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Coronavirus : un à-valoir, sans vraie garantie, ça vaut pas grand chose…

L'Edito de Jean da LUZ


Beaucoup de professionnels et d’institutionnels se sont mobilisés pour permettre de faire aboutir l'à-valoir que le Conseil des ministres de ce mercredi vient d’adouber. Il y avait urgence et la survie des distributeurs était à ce prix. Personnellement, je pense que ce n’est qu’une première étape et qu’il faudra se projeter déjà dans la sortie de crise afin d’éviter que ce texte qui fragilise la relation client-agence de voyage, ne devienne un emplâtre sur une jambe de bois…


Rédigé par le Jeudi 26 Mars 2020

Si nous ne voulons pas perdre définitivement la confiance de ces consommateurs, alors nous devons leur offrir une garantie. Une vraie - DR : DepositPhotos
Si nous ne voulons pas perdre définitivement la confiance de ces consommateurs, alors nous devons leur offrir une garantie. Une vraie - DR : DepositPhotos
Appliqué en Italie à la suite du coronavirus, le bon d’achat, voucher ou à-valoir, va permettre à une agence de voyages de proposer à son client qui veut annuler, le report du voyage sur une durée de 18 mois en lieu et place d’un remboursement.

Depuis ce jeudi 26 mars 2020, date de promulgation au Journal Officiel, l’ordonnance apporte une dérogation au remboursement spécifique prévu à l’article L. 211-14 du code du tourisme.

Ce dernier faisait obligation au professionnel de rembourser le voyage sans frais en cas de circonstances exceptionnelles et inévitables.

Je ne vais pas vous infliger la lecture de l’ordonnance et de ses motivations dont vous trouverez l’original sur TourMaG.com (PDF à télécharger) ou au JO.

Sachez seulement que sur le principe, le Gouvernement a accédé à la prière (SOS ?) des professionnels, littéralement étranglés. Il y avait urgence et c’est très bien.

Car ce que les consommateurs ignorent souvent c’est que l’acompte de 30% de leur voyage, ne va pas dans la poche du patron. Il va servir à bloquer et régler le transport, retenir l’hôtel et parfois même payer déjà en partie ou en totalité certains prestataires.

Et dans le contexte de crise sanitaire actuelle, les transporteurs aériens ne remboursent pas non plus les vols annulés.

Donc exiger le remboursement d’un acompte (ou la totalité de la somme) au professionnel, revient à lui réclamer de l’argent qu’il ne possède plus.

Les clients ignorent, malheureusement, tout de cette chaîne intimement imbriquée. Pour eux, les professionnels du voyage ont réussi un véritable hold up. Ils se refont la cerise grâce à l’argent des malheureux qui ont trimé dur pour se payer quelques jours de rêve et d’évasion.

On ne saurait les en blâmer. Et ce d’autant plus que beaucoup s’inquiètent (ils ne sont pas les seuls) de la santé financière et des risques de défaillance de ces même agences. Des supputations qui sont loin d’être fantaisistes, reconnaissons-le…

Les persuader du contraire risque d’être fort compliqué. Le confinement actuel et le climat anxiogène ne prêtent guère à la décontraction.

Si nous ne voulons pas perdre définitivement la confiance de ces consommateurs désorientés, frustrés et convaincus d’avoir été grugés par leur agent de voyages, alors nous devons leur offrir une garantie. Une vraie.

Une garantie d’Etat qui les rassurera et récompensera en quelque sorte. Une garantie paritaire assurée par l'ensemble de la filière française du tourisme et à laquelle contribueraient particuliers, professionnels et institutionnels.

Après tout on leur demande bien de jouer les banquiers, non ? Vous avez déjà vu un banquier qui prête sans garanties ? Poser la question c’est y répondre...

Alors, une fois encore, demandons à Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’Etat en charge du tourisme, de bien vouloir réformer au plus vite le système de garantie du voyage français (LIRE). Le moment est propice. Celui existant est insuffisant, bancal et injuste.

Après la faillite de Thomas Cook, le coronavirus est le grain de sable qui pourrait gripper définitivement la garantie mutuelle professionnelle. Alors réformons-la au plus vite et les Français nous (vous) diront "merci".

Jean Da Luz Publié par Jean Da Luz Directeur de la rédaction - TourMaG.com
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Commentaires

1.Posté par VUILLAUME Dominique le 26/03/2020 09:28 | Alerter
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Votre analyse est parfaitement juste mais je ne suis absolument pas d'accord sur les conclusions que vous en tirez.

Il est évident que le non remboursement par les voyagistes des sommes avancées par leurs clients va plus que dégrader les relations entre eux. Personnellement j'ai versé près de 3000 euros pour un séjour de ski qui aurait du se concrétiser cette semaine et si la société refuse ma demande de remboursement, je ne vous dis pas la contre publicité que je vais lui faire durant... 18 mois. Et ce n'est pas une hypothétique garantie d'Etat qui va me consoler. En fait le Ministre en charge du Tourisme (grand débutant comme tous les membres de ce gouvernement) s'est fait roulé dans la farine par les professionnels du secteur. Il aurait du exiger a minima que les agences remboursent la part non prépayée des sommes avancées par les clients.... La perspective de faire à mon voyagiste une avance de trésorerie de près de 3000 euros pendant 18 mois (sans même percevoir les intérêts légaux de ce véritable prêt) me met dans une colère noire... Question subsidiaire : à quoi vont servir les 45 milliards d'euros mis sur la table par les pouvoirs publics pour sauver notre tissu économique si, pour le secteur du tourisme, ce sont les pauvres clients qui doivent se substituer aux pouvoirs publics et sauver la trésorerie des entreprises ???? Bref, cette dérogation au Code du tourisme est plus qu'une très mauvaise idée qui va dégrader très durablement l'image des voyagistes !!!

