
Quand une destination promet détente, découverte, distraction, dépaysement n’a t-elle pas le devoir de gérer ses flux exogènes et de proposer au touriste le décor idyllique qu’elle a dépeint pour le séduire et qu’elle a importé dans son imaginaire ? - Photo Pixabay dimitrisvetsikas1969
Les médias font rarement dans la dentelle. Dès qu’un sujet leur semble un tant soit peu spectaculaire, ils aboient, surenchérissent, se répètent. Or, depuis l’an dernier, le sujet qui a eu l’heur de les séduire est bel et bien l’anti tourisme. Ou, pire : « le sur tourisme » ! Un terme traduit littéralement de l’anglais « overtourism », qui fait florès depuis qu’il a été prononcé à l’ITB de Berlin et fait figure de nouveauté.
Alors qu’en fait, il s’agit tout simplement de tourisme de masse !
… Mais comment en est-on arrivés là ? L’an dernier, l’Espagne et notamment les manifestations de Barcelone et de Mallorque amplement médiatisées ont attiré l’attention de l’opinion sur le phénomène.
Et, il a fallu attendre le drame des Ramblas pour que l’on change de braquet et que l’on en revienne à un sujet tout aussi spectaculaire mais autrement plus dramatique : le terrorisme.
Mais, à l’approche de la saison touristique 2018 et, depuis que l’OMT a publié les progressions spectaculaires du tourisme international l’an dernier, le déchaînement médiatique reprend de plus belle.
Tous les plateaux, de radio et télévision en redemandent. De la saturation du site d’Angkor à celle des Cinque Terre ou de Venise et Amsterdam, les images de hordes de touristes envahissant un patrimoine souvent classé par l’Unesco, sensé être préservé et admiré en toute quiétude, sont trop excitantes pour qu’on les ignore.
Alors qu’en fait, il s’agit tout simplement de tourisme de masse !
… Mais comment en est-on arrivés là ? L’an dernier, l’Espagne et notamment les manifestations de Barcelone et de Mallorque amplement médiatisées ont attiré l’attention de l’opinion sur le phénomène.
Et, il a fallu attendre le drame des Ramblas pour que l’on change de braquet et que l’on en revienne à un sujet tout aussi spectaculaire mais autrement plus dramatique : le terrorisme.
Mais, à l’approche de la saison touristique 2018 et, depuis que l’OMT a publié les progressions spectaculaires du tourisme international l’an dernier, le déchaînement médiatique reprend de plus belle.
Tous les plateaux, de radio et télévision en redemandent. De la saturation du site d’Angkor à celle des Cinque Terre ou de Venise et Amsterdam, les images de hordes de touristes envahissant un patrimoine souvent classé par l’Unesco, sensé être préservé et admiré en toute quiétude, sont trop excitantes pour qu’on les ignore.
Rien de nouveau sous le soleil
Or, n’importe quel professionnel du tourisme ou élu sait qu’il n’y a rien de bien nouveau sous notre soleil.
Voilà longtemps que les stations touristiques françaises affichent un littoral saturé de parasols et de serviettes éponge, alors que n’importe quelle commune touristique sait les inconvénients que représente le triplement d’une population durant la haute saison et les nuisances que ces phénomènes représentent pour les résidents.
Lesquels, quand ils ne vivent pas du tourisme, sont volontiers excédés de ne plus pouvoir garer leur voiture ou planter leur parasol sur la plage pour l’entretien de laquelle « ils paient des impôts » !
Mis en accusation, le vacancier n’a plus qu’à mal se tenir, à boire plus que de raison, à s’adonner à un tapage nocturne endémique les soirs d’été, à afficher un « look » débraillé voire indécent, et le voilà conspué et livré à la vindicte populaire !
