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Christian Scherrer (Airbus) : "Passer de la batterie à la production d’électricité embarquée !"

le constructeur veut relever le challenge de la décarbonisation


Les malheurs de Boeing, le carnet de commandes, les retards, les défis environnementaux... Christian Scherrer, directeur commercial
d’Airbus, avec à ses côtés Julie Kitcher vice-présidente executive communications et corporate affairs, s’est prêté au jeu des questions réponses, et nous a répondu franchement et sans langue de bois depuis Toulouse.


Rédigé par Christophe HARDIN le Vendredi 27 Décembre 2019

" nous acceptons le défi de la décarbonisation de notre industrie parce que nous pensons qu’Airbus a la culture, la technologie et les moyens de transformer cette obligation en un avantage compétitif pour notre maison et le bénéfice de nos clients...." Crédit photo Airbus - P. Masclet Master Films
" nous acceptons le défi de la décarbonisation de notre industrie parce que nous pensons qu’Airbus a la culture, la technologie et les moyens de transformer cette obligation en un avantage compétitif pour notre maison et le bénéfice de nos clients...." Crédit photo Airbus - P. Masclet Master Films
TourMaG.com : L’année 2019 est-elle une bonne année en termes de résultats et de commandes ?

Christian Scherrer
: D’abord, il faut dire que 2019 est l’année ou Airbus a dépassé la barre des 20 000 avions vendus depuis le début de notre histoire.

Nous sommes également très satisfaits des résultats commerciaux malgré un contexte international concurrentiel et mouvementé sur le plan géopolitique.

Les mouvements au sein de l’OMC et notamment la surtaxe de 10% imposée par les Américains sur les exportations d’avions européens a été pour nous un grave problème, et principalement pour nos clients car ces taxes incombent donc à l’importateur.

Nous sommes donc en discussions actives avec l’ensemble de nos clients américains qui sont directement touchés par cette taxe hostile. On essaie de trouver des solutions mais vous me permettrez de ne pas vous en dire plus.

A ce sujet je me permettrai de faire un peu d’autosatisfaction en rappelant que cette situation prouve à quel point il était sans doute judicieux pour Airbus de se positionner comme une entreprise internationale avec aujourd’hui une et bientôt deux chaines de montage aux Etats Unis.

Une chaîne qui sortira des avions qui eux seront exemptés de la taxe (les chaines US assemblent des moyens courrier A.320).

Je précise également que 40% de notre ‘’supply chain’’ a des racines américaines directes ou indirectes et donc taxer Airbus est un acte qui très vite aura un effet boomerang sur l’éco système aéronautique américain.

Ces taxes arrivent au moment où le programme de notre concurrent américain (le Boeing 737 MAX) est interrompu. Je ne peux pas me retenir de vous dire que je vois une corrélation directe entre les taxes imposées à Airbus et les problèmes que rencontre notre concurrent.
Nous voyons ses empreintes digitales sur cette fiscalité.

TourMaG.com : Souhaitez-vous une riposte ?

C.S
: Ce sont des questions très lourdes.
Nous sommes des industriels et en tant qu’industriels je veux être très clair, nous n’avons aucun intérêt à voir se développer une escalade dans ce domaine. Ce n’est pas dans l’intérêt de notre industrie, de notre supply chain et de nos clients d’assister à une escalade de protectionnisme et à la mise en place de barrières commerciales en particulier transatlantiques.

Nous ne sommes donc pas en tant qu’Airbus en train d’encourager ni les Etats Unis ni l’Europe à s’engager dans une guerre tarifaire.
Nous sommes en faveur d’une solution négociée comme c’était le cas avant que les Américains ne dénoncent l’accord qui existait en 2004 et nous encourageons les pouvoirs publics des deux côtés de l’atlantique à négocier un accord commercial.

Un millier de commandes en 2019 ? Un pari sur le point d'être remporté

Concernant les commandes pour 2019 elle pourrait atteindre un seuil symbolique.

(NDLR - A la date de l’interview, Le Directeur commercial espérait effectivement atteindre les 1000 commandes mais restait prudent sur les annonces. Depuis, Air France a confirmé sa commande de 60 A.220 et le pari devrait être gagné)

TourMaG.com : Un bémol cependant, les retards de livraisons sur les gammes A.320, A.321 quelle est la situation ?

C.S
: Effectivement nous concédons un léger dérapage de nos dates de livraisons notamment sur l’A.321 et en particulier sa nouvelle cabine qui est un peu victime de son succès et qui oui nous le concédons nous a fait ‘’trébucher’’.

Ces retards sont une réalité, nous le déplorons et travaillons très dur avec nos clients pour résorber ces effets qui sont quand même mineurs comparés à d’autres traumatismes que l’industrie connait en ce moment.

TourMaG.com - Envisagez-vous comme le dit la rumeur de créer une chaine d’assemblage supplémentaire ?

C.S :
C’est un scénario que nous regardons mais la décision n’est pas prise à ce stade.

TourMaG.com - Parlons de l’Airbus A220 200 et 300, Air France a l’intention de vous commander 60 de ces appareils. Dans ses projections, Air France semble anticiper également une version plus longue l’A.250.500 d’une capacité égale au 737 800. Cet avion existera-t-il ?

C.S
: Bien sûr ! La question n’est pas de savoir si cet avion existera mais plutôt quand sera-t-il lancé.

Ce n’est pas encore d’actualité. 2 versions pour l’instant (200 et 300) ont vocation à remplacer les A319 et Boeing 737 700. Nous voulons atteindre nos objectifs industriels et commerciaux sur la gamme existante.

