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Qui croit encore au transport aérien ?

La chronique de Jean-Louis Baroux


Cette interrogation peut paraître totalement incongrue tant le transport aérien est entré dans les mœurs et dans la vie de tous les habitants de la planète. A tel point que son avenir paraît entièrement lié à la croissance de l’économie mondiale et à l’amélioration du niveau de vie des habitants.


Rédigé par le Mardi 24 Octobre 2023

Qui croit encore au transport aérien ? Alors que l’immense majorité des populations en fait le symbole du développement pour le bien-être de leurs peuples, les gouvernements occidentaux ne trouvent, comme réponse, que la limitation du trafic. Cherchez l’erreur ! - DR : DepositPhotos.com, snvv
Qui croit encore au transport aérien ? Alors que l’immense majorité des populations en fait le symbole du développement pour le bien-être de leurs peuples, les gouvernements occidentaux ne trouvent, comme réponse, que la limitation du trafic. Cherchez l’erreur ! - DR : DepositPhotos.com, snvv
Et pourtant il semblerait que la classe politique occidentale ne partage pas ce point de vue, si l’on en juge par les déclarations gouvernementales et les mesures de restriction prises à l’encontre de ce mode de transport.

Cela ne concerne bien évidemment que les pays occidentaux suffisamment riches pour se poser les questions de la croissance nulle, voire la décroissance.

Cela date d’ailleurs d’une cinquantaine d’années, après la guerre du Kippour pour être précis. Elle a eu lieu en 1973 et a entrainé à l’époque le quadruplement des prix du pétrole.

Et puis les pays occidentaux, les premiers impactés à l’époque, ont appris à vivre avec des énergies fossiles beaucoup plus onéreuses. Cela n’a pas freiné pour autant le développement de leurs économies.

Lire aussi : Le transport aérien, coupable idéal, sacrifié sur l’autel de l’écologie radicale ?

Le transport aérien n’est plus supporté pas les pays occidentaux

Mais le transport aérien, source de considérables richesses, ne semble plus supporté par les gouvernements occidentaux qui lui préfèrent d’autres types de déplacements.

Finalement cela ne concerne qu’une toute petite partie de la population mondiale. Selon les dernières statistiques, l’Amérique du Nord et l’Europe ne représentent que 1,114 milliard d’habitants (Europe Orientale incluse) par rapport aux 4,730 milliards de l’Asie, aux 1,419 milliard d’africains et aux 710 millions d’habitants de l’Amérique latine et de l’Océanie.

Autrement dit, les pays dits « occidentaux » ne pèsent que 14% de la population mondiale, et les 86% restants, si l’on peut dire, sont, eux, avides des moyens de se développer, au premier rang desquels le transport aérien.

Les Occidentaux : premiers constructeurs d’avions

Et voilà bien un paradoxe. Les Occidentaux sont les premiers constructeurs d’avions et les gouvernements français, américain ou allemand sont les premiers à se réjouir des énormes commandes passées par les transporteurs des pays en recherche de croissance.

Par contre, ils s’efforcent d’en limiter l’utilisation en freinant les accès à leurs aéroports. Il est impensable d’imaginer la création d’une nouvelle importante plateforme aéroportée en Europe de l’Ouest, il est même probable que de nouvelles contraintes viennent s’abattre sur les gros aéroports actuels.

La pression des populations riveraines menées par des politiciens démagogues finit par avoir gain de cause. C’est simple, on veut bien à la rigueur des lignes aériennes, à la condition qu’elles soient quasiment gratuites, mais on ne veut plus entendre voler les avions.

C’est oublier un peu vite que les maires des communes proches des aéroports ont été les premiers à octroyer généreusement des permis de construire pour des populations qui ne pouvaient pas ignorer la présence des avions.

Les énormes progrès faits entre les appareils de la première génération des jets et les avions actuels qui ont une empreinte sonore 5 fois inférieure semble être passés aux oubliettes.

L’Aise se développe

Et pendant ce temps, les pays asiatiques sont en plein développement de leur transport aérien et d’abord des infrastructures aéroportuaires.

B[Les pays du Golfe ont commencé à s’équiper très sérieusement depuis le milieu des années 1980 sous l’impulsion d’Emirates et de l’Emirat de Dubaï.

Dans la foulée, le Qatar, puis la Turquie, Abu Dhabi]b, qui vient d’ouvrir un nouveau et important terminal ont suivi, en attendant l’énorme offensive de l’Arabie Saoudite.

Mais la frénésie de construction des nouveaux aéroports ne s’arrête pas là. La Chine s’est considérablement équipée d’infrastructures modernes et pratiques, l’Inde lui emboîte le pas, la Thaïlande a créé un nouvel aéroport à Bangkok sans compter la modernisation permanente de Singapour, pour ne citer que quelques exemples.