Certes, ce touriste irrespectueux existe et il faut le combattre. Il est inadmissible de ne pas faire preuve de considération pour les populations qui nous accueillent et de négliger la fragilité du patrimoine naturel et artistique qui ont souvent traversé des siècles d’histoire sans encombre et se voient aujourd’hui assaillis et dégradés. Mais, qui est fautif ?
Voilà longtemps que les stations touristiques françaises affichent un littoral saturé de parasols et de serviettes éponge, alors que n’importe quelle commune touristique sait les inconvénients que représente le triplement d’une population durant la haute saison et les nuisances que ces phénomènes représentent pour les résidents.
Lesquels, quand ils ne vivent pas du tourisme, sont volontiers excédés de ne plus pouvoir garer leur voiture ou planter leur parasol sur la plage pour l’entretien de laquelle « ils paient des impôts » !
Mis en accusation, le vacancier n’a plus qu’à mal se tenir, à boire plus que de raison, à s’adonner à un tapage nocturne endémique les soirs d’été, à afficher un « look » débraillé voire indécent, et le voilà conspué et livré à la vindicte populaire !
Certes, ce touriste irrespectueux existe et il faut le combattre. Il est inadmissible de ne pas faire preuve de considération pour les populations qui nous accueillent et de négliger la fragilité du patrimoine naturel et artistique qui ont souvent traversé des siècles d’histoire sans encombre et se voient aujourd’hui assaillis et dégradés. Mais, qui est fautif ?
Le touriste est aussi une victime
Le développement touristique tel que le vingtième siècle l’a voulu et l’a conçu porte en lui les germes du phénomène. Inviter le plus grand nombre à consommer des vacances et des séjours touristiques s’inscrit dans l’ordre de l’histoire économique des pays avancés.
Inciter une population à adopter des pratiques hédonistes durant son temps libre s’inscrit dans l’histoire socio culturelle de l’Occident. Mettre en valeur le « beau » et provoquer sa mise en désir compte aussi parmi les étapes incontournables du progrès.
Dès lors, le développement touristique est irrémédiable. Et, c’est une bonne chose. D’autant qu’il crée des emplois et de la richesse, ouvre les esprits, provoque des rencontres et du plaisir. Mais, pour autant, cette activité de loisir éminemment thérapeutique, sensée apporter apaisement et supplément de bien-être et de connaissance, n’a t-elle pas la responsabilité de tenir les promesses faites à ses « clients » à grands coups de promotion, publicité, incitations diverses ?
Quand une destination promet détente, découverte, distraction, dépaysement (Les 4 D, en somme !) n’a t-elle pas le devoir de gérer ses flux exogènes et de proposer au touriste le décor idyllique qu’elle a dépeint pour le séduire et qu’elle a importé dans son imaginaire ?
Inciter une population à adopter des pratiques hédonistes durant son temps libre s’inscrit dans l’histoire socio culturelle de l’Occident. Mettre en valeur le « beau » et provoquer sa mise en désir compte aussi parmi les étapes incontournables du progrès.
Dès lors, le développement touristique est irrémédiable. Et, c’est une bonne chose. D’autant qu’il crée des emplois et de la richesse, ouvre les esprits, provoque des rencontres et du plaisir. Mais, pour autant, cette activité de loisir éminemment thérapeutique, sensée apporter apaisement et supplément de bien-être et de connaissance, n’a t-elle pas la responsabilité de tenir les promesses faites à ses « clients » à grands coups de promotion, publicité, incitations diverses ?
Quand une destination promet détente, découverte, distraction, dépaysement (Les 4 D, en somme !) n’a t-elle pas le devoir de gérer ses flux exogènes et de proposer au touriste le décor idyllique qu’elle a dépeint pour le séduire et qu’elle a importé dans son imaginaire ?
Combattre le tourisme de masse devient donc bel et bien un combat

Josette Sicsic - DR
La réponse ne peut être que positive. Oui, une destination a ce devoir. Et, le touriste est en mesure de l’exiger. Faute de quoi, il devient la victime d’un système irresponsable dans lequel s’engagent les gouvernements locaux ou nationaux, sans regarder plus loin que les recettes qu’ils engrangent.
