Le 6e rapport du GIEC va intéresser le secteur du tourisme. Marche pour le climat, San Fransico, 2019 - crédit : li-an-lim_unsplash
J’avais 10 ans. En 1988, les Nations-Unies créaient le Groupe d'experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) qui, depuis, n’a cessé de répéter inlassablement la même chose, avec toujours plus de force, mais sans pour autant être plus écouté : en pesant sur nos écosystèmes, nous mettons en danger notre propre survie.
35 ans plus tard, le changement de cap attendu continue de se faire attendre. Malgré les grands discours sur la maison qui brûle et l’inexistence d’une planète B, Les émissions de gaz à effet de serre continuent d’augmenter et avec elles, les degrés, réduisant toujours un peu plus le territoire habitable sur terre.
Ce mercredi 22 mars 2023, c’est la journée mondiale de l’eau.
La France a soif et se réjouit de la moindre goutte de pluie. Les nappes phréatiques sont vides et l’hiver a connu ses premières alertes sécheresses. L’été s’annonce donc compliqué et, si l’on en croit le GIEC, nous ferions bien de faire preuve de résilience, car cela ne va pas aller en s’améliorant.
Le secteur du tourisme serait bien inspiré de s’intéresser de près à ce 6e rapport du GIEC : le poids des transports, du bâti (et donc de l’hébergement), de l’agriculture (et donc de la restauration) pèsent particulièrement. L’utilisation des énergies, de l’eau, la gestion des événements météorologiques extrêmes ou des crises sanitaires sont autant d’enjeux pour le secteur.
Le tournant durable est, plus que jamais, une nécessité absolue et une urgence.
Dans ce contexte, voici en 5 points ce qu’il faut retenir de ce rapport du GIEC.
35 ans plus tard, le changement de cap attendu continue de se faire attendre. Malgré les grands discours sur la maison qui brûle et l’inexistence d’une planète B, Les émissions de gaz à effet de serre continuent d’augmenter et avec elles, les degrés, réduisant toujours un peu plus le territoire habitable sur terre.
Ce mercredi 22 mars 2023, c’est la journée mondiale de l’eau.
La France a soif et se réjouit de la moindre goutte de pluie. Les nappes phréatiques sont vides et l’hiver a connu ses premières alertes sécheresses. L’été s’annonce donc compliqué et, si l’on en croit le GIEC, nous ferions bien de faire preuve de résilience, car cela ne va pas aller en s’améliorant.
Le secteur du tourisme serait bien inspiré de s’intéresser de près à ce 6e rapport du GIEC : le poids des transports, du bâti (et donc de l’hébergement), de l’agriculture (et donc de la restauration) pèsent particulièrement. L’utilisation des énergies, de l’eau, la gestion des événements météorologiques extrêmes ou des crises sanitaires sont autant d’enjeux pour le secteur.
Le tournant durable est, plus que jamais, une nécessité absolue et une urgence.
Dans ce contexte, voici en 5 points ce qu’il faut retenir de ce rapport du GIEC.
L’humain est, « sans équivoque », responsable du réchauffement
Il est désormais acquis que la planète est entrée dans l’ère de l’anthropocène : l’action humaine a durablement modifié la géologie et les écosystèmes à l’échelle planétaire.
Le GIEC va dans le même sens en indiquant que le réchauffement climatique actuel est sans précédent depuis 125 000 ans et que l’activité humaine en est la cause, « sans équivoque ».
Le groupe de travail 1 (l’état des savoirs en matière de science climatique et projections des changements) indique qu’en 2022, le réchauffement était déjà de plus 1,2°C par rapport au milieu du XIXème siècle, soit les débuts de l’ère industrielle.
Autant dire que le niveau de 1,5°C que les Accords de Paris posait comme limite est d’ores et déjà hors d’atteinte et que la trajectoire nous emmène plutôt vers les 3°C à la fin du siècle, ou 2°C si nous décidions dès aujourd’hui de prendre des mesures drastiques.
