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J.-F. Rial "La maison brûle... mais il est encore possible de limiter la propagation..." 🔑

Jean-François Rial, PDG Voyageurs du Monde plaide pour une COP mondiale du Tourisme


La Cop27 a ouvert ses portes en Egypte. Dans ce pays, ô combien touristique, les dirigeants du monde entier se sont donné rendez-vous, à l'exception de la Chine et des Etats-Unis (les deux plus gros pollueurs au monde), pour sauver l'humanité d'un dérèglement climatique, devenu de plus en plus inquiétant. Pendant ce temps, le tourisme pointé du doigt tout au long de l'été, se fait bien (trop) discret. Jean-François Rial, le PDG Voyageurs du Monde, donne un coup de pied dans la fourmilière et appelle à l'organisation d'une COP du tourisme, exclusivement mondiale. Pour lui, le risque est imminent de voir fortement contrainte voire même disparaître notre industrie.


Rédigé par le Jeudi 10 Novembre 2022

Il y a un an, les dirigeants du monde entier s'étaient rendus en jet privé à Glasgow, pour participer à une décevante COP26.

Pour le secrétaire général de l'ONU, les avancées ont été importantes mais insuffisantes, au regard de l'urgence de limiter la hausse des températures de seulement 1,5 degré en 2035.

Un an plus tard, António Guterres a remis une couche, en jugeant que la promesse était "sous assistance respiratoire", tandis qu'un rapporteur du GIEC a estimé sur France Info l'objectif "carrément hors d'atteinte".

Alors que présidents et autres ministres se réunissent en Egypte pour la COP27, le tourisme fait pâle figure. Autant en Ecosse, des centaines d'acteurs avaient signé la Déclaration de Glasgow sur l’action du secteur en faveur du climat, autant de l'autre côté de la Méditerranée, il est aux abonnés absents.

Avec Jean-François Rial, le PDG de Voyageurs du Monde, nous avons émis l'idée de la création d'une COP du Tourisme.

"Le tourisme n'est pas plus coupable que d'autres industries. Mais ce n'est pas une raison pour se cacher, d'autant plus que nous nous sommes désormais pointés du doigt.

Nous devons redoubler d'efforts et cela commence par la France, qui pourrait entrainer l'Europe et le monde dans son élan,
" explique Jean-François Rial, PDG de Voyageurs du Monde.


Réchauffement climatique : sans action, vers un tourisme élitiste et/ou fermé ?

Surtout que le tourisme pourrait bientôt n'être plus seulement pointé du doigt, mais vilipendé. Ce n'est pas une prophétie de mauvais augure, mais une réalité de plus en plus palpable.

Il n'est pas de discours qui n'évoque l'instauration d'un quota d'émission par habitant. Demain est sans doute plus proche que nous le pensons.

Le tourisme n'a jamais été autant critiqué que ces derniers mois, alors même que les thermomètres s'affolent et les catastrophes s'enchaînent aux quatre coins de la planète.

De notre industrie, les populations en ont oublié les vertus pour uniquement se focaliser sur les externalités négatives. La cocotte-minute bout, la vapeur n'est pas évacuée.

"L’aérien représente environ 3 % des émissions globales de CO2 (les ONG estiment que c’est en deçà de la réalité).

Ces émissions sont le fait d’une toute petite minorité : moins de 5 % des habitants de la planète ont un jour pris l’avion,
" rappelle Jérôme Chapuis, le directeur de la rédaction du journal la Croix.

Non seulement, le tourisme est pointé du doigt pour son impact sur le climat, mais il tourne aussi à la lutte des classes. Sans réaction des acteurs, concentrés à reconstituer leurs marges et trésoreries, les autorités n'auront d'autre choix que de légiférer.

"A force de ne pas agir assez fort, de ne pas être crédible alors que la pression monte, l'instauration d'une taxe carbone déraisonnable, voire même tout simplement d'une interdiction ou bien les deux, nous pend au nez," estime Jean-François Rial.

Déjà en 2020, la Convention Citoyenne avait proposé au gouvernement d'interdire les vols intérieurs ayant une alternative en train de moins de 4 heures. Une décision qui devait entrainer la fermeture de 23 lignes.

Le Gouvernement a traduit 4 heures en 2 heures 30 minutes, mais surtout, cela n'a jamais été mis en application selon Reporterre.

