Laurent Abitbol : "Certares restera à nos côtés pour 5 ans !" [ABO]

Laurent Abitbol : "Certares reste à nos côtés pour 5 ans !" - Photo Marietton

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TourMaG - Comment se passe ce début d'année ?

Laurent Abitbol : Je vais redire ce que j’avais partagé au congrès Selectour : soyons prudents, après l’euphorie des deux dernières années. Les gens avaient de l'argent à dépenser après le covid.

Cela dit, je pensais que nous ferions moins bien cette année, et finalement, nous ferons aussi bien, voire un peu mieux que 2024, si le rythme se maintient.

Que ce soit Marietton ou Selectour, sur le business travel nous sommes à +5%. Sur le loisir nous sommes entre 1 et 2%, ce n'est pas dramatique. On constate que les clients privilégient de plus en plus l’expérience de voyage au détriment de l’achat matériel.

Après dans ce métier rien n'est valable plus que 24 heures, donc nous restons attentifs. La dynamique est aussi positive pour nos tour-opérateurs maison, même si on observe un léger ralentissement depuis une dizaine de jours.

Akilanga se porte bien et profite de l'effet Trump, car les gens privilégient les destinations du réceptif, notamment en Amérique du Sud. Héliades s’en sort correctement.

Christophe Jacquet : Nous observons les mêmes tendances chez Havas.

Nous bénéficions d’une forte dynamique, notamment grâce au développement des séjours sur-mesure, long-courriers. Notre nouvel outil, Travel Explorer, dépasse toutes nos attentes. Il va franchir la barre des 100 millions d’euros de chiffre d’affaires, alors que nous en espérions 50. Nous comptons bien poursuivre sur cette lancée.

Laurent Abitbol : "Il reste beaucoup à faire pour l'été"

TourMaG - Comment expliquez ce plafonnement de l'activité ?

Laurent Abitbol : Vous avez l'effet Donald Trump, dont le congrès des EDV a beaucoup parlé, mais aussi la situation économique et politique de notre pays.

Dans ces conditions, les résultats ne sont pas si mauvais, même si la hausse reste modeste.

Globalement, le secteur se porte bien, le métier est solide. Trouvez-moi un meilleur médicament que les vacances pour faire oublier l'actualité morose du quotidien ? Il n'y en a aucun.

TourMaG - Comme pour vos confrères, l'été n'est pas encore engagé ?

Laurent Abitbol : Il reste encore beaucoup à faire pour l'été.

Comme d'habitude depuis quelques années, septembre et octobre sont très dynamiques, en raison des prix. À ce rythme, les hôteliers risquent d’augmenter leurs tarifs sur cette période, car elle fonctionne très bien.

La période estivale va se remplir à la dernière minute.

TourMaG - La haute saison touristique se déporte...

Laurent Abitbol : C'est trop cher, mais nous vendons quand même des séjours.

"Nous avons signé le rachat d'Arlina Voyages à Orléans"

TourMaG - Où en est le développement du groupe Marietton ?

Laurent Abitbol : En 2024, nous avons réalisé des acquisitions majeures.

Il y a eu Time Tours, Akilanga, Rêves Voyages, Martini Voyages et ASC Voyages. En 2025, pour le moment nous sommes plus discrets, même si vous avons signé le rachat d'Arlina Voyages à Orléans, fin mars.

Nous avons également créé un nouveau pôle au sein du groupe, avec nos propres développeurs informatiques. C’est un partenariat que nous avons mis en place avec Orchestra. Trois personnes travaillent désormais à la gestion de nos sites.

D’autres signatures sont à venir, mais le LBO ralentit certaines démarches. Nous avons plusieurs projets en cours, mais notre priorité reste le développement à l’international.

Nous travaillons sur l'Espagne, sauf que nous ne connaissons pas le marché. Nous avons des personnes pour nous aider. Et nous avons Certares qui est présent partout en Europe.

A lire : Marietton Développement ira à l'étranger "en septembre 2025"

TourMaG - Un rachat dans le secteur de la technologie est souvent évoqué. Regardez-vous ce milieu ?

Christophe Jacquet : Il faut trouver la bonne opportunité.

Il existe des solutions dans le business travel et le loisir. Dans le voyage d'affaires, vous avez des SBT très présents et nous pensons que nous appuyer sur eux est la meilleure des solutions.

D’autant que les transformations dans ce domaine sont particulièrement marquées. Concernant le loisir, nous faisons beaucoup de choses sur le digital. Havas Voyages a pris un virage important, non pas en devenant un e-commerçant, mais en mettant en ligne une plateforme inspirationnelle qui renvoie les clients vers les agences.

Cela génère des leads vers nos spécialistes de destination. C'est un axe très porteur qui représente déjà 10% de l'activité et qui pourrait atteindre plus de 30%, dans 5 à 6 ans. Le potentiel est gigantesque.

