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Futuroscopie - 2024 et après : un touriste en transition dans un monde en transition 🔑

Le décryptage de Josette Sicsic (Futuroscopie)


Futuroscopie lance en ce début d'année une nouvelle série : comme en chaque début d’année, n’est-il pas de bon ton de se livrer à un exercice prospectif permettant d’avoir une idée plus claire des mois voire des années à venir ? Bien entendu.
Voici le premier volet.


Rédigé par le Mercredi 10 Janvier 2024

Comment va évoluer le comportement des touristes dans un monde en perpétuelle évolution ?Depositphotos.com Auteur studiostoks
Comment va évoluer le comportement des touristes dans un monde en perpétuelle évolution ?Depositphotos.com Auteur studiostoks
La réponse est d’autant plus positive que cette année, Atout France et ADN tourisme ont tous deux publié un rapport présentant leur vision de l’avenir à un [horizon relativement proche : 2040.

Une grande première qu’il convient de saluer dans un secteur qui, depuis le tout début des années 2000 et la publication de l’ouvrage collectif « Réinventer les vacances » n’avait pas vraiment tenté d’explorer les lendemains du tourisme et des touristes dans un monde en pleine disruption politique, économique, technologique, démographique, climatique… donc sociétale.

De plus, les deux rapports ne traitent pas exactement les mêmes secteurs. L’un se concentre sur l’attractivité de la France sous le feu des changements en cours. L’autre investit le champ des territoires et de leurs gouvernances.

Et nous ? Pour éviter les redondances, Futuroscopie (ex.Touriscopie ) restera fidèle à ses habitudes en explorant les éventuels nouveaux comportements, nouvelles pratiques, nouvelles aspirations des touristes français et internationaux générés par des points de bascule sociologiques importants.

Sachant malheureusement que les lendemains ne chantent pas toujours et risquent même encore de déchanter car qu’on le veuille ou non, nous vivons dans un monde en plein bouleversement incapable d’accoucher de ce fameux monde de demain tant attendu.

A l’unisson, la population touristique tente de s’adapter. Mais, chaque segment de cette immense cohorte décimée il y a peu par le Covid mais en train de se reconstituer, avance à son rythme…


1 - L’instabilité déboussole l’humanité et le vivant dans son ensemble

Selon nous, la principale nouveauté des années que nous traversons consiste dans ce chamboulement permanent des modèles, des schémas et des systèmes auxquels nous étions habitués.

Tant sur le plan politique, géopolitique, technologique que climatique. Sur ce dernier plan, il est en effet indéniable que les catastrophes auxquelles la quasi-totalité des pays doivent faire face aujourd’hui constituent non seulement une réelle menace pour notre quotidien mais une menace tout aussi réelle pour l’activité touristique de nombreuses destinations.

Que ce soit en bord de mer, en montagne, en ville, sous les Tropiques ou au Groenland, dans la nature et parmi le monde vivant dans son ensemble où plantes, insectes, animaux… sont soit en voie de disparition, soit déboussolés les obligeant à s’adapter à une nouvelle donne non ou mal anticipée.

➛ Conséquences sur le touriste : doute, hésitation, procrastination, perte de repères

Cette nouvelle donne a beau ne pas avoir totalement été intégrée par la majorité des vacanciers, elle n’en demeure pas moins rapidement invasive.

On veut croire que rien n’a changé et tenter de fonctionner en selon des représentations et des connaissances d’hier, on n’ignore pas cependant que les cerisiers risquent de ne pas être en fleurs au Japon au printemps tandis que des inondations peuvent défigurer le centre de l’Italie à la même époque, que la neige peut manquer et que des sécheresses historiques peuvent paralyser des régions entières dès le mois d’avril.

Le climat donc les sources d’énergie, donc l’eau, donc la nature faisant désormais l’objet de variables imprévisibles et parfois encore invisibles, celles-ci sèment le doute et l’inquiétude dans l’esprit et l’humeur des candidats au voyage obligés de surfer sur des océans d’incertitude.

➛ Conséquences pour les acteurs du tourisme : pratiquer la flexibilité, rassurer, assurer

Concrètement, face à de telles incertitudes, l’opérateur touristique n’a plus qu’à s’adapter et avoir des plans B, C et même D à offrir à ses clients. Plus que jamais, il doit en toutes occasions éviter la rigidité et faire preuve de souplesse afin de proposer des solutions alternatives à ses clients.

Mieux, il doit être en mesure de rassurer grâce à des mesures développées en amont afin de prévenir les risques.

Mieux, il faudrait désormais pouvoir proposer des assurances contre les épisodes climatiques graves. Sauf que, pour le moment, cela n’est pas encore au point et de toutes façons n’est pas envisagée par les assureurs.

Enfin, on observe un marketing de l’urgence tendant de promouvoir des destinations qui, demain, seront peut-être effacées de la carte touristique.

2 - La paix c’est pour quand ?

Dans le chapitre des vulnérabilités et de l’instabilité, la reprise des grands conflits, voire des conflits d’un autre âge arrive aussi dans le trio de tête. Oui, l’humanité est repartie en guerre contre ses propres peuples, ravivant le souvenir d’époques révolues alors que l’on imaginait être entrés dans une période de paix, de sérénité, de sagesse.