Rien ne dit que la complaisance du pouvoir en place perdure...

Pourquoi une COP du Tourisme mondial, sinon rien ?

"Au-delà de la taxe carbone déraisonnable ou de l'interdiction, nous pourrions nous voir appliquer des quotas à la chinoise.

Ainsi, seules les personnes ayant une bonne note sociale
ou autre critère mis en avant par le gouvernement, pourront voyager,
" poursuit Jean-François Rial.

Pour éviter ces dérives, le voyage va devoir monter patte blanche.

Et pour l'heure, les plus gros pollueurs, à savoir les compagnies aériennes, ne sont pas toujours un exemple de vertu. Par exemple, cette semaine, un transporteur néerlandais, nous a proposé un voyage à New York, pour rester même pas... 24h sur place.

Un autre se vante de proposer un vol pour le prix d'un... soda ou d'une bière !

Avant de réapprendre à mieux exposer ses bienfaits, comme l'ouverture d'esprit, les revenus générés ou encore l'émancipation des peuples, le tourisme va devoir balayer devant sa porte.

"Aujourd'hui, nous n'avons plus besoin de communication mais seulement d'engagements et de conviction. Je pense à organiser une telle chose (une COP du tourisme, ndlr).

Par exemple, IATA a bien su prendre des engagements et les renforcer. Nous devons faire cela au niveau mondial et avec toutes les parties prenantes,
" interpelle Jean-François Rial.

En 2021, lors de la 77e Assemblée générale annuelle de l’Association du transport aérien international (IATA), les membres ont adopté une résolution pour que le transport aérien atteigne l'objectif de zéro émission nette de carbone, d’ici 2050.

Un engagement qui s’aligne sur l’objectif de l’Accord de Paris, qui consiste à limiter le réchauffement planétaire à 1,5°C.

Pour atteindre ce cap très ambitieux, l'industrie aérienne devra s'appuyer sur la technologie, c'est en tout cas ce sur quoi mise l'association même si des voix discordantes se font entendre comme celle de Julien Etchanchu, responsable des pratiques durables chez Advito.

Tourisme : "Nous devons être un groupe de pression sur les gouvernements"

"D'après IATA, le net zéro carbone sera obtenu grâce à 15 à 20% d'absorption. Dans la même proportion vous avez le changement de matériel, puis les 60% restants qui dépendront des carburants de synthèse.

Sur ce dernier sujet, le compte n'y est pas vraiment car quand nous produisons 100 millions de litres de SAF, nous consommons chaque année 450 milliards de litres de kérosène,
" rappelle Jean-François Rial.

Lire aussi : Le carburant de synthèse : la nouvelle arme pour décarboner l'avion ?

Pour se montrer vertueuse, l'industrie n'a d'autre choix que de rendre plus propre le très polluant transport aérien.

A lui seul, il représente 40% des émissions de gaz à effet de serre
provoquées par les transports touristiques, selon l'ADEME.

Certes des progrès ont été faits, mais ils sont très nettement insuffisants. Entre 2000 et 2020, les émissions de transport aérien en France ont diminué en moyenne de 1,5% par an (d'après le ministère de la Transition écologique et de la cohésion des territoires) alors que le programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) réclame une baisse de 7,6 % par an entre 2020 et 2030 pour limiter le réchauffement à 1,5 degré.

"Nous les acteurs du tourisme mondial, devons être un groupe de pression sur les gouvernements pour que les filières des carburants de synthèse se mettent en place.

Nous devons faire le changement en fixant des objectifs, les étapes pour y parvenir, puis vérifier qu'ils ont été atteints,
" affirme Jean-François Rial.

Une façon de crédibiliser l'industrie mais aussi de la mettre face à ses responsabilités.

Les colloques pour parler dans l'entre-soi feutré du tourisme ne font pas avancer les choses, cela discrédite même si ça part d'une bonne intention.

Il devient nécessaire de réunir l'ensemble de l'écosystème mondial des constructeurs aériens, aux producteurs de carburant de synthèse, en passant par les hôteliers, les loueurs de voitures, mais aussi par les syndicats patronaux de la filière.

Et comme lors de l'élection d'un pape, personne ne sortira sans qu'une solution et des engagements soient pris.

"Nous pourrions même accepter l'idée d'une taxe mondiale sur le kérosène"

Il ne faudra pas non plus oublier l'alternative à l'avion, à savoir le train.

