur doit recourir aux services d’un avocat avant d’engager toute action.

Les textes de loi sont disponibles aux professionnels du tourisme sur simple demande à david.sprecher@sprecher-legal.eu


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