
Lancement d'une mission parlementaire sur la transition des stations de montagne, initiée par Xavier Rorseren - Depositphotos @tupungato
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Cette fois-ci les Français ont bien la tête à la plage et ont définitivement remisé leurs combinaisons de ski dans leurs garages.
Alors que les établissements ont fermé leurs portes pour permettre aux équipes de récupérer d'une saison hivernale encourageante, mais éprouvante, les députés ont décidé de plancher sur la transition des stations de montagne.
Ébranlés par les nouvelles pratiques, par l'attrait croissant du littoral pendant les vacances d'hiver des Français et bien évidemment par le réchauffement climatique, les villes et villages envisagent, pour certains, l'avenir avec circonspection.
"On sait tous que l'enneigement va devenir compliqué dans plusieurs stations, la situation sera différente selon les massifs et les versants. C'est une mission transpartisane qui comprend 12 membres représentant tous les massifs, sauf les Vosges.
L'étude portera sur toute la France et pourrait aboutir sur une proposition de loi pour aider la transition des stations de montagne," explique Xavier Roseren, le corapporteur de cette mission.
A la faveur de la dissolution, le député est passé de la commission des finances à celle du développement durable, pour travailler justement sur la transition des stations de montagne en France.
Après avoir échangé avec la présidente de cette délégation, celle-ci a jugé opportun que l'Assemblée nationale se penche sur ce sujet d'actualité. Dorénavant, les élus ont 6 mois pour plancher sur la question et faire émerger des solutions pour les maires et les collectivités.
Montagne : "Le modèle centré sur le ski doit changer"

Deux déplacements sont aussi prévus, dont l'un chez Denis Fégné, le député des Hautes-Pyrénées et l'autre en Haute Savoie, pour étudier les deux modèles.
"Il n'y aura pas de solution unique, car les massifs et les stations ne sont pas dans des situations homogènes.
Depuis les années 1960, le modèle économique repose presque exclusivement sur le ski, or nous nous apercevons qu'il doit changer. Cette mission va être, à mon avis, éminemment intéressante," estime le député.
Les Alpes ont perdu un mois d'enneigement sur les 50 dernières années et ce phénomène devrait s'accélérer. La couverture neigeuse pourrait encore reculer de plusieurs semaines et perdre jusqu’à 40 % de son épaisseur.
Le constat est encore plus sévère dans les Pyrénées où la neige devient de plus en plus rare. Il est urgent d'agir.
"Le réchauffement climatique est une réalité. Nous savons que la montagne se réchauffe deux fois plus vite que le reste de la France et que notre pays, se réchauffe un peu plus vite que le reste du monde.
Il y a une urgence parce qu'il va falloir continuer à investir, mais on ne pourra plus le faire sans avoir une idée précise de ce qui peut arriver dans les prochaines années.
Je suis certain qu'avec le réchauffement climatique nos montagnes deviendront des refuges, surtout en été. Il sera bien plus agréable de profiter du bon air ici que de rester dans les villes qui verront leur climat se dégrader," projette le rapporteur de la mission.
"Instaurer de la solidarité entre les stations de haute altitude et les stations basses"
L'avenir du ski ne sera pas le seul chapitre de la mission. Elle devra également aborder l’ensemble des problématiques connexes.
"Il sera aussi nécessaire de réfléchir aux sujets qui m'intéressent toujours, comme le logement permanent, la vie à l'année en montagne et l'équilibre ente les résidences principales et secondaires, mais aussi la régulation des meublés de tourisme.
Je suis persuadé que le ski va continuer à jouer un grand rôle, nous aurons peut-être une redéfinition du paysage.
Des stations de moyenne altitude se connecteront via des ascenseurs valléens à d'autres plus hautes, dire là où il ne sera plus possible de faire du ski en 2050, puis à d'autres endroits, on aura créé les moyens pour continuer à faire du ski et à investir quand c'est nécessaire. Il existe une voie entre le tout ski et le pas du tout de ski," relate le député.
Les stations de basse et moyenne altitude sont les plus concernées par les futurs travaux des élus, à cause du réchauffement climatique.
Déjà en 2025, sous les 1 500 mètres, l'enneigement était au mieux déficitaire au pire très déficitaire, en raison de températures plus élevées de 2 °C par rapport aux normales saisonnières.
