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Emploi : vers une guerre des talents en 2030 ?

Des compétences technologiques


Dans une étude publiée en mai dernier, le cabinet McKinsey analyse l’impact du numérique et de l’intelligence artificielle sur le monde du travail, pour mieux cerner les compétences clés demandées à l’horizon 2030.


Rédigé par le Lundi 16 Juillet 2018

Photo libre de droit
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Les progrès de l'automatisation, de la robotique et de l'intelligence artificielle modifient le monde du travail et font évoluer les attentes en terme de main d’oeuvre. Le cabinet McKinsey publie une nouvelle étude Skill shift : automation and The future of the Workforce, pour identifier les compétences humaines qui seront les plus demandées au sein de l’entreprise, à l’horizon 2030.

Une étude à prendre avec précaution. "Il y a cinq ans, aucun expert n'a été capable d'anticiper l'impact de l'intelligence artificielle aujourd'hui, se souvient Vincent Klingbeil, cofondateur et directeur général d'Ametix, une digital company spécialisée dans les métiers du web technique et du web marketing. Il faut prévoir, qu'il y aura de l'inattendu. Ça va tellement vite."

Dans son étude, le cabinet quantifie le temps consacré à 25 compétences de base, regroupées en cinq grandes familles, en milieu de travail aujourd'hui et à l'avenir, aux Etats-Unis et dans 14 pays européens.

Selon les calculs de McKinsey, malgré la part grandissante de l’automatisation, le nombre total d'heures travaillées en 2030 dans ces pays devrait progresser d'environ 5 % (683 milliards d'heures en 2030 contre 650 milliards aujourd'hui). Les compétences nécessaires, elles, vont grandement évoluer.

L'automatisation va accélérer l'évolution des profils. Il s'agit de la plus importante évolution depuis ces 15 dernières années.

"L'intelligence artificielle, à travers les robots, la reconnaissance faciale, l'automatisation des tâches, etc... vont bouleverser les cinq à dix prochaines années ", selon Vincent Klingbeil.

Plus de compétences technologiques, moins de compétences manuelles

D'ici à 2030, les compétences technologiques, en particulier celles liées au numérique, à l'informatique et à l'analyse de données, connaîtront la plus forte hausse. Elle augmentera de 55 %, pour représenter d'ici à 2030 17% des heures travaillées, contre 11% en 2016.

Une prévision que ne partage pas Vincent Klingbeil : "Les développeurs pourront se faire disrupter. Je pense au contraire que les métiers "intellectuels" ont plus de soucis à se faire que l'artiste peintre", remarque Vincent Klingbeil.

Et côté tourisme ? "Les gens aiment toujours aller dans leurs agences de voyages, mais la fréquentation est en déclin. Les agents peuvent se faire remplacer par des chatbot pour la partie conseil."

Selon l'étude, l’autre hausse de la demande la plus importante observée concerne les compétences sociales et émotionnelles : telles que la capacité à négocier, à manager, à prendre soin des autres, mais aussi à former et à enseigner (+24%).

La demande liées aux compétences cognitives va croître modérément, mais augmentera fortement en ce qui concerne la créativité, mais aussi la gestion de projets, la lecture ou l'écriture de niveau supérieur.

Ainsi la part prépondérante que prennent les machines dans le monde du travail n’empêcherait pas les aspects strictement humains de se développer.

"Il y aura également des opportunités. Si je prends l'exemple de l'hôtellerie, un nouveau métier qui est apparu et qui est hyper stratégique, les yield manager ont maintenant pour mission de faire en sorte de trouver à l'instant T, l'offre et la demande et de faire matcher les deux.C'est l'exemple de Uber qui trouve le véhicule le plus proche" , souligne le directeur général d'Amétix.

En revanche, quel que soit le secteur étudié, les compétences physiques et manuelles, ainsi que les compétences intellectuelles de base, vont reculer de respectivement 14 % et 15 % à mesure que les robots, d'une part, et l'intelligence artificielle, d'autre part, vont se charger d'un plus grand nombre de tâches.

L’évolution de ces chiffres sera différente selon les secteurs d’activité. La demande pour les compétences physiques devrait diminuer, notamment dans le secteur manufacturier, sauf pour les soins de santé où elles augmenteraient.

Un nouveau mode d’organisation

Selon l’étude, face à l’évolution du monde du travail, les entreprises devront apporter des changements organisationnels significatifs, pour rester compétitives devant ces changements de compétences.

Une enquête de McKinsey auprès des dirigeants de plus de 3 000 entreprises de sept pays met l'accent sur l'apprentissage continu des travailleurs, un passage à un travail plus polyvalent et basé sur l'équipe. Comme les tâches changent, les emplois auront besoin d’être redéfinis.

Le leadership et les ressources humaines devront également s'adapter. Près de 20% des entreprises disent que leur équipe de direction manque de connaissances suffisantes pour mener l'adoption d'automatisation et d'intelligence artificielle, selon les résultats de l’étude du cabinet McKinley.

"Les systèmes éducatifs et de formation doivent évoluer pour s’adapter aux nouvelles compétences. C’est un enjeu d’intérêt général, car cela évolue vite. Il faut une union sacrée entre l’économie et la politique pour changer la formation et l'éducation", expliquait Eric Hazan, directeur associé senior chez McKinsey à nos confrères de l’Usine Digitale à l’occasion d’une conférence de presse, lors du salon Viva Technology 2018

"Les jeunes ne sont pas formés à vivre avec l'IA, alors que c'est ce qui les attend. Aujourd'hui, on leur demande de raisonner d'une manière totalement différente. L'éducation n'est pas adaptée au défi qui attend les jeunes ", affirme Vincent Klingbeil.

Autre impact de cette évolution du monde du travail : la concurrence pour les travailleurs hautement qualifiés devrait augmenter, et entraîner une hausse de leurs salaires. Pour les travailleurs peu qualifiés, l'inégalité des revenus devrait se creuser.

Les entreprises avant-gardistes pourraient attirer les talents rapidement, tandis que celles qui seraient plus lentes à s’adapter verraient leurs options plus limitées.

Caroline Lelievre Publié par Caroline Lelievre Journaliste - TourMaG.com
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