Je sais que nombre d’entre vous n’aurez pas remarqué mon absence depuis plus d’un an mais comme je reste prétentieuse, j’ose espérer que j’aurais manqué à quelques-uns.
Pour paraphraser Annie Girardot, « je ne sais pas si j’ai manqué aux lecteurs de TourMaG, mais vous, vous m’avez manqué » (Cérémonie des César, février 1996, pour les plus jeunes d’entre nous).
Il parait que la profession a massivement réembauché suite aux départs de hordes d’agents de voyages de l’ancienne génération épuisées par les confinements, fermetures de frontières, annulations de vols, PLF et autre joyeusetés…
Alors laissez-moi me présenter : je m’appelle Léa (ça n’est pas mon vrai prénom mais c’est ainsi que je suis identifiée dans la profession), j’ai 42 ans (et-demi, comme dirait mon fils), et après quelques années à la vente dans une usine-à-vacances-pas-chères-dégriffées-en-promo-de-dernière-minute, j’ai débarqué il y a 17 ans comme vendeuse puis pilier de comptoir chez Big Boss Voyage.
A lire aussi : Emploi, dispo, après-vente : Léa "reprise vous avez dit reprise ?"
A l’aube de ma trentaine, mon poste a évolué et j’ai obtenu le titre de « responsable des ventes loisirs ».
Je suis désormais chef d’agence de cette jolie boutique haut de gamme du quartier de l’Opéra (enfin, pas précisément au métro « Opéra » parce que sinon, ça serait trop facile de me géolocaliser, et je tiens à rester anonyme, ce que j’arrive à faire depuis 13 ans que j’écris avec plus ou moins de régularité dans les colonnes de TourMaG.)
Pour paraphraser Annie Girardot, « je ne sais pas si j’ai manqué aux lecteurs de TourMaG, mais vous, vous m’avez manqué » (Cérémonie des César, février 1996, pour les plus jeunes d’entre nous).
Il parait que la profession a massivement réembauché suite aux départs de hordes d’agents de voyages de l’ancienne génération épuisées par les confinements, fermetures de frontières, annulations de vols, PLF et autre joyeusetés…
Alors laissez-moi me présenter : je m’appelle Léa (ça n’est pas mon vrai prénom mais c’est ainsi que je suis identifiée dans la profession), j’ai 42 ans (et-demi, comme dirait mon fils), et après quelques années à la vente dans une usine-à-vacances-pas-chères-dégriffées-en-promo-de-dernière-minute, j’ai débarqué il y a 17 ans comme vendeuse puis pilier de comptoir chez Big Boss Voyage.
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A l’aube de ma trentaine, mon poste a évolué et j’ai obtenu le titre de « responsable des ventes loisirs ».
Je suis désormais chef d’agence de cette jolie boutique haut de gamme du quartier de l’Opéra (enfin, pas précisément au métro « Opéra » parce que sinon, ça serait trop facile de me géolocaliser, et je tiens à rester anonyme, ce que j’arrive à faire depuis 13 ans que j’écris avec plus ou moins de régularité dans les colonnes de TourMaG.)
Tout allait bien jusqu'au jour ou j'ai craqué
Côté « vie privée », après de nombreuses années en collocation à baguenauder de mojitos en week-ends avec mes copines, et de minets à mèches à body-builders de pacotille, je me suis entichée en 2016 d’Arnaud, l’homme parfait (un mélange de Denis Wathier avec des cheveux et de Lionel Rabiet) qui est rapidement devenu mon mari et le père du plus beau petit garçon du monde, le nôtre.
De célibattante fêtarde, ascendant mante-religieuse accro aux jeunes hommes et aux cocktails, je suis devenue l’épouse, mère de famille et chef d’agence parfaite, menant de front les abdos-fessiers et les goûters d’anniversaire, les rendez-vous chez l’esthéticienne et les voyages d’étude, les présentations de brochures et les surbookings, les soirées avec les copines et la permaculture (parce que oui, je cultive des aromates…).
Les lecteurs depuis qui me suivent depuis quelques années ajouteraient je suis une bombe à la fois sexy et classe, à la manucure impeccable mais trrrrès prétentieuse et méprisante.
Que veux-tu ? Avec les années, je suis devenue une vraie bobo parisienne insupportable.
Tout allait pour le mieux jusqu’à ce jour de juillet 2022 où j’ai craqué.
De célibattante fêtarde, ascendant mante-religieuse accro aux jeunes hommes et aux cocktails, je suis devenue l’épouse, mère de famille et chef d’agence parfaite, menant de front les abdos-fessiers et les goûters d’anniversaire, les rendez-vous chez l’esthéticienne et les voyages d’étude, les présentations de brochures et les surbookings, les soirées avec les copines et la permaculture (parce que oui, je cultive des aromates…).