Et le pire réside dans le fait que ces guerres se déroulent dans des territoires que l’on avait crus pacifiés par des gouvernements devenus enfin raisonnables.

… Bombardements sur la Russie, l’Ukraine, Gaza, attaques en Mer Rouge, crises migratoires sur le continent américain, africain, européen, conflits transfrontaliers en Asie, crise ouverte entre les deux Corée, ou Taïwan et la Chine…

Même si la guerre en Ukraine et celle au Moyen-Orient, sont les plus médiatisées et les plus impactantes pour le tourisme, les bruits de bottes continuent de bourdonner sans que l’on entrevoie réellement de dénouement et de solutions capables de ramener une paix durable.

Tandis que le terrorisme, hélas, est très loin d’avoir dit son dernier mot et fait trembler les gouvernements et les plus fragiles des touristes.

➛ Conséquences sur le touriste : inquiétude et prudence

Bien évidemment, le voyageur inquiet, souvent désemparé va probablement éviter des choix dangereux. Pour ces prochaines vacances, il va donc soit se mettre en mode « prudence », en choisissant des destinations épargnées par les conflits, soit attendre la dernière minute pour faire son choix.

Soit enfin, il se mettra en mode « carapace » en optant pour des solutions de proximité, sur des territoires où il a ses habitudes et se sent protégé.

➛ Conséquences pour les acteurs du tourisme : sécuriser l’offre, inventer de nouvelles destinations

Aussi, voire plus inquiet que ses clients, l’opérateur touristique n’a plus qu’à limiter et sécuriser autant que possible sa programmation. Et en le faisant, il devra surtout le faire savoir à sa clientèle.

Autre piste : explorer et inventer de nouvelles destinations moins exposées aux risques. Faire preuve d’imagination.

3 - Les démocraties sont menacées, l’Occident est-il en déclin ?

Même si les régimes totalitaires constituent souvent des destinations très sécurisées (les Émirats Arabes Unis, l’Arabie Saoudite, la Tunisie d’avant les printemps et aujourd’hui, Cuba, la Chine…), les démocraties et leur gouvernance restent les meilleures alliées du touriste.

Or, les grandes élections prévues pour l’année 2024, risquent fort de faire basculer certains pays et non des moindres dans des retours en arrière que même les plus perspicaces des prévisionnistes n’avaient pas prévus.

En Inde, en Indonésie, en Russie, Afrique du sud, Iran, Taïwan, et surtout aux USA et dans l’Union Européenne, qui va gagner des élections déterminantes pour l’avenir du modèle occidental, alors que l’on prévoit les victoires des partis nationalistes, très conservateurs capables d’exacerber les tensions envers les populations minoritaires et de raviver des climats de haine dont le tourisme pourrait fort bien se passer ?

Autre remarque : ciblé par une partie de la planète accusant un retard culturel certain, le monde occidental a beau demeurer le référent, il n’en est pas moins stigmatisé voire rejeté.

Encore un modèle vacillant capable de tomber de son piédestal.

➛ Conséquences sur le touriste : de l’expectative à l’ignorance

Sur ce sujet, remarquons d’abord que tous les voyageurs sont loin d’avoir des exigences vis-à-vis des gouvernements des pays et des régions qu’ils visitent.

S’ils ne sont pas avertis, sensibilisés par la presse sur la situation politique d’une destination, la plupart ne s’en soucient guère et vont effectivement diriger leur choix vers des destinations réputées stables. Peu importe à quel régime elles sont soumises. Quant à la minorité qui se préoccupe de politique, elle choisira probablement d’attendre les résultats des élections et avisera ensuite.

Par ailleurs, la stigmatisation de l’Occident change également le statut des touristes occidentaux qui ne sont plus les maîtres du monde. Concurrencés par d’autres voyageurs, ils doivent apprendre à composer avec eux.

➛ Conséquences pour les acteurs du tourisme : construire de nouvelles images

Donnons deux exemples pour illustrer le sujet. Le Brésil de J. Bolsonaro a quasiment coulé la destination parmi les clientèles internationales occidentales. L’Argentine de ce nouveau clown qu’est Javier Milei n’est pas en train de s’envoler non plus dans les hit-parades touristiques latino-américains.

Les USA de Trump en inquiétaient beaucoup… et ses risques de réélection ne donnent pas une image très positive de la destination. En revanche, le retour du président Lula au Brésil donne des ailes au Brésil…

Aux opérateurs de tourisme donc, de maquiller les images négatives renvoyées par la politique et de promouvoir des images patrimoniales moins sujettes aux changements. A moins qu’ils n’aient le courage de rayer de leurs brochures les destinations intolérantes et répressives et d’en imaginer d’autres plus conformes à un modèle idéal. Certains leur en sauront gré.

Josette Sicsic - DR
Josette Sicsic - DR
Journaliste, consultante, conférencière, Josette Sicsic observe depuis plus de 25 ans, les mutations du monde afin d’en analyser les conséquences sur le secteur du tourisme.

Après avoir développé pendant plus de 20 ans le journal Touriscopie, elle est toujours sur le pont de l’actualité où elle décode le présent pour prévoir le futur. Sur le site www.tourmag.com, rubrique Futuroscopie, elle publie plusieurs fois par semaine les articles prospectifs et analytiques.

Contact : 06 14 47 99 04
Mail : touriscopie@gmail.com

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