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Toulouse : la Ville Rose au fil de l’eau

La Garonne, le canal du Midi et le canal de Brienne


Connue pour son patrimoine architectural, Toulouse est aussi une ville d’eau qui s’ignore. La Garonne arrose ses quartiers centraux et les canaux du Midi et de Brienne entaillent son paysage. Ce maillage conduit à s’intéresser à la vie pénichière et aux anecdotes qui jalonnent l’histoire de ces chenaux.


Rédigé par Jean-François Rust le Lundi 6 Novembre 2023

Découverte de Toulouse au fil de l'eau - Photo JFR
Découverte de Toulouse au fil de l'eau - Photo JFR
C’est le kilomètre zéro du canal du Midi, là où tout a commencé. A l’interface des quartiers des Minimes, des Sept-Deniers et des Amidonniers, le port de l’Embouchure est le point de départ du canal.

C’est ici qu’il se jetait dans la Garonne, parachevant le rêve de Pierre-Paul Riquet de relier la Méditerranée à l’Atlantique via le fleuve. Mais entre 1682, année d’ouverture à la navigation, et aujourd’hui, le site a évolué. S’il reste le point 0 du canal du Midi, ce port… n’est plus une embouchure : il est devenu le point 0 du canal de Garonne, construit au 19ème s. pour doubler le fleuve et faciliter la navigation jusqu’à Bordeaux.

C’est enfin là qu’arrive le canal de Brienne, percé au 18ème pour relier le canal du Midi au centre de Toulouse, en amont d’un seuil naturel infranchissable pour les bateaux. Bref, venir au port de l’Embouchure, nommé aussi Ponts Jumeaux à cause des deux ponts jetés sur le canal du Midi et de Brienne, c’est comprendre l’architecture fluviale de la ville.

Maison-péniche Nougaro

Dire que le site est glamour est exagéré. Nœud de circulation routier, le Port de l’Embouchure pâtit d’un trafic automobile intense. Sur les quais, la symétrie de l’ouvrage encadré de murs de briques saute aux yeux.

En forme de canon, le port accueille une poignée de péniches dont la Maison Nougaro, le cabaret et lieu d’expos flottant que Cécile Nougaro a ouvert en 2019 en mémoire de son père. Du bassin, un troisième pont passe sous la chaussée et signe le départ du canal de Garonne, dont les premiers hectomètres filent au nord le long du quartier des Minimes.

Le cadre verdoyant serait agréable s’il n’y avait l’infernal barnum automobile. Cela ne semble pas déranger la dizaine de pénichiers résidentiels qui vivent là.

Toulouse : statue de Pierre-Paul Riquet

Le canal du Midi, lui, entame son parcours en ville par les boulevards de l’Embouchure puis des Minimes. L’histoire raconte que Pierre-Paul Riquet aurait souhaité qu’il passe plus près du centre. Mais il se serait heurté au refus des Capitouls, inquiets des risques d’inondations.

Les premiers biefs du canal sont loin d’être esthétiques. Jusqu'à la gare Matabiau, ils glissent entre des bâtiments quelconques et des avenues encombrées. Suivre ce canal, c’est aussi lever la tête pour découvrir la ville. A droite, boulevard Bonrepos, l’ancienne maison éclusière est connue des cyclistes toulousains : c’est la Maison du Vélo.

Une fois doublée la péniche-résidente de la Maison de la Violette, le canal se glisse entre les quartiers de Saint-Aubin, Guilhémery, le Busca et Côte Pavée. Coup d’œil à gauche sur la massive médiathèque Cabanis et la colonne Jolimont, dans le quartier éponyme.

Le passage au droit des Allées Jaurès rappelle la mémoire de Riquet. Là se tient une statue du concepteur du canal. Décédé à Toulouse en 1680 quelques mois avant l’achèvement de son œuvre, il est inhumé dans la cathédrale Saint-Etienne. Son sobre tombeau est visible au pied du pilier d’Orléans.

Port Saint-Sauveur, accueil des plaisanciers

Le quartier Saint-Aubin est traversé par la rue… Riquet. Celle-ci passe devant l’église Saint-Aubin, dont on aperçoit le chevet depuis le canal. Par sûr que la jeunesse rassemblée dans les nombreux bars du quartier étudiant sache ce que la ville doive au génial ingénieur. Plus loin est posté un bâtiment à fronton triangulaire, bâti en 1832.

L’inscription ne laisse aucun doute : Archives du Canal. Géré par les VNF, des trésors y sont précieusement conservés. L’édifice est proche du port Saint-Sauveur, principal lieu d’accueil des plaisanciers à Toulouse. Capitainerie, pontons d’amarrage, café… voient passer sous leurs yeux jusqu’à 2 000 bateaux par an. Le meilleur reste à venir.

