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Tourisme en France : notre cœur ira-t-il vers le sud ?

Le combat de la Côte d’Azur pour sauver son été


Le 7 juillet, les équipes au complet de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur se retrouvaient sur la terrasse des Galeries Lafayette à Paris afin de donner le coup d’envoi d’une manifestation de promotion qui mettra en avant pendant deux mois, les richesses touristiques de cette destination mythique fort éprouvée par la crise qui, comme tant d’autres, a décidé de reprendre le flambeau. Pour cela, le slogan « Un air de sud » a été retenu par la région. Quant à la Côte d’Azur seule (soit le département des Alpes maritimes, une partie du Var et Monaco), elle a opté pour une campagne en 12 visuels sur le thème « Changez de décor » ! Pas facile de s’y reconnaître parmi ces entités touristiques voisines, mais il est certain que la concentration des efforts promotionnels sur les valeurs du sud devraient stimuler l’attractivité régionale.
Reportage sur le réveil de la Côte d’Azur, une destination pas comme les autres !


Rédigé par Josette Sicsic le Dimanche 12 Juillet 2020

Foudroyé en plein carnaval de Nice, à quelques heures de la fête des citrons de Menton et à quelques semaines du célébrissime festival de cinéma de Cannes, le tourisme de l’une des destinations les plus emblématiques du monde a d’autant plus souffert qu’en quelques jours les clientèles internationales qui constituent une moitié de sa clientèle ont annulé leurs séjours ! - DR
Foudroyé en plein carnaval de Nice, à quelques heures de la fête des citrons de Menton et à quelques semaines du célébrissime festival de cinéma de Cannes, le tourisme de l’une des destinations les plus emblématiques du monde a d’autant plus souffert qu’en quelques jours les clientèles internationales qui constituent une moitié de sa clientèle ont annulé leurs séjours ! - DR
Quand on a la Méditerranée, le soleil, la Baie des Anges, la Croisette, les souvenirs des frasques éthyliques de Scott Fitzgerald et ceux des coups de génie de Picasso et de Matisse, le tout ponctué par des notes de saxo échappées de la Pinède Gould, court-on le risque de voir ses clientèles touristiques s’évaporer dans les miasmes d’une pandémie !

Le danger existe et les chiffres sont là pour le confirmer. La Côté d’Azur a, selon les estimations communiquées par la directrice du CRT Claire Behar, perdu environ 1.3 milliard d’euros entre mars et juin 2020, tandis qu’au niveau des 6 départements de la région PACA, le bilan est tout aussi lourd : environ 5 milliards d’euros !

Foudroyé en plein carnaval de Nice, à quelques heures de la fête des citrons de Menton et à quelques semaines du célébrissime festival de cinéma de Cannes, le tourisme de l’une des destinations les plus emblématiques du monde a d’autant plus souffert qu’en quelques jours les clientèles internationales qui constituent une moitié de sa clientèle ont annulé leurs séjours !

Et pourtant, « nous étions sur une pente ascendante », confie le directeur de l’OT métropolitain de Nice, Denis Zanon. « L’année 2019, a en effet été une année record avec une progression de 10% ». Soit 13 millions de touristes dont 34% sont hébergés à Nice tandis que 2 séjours sur 3 sont hébergés en mode marchand !

Mieux, dans le monde d’hier, on était même fiers d’annoncer l’ouverture d’une ligne avec Pékin qui devait assurer la venue d’une centaine de milliers de touristes chinois !

Le réveil progressif et encore incertain

Mais, patatras, le Covid est passé par là et la Côte d’Azur assommée comme les autres, malgré son prestige, n’a plus eu qu’à tirer le rideau de ses hôtels et ses restaurants, ses bars, ses établissements de loisirs, ses musées et ses festivals.

Même le mythique festival de cinéma de Cannes a jeté l’éponge, une première dans sa longue vie ( en 68, il avait tout de même commencé) tandis que le non moins mythique festival de jazz d’Antibes-Juan les Pins qui devait fêter ses 60 ans, avec un programme exceptionnel, a été forcé d’en faire de même !