À cette diminution des chutes de neige s’ajoute la problématique croissante de la vie à l’année dans ces territoires. L'immobilier s'est développé sans toujours réserver de place aux habitants, aux travailleurs et aux saisonniers.
"L'un des objets de la mission est de trouver et instaurer de la solidarité entre les stations de haute altitude et les stations basses, pour permettre d'obtenir des équilibres permettant à tous de s'y retrouver. Je pense qu'il y a vraiment une multitude de choses à inventer."
"Il sera aussi nécessaire de réfléchir aux sujets qui m'intéressent toujours, comme le logement permanent, la vie à l'année en montagne et l'équilibre ente les résidences principales et secondaires, mais aussi la régulation des meublés de tourisme.
Je suis persuadé que le ski va continuer à jouer un grand rôle, nous aurons peut-être une redéfinition du paysage.
Des stations de moyenne altitude se connecteront via des ascenseurs valléens à d'autres plus hautes, dire là où il ne sera plus possible de faire du ski en 2050, puis à d'autres endroits, on aura créé les moyens pour continuer à faire du ski et à investir quand c'est nécessaire. Il existe une voie entre le tout ski et le pas du tout de ski," relate le député.
Les stations de basse et moyenne altitude sont les plus concernées par les futurs travaux des élus, à cause du réchauffement climatique.
Déjà en 2025, sous les 1 500 mètres, l'enneigement était au mieux déficitaire au pire très déficitaire, en raison de températures plus élevées de 2 °C par rapport aux normales saisonnières.
À cette diminution des chutes de neige s’ajoute la problématique croissante de la vie à l’année dans ces territoires. L'immobilier s'est développé sans toujours réserver de place aux habitants, aux travailleurs et aux saisonniers.
"L'un des objets de la mission est de trouver et instaurer de la solidarité entre les stations de haute altitude et les stations basses, pour permettre d'obtenir des équilibres permettant à tous de s'y retrouver. Je pense qu'il y a vraiment une multitude de choses à inventer."
JO 2030 : "nous n'avons pas beaucoup d'argent et nous sommes très en retard"
Que ce soit dans les actions ou les propositions législatives, les parlementaires devront surtout travailler dans un contexte budgétaire contraint, peu propice à la dépense publique.
"Le plan Avenir Montagne avait un budget de 640 millions d'euros, dont la moitié par les collectivités. Ce n'est pas une grosse somme à l'échelle de ces territoires.
Nous pouvons très bien imaginer des solutions qui ne pèsent pas trop sur les comptes publics, surtout que simultanément, vous avez les JO 2030 qui arrivent.
A l'occasion de cet évènement, je suppose qu'il y aura un peu d'argent pour la transition. Pour l'étape deux, celle de la rénovation des bâtiments, il sera nécessaire de trouver de l'argent," poursuit Xavier Roseren, le corapporteur de cette mission.
A lire : Des JO 2030 durables ? "Les promesses sont intenables !"
Il plaide d’ailleurs pour la création d'une nouvelle version du plan initialement conçu par Jean-Baptiste Lemoyne (ancien secrétaire d'État chargé du Tourisme). Cette mission arrive à un tournant pour nos massifs, avec l'organisation des Jeux olympiques d'hiver dans 5 ans.
Un évènement placé sous le signe du développement durable, même si, pour l’instant, l’organisation semble patiner plutôt qu’avancer sur ce volet. D'ailleurs le député reconnait un retard à l'allumage.
"Je suis très content d'avoir obtenu l'organisation et de partir sur quelque chose de très différent, à l'image de ceux de Paris. Nous faisons face à une double difficulté, nous n'avons pas beaucoup d'argent et nous sommes très en retard.
Après si on n'arrive pas à faire de ces JO qu'ils soient durables et à aborder les questions de mobilité, celles de la décarbonation, ce ne sera pas acceptable pour les populations. Nous devons vraiment nous mettre au travail, nous manquons encore un peu d'information."
La mobilité représente d’ailleurs la principale variable d’ajustement pour rendre le ski moins carboné. Pour l'heure, près de 85% des voyageurs se rendent dans nos montagnes en... voiture.
