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Futuroscopie - Après le Covid : le "sleep-tourism" poursuit son envolée 🔑

Le décryptage de Josette Sicsic (Futuroscopie)


Se faire cocooner par un hôtelier dont le métier consiste à vendre des nuits de sommeil n’a rien d’extraordinaire. Et pourtant, il semblerait que l’offre se développe et se raffine afin de satisfaire les exigences d’une clientèle de plus en plus insomniaque surtout depuis la pandémie et qui, d’une façon générale, dort une heure trente de moins qu’il y a cinquante ans.
Analyse d’une nouvelle évolution touristique plus importante qu’elle en a l’air, que certains nomment déjà le « sleep tourism ».


Rédigé par le Mardi 4 Avril 2023

Plus d'un tiers des personnes ne sont pas satisfaites de la qualité de leur sommeil et plus de huit sur dix se réveillent au milieu de la nuit - Depositphotos.com Auteur ljsphotography
Plus d'un tiers des personnes ne sont pas satisfaites de la qualité de leur sommeil et plus de huit sur dix se réveillent au milieu de la nuit - Depositphotos.com Auteur ljsphotography
Prenons les faits : selon une étude IFOP parue au moment de la journée du sommeil du 17 mars dernier : sept personnes sur dix souffriraient de troubles du sommeil contre quatre sur dix en 2021. Les moins de 50 ans (35%) seraient davantage concernés par la dégradation de leur sommeil que leurs aînés (26%). Pire !

Plus d'un tiers des personnes ne sont pas satisfaites de la qualité de leur sommeil et plus de huit sur dix se réveillent au milieu de la nuit. Un dernier constat particulièrement accru par la crise du Covid. Mais, la faute revient aussi aux écrans que nous utilisons trop abondamment et trop souvent.

Toujours selon la même étude, la moitié des Français regarderaient la télévision ou des vidéos avant de se coucher et 49% consultent leur téléphone. Plus précisément, 61% des moins de 35 ans regarderaient des vidéos avant de se coucher et 71% utiliseraient leur téléphone dans leur lit.

Or, l'Institut National du Sommeil et de la Vigilance est formel : « la lumière bleue qui en émane nuirait considérablement à nos cycles de sommeil qui seraient moins profonds et donc moins réparateurs pour notre organisme. »


L’hôtellerie de luxe, une pionnière qui a donné le ton

Face à ce constat qui risque de ne pas aller en s’améliorant, l’hôtellerie et l’hébergement touristique d’une façon générale ont un rôle à jouer. Ils l’ont d’ailleurs plus ou moins joué à travers la stratégie de chaînes comme Ibis qui, il y a 20 ans déjà, se saisissait du sujet, ou comme les Relais du Silence.

Des établissements dans lesquels une literie renouvelée et un gros travail d’isolation des chambres permettait d’éviter aux clients d’entendre la chasse d’eau ou la télévision des voisins ! Mais, loin d’être très répandue dans l’hôtellerie de moyenne gamme où, comme l’explique une spécialiste on avait plutôt tendance à tout faire pour garder le client éveillé le plus longtemps possible, la tendance a surtout touché l’hôtellerie de luxe.

Comment ? Notamment en proposant tout d’abord une literie de grande qualité et une panoplie d’oreillers divers et variés parmi lesquels le client est invité à choisir le plus adapté à sa morphologie, ses goûts et ses habitudes en matière de sommeil. Ainsi Marriott à New York a compté parmi les pionniers d’une offre vite adoptée par la grande majorité de l’hôtellerie de luxe.

Autre exemple : en France, Sofitel a aussi donné le ton en concevant une gamme de matelas parmi les plus performants du marché et en créant l’expérience et la signature Sofitel MyBedTM qui propose une série de rituels, massages, alimentation, exercices physiques, bains chauds et autres techniques permettant de préparer le corps et l’esprit à passer une bonne nuit.

Tandis qu’un personnel formé à l’art du bien dormir s’occupe tous les jours de remettre la literie en état. Et si jamais le client ne veut plus quitter le lit qu’il a expérimenté pendant quelques jours, on peut le lui vendre dans la boutique de l’enseigne !

Les offres hyper sophistiquées de Sofitel pour bien dormir

Des soins les plus simples aux plus sophistiqués : Au Sofitel Sydney Darling Harbour, les clients peuvent opter pour un bain, aux perles de caviar nourrissantes, pour un Bain Glamour à la vitamine B3 et au caviar.

Les clients du Sofitel Macau At Ponte 16 peuvent pour leur part se prélasser dans un bain à bulles et aux pétales de rose, tout dégustant des macarons.