D’ores et déjà, l’exaspération gronde dans les rangs des touristes qui, invités à visiter Lisbonne, Séville ou Barcelone et Venise sont obligés de piétiner dans des rues bondées, devant des monuments défigurés, dans une ambiance totalement dénaturée par le cosmopolitisme ambiant.
Plus tôt que prévu dans la compétition effrénée que se livrent les destinations, on en arrive à ce terrible constat selon lequel le touriste n’est pas l’agresseur, n’est pas l’oppresseur, n’est pas le bourreau des populations locales, il est aussi dans la majorité des cas, une victime.
Et, une victime non consentante qui, d’ores et déjà, se rebelle en boycottant certaines destinations suffisamment inconséquentes pour ne pas avoir anticipé le problème et limité les rotations aériennes et la multiplication des hébergements.
Alarmant en Europe, le plus gros continent réceptif, le drame se joue aussi sur la scène asiatique où les destinations d’Asie du sud est reproduisent en accéléré le scénario européen. Et, l’on observe déjà le recul des arrivées des élites occidentales comme on les observe dans toutes ces capitales européennes saturées par l’arrivée de nombreuses compagnies low cost.
Combattre le tourisme de masse devient donc bel et bien un combat qu’il va falloir mener avec une extrême habileté en évitant de pénaliser un parti au détriment de l’autre, en faisant entendre aux médias et à ceux qui nous gouvernent que le présent et le futur du tourisme dépendent de la préservation du désir de voyage.
Si ce futur est menacé, le touriste se tournera vers d’autres activités à défaut de se tourner vers d’autres horizons. Faire marche arrière n’est pas chose aisée, mais le touriste, plus que le tourisme, le vaut bien. C’est aussi lui qu’il convient de protéger.
D’ores et déjà, l’exaspération gronde dans les rangs des touristes qui, invités à visiter Lisbonne, Séville ou Barcelone et Venise sont obligés de piétiner dans des rues bondées, devant des monuments défigurés, dans une ambiance totalement dénaturée par le cosmopolitisme ambiant.
Plus tôt que prévu dans la compétition effrénée que se livrent les destinations, on en arrive à ce terrible constat selon lequel le touriste n’est pas l’agresseur, n’est pas l’oppresseur, n’est pas le bourreau des populations locales, il est aussi dans la majorité des cas, une victime.
Et, une victime non consentante qui, d’ores et déjà, se rebelle en boycottant certaines destinations suffisamment inconséquentes pour ne pas avoir anticipé le problème et limité les rotations aériennes et la multiplication des hébergements.
Alarmant en Europe, le plus gros continent réceptif, le drame se joue aussi sur la scène asiatique où les destinations d’Asie du sud est reproduisent en accéléré le scénario européen. Et, l’on observe déjà le recul des arrivées des élites occidentales comme on les observe dans toutes ces capitales européennes saturées par l’arrivée de nombreuses compagnies low cost.
Combattre le tourisme de masse devient donc bel et bien un combat qu’il va falloir mener avec une extrême habileté en évitant de pénaliser un parti au détriment de l’autre, en faisant entendre aux médias et à ceux qui nous gouvernent que le présent et le futur du tourisme dépendent de la préservation du désir de voyage.
Si ce futur est menacé, le touriste se tournera vers d’autres activités à défaut de se tourner vers d’autres horizons. Faire marche arrière n’est pas chose aisée, mais le touriste, plus que le tourisme, le vaut bien. C’est aussi lui qu’il convient de protéger.
Josette Sicsic est directrice et rédactrice en chef de Touriscopie, site de réflexion sociologique et marketing destiné aux professionnels du tourisme.
Pour en savoir plus, abonnez-vous à Touriscopie www.touriscopie.fr
Contact : touriscopie@gmail.com
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