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"Les campings reprennent l'héritage de Gilbert Trigano" 🔑

Interview de Nacer Bouguerra, responsable du Campus Animation


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Après une petite traversée du désert, l'ancien directeur des clubs FTI voyages s'est remis en selle, en distillant tout son savoir à de futurs animateurs de... campings. Depuis quelques années, l'hôtellerie de plein air marche dans l'ombre des villages vacances. Les toiles de tente ont été remplacées par des mobil-homes, les bassins sont devenus des centres aquatiques ultramodernes. De l'aveu même de ce grand spécialiste des villages vacances, ces derniers ont du mouron à se faire, tant les campings copient les atouts qui ont fait les succès des clubs. Rencontre avec Nacer Bouguerra et ses trente ans d'expérience dans l'animation.


Rédigé par le Mercredi 8 Mars 2023

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TourMaG - Comment se passe votre nouvelle vie, en tant que responsable d'un Ă©tablissement de Campus Animation ?

Nacer Bouguerra :
Je boucle la boucle.

J'ai toujours été client de ce genre d'école, aujourd'hui je gère le campus. C'est une société qui travaille pour les plus grands tour-opérateurs français.

Je m'occupe de ce dernier campus.

J'ai filtré 600 candidatures, via LinkedIn et d'autres sites de recrutement pour avoir à la fin 50 apprentis animateurs. Depuis janvier, ils sont réunis sur un campus en Ardèche, où nous les formons à l'animation, en immersion totale.

A lire : Animateurs clubs : "Il y a des histoires tragiques... travailler est aujourd'hui devenu vital," selon Nacer Bouguerra

Nous utilisons le théâtre de la ville, un super outil, puis nous organisons des évènements gratuits pour les habitants. Je suis dans une optique de transmettre mon expérience à ces jeunes qui découvrent l'animation.

Ensuite, ils iront dans leur Ă©tablissement d'affectation.


"Les clubs ont du mouron Ă  se faire"

TourMaG - Quels enseignements tirez-vous de cette expérience ?

Nacer Bouguerra :
Les campings sont en train de monter en gamme et en qualité, de faire ce que faisaient les tour-opérateurs, il y a quelques décennies.

Les clubs ont du mouron à se faire. Ils peuvent avoir peur, surtout que les voyageurs vont peut-être voyager moins loin, dans les années à venir, donc ils pourront trouver ce qui existe déjà en Tunisie, au Maroc ou ailleurs, en France.

Il suffit que les campings trouvent une formule tout compris, et alors, ils seront les rois de l'industrie.

Ils s'entourent des méthodes de travail et des compétences des villages-vacances, pour pouvoir demain les concurrencer. Ils sont de plus en plus professionnels.

A lire : Emploi : les campings recrutent et "tentent" de se rendre attractifs !

Le seul point faible pour certaines chaines de campings, c'est que l'animation animation n'est pas toujours gérée et organisée nationalement par un seul décideur accompagné d’un service dédié, mais par un ou deux coordinateurs multi-métiers et fonctions « maison » avec peu d’expériences.


TourMaG - C'est-Ă -dire ?

Nacer Bouguerra :
Dans toutes les marques vous avez toujours un vrai patron des clubs, avec une équipe conséquente par métier qui est complètement autonome au niveau budgétaire, décisionnelle et surtout opérationnelle et personne sur les sites ne se permettrai d’y mettre son nez dedans ! il n’y a qu’un seul décideur ! la cellule animation du siège !

Dans les campings, les recrutements sont faits par les directeurs des établissements, donc c'est plus compliqué d'uniformiser la qualité. Il faut nationaliser cette compétence pour l'hôtellerie de plein air.

"Le secteur attire moins, il y a 30 ans l'animation et le tourisme faisaient rĂŞver"

"Les campings reprennent l'héritage de Gilbert Trigano. Attention, nous ne parlons pas des campings des années 60 ou 70, maintenant ils ont des structures incroyables et mettent des moyens sur des choses extraordinaires" selon Nacer Bouguerra - DR
"Les campings reprennent l'héritage de Gilbert Trigano. Attention, nous ne parlons pas des campings des années 60 ou 70, maintenant ils ont des structures incroyables et mettent des moyens sur des choses extraordinaires" selon Nacer Bouguerra - DR
TourMaG - Vous êtes plongés quelques années en arrière dans votre expérience...

Nacer Bouguerra :
J'ai remis le pied à l'étrier en faisant du sourcing, écumant les salons et la France pour recruter des animateurs. J'ai vu que la France avait changé.

Aujourd'hui, il faut chercher l'animateur oĂą il se trouve et surtout, il est indispensable d'ĂŞtre convaincant. Les jeunes doivent penser que s'ils vous rejoignent, ils sont dans la bonne entreprise et dans l'entreprise.

C'est plus compliqué.


TourMaG - Pourquoi ? Le tourisme attire moins ?

Nacer Bouguerra :
Il faut aller les chercher, ils ne viennent plus Ă  nous.

Il est compliqué de trouver des candidats. Pour remplir une section, nous nous y sommes pris presque 6 mois avant. Nous sommes allés recruter à la Réunion et aussi en Belgique. Il y a plus d'offres que de candidats.

Oui le secteur attire moins, il y a 30 ans l'animation et le tourisme faisaient rêver, ce n'est plus le cas. A l'époque, nous voyagions beaucoup moins, ce n'était pas si facile. Nous faisions ce métier, avant tout pour voyager.

"Les campings reprennent l'héritage de Gilbert Trigano"

TourMaG - Le secteur doit se remettre en question ?

Nacer Bouguerra :
Le club ou l'animation n'ont pas Ă  se remettre en question, les clients veulent toujours la mĂŞme chose.

Les recruteurs doivent Ă©voluer.

Tout le monde se plaint des problèmes de recrutement, mais finalement personne ne veut payer les personnes à leur juste valeur. Aujourd'hui, il faut recruter différemment et faire de l'introspection.


TourMaG - Est-ce que les campings sont des concurrents crédibles aux villages vacances ?

Nacer Bouguerra :
C'est un concurrent féroce.

Les campings reprennent l'héritage de Gilbert Trigano. Attention, nous ne parlons pas des campings des années 60 ou 70, maintenant ils ont des structures incroyables et mettent des moyens sur des choses extraordinaires.

Ils forment leurs salariés dans les mêmes écoles et centres spécialisés que ceux utilisés par les opérateurs des villages vacances. Ils s'approchent de plus en plus des tour-opérateurs que nous connaissons.

Les entreprises du secteur sont rachetées par de grands groupes et des holdings. Cela situe un peu le changement d'ère de l'hôtellerie de plein air. Ils ont même plus de moyens que les clubs.

Ce n'est pas encore aussi carré, qu'un tour-opérateur, mais ils grignotent leur retard.


TourMaG - Ce n'est pas totalement le mĂŞme produit, il y a un peu moins de vie commune...

Nacer Bouguerra :
Oui c'est l'une des différences, les animateurs ne déjeunent pas et ne dinent pas avec les clients.

Les animations du soir sont les uniques moments pour rassembler les clients des campings. Alors que dans un club, l'animation est au centre du produit.

Aujourd'hui, pour vivre une véritable expérience d'animations, il faut aller en mer sur les bateaux de croisières. Ils proposent des spectacles dignes du Moulin Rouge.



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