L'UCPA lance un plan d’investissement de 240 M€ sur 5 ans ! [ABO]

Aujourd'hui, l'UCPA fait voyager environ 250 000 personnes : 130 000 enfants et adolescents en colonies de vacances ou en classes de découverte et 120 000 jeunes adultes - DepositPhotos.com, PeopleImages.com

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TourMaG - Début mai, l’UCPA a annoncé la mise en place d’un programme obligataire pour financer son plan d’investissement à 5 ans de 240 millions d’euros. Votre objectif étant de « renforcer la pratique du plus grand nombre, l’accès aux colos éducatives et accélérer la transition écologique ». Pouvez-vous nous expliquer plus en détail en quoi consiste ce nouveau projet ?

Guillaume Légaut : Je tiens d’abord à rappeler ce qu’est l’UCPA : une association qui porte un projet social.

Notre métier consiste à accompagner le plus grand nombre de gens dans la pratique de l'activité sportive ; une pratique éducative qui crée du lien social et qui est responsable vis-à-vis de l'environnement.

C’est cette mission qui motive notre plan stratégique, à savoir : comment faire en sorte qu'un plus grand nombre de gens - et en particulier de jeunes - puissent accéder à l'activité sportive dans le cadre de leurs loisirs, de leurs vacances, de leurs activités quotidiennes.

TourMaG - L’UCPA a donc une double casquette : activités de loisirs et voyages. Que représente la partie voyages ?

Guillaume Légaut : Aujourd'hui, nous réalisons à peu près 250 000 départs par an : 130 000 départs en colonies de vacances ou en classes de découverte pour les enfants et les adolescents ; et 120 000 départs pour les jeunes adultes, principalement les 18-30 ans.

Quelques séjours sont ouverts aux familles ou à des individuels de plus de 30 ans, mais la majorité de nos activités sont effectivement destinées aux jeunes.

Parmi ces activités-là, une partie est opérée essentiellement en France, dans des centres dont nous sommes propriétaires. L’autre partie est du tour-operating, en France comme à l'international.

À côté de cela, nous contribuons au développement de la pratique sportive dans le cadre du temps libre au quotidien. Nous gérons une soixantaine d'équipements majoritairement situés en agglomération : des centres équestres (dont le dernier vient d'être inauguré à Montpellier Grammont, ndlr), des salles d'escalade, des salles de fitness, des bases de loisirs, des centres aquatiques, etc., dont une partie est propriété de l'UCPA.

La plus grosse partie reste propriété des collectivités locales, confiée en délégation de service public (DSP) ou en concession à l'UCPA. Environ 3,5 millions de personnes sont accueillies dans le cadre de ces activités de loisirs.

Il convient de mentionner un autre élément important dans l'identité de l'UCPA qui est de permettre à ceux qui ont moins de facilités d'accéder aux vacances ou aux loisirs.

Ainsi, plus de 50% des publics que l'on accueille sont aidés sous différentes formes (aides des communes, des comités d'entreprise, partenariats mis en place par l’UCPA avec des organismes de solidarité comme les Restos du cœur, le Samu Social, le Secours populaire ou le Secours catholique, etc.).

Guillaume Légaut, directeur général de l'UCPA - Crédit photo : Danon Boileau

TourMaG - Ces aides, ce sont les publics qui vont les recevoir, pas l’UCPA ?

Guillaume Légaut : Oui, le bénéficiaire de ces aides, c'est celui qui part. L'UCPA étant une association, elle n’a pas d'actionnaires et vit à 100% des activités qu'elle réalise. Nous percevons moins de 1% de subventions, c'est moins que la plupart des entreprises commerciales classiques.

TourMaG - Vous avez dévoilé début mai les contours d’un nouveau plan stratégique pour les cinq prochaines années. Comment s’articule-t-il ?

Guillaume Légaut : Ce plan a été élaboré autour de trois axes prioritaires : la transition écologique, l'inclusion et le développement de nouvelles destinations.

Dans ce cadre, nous prévoyons à peu près 240 millions d’euros d'investissements, dont environ la moitié porteront sur la transition écologique, 30% sur l'ouverture de nouvelles destinations et 20% sur les sujets autour de l'inclusion.

TourMaG - Comment comptez-vous financer ce plan ?