En cause : la consommation d’énergie fossile qui représente 79 % des émissions de gaz à effet de serre (GES). Le bâtiment et les industries, notamment liées à la construction, le transport (et en premier lieu, la voiture) et l’agriculture intensive et l’élevage sont pointés comme principaux producteurs de GES, cause numéro 1 du réchauffement.
Le GIEC va dans le même sens en indiquant que le réchauffement climatique actuel est sans précédent depuis 125 000 ans et que l’activité humaine en est la cause, « sans équivoque ».
Le groupe de travail 1 (l’état des savoirs en matière de science climatique et projections des changements) indique qu’en 2022, le réchauffement était déjà de plus 1,2°C par rapport au milieu du XIXème siècle, soit les débuts de l’ère industrielle.
Autant dire que le niveau de 1,5°C que les Accords de Paris posait comme limite est d’ores et déjà hors d’atteinte et que la trajectoire nous emmène plutôt vers les 3°C à la fin du siècle, ou 2°C si nous décidions dès aujourd’hui de prendre des mesures drastiques.
En cause : la consommation d’énergie fossile qui représente 79 % des émissions de gaz à effet de serre (GES). Le bâtiment et les industries, notamment liées à la construction, le transport (et en premier lieu, la voiture) et l’agriculture intensive et l’élevage sont pointés comme principaux producteurs de GES, cause numéro 1 du réchauffement.
La destruction des écosystèmes a d’ores et déjà des conséquences
Un réchauffement de 1,2°C ça veut dire quoi ?
Très concrètement, on en voit déjà les effets avec l’instabilité climatique qui s'imposent, dans le monde entier. De plus, le réchauffement de la cryosphère (l’eau à l’état solide) et l’acidification des océans provoqués par l’activité humaine agissent sur les écosystèmes et le vivant. La déforestation empêche de stocker le CO2, augmentant le réchauffement.
Or, plus le réchauffement s’intensifie, moins notre empreinte est réversible, avec des conséquences sur des milliers d’années.
La fonte du permafrost, l’effondrement de la biodiversité, la circulation des courants marins atlantiques (Amoc) qui régulent les températures sont autant de points de bascule qui rendent le réchauffement irréversible.
L’un des enjeux est donc d’arriver vers une neutralité carbone - non pas en plantant des arbres, mais d’un côté en respectant l’équilibre des écosystèmes et en protégeant les puits de carbone (forêts, océans, sols qui stockent le CO2) et de l’autre, en réduisant les émissions de sorte d’atteindre une balance neutre - voire, à terme, d’inverser la tendance en stockant plus qu’on ne dépense.
écoutez le billet science d'Anne le Gall sur France Info
Très concrètement, on en voit déjà les effets avec l’instabilité climatique qui s'imposent, dans le monde entier. De plus, le réchauffement de la cryosphère (l’eau à l’état solide) et l’acidification des océans provoqués par l’activité humaine agissent sur les écosystèmes et le vivant. La déforestation empêche de stocker le CO2, augmentant le réchauffement.
Or, plus le réchauffement s’intensifie, moins notre empreinte est réversible, avec des conséquences sur des milliers d’années.
La fonte du permafrost, l’effondrement de la biodiversité, la circulation des courants marins atlantiques (Amoc) qui régulent les températures sont autant de points de bascule qui rendent le réchauffement irréversible.
L’un des enjeux est donc d’arriver vers une neutralité carbone - non pas en plantant des arbres, mais d’un côté en respectant l’équilibre des écosystèmes et en protégeant les puits de carbone (forêts, océans, sols qui stockent le CO2) et de l’autre, en réduisant les émissions de sorte d’atteindre une balance neutre - voire, à terme, d’inverser la tendance en stockant plus qu’on ne dépense.