2.Posté par marc le 26/03/2020 09:32 | Alerter
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encore et toujours l'état!!! si l'avaloir n'est pas remboursé le client pourra toujours se retourner contre l'état en effet l'avaloir est contraire a la réglementation européenne qui prime le commissaire en charge
des consommateur l'a rappelé il y a 2 jours

3.Posté par patrick abisset le 26/03/2020 10:06 | Alerter
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Doit on comprendre que les agences vont payer les voyages non effectués aux TO ?... Et donc ne pas garder la trésorerie ?.... J'ai un doute...

4.Posté par BUONO Mathieu le 26/03/2020 11:11 | Alerter
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Cela ne fait que repousser le problème de 18 mois car l'ordonnance est très claire : si l'avoir n'a pas été utilisé les agences "procèdent au remboursement de l'intégralité des paiements effectués au titre du contrat résolu" reste à espérer que d'ici là l'envie (ou la possibilité plutôt) de voyager reviendra...
Comme le dit justement le titre de cet article, la vraie question est que se passe-t-il en cas de faillite de l'agence avant l'expiration du délai des 18 mois ? Par ailleurs sur un plan comptable ces avoirs devront certainement être intégrés dans les comptes des entreprises (créances à venir ? Provision pour charges ?) ce qui aura évidemment un impact sur leur solvabilité et par conséquence leur viabilité...

5.Posté par Nicolas le 26/03/2020 17:12 | Alerter
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Comme lors de la chute de Thomas Cook, les gens sont individualistes et ne pensent qu’aux sommes qu’ils ont investies dans leurs voyages.
Apprenez le fonctionnement des agences de voyage et vous pourrez par la suite prendre part à une évaluation de la situation.
Si chaque voyage annulé devait être remboursé, les agences fermeraient leurs portes les unes après les autres, ainsi que les TO.
Les garanties existantes ( celle vous ayant protégée) durant la chute de TC, ne disposeraient pas de finance suffisante pour une chute en cascade.
Je comprend que certains clients soient mécontents, mais premièrement ils représentent une petite part, et secondement, vos économies ne sont pas perdues puisque vous pouvez les réutiliser.
Offusquez vous aussi devant les magasins qui proposent un avoir en cas de retour d’article???
Nous sommes tous une grande chaîne, voyez plus loin que votre petit portefeuille... car en cas de faillite généralisée vous serez les premiers à devoir mettre la main au portefeuille sur vos impôts!!! Pendant de longues années.

6.Posté par HERY Vincent le 28/03/2020 12:29 | Alerter
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Ayant moi-même été formé pour travailler dans le tourisme ( BTS obtenu en 2001, ça ne me rajeunit pas ! ), je suis exactement dans la même situation que Dominique VUILLAUME. Et je partage tout à fait son point de vue.
Peut-on imaginer que les banques aient été sauvées de la même manière que les agences de voyages lors de la crise financière de 2008?
Si nos comptes bancaires avaient été séquestrés pendant 18 mois, pensez vous qu'après amélioration de la situation, les gens auraient remis de l'argent sur ces mêmes comptes?
Je pense que la mise en place va apporter une solution de court terme aux professionnels du tourisme qui auront un retour de bâton bien plus violent sur le long terme.
Quel intérêt pour un consommateur de passer par un professionnel pour ses démarches si au final il n'a pas plus de garanties qu'en effectuant ses achats en direct?
En l'état actuel, mes prochains voyages/déplacements se feront sans passer par une agence physique.

7.Posté par voyageur le 29/03/2020 16:30 | Alerter
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NICOLAS... Réfléchis avant d'écrire des conneries comme celle ci
"Nous sommes tous une grande chaîne, voyez plus loin que votre petit portefeuille... car en cas de faillite généralisée vous serez les premiers à devoir mettre la main au portefeuille sur vos impôts!!! Pendant de longues années."
on met dejA la main au portefeuiille et 2 FOIS/
1/ notre argent bloqué 18 mois
2/ toutes les aides que l'état vous fait
tu vois la solidarité ne va que dans un sens LE VOTRE

8.Posté par Pucca le 18/04/2020 10:44 | Alerter
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C'est drôle, Nicolas, de parler de petit portefeuille ! Vous devez en avoir un "grand" pour utiliser de tels propos ! Les voyageurs des mois d'avril, mai, juin, sont souvent des"petits" retraités qui se font plaisir une fois par an. Et eux aussi ont des conséquences financières du Covid-19 a assumé : des enfants qui vont avoir besoin de l'argent de leurs parents. Et cet argent ce sont les agences de voyages qui le garderait !
Certes chacun voit "midi à sa porte",mais je ne suis ni milliardaire ni autrefois soumise à l'ISF et je n'ai donc pas à servir de banque à l'agence de voyages. C'est à l'état de jouer ce rôle. Et de toute façon, il y a fort à parier que, un jour ou l'autre, on va payer un impôt Covid, ce qui veut dire qu'on serait imposé 2 fois, si le voyagiste garde mon argent !!! 5000 euros, merde alors, excusez-moi pour la vulgarité, mais je n'ai pas les moyens de les perdre !

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