Un drame pour les organisateurs et des mois de travail anéantis, se désole le directeur de l’office de tourisme Philippe Baute qui attendait avec impatience cet événement reporté à l’année prochaine ! Lequel, rappelons-le, attire 30 000 festivaliers.

Majoritairement verrouillés, les hôtels ont eu tout autant de difficultés à affronter une situation inédite dans l’histoire du tourisme moderne. Seuls quelques-uns comme l’hôtel niçois Aston La Scala sont restés ouverts pour une poignée de clients retenus dans la région.

« J’avais prévu et j’étais équipé en masques, combinaisons de protection, gel… » explique le directeur qui, aujourd’hui, voit sa clientèle revenir à tout petits pas après avoir perdu une centaine de groupes, et qui serait satisfait d’atteindre 30 à 40% de taux de remplissage cet été contre plus de 80% une année normale.

En grande partie rouverte depuis la fin juin (à l’exception des palaces comme l’Eden Roc), l’hôtellerie sent bel et bien les premiers frémissements de la reprise. Surtout, durant les week-end et surtout en dernière minute, confirment les hôteliers à l’unisson du directeur de l’OT de Nice. Mais, depuis peu, avec une tendance à rester un peu plus longtemps.

Rouvertes aussi les plages dont les matelas sont sagement alignés en respectant les distances et en attendant des clients qui eux aussi reviennent progressivement surtout en provenance de la région.

« Ce sont des locaux », confirment les plagistes qui ont dû réduire quasiment de moitié leurs installations et renforcé leurs normes sanitaires.

Mais, du côté de la restauration, ils ne sont pas mécontents. Car les mêmes « locaux », heureux de pouvoir enfin ressortir et prendre l’air, n’hésitent pas à fréquenter les bonnes tables. Sur la plage du Beau Rivage, à Nice, et sur la plage Keller à la Garoupe à Antibes, les tables se remplissent peu et à peu. Ce qui donne à espérer une saison à peu près honorable.

L’aérien pourrait dynamiser

N’oublions pas cependant la situation inédite de la Côte d’Azur : 53% de la clientèle est étrangère avec en tête les Britanniques (14,7%) et les Italiens (11,7%) qui devancent d’une très courte tête les nord Américains (11,2%).

Une clientèle fidèle au prestige de la marque et au charme d’une région fortement ancrée dans leurs imaginaires et leur background culturel européen, mais qui ne viendra pas beaucoup cette année. Car, si les Italiens peuvent agilement sauter les frontières et accéder en quelques heures aux « must » de la région, les nord-Américains n’en feront pas autant. Rappelons que, si 55% des touristes arrivent par la route, plus de 25% arrivent en avion. Or, l’aéroport de Nice qui a rouvert distille ses vols moyens et longs courriers.

Officiellement, il a été annoncé que 79 destinations dont 62 à l’international seraient desservies. Un programme encourageant.

Mais, dans les faits, les choses se passent différemment ou disons lentement. Les arrivées en provenance de l’étranger sont en effet rares et encore ne proviennent-elles que de l’espace Schengen ! Malgré une intensification des vols, on sera donc loin des 14.5 millions de passagers enregistrés l’an dernier.

Le plan de relance : un effort collectif

Alors que l’aérien redécolle tout doucement, les professionnels n’ont cependant pas perdu de temps. Et c’est là leur mérite : ils se sont réunis très tôt autour des institutionnels pour endiguer la crise.

D’emblée 2 millions d’euros ont été accordés à un plan de relance dont 700 000 pour les marchés internationaux et le reste pour le marché français. « Nous nous sommes vite mobilisés puis fédérés, explique la directrice du CRT Côte d’Azur, et nous avons essayé en premier lieu d’avoir tous un même niveau d’informations afin de pouvoir nous battre plus efficacement ».

Sur pied de guerre, David Lisnard, le président du CRT Côte d’Azur-France est tout aussi combatif : « Notre objectif principal, dit-il, a été d’amortir une catastrophe sociale et économique sans précèdent et d’accompagner la relance ». Pour cela, les professionnels ont sonné à toutes les portes : le rail, l’aérien, les hôteliers, Atout France et surtout les OTA comme Expedia et Tripadvisor qui, par un système de push de bannières, devraient inciter les visiteurs à venir plus nombreux profiter des promotions, des pass et autres incitations tarifaires à l’intention de tous et des familles.

