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Fuir la ville : de nouveaux territoires mixtes boulot, dodo, repos

Décryptage de Josette Sicsic, Futuroscopie


La crise du Covid n’a pas forcément provoqué des révolutions dans les comportements et pratiques touristiques. On en reparlera très souvent. Mais, il est un domaine dans lequel on sent indéniablement un frémissement capable d’annoncer une vague profonde dans les années à venir. C’est celui concernant un exode prochain vers d’autres territoires qui, par la même occasion, changeront de physionomie.


Rédigé par le Lundi 30 Novembre 2020

Ceux qui envisageaient déjà de quitter les villes et les déplacés provisoires qui ont pu goûter aux joies de la campagne et du télétravail sauteront probablement le pas. - Depositphotos.com Olly18
Ceux qui envisageaient déjà de quitter les villes et les déplacés provisoires qui ont pu goûter aux joies de la campagne et du télétravail sauteront probablement le pas. - Depositphotos.com Olly18
Le confinement a indéniablement créé un départ inhabituel vers des régions plus accueillantes où les Français possédaient résidences secondaires et familiales.

Aussitôt, les medias ont parlé en chœur d’exode massif et de prise d’assaut des territoires ruraux par des urbains stressés, désireux d’échapper à un enfermement annoncé particulièrement nocif pour leur santé physique et mentale.

Pire, d’aucuns ont cru déceler dans cet événement particulièrement inédit, un tremblement de terre immobilier. Selon l’opinion dominante, les tarifs des villes s’effondraient et ceux des campagnes flambaient.



Exagération, exagération

En effet, si l’on regarde de près les chiffres des chambres de notaires, la réalité est la suivante :

- A Carnac, les dernières statistiques montrent que le prix des appartements anciens est de 4450 € / m2, soit une augmentation de plus de 16 % sur un an. Celui des maisons anciennes est en moyenne de 400.000 €, soit plus de 2.8% sur un an. Et c'était avant l'été.

- A Bordeaux, on observe aussi une hausse de 164% sur la recherche de biens immobiliers aérés, si possible dotés d’un jardin ou d’un balcon. Mieux, dans cette ville classée parmi les villes où il fait bon vivre, selon l’étude de SeLoger.com, la demande de locations a augmenté de 34%.

- Autre indice enfin : D’une manière générale, pour combler une carence en mètres carrés, les requêtes des Français portant sur des maisons ont progressé de 25 % par rapport à 2019, notamment vers des régions agréables à vivre : campagne, moyenne montagne et surtout bords de mer. (une enquête de SettleSweet indique que 36% des personnes souhaitant déménager pour raisons professionnelles choisiraient le bord de mer.)

- Enfin, une enquête Ifop de 2019 indique que : bien avant le confinement, environ un tiers des urbains déclarent vouloir quitter la ville et que les jeunes sont plus désireux que la moyenne de déménager. Ils 65 % des moins de 35 ans dans ce cas.

Une réalité moins optimiste

Seulement voilà, l’étude SeLoger.com nous apprend qu’en termes d’attractivité, c’est le statu quo qui prévaut et qu’aucune région n’a véritablement vu exploser son attractivité post-confinement...

Loin de s’exiler et de changer sinon de vie, à tout le moins d'environnement, les porteurs d’un projet d'achat immobilier préfèrent cantonner leur recherche immobilière dans les limites de leur région.

Seul le Nord-Ouest semble avoir légèrement gagné en attractivité auprès des acquéreurs, avec 23 % d'intention d'achat vs 20 % en mai et 19 % en avril. En revanche, il semble que le Sud-Ouest ait un peu moins la cote qu’auparavant (11 % vs 14 % en mai et avril) auprès des acheteurs potentiels.

L’avenir de ces territoires

Si les chiffres ne sont pas encore au rendez-vous, pourraient-ils l’être rapidement ?

Pour le géographe Pierre Pistre, Maître de conférences en géographie à l’Université de Paris, spécialiste des dynamiques démographiques dans les campagnes françaises : « Depuis les années 60-70, les soldes migratoires vers les territoires ruraux sont positifs. Au début, cela s’est fait par un développement résidentiel diffus dans les campagnes autour des agglomérations » écrit-il. « Mais, ajoutez à cela des installations récentes dans des lieux plus éloignés et vous obtenez une majorité de communes dites rurales en croissance démographique » ajoute-t-il avant de préciser « que ce phénomène continuera de s’amplifier ».

Selon lui, la dimension sanitaire de la crise que nous traversons et l’expérience inédite du confinement auront nécessairement des répercussions sur les choix de résidence. Ceux qui envisageaient déjà de quitter les villes et les déplacés provisoires qui ont pu goûter aux joies de la campagne et du télétravail sauteront probablement le pas.

Une prévision à laquelle nous adhérons et qui, selon nous, constitue le phénomène le plus marquant et porteur d’avenir des mois écoulés. Mais, à une condition, celle que les territoires voués à accueillir une nouvelle population désireuse de combiner travail, habitat et détente, puisse disposer d’équipements numériques performants.

C’est à dire, à court terme, de cette fameuse 5 G qui a d’ores et déjà de nombreux adversaires, voyant plus les inconvénients environnementaux à venir que les avantages… Un sujet à suivre de très près.

Les effets positifs et négatifs sur le territoire et leur tourisme

Pour le positif, plus de population dans une région, ce sont tout d’abord des services publics mieux préservés : poste, trains, commerces et pourquoi pas bistrots et autres lieux de loisirs qui trouveraient une clientèle fidèle dans un supplément de population locale.

A l’inverse, les tenants du contre mettent en garde contre les potentiels impacts environnementaux d’un tel mouvement migratoire. L’étalement de la population se ferait forcément au détriment de la nature. En effet, pour dédensifier sérieusement les villes, il faudrait fatalement urbaniser les campagnes et artificialiser de nombreux espaces fragiles et protégés. Les déplacements routiers augmenteraient aussi de manière importante.

Les conséquences écologiques d’un tel exode seraient donc catastrophiques, et il ne faudrait pas que les effets migratoires du monde d’après détruisent trente ans de politiques urbaines durables de celui d’avant…

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