Le bief tracé après le port est un pur plaisir de randonnée urbaine. Jusqu’au pont des Demoiselles, un tunnel d’arbres, des péniches amarrées, un chemin de halage piétonnier et cycliste et la proximité du très beau musée Georges-Labit (art oriental) forment un décor de charme. C’est sur ce tronçon que l’on trouve aussi l’étonnant bassin du radoub, un site de maintenance du canal et de réparation de péniches.

La surprise du bassin des Filtres

Revenons au Port de l’Embouchure.

Le canal de Brienne s’en échappe pour former la plus belle « coulée verte » de Toulouse : 1 500 m de ligne droite jusqu’à la Garonne, sous une voûte de platanes remarquable encadrée de chemins de halage et traversée par des passerelles. Dès 1776, celui qui s’appelait alors le canal Saint-Pierre a permis aux embarcations de « couper » la Garonne et de continuer leur navigation vers l’Aquitaine, en évitant un transbordement fastidieux au seuil du Bazacle.

Face à la première passerelle, un lieu étonne : le bassin des Filtres. Dans un espace de verdure étonnant, des bassins creusés en 1842 avaient pour fonction de nettoyer l’eau du canal venue du fleuve avant d’être rendue, propre, au canal de Garonne, par un siphon aménagé sous le port de l’Embouchure.

Le système a été abandonné mais il reste des sentiers, quelques maisons, des canards, des oiseaux, de l’eau… La nature en ville.

32 km de berges de Garonne

Au bout du canal de Brienne et de l’écluse Saint-Pierre, voilà donc la Garonne. Un chiffre, d’abord : le fleuve traverse Toulouse sur 16,3 km.

Cela laisse augurer du rôle de poumon vert qu’il peut remplir dans une ville où les parcs sont rares. Dans la fournaise estivale, le petit vent léger qui monte parfois de la Garonne jette les foules sur ses berges réaménagées. Le projet Grand Parc Garonne de la municipalité vise d’ailleurs à rendre agréable aux Toulousains et aux touristes les 32 km de berges. Beaucoup a déjà été fait.

L’Espace EDF Bazacle rappelle une fonction vitale des fleuves : créer de l’énergie hydraulique. La place Saint-Pierre vibre plutôt de l’énergie des étudiants qui envahissent chaque soir les terrasses de cafés. A La Daurade, plan incliné rénové vers le fleuve, la mémoire collective n’a pas oublié qu’il accueillait jusqu’au début du 20ème s. blanchisseuses, bateliers et bains publics.

Le Pont-Neuf et ses dégueuloirs, comme les hauts murs-digues de brique des quais évoquent le danger des crues de la Garonne. Celle de 1875 est restée célèbre par les mots qu’aurait prononcé Mac Mahon, alors Président de la République, venu voir le désastre : « Que d’eau, que d’eau ! ».

Projet Grand Parc Garonne

Par la promenade Henri-Martin aménagée sous le Quai de Tounis, l’avenue sous arche de la Garonnette évoque la présence d’un ancien bras de la Garonne asséché. Au bout, se trouve le joli pont de Tounis (ex pont de halage) et l’île du Ramier. Dans le cadre du projet Grand Parc Garonne, « l’île des sports » de Toulouse (Stadium, piscines, kayak, tennis…) doit être pour partie réaménagée en parc public. Au nord, la Pointe Saint-Michel a déjà été réagencée (café-restaurant, allée….).

La rive opposée du fleuve n’est pas en reste. Au pied du quartier Saint-Cyprien, elle a rajeuni. La Prairie des Filtres conduit au Château d’Eau, lieu d’expos photos réputé, puis au port Viguerie, un espace rendu récemment au public. Pelouses, allées, digue piétonne, passerelles, guinguettes… entre l’Hôtel Dieu et le célèbre dôme de l’hôpital de La Grave, la promenade du Dr Charles Rose attire les adaptes de la « rive gauche ».

La coulée verte des Amidonniers

Reste à tester l’un des derniers aménagements du fleuve : la coulée verte des Amidonniers. Rive droite, ce chemin piétonnier s’étire de l’espace EDF du Bazacle jusqu’au pont autoroutier sur la Garonne, là les eaux du canal du Midi se jetaient jadis dans le fleuve.

1,3 km paisible tracé le long du quartier des Amidonniers, ex bastion d’ouvriers des moulins du Bazacle, de la filature Boyer-Fonfrède, de la manufacture des tabacs ou d’une usine de limes et de faux… Des temps où l’eau régnait en maître, précieuse au naturel ou domptée par des esprits supérieurs comme celui de Pierre-Paul Riquet.

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