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Convention Citoyenne sur le climat : les mesures qui affolent le secteur de l’aérien

la chronique de Christophe Hardin


Christophe Hardin, expert et chroniqueur aérien revient pour TourMaG.com sur les conséquences que pourraient avoir les mesures de la convention citoyenne sur le climat, sur le secteur aérien.


Rédigé par Christophe Hardin le Lundi 14 Septembre 2020

L’aviation générale, l’aviation d’affaire, les aéroports, les aéroclubs, les organismes de formation ce sont toutes les filières qui redoutent la mise en place de ces mesures, et effectivement le document de la DGAC a de quoi les effrayer - DR : Depositphotos, dell640
L’aviation générale, l’aviation d’affaire, les aéroports, les aéroclubs, les organismes de formation ce sont toutes les filières qui redoutent la mise en place de ces mesures, et effectivement le document de la DGAC a de quoi les effrayer - DR : Depositphotos, dell640
Il y avait le virus, voilà maintenant un projet de loi.

Pour le secteur de l’aérien, la métaphore est toute trouvée "les emmerdes, ça vole toujours en escadrille". Non vraiment, le transport aérien déjà si mal en point n’avait pas besoin de ces nouvelles menaces qui pèsent sur lui sous la forme de ces huit propositions préconisées par les 150 participants à la convention citoyenne sur le climat et dans la cadre d’une très prochaine proposition de loi.

Déjà très inquiets lorsqu’ils ont pris connaissance des mesures proposées, l’étude d’impact réalisée par la DGAC (Direction Générale de l'Aviation Civile) et qui vient de sortir a fait l’effet d’une bombe au sein des professionnels du secteur de l’aérien.

L’aviation générale, l’aviation d’affaire, les aéroports, les aéroclubs, les organismes de formation ce sont toutes les filières qui redoutent la mise en place de ces mesures, et effectivement le document de la DGAC a de quoi les effrayer quand on découvre les impacts économiques repris ci-dessous.

Une écocontribution pourrait plomber le secteur

L’adoption d’une écocontribution kilométrique renforcée aurait pour conséquence une augmentation des taxes de + de 4 milliards d’euros et une perte de trafic comprise entre 14% et 19% ainsi que la disparition de 120 000 à 150 000 emplois.

Organiser progressivement la fin du trafic aérien sur les vols intérieur d’ici 2025, sur les lignes où il existe une alternative bas carbone satisfaisante en prix et en temps (sur le trajet de moins de 4h) pénaliserait les hubs de CDG - Orly, ainsi que les passagers des aéroports qui ne pourraient plus réaliser de correspondance avion-avion.

A coup sûr, un Marseille - New York avec plus de trois heures de train et un transfert gare aéroport à Paris aura du mal à lutter contre un Marseille - New York via Londres, Francfort ou Rome…

Quant à promouvoir l’idée d’une écocontribution européenne, cette mesure impactera le secteur de l’aérien au niveau européen et contribuera à une inégalité entre les compagnies européennes et le reste du monde.

L'aviation de loisir également ciblée

La proposition SD-E344 consistant à interdire la construction de nouveaux aéroports et l’extension de ceux existants aurait aussi un impact énorme sur la capacité des aéroports français à capter les flux de passagers qui, malgré les crises, restera en constante augmentation.

L'aviation de loisir est elle aussi dans le collimateur de la convention et devrait être taxée d’avantage, pénalisant les aéroclubs et les personnes souhaitant découvrir ou pratiquer le pilotage.

Niet aussi pour les avions publicitaires, petits monomoteurs pourtant assez sobres, et remplaçant avantageusement des milliers de flyers papier.

Dans le ciel de nos vacances, fini ce petit bonheur du passage de l’avion, finie l’originale demande en mariage avec qui pourrait disparaître aussi des centaines d’emplois dépendant de ce métier.

Garantir que l’ensemble des émissions qui ne pourraient être éliminées soient intégralement compensées par des puits de carbone (plantation de forêt par exemple) entraîne aussi des surcoûts économiques.

Une première réunion de concertation reportée

Air France est déjà engagé sur une compensation de ce type pour ses vols moyen-courrier avec un programme nécessitant un investissement de plusieurs millions d’euros.

Imposer cette mesure à l’ensemble des acteurs de l’aérien dont certains en très grande difficulté aurait pour conséquence de les condamner à mort.

Reste la mesure ‘’SD-E7’’ qui préconise de soutenir à moyen terme, la recherche et le développement dans le développement d’une filière biocarburants pour les avions.

Excellente idée ! Mais précisons tout de même que cette proposition vient d’abord des acteurs du transport aérien qui n’ont pas attendu la convention citoyenne pour agir et demander du soutien.

Depuis plus de deux ans, Airbus, Safran, Total et Suez étudient la possibilité d’une future filière française du bio carburant et c’est à Toulouse au mois de janvier dernier que la ministre de la Transition écologique Elisabeth Borne et le secrétaire d’Etat chargé des transports Jean Baptiste Djebbari ont lancé un appel à manifestation d’intérêt pour la production de biocarburant aéronautiques durables.

Avant la présentation d’un projet de loi, l’ensemble de ces propositions devait faire l’objet, ce samedi 12 septembre, d’une première réunion de concertation entre les membres de la convention citoyenne, des ONG et les acteurs du transport aérien.

