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Futuroscopie - Les Parisiens et les JO, la mésentente cordiale 🔑

Le décryptage de Josette Sicsic (Futuroscopie)


L’époque où l’organisation d’un grand événement international faisait l’unanimité parmi les populations accueillantes touche en partie à sa fin. Dans les pays occidentaux en tout cas, où l’on ne voit plus d’un très bon œil les dépenses massives, les travaux tout aussi massifs et les flots de visiteurs venus des quatre coins du monde déverser leur curiosité, leur enthousiasme, leurs devises et parfois leur fanatisme dans les rues d’une capitale. Paris et ses prochains Jeux Olympiques n’échappent pas à la nouvelle règle. En France aussi, l’époque de la « sport pride » semble en partie révolue parmi une partie de la population locale. Décryptage.


Rédigé par le Mardi 12 Mars 2024

Depuis l’annonce de la victoire de Paris comme organisatrice des Jeux Olympiques 2024, l’événement ne fait pas l’unanimité - DR : DepositPhotos.com, rarrarorro
Depuis l’annonce de la victoire de Paris comme organisatrice des Jeux Olympiques 2024, l’événement ne fait pas l’unanimité - DR : DepositPhotos.com, rarrarorro
Depuis l’annonce de la victoire de Paris comme organisatrice des Jeux Olympiques 2024, l’événement ne fait pas l’unanimité.

Et, plus il se rapproche, plus l’opinion subit des hauts et des bas traduisant les inquiétudes d’une humanité en proie à un rejet de la course effrénée à laquelle se livre le monde d’hier, encore sourd aux nouvelles urgences, notamment climatiques.

S’inscrivant dans la logique d’un progrès continu dans un monde aux ressources infinies, les JO de Paris marquent un tournant que l’Histoire analysera après coup avec plus d’objectivité.

Pour le moment, l’heure est aux rumeurs, à l’approximation et à la division entre des habitants de la région capitale, encore dans le flou donc perplexes, donc complexes.


Les « contre » : des inquiétudes légitimes

Dès juin 2023, selon le sondage Odoxa-Le Figaro-Backbone, 58% des Français jugeaient que les JO de 2024 étaient une bonne chose. Mais c’était 11 points de moins que trois mois auparavant et 18 points de moins que 18 mois plus tôt.

Et, tout donne à penser que les perceptions de l’événement s’aggraveront encore, notamment parmi les ennemis de cette manifestation. Lesquels justifient leur hostilité par les arguments irréfutables entretenus par les différentes annonces, notamment dans le domaine du transport.

Non, les travaux omniprésents depuis des mois et les difficultés de circulation, les Parisiens n’en veulent plus. Non, les tickets de métro à 4 euros pour un trajet intra urbain, et à 6 euros pour la région, les Franciliens n’en veulent pas !

Ils en veulent d’autant moins que les impôts fonciers cette année ont doublé et qu’ils estiment ne pas avoir à financer une manifestation à laquelle ils n’ont pas apporté leur consentement.

Autre inquiétude en matière de déplacements : l’affluence prévue dans les transports en général et les zones où se déroulent les épreuves sportives en particulier. Sans compter les craintes pour la sécurité de la population s’élevant à environ un tiers des suffrages dans la plupart des enquêtes, ainsi que les doutes et l’anxiété par rapport à la situation environnementale (28% dans l’enquête Odoxa).

Enfin, pour beaucoup, s’expriment également des craintes par rapport à la hausse des prix, en particulier ceux de la restauration et brasseries.

Et cela d’autant plus que la billetterie affiche des tarifs prohibitifs excluant du public et de la fête une grande partie des résidents.

Dernière caractéristique notoire des adversaires des JO, le segment de la population résolument adepte du « tourism bashing » qui, Jeux ou pas Jeux, ne supporte plus de voir ses quartiers envahis par des flots de touristes dont la seule présence dénature la capitale, fait grimper les prix et dégringoler la qualité des commerces et de l’environnement en général.

Plutôt recrutée dans les classes éduquées, économiquement favorisées, cette population n’est pas homogène.

Enfin, ne négligeons pas le fait que les résidents qui se voient invités à faire du télétravail ou à faire du covoiturage… n’ont pas forcément envie de se plier à ces règles. Les panneaux les invitant à « anticiper » leurs transports sur un site dédié n’est d’ailleurs pas pour le moment très utilisé. Exaspération oblige !

On réagit selon ses moyens

Une fois de plus, la société n’affiche donc pas une uniformité dans ses réactions, n’en déplaise aux rumeurs standardisant les comportements.

D’une part, il y a ceux qui peuvent se permettre de réagir et d’éviter le chaos annoncé, en fuyant. D’ores et déjà, une partie d’entre eux que l’on pourra sans doute quantifier après coup, déclare avoir réservé des séjours de vacances durant toute la durée des Jeux.

