L’irrésistible ascension des compagnies aériennes du Golfe

Commandes géantes d’avions, projets d’aéroports d’envergure : les «majors» européennes ont de bonnes raisons de s’inquiéter du dynamisme des compagnies aériennes du golfe persique. La concurrence s’intensifie aussi entre transporteurs de cette région, comme on peut le constater sur le marché français.

Qatar Airways, créée en 1994, est passé aujourd’hui sur la ligne Paris-Doha à onze vols par semaine (dont un quotidien en A 340-600) contre sept l’an dernier. Etihad Airways, lancée en 2003, est entrée en scène en mai dernier sur le marché hexagonal : la compagnie nationale des Emirats Arabes Unis (EAU) passera en quotidien sur sa ligne Paris - Abou Dhabi en janvier prochain.

Faute de disposer d’un réseau encore conséquent, elle met notamment l’accent sur l’axe Paris-Bangkok. Son agressivité commerciale gêne Gulf Air.

Air France se concentre sur Dubaï

Cette dernière a supprimé le mois dernier son vol direct Paris-Mascate lancé en juillet dernier. La compagnie désormais uniquement omanaise et bahreïnie s’est recentrée depuis sur sa liaison Paris-Bahreïn (un vol quotidien).

Fondée en 1950, confrontée à l’épuisement des réserves de pétrole d’un de ses actionnaires (Bahreïn), Gulf Air pourrait consolider en priorité un marché régional étendu - elle annonce disposer du plus vaste réseau au Moyen-Orient – sur lequel opère également sa filiale Gulf Traveller. Elle doit toutefois compter avec une concurrente à bas coûts créée en 2004 : Air Arabia.

Air France, plus préoccupée semble-t-il ces derniers temps par les low-costs, se fait pour sa par plus discrète aujourd’hui dans ses critiques des compagnies du Golfe, notamment celles visant Emirates, créée en 1985 et basée à Dubaï.

Le transporteur français ne manque pas une occasion de rappeler qu’il souhaite les voir gérées comme les autres compagnies aériennes selon des principes d’économies de marché et non selon «d’autres principes». Lesdites compagnies du golfe rappelant immanquablement les 20MdsF apportés par l’Etat à Air France dans la période 1994-96.

Gulf Air fait équipe avec American Airlines

Sur cette région, la compagnie française a choisi de concentrer son énergie sur un seul axe, Dubaï. Difficile ainsi de disputer la suprématie d’Air France et d’Emirates - 14 vols hebdomadaires chacune depuis Paris – sur la desserte de cette destination touristique montante (dont les réserves pétrolières et gazières s’épuisent).

Emirates, comme ses concurrentes dans la région, a toutefois l’avantage de profiter de sa position géographique entre l’Europe et l’Asie, et de se positionner d’abord comme une compagnie de 6ème liberté, inscrite dans une logique de liaisons en correspondance et souhaitant accaparer une partir du lucratif marché long-courrier.

Air France et les autres «majors» européennes peuvent freiner l’entrée dans les grandes alliances des compagnies du golfe, cela n’empêche pas pour autant ces dernières de nouer des accords bilatéraux, comme l’ont fait Gulf Air et American Airlines, par le biais d’un code share et depuis peu d’un partenariat entre le programme de fidélisation de Gulf Air et celui d’American (AAdvantage).

L’avenir nous réserve peut-être d’autres surprises sur ce marché. La compagnie 100% business L’Avion (Elysair) n’a-t-elle pas annoncé récemment qu’elle pourrait positionner son futur second B757 sur les pays du Golfe ?