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LATAM et Emirates bypassent les GDS : est-ce la fin d'un modèle ?

En difficulté LATAM a dû réduire ses coûts, Emirates distribue via sa plateforme GDS


L'année 2021 sera celle des ajustements dans la distribution touristique. Après un exercice dans le rouge, le tourisme pourrait bien faire un grand ménage et même sa révolution. En grande difficulté et toujours sous protection juridique, LATAM a décidé de se passer d'Amadeus, tout comme Emirates lance sa propre plateforme. A partir du 1er juillet, les agents de voyages se verront imposer des frais de réservation. Quel est l'avenir pour la distribution entre les compagnies et les agences ? La réponse n'est pas aussi radicale que nous le pensons.


Rédigé par le Jeudi 25 Février 2021

En difficulté LATAM a du réduire ses coûts, Emirates distribue via sa plateforme GDS, quel avenir pour la distribution BtoB ? - Crédit photo : Depositphotos @LDProd
En difficulté LATAM a du réduire ses coûts, Emirates distribue via sa plateforme GDS, quel avenir pour la distribution BtoB ? - Crédit photo : Depositphotos @LDProd
Les grandes manœuvres dans l'aérien sont en marche.

Alors que les agents de voyages sont en chômage partiel, pour certains avec des taux très élevés, les transporteurs en profitent pour redistribuer les cartes de leur distribution avec, en ligne de mire, les GDS.

Tout d'abord, l'Amérique Latine, où LATAM a décidé de se passer du géant des GDS pour distribuer ses billets.

Bien qu'adossée à un fonds d'investissements américain depuis l'été dernier et toujours sous protection judiciaire, LATAM a décidé de rompre ses contrats avec Amadeus.

A partir du 1er mars, les agences de voyages françaises seront dans l'obligation de passer par un autre canal pour réserver et émettre des billets de la plus grande compagnie aérienne régionale d'Amérique du sud.

"Les agences de voyages sont les victimes collatérales du combat, qui oppose depuis des années, les compagnies aériennes majeures aux GDS, dans le partage de la chaine de valeur," analyse Fabrice Dariot, le président de Bourse des Vols.

Le débat est lancé !

Emirates va imposer des frais GDS aux agences de voyages...

Pour en arriver à une telle décision, l'explication n'est pas bien compliquée à trouver... Elle se justifie par les graves difficultés financières de la compagnie.

"C'est un pari risqué de quitter un GDS, car bien qu'en crise, il faut faire rentrer de l'argent et donc engranger des réservations.

Il suffit de regarder Air India qui avait pris ce type de décision en 2018 et a fait marche arrière deouis,
" explique Laurent Recoura, observateur du secteur aérien qui a travaillé pour plusieurs compagnies aériennes, dont Oman Air.

Mais la plus grande compagnie d'Amérique latine n'a pas coupé les ponts définitivement, puisqu'il est possible de passer par Galileo et Sabre, précisent les équipes de FTI Ticketshop.

Autre sous-continent, autre exemple : Emirates, elle aussi, a décidé de suivre le mouvement lancé par les compagnies européennes, il y a quelques mois.

La compagnie dubaïote a décidé d'imposer à partir du 1er juillet 2021 des frais de 11,60€ à 20,70€ par billet selon le type de parcours, sur toutes les réservations GDS en France et ailleurs.

"Notre objectif est de donner à nos partenaires commerciaux tous les moyens de proposer une expérience client encore meilleure, et nous sommes heureux de présenter la nouvelle série de fonctionnalités et d'avantages exclusifs mis à leur disposition sur Emirates Gateway," explique Adnan Kazim, son directeur commercial.

Comme Lufthansa et Air France, Emirates a développé sa propre plateforme fondée sur la norme NDC ( New Distribution Capability ) désormais accessible directement pour les agences de voyages.

"Il est difficile d'être choqué sur un sujet de ce type ce n'est ni la première airline ni la dernière à faire de la sorte... Ce qui est de facto de plus en plus évident c'est que vendre de l'aérien devient un métier de plus en plus complexe," analyse un expert de la distribution aérienne.