Cette vague d’équipements va de pair avec les commandes massives passées par les transporteurs asiatiques auprès des constructeurs occidentaux.

Quid de l’Afrique ?

Il ne faut pas être grand clerc pour prédire que l’Afrique, mais également l’Amérique latine vont aussi se lancer dans la mise aux normes internationales de leurs aéroports et organismes de contrôle aérien, dès que ces deux continents auront stabilisé leurs économies.

Alors qui croit encore au transport aérien ? L’immense majorité des populations de notre planète en fait le symbole du développement pour le bien-être de leurs peuples.

Et pendant ce temps-là, au lieu de supporter la nécessaire recherche pour l’amélioration du transport aérien, les gouvernements occidentaux ne trouvent, comme réponse, que la limitation du trafic. Cherchez l’erreur !

Lire aussi : "Un tourisme de masse en croissance ne sera jamais durable" selon Timothée Parrique 🔑

Jean-Louis Baroux
Jean-Louis Baroux
Jean-Louis Baroux est l'ancien président d'APG (Air Promotion Group) et le créateur du CAF (Cannes Airlines Forum) devenu le World Air Forum.

Grand spécialiste de l'aérien, il a signé aux éditions L'Archipel ''Compagnies Aériennes : la faillite du modèle'', un ouvrage que tous les professionnels du tourisme devraient avoir lu.

Les droits d'auteur de l'ouvrage seront reversés à une association caritative. On peut l'acquérir à cette adresse : www.editionsarchipel.com.

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Commentaires

1.Posté par Gilles Gompertz le 24/10/2023 10:27 | Alerter
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Bonjour,
la question que pose Jean-Louis est malheureusement beaucoup moins polémique qu'elle n'en a l'air. Pour la première fois dans l'histoire de notre pays, nous avons un ministre qui joue contre son camp, en indiquant que, quoi qu'il arrive, il veut taxer plus le transport aérien !
Mais nous avons une industrie et des acteurs qui savent innover : le transport aérien a gagné la bataille de la sécurité, en transformant le moyen de transport le plus "pointu" en moyen de transport le plus sûr, en générant tellement d'économies que de moyen de transport le plus coûteux (et réservé à une "jet society"), il est devenu incroyablement compétitif, face à l'automobile, au train, au bateau.
Oui, le transport aérien doit se réinventer pour gagner la bataille du 'Net Zero Emission' en 2050, et la bataille contre une écologie punitive d'ici là. Mais notre industrie a tout pour cela, et nos acteurs ne restent pas les bras croisés.
Fier de travailler dans le transport aérien !!

2.Posté par SERGE13 le 25/10/2023 06:08 | Alerter
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Je rappelle que les taxes sont payées par le consommateur. Les compagnies aériennes ne sont juste que les boîtes aux lettre entre le trésor public et le passager

3.Posté par Kaptain Power le 26/10/2023 08:58 | Alerter
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Encore un article qui ignore visiblement complètement l'énorme vague de fond qui nous arrive dessus et qui s'appelle le réchauffement climatique. Par ignorance? Par intérêt financier (on voit que l'auteur est un ancien d'"air promotion group")? Par idéologie?

Vous êtes tous intelligents, soyons pragmatiques et sérieux, pour rester à +1,5°C, il faut passer de 36,8 Gt CO2/an en 2019 à 2,2 en 2050, soit un effort de -94%!!
L'aviation représente actuellement 0,9 Gt CO2/an, soit approximativement le même ordre de grandeur que la métallurgique 3,4, ciment 2,8, numérique 1,8. On voit bien que l'aviation devra absolument réduire la voilure si l'on veut pouvoir survivre dans les décennies qui viennent.

Oui il faut limiter le trafic aérien d'urgence, en plus des autres sources de GES, c'est une question de vie ou de mort maintenant. Réveillez-vous!

4.Posté par Beauvy le 26/10/2023 12:22 | Alerter
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Merci de révéler au grand jour ce scandale: ce gouvernement, pas le plus engagé en terme de préservation du vivant, ose toucher au transport aérien, l'un des secteurs les plus polluant de la planète bénéficiant de cadeaux financiers qui n'ont plus de sens à l'heure où il est urgent de réduire les émissions carbone.
Quel audace vous avez M Baroux de sortir cet article pour critiquer qu'on commence à réduire les avantages faits à l'aérien, alors même que je vous lisais la semaine passée dans l'Echo touristique annoncer: « La décarbonation de l’aérien à l’horizon 2050 est un mensonge »

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