Les conséquences directes sur les sociétés humaines
Au-delà du fait que, pour le tourisme, c’est tout simplement l’intérêt des touristes de bénéficier d'un patrimoine naturel qui s’envole quand ledit patrimoine est détruit, c’est tout simplement la question de la "vivabilité" de la planète qui se pose.
La chute de la biodiversité réduit la pollinisation, l’agriculture intensive appauvrit les sols réduisant la possibilité de se nourrir. La bétonisation et la déforestation créent des zoonoses, provoquant autant de crises sanitaires.
Mais, plus grave encore, certaines régions du monde s’avèrent d’ores et déjà inhabitable.
Déjà en 2021, le GIEC posait le problème des canicules humides : l’intensité du réchauffement, couplée avec l’humidité du climat, ne permet plus au corps humain de réguler sa température via la transpiration.
Le golfe Persique et le golfe du Mexique, l’Asie du Sud et du Sud-Est, l’Inde et le Pakistan, certaines régions Africaines sont d’ores et déjà dans le viseur.
Si le réchauffement dépasse les 2°, ces régions pourraient ne plus être habitables, ce qui provoquerait - et provoque déjà, par effet de chaîne, des migrations climatiques et une instabilité des sociétés humaines.
Autres causes, mêmes conséquences : la montée des eaux réduit de fait les littoraux quand elle n’engloutit pas des îles entières, et les événements météorologiques extrêmes détruisent les infrastructures.
La chute de la biodiversité réduit la pollinisation, l’agriculture intensive appauvrit les sols réduisant la possibilité de se nourrir. La bétonisation et la déforestation créent des zoonoses, provoquant autant de crises sanitaires.
Mais, plus grave encore, certaines régions du monde s’avèrent d’ores et déjà inhabitable.
Déjà en 2021, le GIEC posait le problème des canicules humides : l’intensité du réchauffement, couplée avec l’humidité du climat, ne permet plus au corps humain de réguler sa température via la transpiration.
Le golfe Persique et le golfe du Mexique, l’Asie du Sud et du Sud-Est, l’Inde et le Pakistan, certaines régions Africaines sont d’ores et déjà dans le viseur.
Si le réchauffement dépasse les 2°, ces régions pourraient ne plus être habitables, ce qui provoquerait - et provoque déjà, par effet de chaîne, des migrations climatiques et une instabilité des sociétés humaines.
Autres causes, mêmes conséquences : la montée des eaux réduit de fait les littoraux quand elle n’engloutit pas des îles entières, et les événements météorologiques extrêmes détruisent les infrastructures.
Le GIEC assume la notion de sobriété
Si les membres du GIEC n’ont jamais cessé de parler de changement de pratiques et d’aller vers un monde plus sobre, c’est la première fois qu’officiellement, le rapport évoque le sujet de la décroissance si clairement.
Le groupement pose le sujet de nos modes de vie et de la nécessité de modérer notre consommation en général, pour réduire la consommation d’énergies fossiles. Cela passe par des pratiques alimentaires moins carnées, des mobilités plus douces, la fin du tout béton pour donner plus de place à la végétalisation…
Si le GIEC nous invite à changer de modèle, ce n’est pas pour revenir à des températures plus acceptables, mais pour imaginer des sociétés plus résilientes et faire face à la crise climatique.
« Les transformations de la planète que nous avons causées sont irréversibles. Je pense qu’entretenir l’espoir d’un retour en arrière fait partie des choses qui nous empêchent d’agir » indiquait François Gemenne, membre du GIEC à l’ADEME dans son Guide pour une communication responsable, publié en octobre 2022, nous invitant à « relier nos actions individuelles à nos choix collectifs ».
Le groupement pose le sujet de nos modes de vie et de la nécessité de modérer notre consommation en général, pour réduire la consommation d’énergies fossiles. Cela passe par des pratiques alimentaires moins carnées, des mobilités plus douces, la fin du tout béton pour donner plus de place à la végétalisation…
Si le GIEC nous invite à changer de modèle, ce n’est pas pour revenir à des températures plus acceptables, mais pour imaginer des sociétés plus résilientes et faire face à la crise climatique.