Pour atteindre cet objectif, nous devons renforcer la notoriété de la marque et valoriser notre savoir-faire.

Les technologies sont très volatiles, donc investir dans la technologie est risquée et cela enferme les entreprises. Notre approche consiste plutôt à faire de la curation technologique, pour sélectionner et proposer les meilleurs outils à nos experts.

"Je suis un chef d'orchestre qui s'efface de plus en plus"

TourMaG - Quels sont les axes de développement chez Havas Voyages ?

Christophe Jacquet : Nous sommes le deuxième acteur du voyage d'affaires, avec une forte présence sur le segment des PME. Ce marché s'ouvre énormément, avec de plus en plus d'acteurs qui apparaissent.

Je trouve qu'il y a un océan d'opportunité pour nous. Je peux vous l’affirmer : nous allons intensifier nos efforts dans les mois à venir, en mettant en place une stratégie commerciale offensive pour gagner des parts de marché.

Grâce au covid, nous avons tous travaillé notre productivité, maintenant que nous avons remis de l'ordre dans les équipes, nous sommes en phase de conquête.

Dans la partie loisir, nous voulons faire de Havas une entreprise différente, grâce à la spécialisation de nos collaborateurs. C’est une transformation de fond, longue et exigeante, mais les résultats commencent à se faire sentir.

La marque est aujourd’hui très solide. Arnaud Abitbol (Vice-président exécutif Marietton Developpement, Président SOLEA ndlr) mène un travail important sur le développement de la franchise, un chantier stratégique. Les agences bénéficieront bientôt d’outils de pilotage particulièrement performants.

TourMaG - En terme de résultats financiers, quels sont-ils pour Marietton ?

Laurent Abitbol : C’est tout simplement une année record, à tous les niveaux.

Fin juin, nous allons finaliser notre LBO (un montage financier permettant le rachat d'une entreprise via une société holding, ndlr), permettant au personnel et au Comex de remonter dans le capital de façon importante.

Cette opération intermédiaire est très importante. Certares reste à nos côtés, pour au moins 5 ans. Nous avons en tout 250 actionnaires. C'est une belle opération pour tout le monde.

Chez Selectour, nous allons distribuer plus de 33 millions d’euros d’EBITDA aux adhérents. J’en suis très fier.

TourMaG - Le fonds américain vous a fixé des objectifs avec cette prolongation de l'aventure ?

Laurent Abitbol : Je suis un électron libre dans le métier, je n'ai pas de stratégie. J'ai commencé avec 2 agences de voyages, nous faisions alors 3 millions de chiffres d'affaires, nous en sommes à 2,3 milliards. Tout va très bien, tout le monde est content.

Sur sa retraite : "Nous allons organiser cela et j'ai 5 ans pour le faire"

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TourMaG - Lors du congrès des EDV, Olivier Sadran a présenté son parcours singulier et l’histoire de Newrest, une entreprise détenue par ses managers. Cela vous a inspiré ?

Laurent Abitbol : Finalement, nous avons à peu près la même histoire.

J’ai la chance d’être entouré d’agents de voyages, de managers, de cadres... Des équipes exceptionnelles. Si cela fonctionne, c’est grâce à eux. Je suis un chef d’orchestre qui s’efface progressivement.

TourMaG - Vous y arrivez ?

Laurent Abitbol : J'essaie, je délègue de plus en plus.

TourMaG - Un des sujets important au Maroc était celui de la transmission. Pensez-vous à cela ?

Laurent Abitbol : Bien sûr, vous savez, j’ai 59 ans. Dans cinq ou six ans, je passerai la main.

Je ne vais pas me maintenir coûte que coûte, j'ai envie de profiter, de vivre. Que ce soit chez Selectour ou Marietton, nous allons organiser cette transmission. J’ai cinq ans pour le faire, et cela demande une vraie préparation.

TourMaG - Vous y aimeriez que la personne qui prenne la suite, soit issue de l'entreprise ?

Laurent Abitbol : Je n’y ai pas encore réfléchi.

Mais j’aimerais que ce soit quelqu’un issu du groupe, pas une personne extérieure. Vous savez, tous mes cadres ont les mêmes conditions, le même salaire. Le moment venu, nous ferons bouger les choses.

TourMaG - Quelle est la situation chez Selectour ?

Laurent Abitbol : L'année 2024 sera un exercice record.

Mon seul but est de faire gagner plus d'argent aux adhérents. Lors du dernier congrès, nous avions abordé la question des Comités d’entreprise. Nous allons bientôt aller plus loin.

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Il faut appeler un chat un chat : ce qui se passe est déloyal et, dans certains cas, illégal. Nos agences ne doivent plus servir de showrooms pour d’autres acteurs. La riposte est prête. Ils devront choisir. C’est notre grand combat en cours.