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Exploris : "Il y a des échanges avec des investisseurs, rien n'est finalisé" [ABO]

Interview d'Éric Lustman, vice-président d'Exploris


En avril 2025, Éric Lustman nous annonçait que le succès des affrètements permettait à Exploris d'envisager l'acquisition d'un nouveau navire. Mais une forte vague s'est abattue sur la compagnie. Privée du juteux contrat signé avec le tour-opérateur Adventure Canada, Exploris a sollicité l'ouverture d'une procédure de redressement. Qu'en est-il de la suite ? Les croisières vont-elles s'arrêter ? Entretien avec Éric Lustman.


Rédigé par le Vendredi 3 Octobre 2025

Exploris : "Il y a des échanges avec des investisseurs, rien n'est finalisé"  - Photo JDL
Exploris : "Il y a des échanges avec des investisseurs, rien n'est finalisé" - Photo JDL
Les salariés d'Exploris, bien que basés à Nantes, sont secoués par une rare tempête, de quoi ébranler le château des ducs de Bretagne.

En appelant Éric Lustman, le vice-président de la compagnie, nous comprenons que la situation est grave, non pas par son ton ni son discours, mais par les sonneries d'appels qui filtrent à travers le téléphone.

Les clients, agents de voyages et autres partenaires se renseignent pour prendre des nouvelles, suite à l'annonce du redressement judiciaire de la société dévoilée la veille.

"Depuis la publication, ça n'arrête pas. Nous avons reçu énormément de messages de soutien.

Nous avons une image très positive, parce que le produit est bon et les retours des clients sont excellents.

Actuellement, le bateau est en arrêt technique (à Las Palmas, aux Canaries, ndlr), comme c'est le cas entre chaque intersaison, afin de préparer la saison hivernale qui se profile en Antarctique.

C'est, entre guillemets, business as usual, même si nous sommes conscients que notre statut actuel va provoquer des craintes,
" nous explique le vice-président d'Exploris.


Exploris : "Nous avons pris la décision" du redressement

En effet, les guillemets sont importants.

Le 12 septembre 2025, le tour-opérateur et principal partenaire industriel d'Exploris a décidé de rompre un contrat signé en décembre 2024, d'une valeur de 20 millions de dollars (17 millions d'euros) répartis sur 3 ans.

Adventure Canada a bien versé le premier acompte de 1,5 million de dollars (1,28 million d'euros), mais a préféré arrêter les frais, à cause d'un taux de remplissage inférieur aux attentes, selon nos confrères d’Ouest-France.

Privée d'une manne importante, la compagnie n'a pas eu d'autre choix.

"Nous avons pris la décision, ce n'est pas quelque chose qui se prend à la légère, de nous placer sous protection en procédure collective. C'est une décision de gestion.

Malheureusement, nous avons un petit problème de cash flow qui a été accentué par cette annulation de dernière minute d'un gros affréteur, ce qui nous a énormément compliqué la tâche. Cela nous oblige à initier cette procédure collective.

Encore une fois, ce n'est pas une cessation d'activité, nous ne sommes pas en liquidation. À l'heure où je vous parle, toutes les croisières sont maintenues,
" poursuit Éric Lustman.

La cessation de paiement a été fixée au 20 juin 2025, suite au jugement du tribunal de commerce de Nantes prononcé le 24 septembre 2025.

L'entreprise se trouve en observation et sous tutelle d'un administrateur judiciaire jusqu'au 24 mars 2026. Cette période peut être renouvelée une fois, pour 6 mois. Les croisières doivent reprendre en novembre prochain.

Exploris : "C'est simplement une étape dans la vie de l'entreprise"

Le jugement est tombé le 24 septembre 2024. La priorité a été de prévenir les partenaires.

"Pour tout vous dire, nous avons tenu informés nos principaux distributeurs, avant même l'annonce d'hier (mardi 1er octobre, ndlr).

C'est simplement une étape dans la vie de l'entreprise, une étape compliquée. Les équipes restent pleinement mobilisées pour que ça continue. Nous sommes les premiers concernés par cette épreuve et je tiens à remercier tous les messages de soutien que nous recevons.