Les lecteurs depuis qui me suivent depuis quelques années ajouteraient je suis une bombe à la fois sexy et classe, à la manucure impeccable mais trrrrès prétentieuse et méprisante.
Que veux-tu ? Avec les années, je suis devenue une vraie bobo parisienne insupportable.
Tout allait pour le mieux jusqu’à ce jour de juillet 2022 où j’ai craqué.
Cet horrible matin du 7 juillet
Je suis la seule coupable de ne pas avoir perçu que j’avais des limites et je n’ai rien vu venir : tout le mois de juin, outre la confection du déguisement de mon petit prince à la fête de l’école, j’ai dû gérer la formation de débutants (parce que face au flot de demandes, Big-Boss a embauché deux nouvelles recrues en avril et en mai), les grèves de Transavia et des agents d’ADP (qui ont mis à terre pas mal de mes dossiers de juin et de début juillet), les annulations de vols la veille du départ prévu (j’en ai gardé une haine farouche envers Lufthansa et les pilotes de Transavia), la dégradation inattendue du service dans les hôtels (avec réception virtuelle, ménage tous les 3 jours et buffets remplacés par de maigres portions servies sous-vide « en raison de la crise sanitaire »).
Cet horrible matin du 7 juillet, alors que j’avais laissé la prunelle de mes yeux à ses grands-parents depuis 3 jours en attendant qu’Arnaud et moi soyons aussi en vacances, c’est la grève des pilotes de SAS qui a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.
J’avais en cours plusieurs dossiers autotours en Norvège - ce genre de dossiers où un grain de sable peut faire dérailler la mécanique - qui ont été perturbés par l’annulation de vols intérieurs.
Impossible de trouver des solutions de relogement acceptables : j’ai dû remplacer des vols intérieurs par des trajets de 10 heures en bus et trouver des hôtels sans âme « parce qu’il ne restait que ça » pour substituer des nuitées « nature » dans de jolis hébergements au charme tout scandinave.
Cet horrible matin du 7 juillet, alors que j’avais laissé la prunelle de mes yeux à ses grands-parents depuis 3 jours en attendant qu’Arnaud et moi soyons aussi en vacances, c’est la grève des pilotes de SAS qui a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.
J’avais en cours plusieurs dossiers autotours en Norvège - ce genre de dossiers où un grain de sable peut faire dérailler la mécanique - qui ont été perturbés par l’annulation de vols intérieurs.
Impossible de trouver des solutions de relogement acceptables : j’ai dû remplacer des vols intérieurs par des trajets de 10 heures en bus et trouver des hôtels sans âme « parce qu’il ne restait que ça » pour substituer des nuitées « nature » dans de jolis hébergements au charme tout scandinave.
La vie m’a donné un bon coup de pelles mais j’ai le cuir dur
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Alors moi, l’agent de voyages dévouée, perfectionniste et super pro qui trouve toujours des solutions à tous les problèmes (expérience, carnet d’adresse, agilité mentale, que veux-tu ?), j’en suis restée comme deux ronds de flancs (qui dit ça en 2023 ?) devant mon ordi, le regard hagard, la mine grise, la bouche sèche et incapable d’aligner 2 mots.
J’ai pris 10 ans en 5 minutes et je me suis évanouie sous le regard médusé de mes collègues qui ont cru ma dernière heure arriver.
Spoiler : puisque vous lisez ces lignes, c’est que je me suis remise.
J’ai dormi tout l’été, repris le travail seulement fin octobre (et encore, à temps partiel), envisagé un instant qu’une reconversion pouvait être une solution à mon surmenage, mais non : que faire d’autre ? J’aime trop mon métier pour en changer.
Depuis un mois, je suis de retour à temps complet avec (presque) la même énergie qu’autrefois. La vie (avec la désagréable participation des pilotes de Transavia et de SAS) m’a donné un bon coup de pelles mais j’ai le cuir dur.
Alors, je suis revenue ! et je suis aujourd’hui un peu plus heureuse qu’hier parce que j’arrive à reprendre mon clavier pour écrire. Vous m’avez manqué !
J’ai pris 10 ans en 5 minutes et je me suis évanouie sous le regard médusé de mes collègues qui ont cru ma dernière heure arriver.
Spoiler : puisque vous lisez ces lignes, c’est que je me suis remise.
J’ai dormi tout l’été, repris le travail seulement fin octobre (et encore, à temps partiel), envisagé un instant qu’une reconversion pouvait être une solution à mon surmenage, mais non : que faire d’autre ? J’aime trop mon métier pour en changer.
Depuis un mois, je suis de retour à temps complet avec (presque) la même énergie qu’autrefois. La vie (avec la désagréable participation des pilotes de Transavia et de SAS) m’a donné un bon coup de pelles mais j’ai le cuir dur.
Alors, je suis revenue ! et je suis aujourd’hui un peu plus heureuse qu’hier parce que j’arrive à reprendre mon clavier pour écrire. Vous m’avez manqué !