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A. Richard (Double Sens) : "L’impact a beaucoup de sens pour les jeunes"🔑

SĂ©rie spĂ©ciale : Comment a Ă©voluĂ© le marchĂ© de l’emploi ces 25 derniĂšres annĂ©es ?


A l’occasion de son 25e anniversaire, TourMaG lance une sĂ©rie d’interviews sur l’évolution du marchĂ© de l’emploi dans le tourisme. Antoine Richard, fondateur et gĂ©rant de Double Sens, mais aussi prĂ©sident de l’association Agir pour un tourisme responsable (ATR), partage son point de vue.


Rédigé par le Lundi 26 Juin 2023

QuĂȘte de sens : « Chez Double Sens, c’est trĂšs concret et prĂ©cis. C’est une valeur ajoutĂ©e sur le marchĂ© de l’emploi. Nous le voyons dans les candidatures reçues », affirme Antoine Richard, son fondateur et prĂ©sident d'ATR - DR : A.R.
QuĂȘte de sens : « Chez Double Sens, c’est trĂšs concret et prĂ©cis. C’est une valeur ajoutĂ©e sur le marchĂ© de l’emploi. Nous le voyons dans les candidatures reçues », affirme Antoine Richard, son fondateur et prĂ©sident d'ATR - DR : A.R.
TourMaG.com - Pouvez-vous remettre dans le contexte ce que reprĂ©sente Double Sens aujourd’hui ?

Antoine Richard : Double Sens existe depuis 2006. Nous sommes un spécialiste du tourisme équitable. Nous envoyons des personnes en immersion aux quatre coins du monde, pour partager le quotidien de populations locales.

Une partie du sĂ©jour s’effectue en itinĂ©rance et se rapproche du tourisme d’aventure avec des excursions, la seconde partie se dĂ©roule en immersion, au sein d’une communautĂ© qui nous hĂ©berge, nous nourrit et partage sa culture.

La raison d’ĂȘtre de Double Sens est de gĂ©nĂ©rer des revenus localement pour ces communautĂ©s qui en ont besoin.

Nous sommes conscients de l’impact du tourisme sur l’environnement, nous devons rĂ©ussir Ă  expliquer l’utilitĂ© de notre voyage, c’est lĂ  oĂč nous attendent nos clients et nos collaborateurs.

Chez nous, c’est trĂšs concret. Nous avons mis en place un outil de mesure d’impact social qui permet de calculer le revenu gĂ©nĂ©rĂ© par nos sĂ©jours dans ces villages.

Nous le valorisons auprĂšs de nos Ă©quipes. C’est important qu’elles sachent Ă  quoi elles contribuent. Aujourd’hui, si elles bossent avec Double Sens, ce n’est pas tellement pour la dĂ©couverte du monde, mais pour le bĂ©nĂ©fice auprĂšs des populations avec lesquelles nous travaillons.


TourMaG.com - Cela rĂ©pond-il Ă  la quĂȘte de sens recherchĂ©e par les collaborateurs aujourd’hui ?

Antoine Richard :
Oui, nous entendons beaucoup parler de cette quĂȘte. Chez Double Sens, c’est trĂšs concret et prĂ©cis.

C’est une valeur ajoutĂ©e sur le marchĂ© de l’emploi. Nous le voyons dans les candidatures reçues.

Aujourd'hui, dans le tourisme, le problĂšme de recrutement est liĂ© au fait que certains ne voient plus l’intĂ©rĂȘt d’un tour-opĂ©rateur ou d’une agence classique, alors qu’ils ont forcĂ©ment de belles choses Ă  valoriser : l’emploi créé localement, la rencontre, les projets gĂ©nĂ©rĂ©s grĂące au tourisme


Il est nĂ©cessaire que chacun revoit l’organisation du travail, s’adapte au distanciel, organise des choses en lien avec la cohĂ©sion d’équipe et l’impact de leur boĂźte, implique les salariĂ©s et crĂ©e cette horizontalitĂ©. LĂ , le tourisme redeviendra attractif.


Chez Double Sens, "l’impact a beaucoup de sens pour les jeunes"

TourMaG.com - Vous recrutez actuellement ?

Antoine Richard :
Oui, quatre personnes sur des postes de conseillers voyages.

A la diffĂ©rence d’un tour-opĂ©rateur classique, nous n’attendons pas des recrues qu’elles sachent vendre des prestations touristiques, car ce n’est pas ce que recherchent nos clients, mais de rĂ©ussir Ă  exprimer, traduire l’expĂ©rience qu’elles seront amenĂ©es Ă  vivre sur le terrain.

Nous favorisons les profils issus de formation touristique, mais recherchons des passionnĂ©s de voyages alternatifs et capables de transmettre cette Ă©motion, cette Ă©nergie du terrain et de l’immersion.

Lire aussi : Antoine Richard (ATR) : Sur le carbone, "il s'agit juste d'y aller, de se lancer"


TourMaG.com - Rencontrez-vous des difficultés pour recruter ?

Antoine Richard :
Non, nous recevons beaucoup de CV, notamment de jeunes ĂągĂ©s de 25/26 ans, dont c’est la premiĂšre ou seconde expĂ©rience.

Ce n’était pas le cas avant la crise. Auparavant, nous avions des candidatures de personnes plus expĂ©rimentĂ©es. Les jeunes nous disent ne pas imaginer travailler d’une autre maniĂšre dans le tourisme. L’impact a beaucoup de sens pour les jeunes. Ils l’expriment trĂšs clairement.

L’autre typologie de profils qui nous contactent sont des personnes avec une expĂ©rience d’une dizaine d’annĂ©es, qui veulent switcher, qui ont envie de bosser dans une boĂźte qui a de l’impact.


TourMaG.com - Il y a-t-il un avant et un aprĂšs Covid ?