Nous avons été gratifiés d’une intention de commande d’Air France qui je le pense est dans une logique de remplacement de ses A.319 et A.320. Nous en sommes absolument ravis. Cela confirme la pertinence économique du programme.

A350.100 : une signature de coût au siège, inégalable

TourMaG.com - Ce future A.220. 500, ne serait-ce pas l’avion idéal pour Transavia ?

C.S
: Vous me demandez si l’A.220 500 serait pertinent pour la filiale Transavia... Bien entendu. Et cela ne nous a pas échappé.

TourMaG.com - Sur le long courrier, Airbus vient de réaliser un très gros coup. L’A.350 1000 a été préféré par Quantas au B.777 pour opérer le vol le plus long du monde entre Sydney et Londres. Au-delà de ce succès, êtes-vous confiant concernant le succès de l’A350.100. Est-ce l’avion qui va se positionner sur le remplacement du Boeing 777 ER très long courrier ?

C.S
: Je suis très serein avec cet appareil qui a de beaux jours devant lui. Il est parfaitement optimisé en termes de moteurs, de structure, d’aérodynamique et de systèmes embarqués qui permet une signature de coût au siège inégalable.

Oui l’A350 100 est l’avion avec lequel nous allons attaquer le marché du remplacement du Boeing 777 300 ER Cette vague est en train de se bâtir au large mais elle n’est pas encore en train de déferler sur la plage. Nnous l’attendons avec notre planche de surf sous le bras.

TourMaG.com - Qu’en est-il de votre activité liée à l’A.380 dont vous avez décidé d’arrêter la production à partir de 2021 ?

C.S
: Elle reste très importante et nous assurerons la continuité de l’exploitation de ces avions pour les 10 années qui viennent et au-delà.

Les opérateurs continuent à recevoir les supports pour l’exploitation de ces avions pour les nombreuses années à venir. Nous commençons également à les accompagner dans la gestion des premières grandes visite de l’A.380 qui sont des événements majeurs pour les Compagnies. Nous accompagnerons également des clients comme Lufthansa et Quantas dans la rénovation de leur cabine.

TourMaG.com - Des A380 encore à livrer ?

C.S
: Oui encore une dizaine d’appareils en majorité pour Emirates mais aussi ANA (All Nippon Airways) qui nous a fait part de sa grande satisfaction des performances de l’avion.

L’A380 reste le favori de très nombreux voyageurs et je le considère comme ‘’La Reine des Cieux’’.

(NDLR - petite pique du Directeur commercial d’Airbus envers son concurrent Boeing dont le Boeing 747 avait hérité du surnom ‘’Queen of the sky’’)

Neutralisation de l’augmentation des émissions de CO2 en 2030

TourMaG.com - Pouvez-vous nous parler de vos objectifs en matière environnementale, quelles vont être les prochaines étapes ?

C.S
: Nos objectifs se sont bien évidemment ceux fixés par l’OACI et auquel Airbus a largement contribué dans leur élaboration à savoir : pour 2030 la neutralisation de l’augmentation des émissions de CO2 et pour 2050, une réduction de 50% des émission de CO2 par le transport aérien civil par rapport à l’année 2005.

Ce ne sont pas pour nous de simples aspirations mais bien des objectifs durs.

Nous ne voulons pas nous inscrire dans la posture consistant à dire ‘’mais non mais non ce ne sont pas les avions qui polluent le plus ce sont les bateaux les trains les moutons ou les vaches...’’

Non ! Nous, nous acceptons le défi de la décarbonisation de notre industrie parce que nous pensons qu’Airbus a la culture, la technologie et les moyens de transformer cette obligation en un avantage compétitif pour notre maison et le bénéfice de nos clients.
Nous allons embrasser ce phénomène dont nous serons leader sans être dans une posture défensive ou négative.

TourMaG.com - Où en êtes-vous de vos projets d’avion électrique ?
C.S
: L’avion électrique est effectivement un projet sérieux. Ce n’est pas un vernis mais un vrai plan avec l’ensemble de l’industrie et des motoristes.

TourMaG.com - Pourriez-vous nous en dire plus sur les performances opérationnelles des premiers appareils électriques ?

C.S
: Ce que je peux vous dire c’est que cela va commencer bien sûr avec des avions petits en taille et évoluant avec la technologie.
Le grand pas à franchir c’est de passer de la batterie à la production d’électricité embarquée et la frontière entre ces deux technologies est pour l’instant dans le secteur régional de l’aviation.

Ce qui nous importe c’est de démontrer très rapidement et ensuite faire croître les technologies nécessaires.







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Commentaires

1.Posté par Tahar Fouka le 28/12/2019 08:58 | Alerter
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J'ai beaucoup aimé lire cet article. On y ressent un dialogue sincère, en toute simplicité. Bref, pas de calculs dans les réponses. Cela fait du bien de lire un tel article, on y apprend pas mal de choses. Les années à venir seront très intéressantes sur le plan des projets existants ou futurs, à relever et à réaliser. Encore bravo pour cet entretien. Tahar Fouka.

2.Posté par Philips Brown le 28/12/2019 19:11 | Alerter
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Airbus Pourquoi ils peuvent pas aider Boeing pour trouver les solutions 737 max

3.Posté par Alain crucifix le 29/12/2019 08:14 | Alerter
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" Passer De la batterie à la production d'électricité embarquée" cela peut se dire aussi "avion motorisé avec pile à hydrogène," non?
Parfait...lorsque la production d'hydrogène pourra techniquement être 100% verte.

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