Des projets expérimentaux ont aussi été lancés autour de campagnes transformation et d’achats des nuitées. Il s’agit de favoriser les circuits-courts de réservation. Inutile de préciser que le sanitaire a été aussi la priorité !

Le tourisme d’affaires : Heavent Meetings

Enfin, pour sauver la saison décimée par le Covid (Cannes aura perdu 50% de son CA) le tourisme d’affaires a son rôle à jouer dans une région où il représente la moitié de la fréquentation pour Nice, pour Cannes.

D’ores et déjà, les équipes de Cannes ont programmé l’événement « Heavent Meetings » qui aura lieu le 1 et 2 septembre (dont nous reparlerons en détails).

Destiné aux annonceurs, agences, lieux événementiels, prestataires, cet événement qui s’inscrit dans un écosystème entièrement dédié au tourisme d’affaires devrait constituer le point d’orgue d’une démarche originale en faveur du tourisme d’affaires basé sur la constitution d’un éco-système capable de former et de rassembler tous les professionnels proches de ce secteur, y compris un incubateur de start-ups.

Automne et Tour de France

Enfin, beaucoup d’espoirs convergent vers cette arrière-saison qui, de plus en plus souvent, réserve de bonnes surprises à la région. « On observe en effet un décalage, confie la directrice du CRT, juin est moins ensoleillé que septembre qui est à la fois doux, plus calme donc plus propice à un tourisme détendu ».

Alors que les ailes de saison ne sont pas le fort de la France, elles pourraient sans doute le devenir et permettre à l’Hexagone tout entier de mieux concurrencer ses grandes rivales que sont l’Espagne et l’Italie.

Pour Henry Mathey, président de l’UMIH locale, il est probable que le salut de l’hôtellerie régionale en passera par là. De plus et surtout, se réjouit Denis Zanon : « il y aura le départ du Tour de France le 29 août ! Avec une étape Nice-Nice et une autre Nice-montagne… ». Une aubaine exceptionnelle.

… Enfin, malgré le flou, l’espoir est d’autant plus là que la Côte d’Azur peut compter avec cette admirable déclaration du grand voyageur qu’était Sigmund Freud : « Notre cœur va vers le sud » écrivait-il dans son magnifique journal de voyages !

Renaud Muselier : tourisme, économie, écologie : même combat !

Pour le président de la région PACA venu inaugurer l’opération de promotion régionale aux Galeries Lafayette, la reprise du tourisme est évidemment essentielle. Mieux, interrogé sur la nécessité de faire démarrer l’économie au plus vite, il a rétorqué qu’il n’était pas question de le faire au détriment de l’écologie.

Pour lui, « les deux vont ensemble » ! Et la région le prouve en consacrant 30% de son budget à « 100 mesures environnementales consacrées à l’air, terre, mer… ».

Il se veut donc inattaquable sur les ports puisqu’il a bel et bien consacré 30 millions d’euros à l’électrification des navires à quai dans les ports de Marseille, Nice, Toulon… et à la prochaine électrification des quais qui devraient être à 100% électriques.

D’ici 2023, c’est promis, il y aura donc « zéro émission de fumées » pour les escales qui durent entre 3 heures et 10 heures !

En somme, avec une « Cop d’avance » (le slogan du plan climat de la région), Provence, Alpes et Côte d’Azur ont bel et bien choisi les bons chevaux et ne se laisseront pas attaquer sur le chapitre des croisières !

Autre preuve de la bonne volonté régionale : la région s’est jumelée avec le Costa Rica, destination écotouristique phare par excellence ! Le saviez-vous ?

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Contact :
touriscopie@gmail.com

Pour aller plus loin, réécoutez le débat "Le tourisme a-t-il de beaux jours devant lui ?" sur RFI du 12 juin 2020, auquel Josette Sicsic a participé : www.rfi.fr/fr/podcasts/20200612-le-tourisme-a-t-il-beaux-jours-devant-lui

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Tags : paca, sicsic, sur
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