Guillaume Légaut : Une bonne partie sera assurée par la capacité d'autofinancement de l'UCPA, soit un peu plus de 150 millions d’euros.

Puis, pour une petite partie, nous allons lever de la dette bancaire : 37 millions d’euros via un prêt de la Banque de développement du Conseil de l’Europe et un autre prêt de la Caisse des Dépôts de 40 millions d’euros, dont une partie a financé des projets déjà réalisés.

Enfin, nous avons besoin de renforcer les fonds propres de l’association, et dans ce cadre-là, nous avons lancé un programme obligataire avec un objectif de 50 millions d'euros au minimum sur 5 ans, et jusqu'à éventuellement une centaine de millions d'euros.

Je précise qu’il ne s’agit pas juste d’un programme obligataire, il comprend aussi des obligations écologiques et sociales, ce qu'on appelle techniquement un « framework ESG ». C'est-à-dire que nous allons identifier les qualités des projets que nous allons financer en termes d'impact écologique et social, et nous engager à mesurer cet impact afin d’en rendre compte aux investisseurs.

Il ne s’agit donc pas uniquement d’une levée de financement. Les investisseurs à qui nous nous adressons sont intéressés par soutenir la transition écologique et l'impact social et vont pouvoir valoriser ça dans leur portefeuille d'investissement.

Ils savent aussi que le fait qu’il soit émis par une association et non par des collectivités locales ou une entreprise commerciale, prouve qu'il n'y aura pas de recherche de profit dans la démarche d'investissement.

TourMaG - Où en êtes-vous du lancement de ce programme obligataire ?

Guillaume Légaut : Nous menons des échanges avec différents investisseurs qui sont intéressés pour souscrire des obligations.

Ils analysent à la fois les éléments d'impact écologique, d'impact social, les comptes de l'UCPA puis, ils feront des propositions.

Nous réalisons une première mobilisation de fonds tout de suite - en espérant mobiliser au minimum 10 millions d’euros - mais le programme s'étale sur cinq ans. Il y aura par conséquent d'autres échéances de mobilisation de fonds au fur et à mesure que les projets s'engageront.

En effet, quand vous axez vos projets sur la transition écologique, quand vous rénovez des centres de vacances pour qu'ils soient plus vertueux sur le plan écologique, il faut aussi avancer dans les études techniques, obtenir les permis de construire, etc. Les plannings se pilotent au fur et à mesure, on ne peut pas faire tous les projets d'un coup.

La capacité de nos équipes à porter tout ça est aussi limitée. Idem quant à l'ouverture de nouvelles destinations sportives ou de places de colonies de vacances. Nous avançons au rythme de maturité des projets.

Rien que sur cette année, nous avons la capacité d’engager des projets qui représentent jusqu'à une cinquantaine de millions d'euros.

TourMaG - En parlant de projets, pouvez-vous nous détailler les nouveautés prévues en 2025 ?

Guillaume Légaut : Nous sommes en train de finaliser la rénovation du centre de vacances de Lacanau, qui va être inauguré fin juin. Il s’agit d’une grosse rénovation, avec un fort enjeu autour de l'intégration écologique du centre.

Nous venons aussi de signer le lancement des travaux de la piscine Belcier à Bordeaux, qui va être située à côté de la gare.

De la même manière, nous avons des projets sur les colonies. Nous avons lancé la rénovation de notre centre de colonies de vacances à Pralognan et aussi à Niolon qui dispose d’un important centre de plongée, et nous allons rénover notre centre à Saint-Cyr-sur-Mer.

Lire aussi : Sport Hostel : l'UCPA a ouvert son 1er lieu à Paris

TourMaG - Vous avez évoqué de nouvelles destinations. Parliez-vous de la France ou de l'étranger ?

Guillaume Légaut : Quand je parle d’investissement, c’est plutôt en France. Nous n’investissons pas à l'étranger pour l'instant, même si nous étudions certains projets. Sur les destinations à l'étranger, nous ne sommes pas propriétaires des murs, nous travaillons avec des réceptifs locaux.

Aujourd’hui, les destinations axées sur le vélo se développent beaucoup.

Nous avons aussi lancé, il y a quelques mois, la nouvelle marque UCPA Sport Trotter, dédiée au voyage d'aventure (randonnées à pied, à vélo, à cheval, trek et même croisière à la voile, ndlr), qui nous permet de redévelopper notre visibilité sur ce créneau. Cette marque, tout comme les voyages La Balaguère, fonctionnent bien.