Le Sofitel Roma Villa Borghese propose une expérience de bain aux chandelles, en invitant les clients à se glisser dans un bain de lait d’ânesse romain—un élixir réputé pour ses bienfaits pour la peau—rajeunissement et douceur.

Loin d’être le seul à offrir ces services, l’hôtel Crillon à Paris propose pour sa part deux protocoles accompagnés d’une ou de deux nuitées pour favoriser un sommeil régénérant de qualité : le premier, baptisé « Rêve Eveillé » comprend un soin de 90 minutes au choix (massage apaisant de la tête ou massage Shiatsu du corps).

Le deuxième, le séjour « Sommeil Réparateur » comprend cinq sessions privées avec des experts en méditation du sommeil, aqua-stretching dédié au réveil matinal...

De son côté, le Park Hyatt de New York a ouvert la Bryte Restorative Sleep Suite, une suite de 900 mètres carrés offrant toutes sortes de soins et services capables d’améliorer le sommeil tandis que le Rosewood Hotels & Resorts a lancé une collection de retraites immersives baptisées « Alchemy of Sleep » qui reflètent les coutumes locales en matière de bien-être et s'inscrivent dans un environnement naturel unique.

Autres exemples encore : le Zedwell de Londres qui se présente comme le premier « sleep centric hôtel » avec des chambres totalement insonorisées ou le Hastens Sleep Spa de Coimbra qui se définit comme le premier « spa du sommeil ».

Et tant d’autres qui désormais sont répertoriés sur toutes sortes de guides et sites qui ont même trouvé un établissement à Las Vegas où l’on peut dormir sur ses deux oreilles et un autre à Ibiza !

Du tourisme médical au « sleep tourism »

En dehors de ces exemples qui aujourd’hui font le buzz et trouvent de plus en plus leurs clientèles, force est de constater que les offres de cures médicales et de bien-être permettant de renouer avec un bon sommeil sont nombreuses et bien plus anciennes. Mais, ces cures n’appartiennent pas au registre hôtelier classique.

Elles appartiennent au registre des séjours de santé et de bien-être que l’on choisit pour se guérir d’une véritable maladie du sommeil, encadrés par des médecins.

L’Auvergne en propose. Les Alpes en général, mais aussi les centres de thalassothérapie de Saint Malo ou de Dinard...

Le sommeil, élément essentiel du bien-être

Enfin, mais pourquoi donc assiste-t-on à un tel engouement pour des nuits bien dormies ? Tout simplement, parce que composante essentielle de la vague bien-être, le sommeil est enfin évalué à sa juste valeur et traité avec sérieux par des hôteliers qui ont compris l’intérêt de s’entourer de spécialistes pour rendre leurs établissements les plus performants possible dans ce domaine.

On revient dans un hôtel où l’on a bien dormi. Et pas le contraire. De plus, les aménagements et autres panoplies de soins que l’on déploie pour favoriser le sommeil d’une clientèle ne sont pas hors de prix. Outre la literie et l’isolation, on est plus dans le chapitre des petits soins : parfums, tisanes, crèmes, lumières, musique douce et autres conseils de rituels et exercices de méditation permettant de mieux appréhender la nuit et de donner le sourire à une clientèle souvent très urbaine qui a besoin d’apaisement.

En fait, offrir une bonne qualité de sommeil permet de réaliser des opérations de marketing parfaitement dans l’air du temps et en plus de tenir les promesses faites au client. Tout en étant appuyés par le discours des médecins et autres scientifiques pour qui sont tous d’accord sur le fait que les petites pilules roses ne suffisent pas à soigner les insomnies alors qu’un bon matelas, du silence et quelques bougies parfumées peuvent réparer les nuits.

Mais, n’oublions pas non plus qu’un cadre verdoyant, la proximité d’arbres et de forêts, le bruit de l’eau favorisent aussi le sommeil et que, bien des hébergements devraient mieux exploiter ce positionnement qui sera de plus en plus nécessaire au mieux-être d’une population stressée, et parfois d’autant plus stressée qu’elle voyage…

Josette Sicsic - DR
Josette Sicsic - DR
Journaliste, consultante, conférencière, Josette Sicsic observe depuis plus de 25 ans, les mutations du monde afin d’en analyser les conséquences sur le secteur du tourisme.

Après avoir développé pendant plus de 20 ans le journal Touriscopie, elle est toujours sur le pont de l’actualité où elle décode le présent pour prévoir le futur. Sur le site www.tourmag.com, rubrique Futuroscopie, elle publie plusieurs fois par semaine les articles prospectifs et analytiques.

Contact : 06 14 47 99 04
Mail : touriscopie@gmail.com

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