« Les transformations de la planète que nous avons causées sont irréversibles. Je pense qu’entretenir l’espoir d’un retour en arrière fait partie des choses qui nous empêchent d’agir » indiquait François Gemenne, membre du GIEC à l’ADEME dans son Guide pour une communication responsable, publié en octobre 2022, nous invitant à « relier nos actions individuelles à nos choix collectifs ».
Solidarité climatique et enjeu démocratique
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Car les politiques publiques doivent, elles aussi, évoluer et faire une révolution structurelle, sortir des petits pas pour aller de manière plus massive vers des solutions alternatives, en dehors de toute logique marchande, insiste le GIEC.
Privilégier les énergies bas carbone, changer nos modes de production, désintensifier l’agriculture, valoriser l’économie circulaire, changer notre manière d’aborder la ville, mieux stocker le CO2, ajouter le coût environnemental aux politiques fiscales…
Il importe aussi de mieux repartir les efforts et d’accepter d’en faire. Pour le GIEC, l’argent ne manque pas, il est simplement mal distribué.
À l’échelle nationale ou internationale, le groupement pointe du doigt les plus riches (individus ou pays) qui, dans les faits, contribuent le plus au réchauffement versus les plus pauvres qui sont les premiers touchés par les catastrophes climatiques. La nécessaire transition ne se fera pas sans effort, mais à force de manquer d’ambition et de ne pas tenir nos objectifs, nous rendons plus dur le changement, note le GIEC.
Le changement de modèle passe donc aussi par plus de justice sociale, par exemple en renforçant les aides aux personnes qui n’ont pas les moyens de changer de pratiques ou en direction de pays en voie de développement.
Il passe aussi par un renforcement de la démocratie directe. Pour tenir compte des besoins et problématiques de chacun, mais aussi parce que les solutions concertées sont généralement plus durables dans le temps et mieux acceptées.
Pour la 6eme fois, le GIEC pose ainsi un constat scientifique, et propose des solutions pour réduire les dégâts. Reste les choix politiques et individuels. Tout se joue dans cette décennie, préviens le GIEC.
Il nous reste 7 ans.
Lire le 6e rapport du GIEC dans sa globalité
Lire la synthèse du rapport (uniquement en anglais)
Privilégier les énergies bas carbone, changer nos modes de production, désintensifier l’agriculture, valoriser l’économie circulaire, changer notre manière d’aborder la ville, mieux stocker le CO2, ajouter le coût environnemental aux politiques fiscales…
Il importe aussi de mieux repartir les efforts et d’accepter d’en faire. Pour le GIEC, l’argent ne manque pas, il est simplement mal distribué.
À l’échelle nationale ou internationale, le groupement pointe du doigt les plus riches (individus ou pays) qui, dans les faits, contribuent le plus au réchauffement versus les plus pauvres qui sont les premiers touchés par les catastrophes climatiques. La nécessaire transition ne se fera pas sans effort, mais à force de manquer d’ambition et de ne pas tenir nos objectifs, nous rendons plus dur le changement, note le GIEC.
Le changement de modèle passe donc aussi par plus de justice sociale, par exemple en renforçant les aides aux personnes qui n’ont pas les moyens de changer de pratiques ou en direction de pays en voie de développement.
Il passe aussi par un renforcement de la démocratie directe. Pour tenir compte des besoins et problématiques de chacun, mais aussi parce que les solutions concertées sont généralement plus durables dans le temps et mieux acceptées.
Pour la 6eme fois, le GIEC pose ainsi un constat scientifique, et propose des solutions pour réduire les dégâts. Reste les choix politiques et individuels. Tout se joue dans cette décennie, préviens le GIEC.
Il nous reste 7 ans.
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Publié par Juliette Pic
Responsable rubrique Voyages Responsables - TourMaG.com
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