Il convient de raccorder un maximum de tuyaux, qui ne cessent de se développer, au robinet que sont les agences de voyages.

Faut-il y voir la fin d'un modèle de distribution ? Sans doute, mais pas la fin des GDS pour autant, car ces derniers sont devenus des prestataires technologiques pour les acteurs du tourisme.

Est-ce la fin des GDS ou du modèle de distribution ?

"La distribution via un GDS est devenue trop onéreuse, mais c'est un outil génial, puisque très complet.

Ce n'est pas une mesure contre l'agent de voyages. L'objectif est de créer un écosystème permettant à tout le monde de vivre,
" selon Laurent Recoura, l'ex-vice président d'Oman Air.

Alors qu'Emirates propose une alternative aux agences pour passer en direct, en arrière plan c'est un bras de fer qui s'est engagé avec le GDS, pour le faire revenir à la table des négociations avec d'autres intentions et surtout d'autres prétentions.

"Je pense qu'il faut dorénavant acter la fin d'un modèle de distribution GDS à l'ancienne. Le GDS va devenir progressivement un agrégateur de contenu NDC," selon un fin connaisseur du secteur.

Toutefois, il faut bien se rende compte du coût que représente un GDS pour une compagnie. Pour cela, il suffit de regarder les surcharges appliquées par les transporteurs qui tournent bien souvent autour des 15 euros.

Et encore à ce tarif-là "elles ne couvrent pas la totalité de leurs frais. Il est toutefois impossible de se passer des agences de voyages, d'où le développement des liens API qui vont monter en puissance," nous explique l'ex-vice président d'Oman Air.

Pour une compagnie avec une flotte de 40 appareils, ce canal de distribution représenterait un coût de 25 millions d'euros environ.

A la faveur de la crise, les cartes sont redistribuées et les compagnies coupent dans les dépenses les plus importantes. Tout comme au niveau technologique, la pandémie est un catalyseur et un accélérateur des tendances existantes.

Ce qui est mort, ce n'est donc pas le GDS, mais l'ancien modèle économique : GDS - airlines - distributeur.

"Les compagnies vont devoir repenser la stratégie de distribution et déplacer les curseurs, pour arriver au juste prix. Il y a un vrai travail de fond à faire dans chaque compagnie. Ce que fait Emirates ne sera pas nécessairement fait ailleurs, car cela dépend de la clientèle de chacun," analyse Laurent Recoura.

D'après nos informations, Emirates ne serait pas seule. D'autres grandes compagnies vont suivre le mouvement, dans les mois à venir.

"Le mouvement est lancé .... il ne s'arrêtera pas. La question de savoir qui et quand est presque secondaire," s'interroge l'expert de la distribution.

Tout comme les tour-opérateurs veulent revoir les flux financiers avec les réseaux de distribution, les transporteurs remettent à plat leurs structures de coûts.

Le monde d'après sera donc moins dispendieux et tout le monde va devoir se serrer la ceinture.

Romain Pommier Publié par Romain Pommier Journaliste - TourMaG.com
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Commentaires

1.Posté par David Lussier le 26/02/2021 10:17 | Alerter
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Ce qui me fera toujours sourire avec ces annonces de frais GDS, c'est qu'elles sont systématiquement accompagnées d'une phrase type "Notre objectif est de donner à nos partenaires commerciaux tous les moyens de proposer une expérience client encore meilleure, et nous sommes heureux de présenter la nouvelle série de fonctionnalités et d'avantages exclusifs".

Si la plateforme était si innovante et performante, l'industrie y viendrait naturellement, sans avoir besoin de mesures coercitives, non ?

Ca me rappelle un peu les débuts du billet électronique, où les airlines se targuaient de faire un geste pour la planète, mais qu'au même moment, on nous faisait parvenir des document pdf de 6 pages que nous devions impérativement imprimer avant de se rendre à l'aéroport ! C'est plutôt l'économie qui dictait leur choix.

Compagnies aériennes, soyez franches du collier, partagez un peu les économies que vous faites, et tous se passera mieux avec la distribution, qui ne demande autant que vous à mieux servir les clients communs...

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