"Nous n'avons ni les capacités et l'offre pas plus que les prix, ne sont à la hauteur. Nous ne pouvons pas non plus réserver un trajet à plus de 3 mois, alors comment est-il possible de proposer une alternative acceptable ?

Le train en Europe n'est pas aujourd'hui une solution suffisamment crédible,
" peste le PDG de Voyageurs du Monde.

Par exemple, une agence de voyages ne peut pas distribuer Ouigo parce que la SNCF ne souhaite pas que sa marque soit revendue par un tiers. Alors, si en plus les différents acteurs se tirent dans les pattes, il sera compliqué de permettre au tourisme d'avancer harmonieusement.

De plus, la concurrence obligatoire à la SNCF a une fâcheuse tendance à démultiplier les prix du transporteur national qui vise la rentabilité tant rêvée. Et si le train restait la prérogative des Etats ou de l'Europe ?

Dans l'objectif de lutter contre le réchauffement climatique, une COP mondiale pourrait [pousser les gouvernements du Vieux Continent à investir massivement, par un intense lobbying. ]b

Il convient de contraindre tout le paysage touristique à travailler main dans la main pour s'offrir un avenir, via le lobbying, les prises de décisions ou encore la création de filières (carburant durable).

N'oublions pas que si en France 11% des émissions de gaz à effet de serre proviennent du tourisme, l'impact de l'aérien n'est pas pris en compte dans le calcul de la pollution de chacun des pays, parce que "c'est une source extraterritoriale".

Donc l'effort à faire, dans un pays comme le nôtre qui a misé énormément sur cette activité économique pour se développer, sera bien plus important qu'ailleurs.

"L'argument : "ce n'est pas moi, c'est les autres," ne tient plus. La polémique sur les jets privés, un jour ou l'autre, nous l'aurons aussi sur les lignes commerciales. Nous ne devons pas nous voiler la face !

Nous pourrions même accepter l'idée d'une taxe mondiale et uniforme sur le kérosène, afin de rendre les alternatives plus compétitives
]i" souhaite Jean-François Rial.

Cela permettra d'accélérer la transition. La posture devrait d'être proactive pour ne pas subir.

Même si cette grande manifestation (COP27) n'aura d'autre impact que celui médiatique sur nos vies, l'industrie ne peut plus se contenter de rester les bras croisés. L'idée avec cet article et la COP Mondiale du Tourisme n'est autre que de faire réfléchir et lancer une dynamique.

Sauf que notre secteur est dans l'œil du cyclone : il ne peut plus se limiter à des simples déclarations. Il doit agir et vite. La maison brûle, nous ne pouvons pas l'évacuer, mais il est encore possible de limiter sa propagation.


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Commentaires

1.Posté par Martino180 le 10/11/2022 12:44 | Alerter
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Après avoir vendu (plutôt très cher !!!) sa boite à Certares, JFR nous parle de réduire les voyages !!!!

La gauche caviar ne cesse de m'impressionner !!!!!

2.Posté par André le 10/11/2022 13:35 | Alerter
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C’est surtout qu’il va falloir enfin intégrer que le tourisme devra changer de modèle économique parce que nous n’avons plus le choix ! Après avoir bien pollué (ce que nous continuons à faire) le tourisme a-t-il encore un avenir…?

3.Posté par Carole le 10/11/2022 17:57 | Alerter
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M Rial faire planter des arbres qui mettrons peut être 30 ans à pousser pour compenser… donc toujours à crédit.
Gauche cavia oui, mais il soulève le problème que les to, agv cachent sous le tapis tout simplement parce que il est indéfendable ( avion train bus croisieres… ) de polluer la planète par loisir, pour le fun…
Mais au lieu de tenter de partager la croissance de la pollution des émissions co2, méthane …. Commençons par réduire le nombre de pollueurs donc habitants qui étouffe notre terre …. bon sens mais même par les verts, écologistes qui sont légitimes à dénoncer ce fléau de la prolifération de consommateurs « regardent ailleurs »….

4.Posté par Babaorum le 16/11/2022 16:46 | Alerter
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À ce sujet, cette initiative assez pionnière décrite dans un article publié dans ces mêmes pages : https://www.tourmag.com/Emissions-carbone-Secret-Planet-passe-a-l-action-et-fait-evoluer-son-modele-economique_a114926.html

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