"Le plan Avenir Montagne avait un budget de 640 millions d'euros, dont la moitié par les collectivités. Ce n'est pas une grosse somme à l'échelle de ces territoires.
Nous pouvons très bien imaginer des solutions qui ne pèsent pas trop sur les comptes publics, surtout que simultanément, vous avez les JO 2030 qui arrivent.
A l'occasion de cet évènement, je suppose qu'il y aura un peu d'argent pour la transition. Pour l'étape deux, celle de la rénovation des bâtiments, il sera nécessaire de trouver de l'argent," poursuit Xavier Roseren, le corapporteur de cette mission.
A lire : Des JO 2030 durables ? "Les promesses sont intenables !"
Il plaide d’ailleurs pour la création d'une nouvelle version du plan initialement conçu par Jean-Baptiste Lemoyne (ancien secrétaire d'État chargé du Tourisme). Cette mission arrive à un tournant pour nos massifs, avec l'organisation des Jeux olympiques d'hiver dans 5 ans.
Un évènement placé sous le signe du développement durable, même si, pour l’instant, l’organisation semble patiner plutôt qu’avancer sur ce volet. D'ailleurs le député reconnait un retard à l'allumage.
"Je suis très content d'avoir obtenu l'organisation et de partir sur quelque chose de très différent, à l'image de ceux de Paris. Nous faisons face à une double difficulté, nous n'avons pas beaucoup d'argent et nous sommes très en retard.
Après si on n'arrive pas à faire de ces JO qu'ils soient durables et à aborder les questions de mobilité, celles de la décarbonation, ce ne sera pas acceptable pour les populations. Nous devons vraiment nous mettre au travail, nous manquons encore un peu d'information."
La mobilité représente d’ailleurs la principale variable d’ajustement pour rendre le ski moins carboné. Pour l'heure, près de 85% des voyageurs se rendent dans nos montagnes en... voiture.
La montagne face aux questions de mobilité
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Il sera toutefois difficile de voir émerger de nouvelles lignes ferroviaires dans les prochaines années.
"J'aimerais que dans la mesure du possible privilégier le développement du train. J'entends les petites musiques qui nous disent qu'il sera pas possible faute de temps et qu'on ne sera pas prêt. C'est la raison pour laquelle il faut accélérer.
Et puis, à chaque fois qu'on ne pourra pas mettre du train, pourquoi ne pas regarder si on ne peut pas faire, comme à Saint-Gervais où un ascenseur valléen a été créé.
Nous devons en profiter pour aller un peu plus loin en faisant la promotion de bus décarbonés, soit électriques soit à hydrogène," conclut le co-rapporteur, heureux de lancer une mission d’avenir pour des territoires en quête de réinvention.
A lire en complément : Montagne : Un député demande le déploiement des trains de nuit !
Un enjeu majeur qui s’annonce difficile à relever, alors même que la rénovation de la ligne entre St-Gervais et La Roche-sur-Foron a pris du retard, malgré les budgets débloqués.
Il sera donc indispensable que l’État s’empare de la question de l’avenir de la montagne et mobilise des ressources pour permettre à ces territoires d’ouvrir de nouveaux chapitres de leur histoire.
"J'aimerais que dans la mesure du possible privilégier le développement du train. J'entends les petites musiques qui nous disent qu'il sera pas possible faute de temps et qu'on ne sera pas prêt. C'est la raison pour laquelle il faut accélérer.
Et puis, à chaque fois qu'on ne pourra pas mettre du train, pourquoi ne pas regarder si on ne peut pas faire, comme à Saint-Gervais où un ascenseur valléen a été créé.
Nous devons en profiter pour aller un peu plus loin en faisant la promotion de bus décarbonés, soit électriques soit à hydrogène," conclut le co-rapporteur, heureux de lancer une mission d’avenir pour des territoires en quête de réinvention.
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Un enjeu majeur qui s’annonce difficile à relever, alors même que la rénovation de la ligne entre St-Gervais et La Roche-sur-Foron a pris du retard, malgré les budgets débloqués.
Il sera donc indispensable que l’État s’empare de la question de l’avenir de la montagne et mobilise des ressources pour permettre à ces territoires d’ouvrir de nouveaux chapitres de leur histoire.