Mais après la parution de cette étude d’impact plusieurs participants dont Greenpeace ont annulé leur participation au dernier moment obligeant les services du Ministère à la reporter.

Dans un communiqué, l’organisation prétend qu’avec cette étude, ‘’Tout semble être fait pour discréditer les propositions portées par les citoyen’’.

Non. l’étude éclaire juste le citoyen sur les conséquences dramatiques en termes d’emploi et de compétitivité d’une mise en œuvre ‘’en l’état’’ de telles propositions.

S’agissant de la survie du pavillon aérien français et de la filière aéronautique, ce secteur d’excellence qui représente 300 000 emplois et 58 milliards d'euros de chiffre d’affaires, un peu de raison face au sectarisme de certains est le bienvenu.

Christophe Hardin - DR
Christophe Hardin - DR
Christophe Hardin a, à son actif, de nombreuses heures de vol en tant que personnel navigant commercial.

Il est adhérent à l'Association des journalistes professionnels de l'aéronautique et de l'espace (AJPAE) ainsi qu'à l'Association des journalistes du Tourisme (AJT).

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Commentaires

1.Posté par Didier le 15/09/2020 17:32 | Alerter
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Avec cette attitude, le transport aérien va tout droit au crash, et je ne parle pas de l'attitude du gouvernement mais bien du secteur aérien qui ne semble pas avoir pris la mesure de la crise climatique. S'adapter c'est difficile mais potentiellement indolore. Accessoirement ça fait des décennies que cette crise s'annonce, j'invite les professionnels du secteur aérien à lire les rapports du GIEC, dès lors si ils ont des enfants je suis persuadé qu'ils comprendront mieux les mesures du gouvernement. L'avion de masse c'est terminé, prendre l'avion si il y a une alternative c'est terminé, prendre l'avion pour une réunion ou une conférence ou une semaine à la plage, c'est terminé. Et censurer une fois de plus mes commentaires n'y changera rien.

2.Posté par Vic le 15/09/2020 18:56 | Alerter
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Je ne vous connais pas Didier mais je suis d'accord avec vous...
Ami.e.s du Tourisme, regardez ce qu'il se passe dans le monde, les feux en Californie, les secheresses, etc...notre monde change et ce n'est que le début! Anticiper et s'adapter à ces changements aujourd'hui c'est éviter de les subir dans un futur très proche. Tous les secteurs vont avoir à faire des renoncements et beaucoup de consommateurs de sont déjà engagés dans la voie de la sobriété. il y a des nouveaux comportements à avoir face à notre consommation de l'avion ... Pas l'arrêter mais le diminuer c'est certains. Un français moyen produit à peu près 12T de CO2 par an et pour respecter les accords de Paris il ne faut pas dépasser 2T...c'est à dire un vol LC par an...#oneplanet

3.Posté par Cédric le 15/09/2020 23:29 | Alerter
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Il y a une information que vous oubliez d'avancer : d'ici 2030, afin d'espérer rester sous la barre des 2°, nous devons passer à 2t de Co2 par francais et par an... c'est moins que l'équivalent d'un vol Paris-Marrakech. Les compensations carbones sont du vent, une manière de se donner bonne conscience, qui n'a démontré aucun resultat positif. L'avion électrique pose d'autres soucis environnementaux (batteries lithium, nucléaire, etc...)
Il est peut-être temps de revenir les pieds sur terre, ce modèle n'est pas supportable pour la planète. Et pour les emplois, créons les dans le ferroviaire.

4.Posté par David. T le 16/09/2020 00:54 | Alerter
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Le gouvernement n'a que faire du réchauffement climatique, pour preuve il s'attaque juste à l'aérien au profit du train qui est déficitaire pour juste remplir les caisses de la SNCF. Si le gouvernement se préoccupait vraiment du réchauffement climatique il aurait refusé le déploiement de la 5G. Si on regarde bien c'est l'électricité à tout va qui est responsable du réchauffement climatique car les points électriques chauffent... Et que faut-il pour faire de l'électricité? Du nucléaire qui est bien plus dangereux pour l'éco système que l'avion. Et que vont-ils faire des éléments radioactifs? L'enterrer comme ils ont déjà commencé en Allemagne. Le gouvernement crée de la concurrence déloyale entre l'avion et le train. Que du profit au détriment du réchauffement climatique et ce gouvernement prend pour fausses excuses le CO2 dégagé par les avions, dans ces cas là arrêtons toutes les voitures aussi. C'est sûr qu'il fait faire attention au CO2 mais qui est bien moins dangereux de toute cette radioactivité qui augmente de jour en jour à tout électriser sans se préoccuper de la nature. La nature peut absorber le CO2 pas la radioactivité mais celà ne veux pas dire qu'il faut enfumer toute la planète, il faut un juste milieu. Regardez par exemple, l'aérien n'avait pas repris après le déconfinement qu'il y avait déjà une pollution de l'air à Paris. Les compagnies aériennes devraient porter plainte contre le gouvernement pour concurrence déloyale. Et nous devons pas laisser faire ça et réagir. La SNCF aura le monopole et pratiquera des prix exorbitants...

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