D’Al Ain à The Sphere, Abu Dhabi mise sur l’immersion pour séduire 40 millions de visiteurs

Loin du bling bling et du rythme effréné de Dubaï, Abu Dhabi veut se démarquer et se positionner comme une ville tournée vers le slow tourisme, afin de permettre à ses visiteurs de découvrir la variété des paysages, la gastronomie locale ou encore le patrimoine historique.

Pour Abdulla Yousuf, directeur des opérations internationales au sein du Département de la culture et du tourisme d'Abu Dhabi (DCT Abu Dhabi), un endroit symbolique incarne cette vision selon lui : Al Ain.

"Pourquoi est-ce un endroit très spécial pour nous, en tant qu'Émiratis ? Parce que c'est le lieu où est né le fondateur du pays (Zayed Ben Sultan Al Nahyane, ndlr)".

À seulement 1h30 de la capitale, l’oasis d’Al Ain s’étend sur 1 200 hectares, irriguée par un système ancestral, le falaj.

Sur place, un éco-centre valorise les actions menées pour préserver l’écosystème fragile de l’oasis et met à l’honneur les fermiers, gardiens d’un savoir-faire agricole traditionnel. Un havre de paix trop peu connu pour Abdulla Yousuf.

"Je dis toujours à mon équipe : si nous devons accueillir quelqu’un, qu’il commence par Al Ain. C’est là que se trouvent nos racines, notre point de départ. Qu’il ressente l’authenticité de nos origines avant de venir à Abu Dhabi, pour mesurer pleinement le chemin parcouru et le développement que nous avons accompli."

Al Ain regorge d’attractions touristiques qui nous plongent au cœur de la culture émiratie, telles que le zoo d’Al Ain, le fort d’Al Jahili, le Qasr Al Muwaiji, ou encore le célèbre marché aux chameaux.

Après l’authenticité d’Al Ain, Abdulla Yousuf continue d’évoquer la culture comme moyen de dialoguer avec le reste du monde. Et, il voit les choses en grand pour Abu Dhabi, ville qui rime selon lui avec expérience immersive.

Il prend l’exemple des partenariats comme celui avec Le Louvre de Paris : "Pour les personnes qui sont allées au Louvre Paris en s'attendant à ce que ce soit le même musée, et bien ce n'est pas le cas. Le Louvre Abu Dhabi a son propre ADN."

Ce n’est ni un clone, ni une copie, mais une création originale enracinée localement avec des échanges d’œuvres d’arts entre la France et les Émirats. "À mes yeux, cela témoigne de la solidité des relations de type G2G - autrement dit, de gouvernement à gouvernement - entre les Émirats arabes unis et la France", affirme Abdulla Yousuf.

Mais, la ville se démarque aussi par des expériences uniques 100% locales.

Abdulla Yousuf prend l’exemple du teamLab Phenomena qui met en avant la modernité et l’innovation de la ville, et contraste totalement avec Al Ain.

Ce nouvel espace culturel immersif de 17 000 m² propose une expérience multisensorielle unique où les œuvres sont interactives, et réagissent aux mouvements, à la présence des visiteurs et aux conditions environnementales - une forme d’art vivant et évolutif.

"Mon installation préférée, c’est celle avec le grand filet suspendu : en dessous, il n’y a rien d’autre que des écrans, et au-dessus aussi. On a vraiment l’impression d’être plongé au cœur d’un univers, comme si on flottait au milieu de quelque chose d’infini.

Mon fils, lui, a adoré une autre pièce : grâce à l’aérodynamisme du flux d’air, de petites bulles viennent doucement frôler le visage. C’est une expérience sensorielle très délicate et étonnamment apaisante."

Dans la lignée des expériences immersives qui façonnent le paysage culturel d’Abu Dhabi, l’annonce de la future Sphere n’est pas passée inaperçue. Après Las Vegas, où elle a fait sensation en plein désert du Nevada, la spectaculaire structure s’apprête à poser ses valises dans la capitale émiratie.

Cette salle futuriste, capable d’accueillir jusqu’à 20 000 personnes, promet de révolutionner le spectacle vivant avec une immersion totale à 360 degrés. "Nous n’avons pas encore annoncé la date d’ouverture, mais cette annonce marque déjà une étape clé. Elle reflète notre volonté de développer davantage d’expériences immersives à Abu Dhabi et de renforcer l’attractivité de notre scène culturelle", précise Abdulla Yousuf.

Le Louvre Abu Dhabi, temLab Phenomena et The Sphere, sont tous trois situés au cœur du quartier culturel de Saadiyat - le nouveau hub culturel des Émirats arabes unis.

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Abdulla Yousuf parle d’une stratégie "laser", précise, ambitieuse et tournée vers l’horizon 2030.

"Nous sommes très concentrés sur notre stratégie 2030, elle est très ambitieuse", insiste-t-il. L’objectif est clair : atteindre les 40 millions de visiteurs d’ici là.

Pour y parvenir, 28 initiatives transversales sont déployées, allant de la redéfinition de l’hospitalité culturelle à l’accueil de grands événements sportifs, en passant par l’invitation d’artistes de renommée mondiale.

Une réflexion permanente guide l’action : "Comment rendre la destination dynamique en termes d'événements ? Comment créer des destinations dans la destination ?", souligne Abdulla Yousuf

Déjà, le rayonnement d’Abu Dhabi s’élargit de 14 à 45 marchés sources, et la croissance est fulgurante. DCT Abu Dhabi est désormais présent dans 13 pays avec des bureaux dédiés, et les nuitées internationales ont bondi de 28% en un an.

Si la Chine et l’Inde dominent toujours les arrivées, l’accent est à présent mis sur l’Asie, avec un focus affirmé sur la Corée du Sud et l’ouverture d’un nouveau bureau au Japon. "Cela montre que nous diversifions nos marchés et notre segmentation, car nous voulons que ce plan soit durable", affirme le représentant.

La recette de DCT Abu Dhabi est donc la suivante : durabilité, diversification et enrichissement de l’offre.

Sous l’impulsion d’Abdullah Yousuf et son équipe, la stratégie touristique de DTC Abu Dhabi s’affine et gagne du terrain d’année en année. Ancrée dans la valorisation du patrimoine autant que dans l’innovation culturelle, elle vise à construire une destination qui donne envie au plus grand nombre et qui dure dans le temps.