Les propriétaires de résidences secondaires en particulier, déclarent avoir fait le plein de copains et autres invités tentés par cet exode. Tandis que beaucoup sont en recherche de solutions en France et à l’étranger où ils espèrent pouvoir trouver des formules d’échappatoire supportables pour leur budget.

Mais, dans cette population de réfractaires se trouvent aussi ceux qui, n’ayant ni les moyens, ni la possibilité sur le plan professionnel de s’éloigner de la capitale durant toute la durée des Jeux, vont devoir subir des désagréments dont ils se seraient d’autant plus passés qu’ils ne voient aucune compensation arriver.

Le tirage au sort, les tickets gratuits… ils n’y auront pas accès !

Les « pour » : des opportunistes

D’autre part, sans véritablement s’opposer aux précédents, une partie de la population ne se sent pas menacée. Au contraire.

C’est celle qui a compris ou croit avoir compris que les JO étaient une occasion en or de faire fructifier le pécule que représente un appartement mis en location sur des plateformes qui, outre Airbnb, se sont multipliées.

Alléchés par ces gains imprévus, certains ont même engagé des travaux de rénovation particulièrement destinés à cette clientèle. « Je fais faire 15 000 euros de travaux que je vais amortir durant l’été » déclare une retraitée optimiste. Tandis qu’une famille s’enflamme : « Cela nous paiera nos vacances ».

N’hésitant pas à s’en vanter, cette population que l’on recrute dans toutes les générations, n’est pas forcément une habituée des plateformes collaboratives. Elle tente souvent l’expérience pour la première fois.

Mais, parfois encore avec des doutes. Car, malgré la rumeur selon laquelle : « On peut louer n’importe quoi, à n’importe quel prix », les agences de location professionnelles ne sont pour leur part sûres de rien. « On attend. Pour l’instant, le marché est fébrile et n’accepte pas n’importe quelle offre ! » déclare un professionnel.

Il faut dire qu’en matière de désinformation et d’approximation, notre époque a un savoir-faire évident. « Les gens se laissent piéger par des racontars accentuant la cacophonie ambiante ».

Cacophonie entretenue par les opérateurs de l’hébergement collaboratif qui déversent régulièrement des communiqués invitant les Franciliens à louer ou échanger ou partager : hébergements, voitures… en mettant en avant l’économie et l’écologie de la formule !

Les « pour » : de vrais « fans »

Fort heureusement, l'Île-de-France recèle des amateurs de sports passionnés qui se réjouissent à la perspective de pouvoir profiter des retombées de l’événement sur l’animation parisienne, d’approcher leurs idoles et de participer de près ou de loin à ce qu’ils considèrent comme une grande fête qui, pour peu que la France obtienne de nombreuses médailles, renforcera la fierté nationale.

Et le prestige de notre pays.

Car, in fine, l’image olympique n’est pas encore complètement ternie et est bien utilisée à des fins promotionnelles : 62% des Français en 2023, étaient d’accord avec le possible rayonnement de la France.

Il va également de soi que dans les pays moins développés, les grands événements sportifs sont une occasion inespérée d’accentuer le rayonnement national (néanmoins, les prochains auront lieu à Los Angeles, puis Berlin et la France est candidate aux JO d’hiver, malgré les difficultés climatiques !)

Les bénévoles : une expérience originale

Enfin, outre les commerçants et acteurs du tourisme qui se mobilisent et espèrent fort légitimement engranger des bénéfices, notons que tous ceux qui ont eu accès à un emploi salarié ou bénévole, ne sont pas mécontents.

Ils devraient être 15 000 d’ici le mois de juin.

C’est le cas aussi de tous les travailleurs informels qui tentent de s’organiser. C’est celui encore des étudiants et chômeurs.

Tandis que les retraités sollicités aussi en tant que bénévoles se voient offrir en plus des formations (106 heures sur 3 semaines), une possibilité de sortir de leur isolement et de participer à la fête promise et attendue !

Une notion sur laquelle nous reviendrons une fois la manifestation terminée car il faudra désormais évaluer les retombées d’un grand événement en termes de bien-être et bonheur et pas seulement en termes de retombées économiques. Ce que l’on a encore trop tendance à faire…

Josette Sicsic - DR
Josette Sicsic - DR
Journaliste, consultante, conférencière, Josette Sicsic observe depuis plus de 25 ans, les mutations du monde afin d’en analyser les conséquences sur le secteur du tourisme.

Après avoir développé pendant plus de 20 ans le journal Touriscopie, elle est toujours sur le pont de l’actualité où elle décode le présent pour prévoir le futur. Sur le site www.tourmag.com, rubrique Futuroscopie, elle publie plusieurs fois par semaine les articles prospectifs et analytiques.

Contact : 06 14 47 99 04
Mail : touriscopie@gmail.com

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