Nous avons de nombreux atouts et une équipe expérimentée pour continuer l'aventure. Notre ambition est intacte, nous allons tout faire pour y parvenir,
" affirme avec conviction le vice-président d'Exploris.

Au siège nantais, rien ne change, par contre dans les bureaux parisiens le tintement des sonneries de téléphone se fait incessant.

Les salariés sont toujours à leurs postes, aucun licenciement n'a eu lieu. La tutelle de l'administrateur judiciaire n'a pas modifié le quotidien des équipes, qu'elles soient à terre ou sur le navire, d'après le responsable.

En tout, ils seraient 130 personnes sous contrat, dont 38 Français.

Finalement, le redressement n'est pas lié à une mauvaise gestion de la compagnie, mais plutôt à un coup du sort malheureux, associé à la faible appétence de nos compatriotes pour la croisière.

"2024 a été compliquée, parce que c'était notre année de lancement.

Puis, pour nous différencier, nous avons volontairement mis l'accent sur les marchés francophones. Sauf que, je ne vais pas l'apprendre aux lecteurs de TourMaG.com : la dynamique n'est pas la même que sur les autres marchés de la croisière.

Les résultats n'étaient pas à la hauteur de nos attentes initiales, mais malgré tout, la dynamique depuis le début de l'année est excellente. Pour preuve, aujourd'hui, nous sommes dans les clous de notre business plan.
"

Exploris : "aucune annulation de croisière" n'est prévue

L'exercice 2025 affiche une progression de 17%.

L'année 2026 s'annonce même prometteuse, malgré les affrètements annulés par Adventure Canada.


"C'est un peu le paradoxe de la situation. Nous avions des réservations et des affrètements en forte progression (70 jours sur l'exercice, ndlr), des prévisions qui nous permettaient d'être optimistes.

Cette procédure, que l'on a décidée d'engager, nous permet de gagner un peu de temps.
Celui-ci sera nécessaire pour finaliser des accords et continuer à opérer.

Il y a beaucoup d'exemples d'entreprises qui sont passées par cette étape et qui existent encore,
" veut dédramatiser Éric Lustman.

Un responsable qui ne se fait pas d'illusion sur les conséquences de la nouvelle sur les ventes.

Alors que des cabines se libèrent, en raison de la rupture du contrat avec le TO canadien, les agences de voyages ne vont pas se précipiter sur les stocks nouvellement disponibles, c'est une évidence.

"Nous allons tenter de les rassurer. Ce n'est pas une cessation d'activité et aucune annulation de croisière n’est prévue dans l'immédiat.

Nous espérons que dans les semaines qui viennent pouvoir proposer un plan plus solide et plus rassurant pour nous inscrire dans le temps,
" se montre optimiste le dirigeant.

Exploris : "Il y a des discussions avec des investisseurs"

Le pire des scénarios, n'est pas, pour l'heure, privilégié par les équipes.

"Cette ouverture du capital était nécessaire, avant même le redressement. Aujourd'hui, nous avons uniquement des investisseurs privés et, avec notre volonté de développement dans une conjoncture qui n'est pas évidente, il nous faut un capital plus solide.

Il y a eu des discussions, certaines n'ont pas abouti et d'autres ont été initiées depuis.

Le redressement nous permet de gagner un peu de temps et de poursuivre les discussions avec de potentiels investisseurs. Il y a des échanges, mais rien n'est finalisé.

L'annonce de la procédure a déjà suscité des intérêts, c'est aussi l'un de ses bienfaits, si je puis dire. C'est hyper frustrant, nous savons que nous avons un bon produit.

Nous avons véritablement des passagers enthousiastes et surtout certains devenus très fidèles en si peu de temps. Il y en a quand même qui en sont à leur cinquième ou sixième croisière.

Ça démontre qu'il y a une vraie adhésion et qu'on ne peut pas en rester là, ça ne fait que nous motiver encore plus pour trouver une solution,
" conclut Éric Lustman.

La recherche de partenaires se poursuit donc auprès de personnes du secteur touristique, mais pas seulement. Le montant du chèque pour offrir de la visibilité à Exploris est fixé à 4 millions d'euros minimum.

Reste à savoir qui sera disposé à mettre cette somme, même modeste au regard de l'investissement initial de 30 millions
pour acquérir et rénover le bateau.


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