Antoine Richard :
Oui, les personnes s’affirment plus. Nous recevons moins de candidatures, mais plus intĂ©ressantes et de qualitĂ©. Des personnes qui savent ce qu’elles veulent.

Avant, pour une offre d’emploi, nous recevions entre 100 et 150 CV, aujourd’hui moitiĂ© moins, mais j’ai moins de tri Ă  faire.

"Il y a beaucoup d’attentes sur l'organisation du temps de travail"

TourMaG.com - Certains jugent les jeunes volatiles ou difficiles à manager. Êtes-vous d’accord ?

Antoine Richard :
Ils savent ce qu’ils veulent. Ils s’accrochent Ă  cette vision de l’entreprise, sont trĂšs clairs avec eux-mĂȘmes.

Ils s’intĂ©ressent d’abord aux projets Ă  impact que l’on va mettre en place ensemble, et ensuite on entrera dans les dĂ©tails du job.


TourMaG.com - Plus globalement, est-ce que les attentes des candidats ont changé ?

Antoine Richard :
Il y a beaucoup d’attentes sur l'organisation du temps de travail. Aujourd’hui, on sent qu’il y a le travail et le reste. Et je ne dis pas que ce n’est pas bien.

En 2006, nous n’avions pas ces questions : est-ce qu’on est en prĂ©sentiel ? En tĂ©lĂ©travail ? Quels sont les avantages dans l’entreprise ? Il est vrai que c’était plus clair : tu fais tes 35 heures, tu viens au bureau, voilĂ  comment ça se passe et go !

Aujourd’hui, il faut combiner avec les attentes de chacun. Nous passons d’un schĂ©ma Ă©tabli Ă  une nouvelle organisation.


TourMaG.com - Est-ce compliquĂ© pour une petite entreprise, sans service dĂ©diĂ© aux RH, de s’adapter Ă  ces changements ?

Antoine Richard :
Oui, je ne suis pas en train de dire que le changement est négatif, mais pas simple à organiser.

Aujourd’hui, je passe du temps Ă  essayer de rĂ©pondre aux attentes de chacun, Ă  faire en sorte de trouver une harmonie entre mes collaborateurs.

J’ai mis en place des rituels. Les divisions d’entreprise doivent se voir tous les 15 jours maximum. Une fois par mois, l’équipe au complet est rĂ©unie pour deux jours de rĂ©union, pendant lesquels je leur partage la vision de l’entreprise et nous travaillons ensemble sur le projet d’entreprise.

J’en profite pour organiser un petit Ă©vĂ©nement autour d’une destination. Je fais venir un prestataire, des clients.

Pendant ces deux jours, nous sommes tous focus sur la stratĂ©gie de la boĂźte, sa vision, et la stratĂ©gie pour y accĂ©der. C’est important pour eux. Ça nous permet de sortir du quotidien, de rĂ©flĂ©chir ensemble au projet. Nous ne le faisions pas avant la crise.

"Mes collaborateurs sont autonomes, je leur fais confiance"

TourMaG.com - Quels sont les enjeux RH aujourd’hui ?

Antoine Richard :
Recruter, nous y arrivons. Ce n’est pas une problĂ©matique. L’enjeu est de fidĂ©liser ceux traumatisĂ©s par le Covid. La sortie de crise a Ă©tĂ© trĂšs difficile. Humainement parlant, ça a Ă©tĂ© trĂšs dĂ©stabilisant. Il a fallu remobiliser.

C’est Ă  ce moment lĂ  que l’on a dĂ©cidĂ© de se voir tous les mois pour les fameuses rĂ©unions stratĂ©giques, pour porter le projet et la vision ensemble.

Nous avons eu trois dĂ©missions, mon associĂ© est parti. J’ai dĂ» m’organiser diffĂ©remment.

Mes collaborateurs sont autonomes, je leur fais confiance. Ils ne sont pas dans de l’opĂ©rationnel pur et dur, mais sont intĂ©grĂ©s dans le projet. Ça a changĂ© beaucoup de choses. Ils sont investis au mĂȘme titre que moi. Nous avons une organisation plus horizontale, je prĂ©fĂšre travailler comme ça.

Se rĂ©unir tous les mois participe Ă  la cohĂ©sion d’équipe. En plus, nous organisons un sĂ©minaire par an. Il y a deux ans, nous avions fait un stage de survie.

Chaque membre de l’équipe part une fois par an, soit en Ă©ductour, soit au sein d’une communautĂ© qui nous accueille pour connaĂźtre la destination, mesurer notre impact, comprendre notre fonctionnement, ĂȘtre certain que le partenariat fonctionne bien, rencontrer nos rĂ©ceptifs. Il est important qu’ils voient et comprennent ce que nous faisons.


TourMaG.com - Comment va évoluer le monde du travail selon vous ?

Antoine Richard :
Il y a 5 ou 6 mois, j’aurais rĂ©pondu que l’entreprise physique n’existerait plus, mais basculerait vers un fonctionnement avec un rendez-vous mensuel.

Aujourd’hui, certains nous le disent, venir 2 ou 3 jours par semaine au bureau, ça leur va bien ! Ca participe au fait de faire partie d’une Ă©quipe. Je pense que nous allons vers un modĂšle hybride : ni full remote, ni full bureau.

Le rĂŽle du patron va, lui aussi, Ă©voluer. Le mode d’organisation devient moins pyramidal, l’entrepreneur devient un coach, un facilitateur, voire un animateur.

Je suis optimiste sur cette nouvelle organisation du travail, plus horizontale. C’est normal au lendemain du Covid. Je trouve cela sain de ne pas vouloir consacrer sa vie uniquement au boulot.

Caroline Lelievre Publié par Caroline Lelievre Journaliste - TourMaG.com
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