Calet met en scène un personnage lui ressemblant probablement comme une goutte d’eau, appelé à représenter la presse française lors d’un congrès à Padoue ! - Depsoitphotos.com Fotofabrika
Beaucoup moins connu que ses illustres prédécesseurs, Henri Calet dont les oeuvres sont aujourd’hui rééditées, compte non seulement parmi les plumes les plus drôles de son époque, mais aussi parmi ces voyageurs les plus étrangers à leur voyage qui, entre envie de partir et envie de rentrer, louvoient tout au long de leur périples et de leur narration, sans très bien comprendre dans quelle galère et dans quel pays ils se sont engagés. Mais avec quel plaisir !
Dans l’un de ses meilleurs ouvrages « L’Italie à la paresseuse » écrit juste après guerre, Calet met en scène un personnage lui ressemblant probablement comme une goutte d’eau, appelé à représenter la presse française lors d’un congrès à Padoue ! « Au fond, j’avais de longue date envie de visiter l’Italie » ! s’écrie dès les premières pages, le journaliste en question.
Ce qui jusque là, est plutôt bon signe. En effet, depuis le dix huitième siècle, nul n’ignore que l’Italie a cristallisé les rêves de plusieurs générations de voyageurs en quête d’émotions artistiques et culturelles. Et ce n’est pas fini, puisque cette destination reste solidement accrochée au sommet des hit-parades touristiques avec quelque 50 millions de visiteurs annuels et le restera sans doute pendant de très longues années !
Mais, sur les pas de ses très illustres prédécesseurs que sont Montaigne, Rousseau, Stendhal, Chateaubriand, Musset, George Sand et autres Flaubert, Lamartine, Théophile Gautier…
Dans l’un de ses meilleurs ouvrages « L’Italie à la paresseuse » écrit juste après guerre, Calet met en scène un personnage lui ressemblant probablement comme une goutte d’eau, appelé à représenter la presse française lors d’un congrès à Padoue ! « Au fond, j’avais de longue date envie de visiter l’Italie » ! s’écrie dès les premières pages, le journaliste en question.
Ce qui jusque là, est plutôt bon signe. En effet, depuis le dix huitième siècle, nul n’ignore que l’Italie a cristallisé les rêves de plusieurs générations de voyageurs en quête d’émotions artistiques et culturelles. Et ce n’est pas fini, puisque cette destination reste solidement accrochée au sommet des hit-parades touristiques avec quelque 50 millions de visiteurs annuels et le restera sans doute pendant de très longues années !
Mais, sur les pas de ses très illustres prédécesseurs que sont Montaigne, Rousseau, Stendhal, Chateaubriand, Musset, George Sand et autres Flaubert, Lamartine, Théophile Gautier…
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Le personnage inventé par Calet n’est pas homme à vraiment s’extasier ni sur les ruines du Colisée ni sur le palais des Doges. Petit journaliste sans talent ni ambition, il avoue plus volontiers son penchant pour les merveilleux apéritifs qu’il peut siroter sur de merveilleuses terrasses de café, les restaurants abondant en bonne chère et en bons vins et les belles Italiennes qui virevoltent autour de lui.
Au diable les émotions esthétiques : « l’Italie est revêtue d’une croûte, d’une patine artistique qu’il faudrait avoir l’énergie de gratter, mais on est si nonchalant ! » confesse le voyageur en dispersant néanmoins quelques considérations d’ordre touristique basées sur les petits travers du paysage et ceux de la population locale.
C’est ainsi qu’à Rome, il évoque abondamment les hirondelles accrochées au ciel et aux fils électriques, les vespas qui roulent en essaims bourdonnant et le terrifient, les cerises que l’on présente en bouquets et surtout les chiens de course du cynodrome où il a passé toutes ses journées à faire des paris : « Quand je ressonge à Rome, confesse-t-il, c’est surtout des chiens que je vois ! » La messe est dite.