TourMaG - Avez-vous ressenti un effet « booster » sur les réservations après les Jeux Olympiques de Paris ?

Guillaume Légaut : Pas vraiment. Nous avons ressenti l'enthousiasme au moment des JO. Ça, c'était très fort.

Mais, comme la plupart des fédérations sportives, nous ne constatons pas une vague d'augmentation de l'activité aujourd'hui. Je pense que l'inflation y joue pour beaucoup, notamment quand on s'adresse à des publics moins aisés financièrement.

On croit toujours que les grands événements sportifs vont provoquer de l'engouement à la marge, mais globalement, ce n'est pas ça qui crée réellement le développement de l'activité.

En revanche, on a vu, suite aux Jeux Olympiques, que l'image du sport a évolué.

Il y a eu une vraie prise de conscience que le sport est un levier d'inclusion, qui peut permettre à ceux qui sont plus éloignés habituellement du cœur de la vie sociale d'y trouver leur place.

Ce phénomène a été très fort autour de l'inclusion du handicap, qui est l’un des axes importants que porte la ministre du Tourisme aujourd'hui.

Mais à l’UCPA, nous avons une vision encore plus large de l'inclusion, qui est de permettre aux jeunes des quartiers, aux jeunes vivant en milieu rural, de pouvoir aussi trouver leur place ; et aussi d'arriver à faire vivre autour du sport ce qu'on a tous ressenti au moment des Jeux Olympiques, c’est-à-dire cette capacité à unir au-delà de la diversité de la population.

D'ailleurs, l'UCPA a opté pour une nouvelle baseline qui est « Le sport qui nous unit » et qui pointe la capacité du sport à être une langue universelle qui rapproche tout le monde. Dans un contexte où la société a tendance à se fracturer et à se diviser, c'est important que l'on retrouve des facteurs d'unité.

Et puis « le sport qui nous unit » sous-entend aussi, individuellement, le sport qui relie le corps et l'esprit.

TourMaG - Vous avez évoqué l’inflation. La ressentez-vous actuellement ?

Guillaume Légaut : On sent que l'inflation joue sur les réservations quand on regarde l'évolution de l'activité dans le secteur dans sa globalité.

À l’UCPA, nous pensons atteindre nos objectifs d'activité sur l'année sans trop de difficultés pour ce qui est des colonies de vacances.

Pour les séjours adultes, nous devons être plus proactifs, parce que les jeunes adultes sont la catégorie la plus impactée par l'inflation. Parfois, ils ont tendance à repousser les projets de vacances en se disant que ce n'est pas prioritaire.

Il nous faut trouver des solutions pour continuer à proposer des prix accessibles tout en sensibilisant ces clients à se décider à partir en vacances à un moment ou à un autre.

TourMaG - Comment s’annonce la saison estivale 2025 ?

Guillaume Légaut : Il y a encore beaucoup de places. Les cycles de vente ont bougé et les clients réservent leurs vacances plus tard.

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TourMaG - Du côté des équipes, comment se passe le recrutement ?

Guillaume Légaut : Il y a deux - trois ans, c'était un peu compliqué. Juste à la sortie du Covid, il y a eu une période complexe pour beaucoup d'acteurs.

Aujourd’hui, nous avons retrouvé une bonne dynamique et n’avons pas de difficultés de recrutement. Nous fidélisons plutôt bien les collaborateurs, même si l'UCPA reste un employeur qui s'adresse surtout aux jeunes : 60% des embauches sont des jeunes de moins de 25 ans.

Ils vont rester quelques années, mais vont avoir envie de vivre différentes expériences. Donc, nous devons sans cesse recruter.

Nous investissons beaucoup dans la formation des collaborateurs, et notamment ceux qui n'ont pas de diplôme. Nous avons notre propre organisme de formation dans lequel nous formons à peu près 1 600 jeunes tous les ans, notamment sur les diplômes d'accompagnateur en moyenne montagne, de moniteur d'équitation, de maître majeur, etc. Des diplômes plutôt dans le champ du sport.

Nous accompagnons également les équipes en formation continue, car nous considérons que c'est un engagement important d'accompagner la montée en compétences et de permettre à chacun de construire un parcours de progression.