Les petites choses sont les vedettes de ce voyage en Italie. En quelque deux cent pages hilarantes, l’archétype du touriste ignare, maladroit, indifférent à l’environnement dans lequel il évolue, est esquissé et précisé et n’en finira pas désormais d’être détaillé, bien décidé à se hisser au premier plan de l’imagerie touristique et à y rester.
Le cinéma, la presse, la littérature dans les années suivantes, n’ont pas été avares de ces caricatures de gros bêtas que l’industrie touristique a procréés en masse, assistée par les transporteurs aériens et autres hébergeurs, par le marketing et les progrès de la société de consommation. Mais attention, ces « bofs » comme on est tenté de les appeler éprouvent souvent un plaisir inouï à courir le monde.
Au diable les émotions esthétiques : « l’Italie est revêtue d’une croûte, d’une patine artistique qu’il faudrait avoir l’énergie de gratter, mais on est si nonchalant ! » confesse le voyageur en dispersant néanmoins quelques considérations d’ordre touristique basées sur les petits travers du paysage et ceux de la population locale.
C’est ainsi qu’à Rome, il évoque abondamment les hirondelles accrochées au ciel et aux fils électriques, les vespas qui roulent en essaims bourdonnant et le terrifient, les cerises que l’on présente en bouquets et surtout les chiens de course du cynodrome où il a passé toutes ses journées à faire des paris : « Quand je ressonge à Rome, confesse-t-il, c’est surtout des chiens que je vois ! » La messe est dite.
Les petites choses sont les vedettes de ce voyage en Italie. En quelque deux cent pages hilarantes, l’archétype du touriste ignare, maladroit, indifférent à l’environnement dans lequel il évolue, est esquissé et précisé et n’en finira pas désormais d’être détaillé, bien décidé à se hisser au premier plan de l’imagerie touristique et à y rester.
Le cinéma, la presse, la littérature dans les années suivantes, n’ont pas été avares de ces caricatures de gros bêtas que l’industrie touristique a procréés en masse, assistée par les transporteurs aériens et autres hébergeurs, par le marketing et les progrès de la société de consommation. Mais attention, ces « bofs » comme on est tenté de les appeler éprouvent souvent un plaisir inouï à courir le monde.
Son « moi » pour tout bagage
Si, insensiblement, « L’idiot du voyage » prend forme… Il prend d’autant plus forme qu’au terme d’un périple en Vénétie, Toscane, Latium durant lequel le héros du roman de Henri Calet accumule petites déconvenues, ratages, mésaventures de toutes sortes, le malheureux voyageur se rend à l’évidence : « Ce qui rend les voyages à peu près inutiles, c’est que l’on se déplace toujours avec soi, avec les mêmes pensées, le même passé, les mêmes ennuis, le même tour d’esprit, les mêmes appréciations sur les choses et les gens. Où que l’on se trouve, on n’est jamais seul ! »
Quelques lignes plus loin, insistant sur le même thème, il soupire encore plus amèrement : « Ne plus s’avoir dans les pattes, ne plus se voir, ne plus s’avoir sur le dos ! être un peu seul » ! Et le voilà de conclure : « J’en ai par dessus la tête de ce monsieur qui sait tout d’avance… Fichu compagnon de route ! »
En quelques phrases bien tournées, Calet a également tout dit sur l’une des notions les plus débattues par la littérature et la sociologie du voyage : est ce que l’ailleurs a les capacités de débarrasser un individu de ses soucis ? Mieux, a-t-il le pouvoir de venir à bout des démons d’un voyageur irrémédiablement reclus dans les profondeurs de son moi ? Effectivement, dans certains cas, la rupture ne se fait pas.
Le voyage n’efface par les tourments intérieurs d’un individu égocentré qui, malgré l’altérité extérieure et les richesses qu’elle lui propose, reste rivé à son moi et décline toute invitation d’ordre culturel. « Voyage au dessous de la ceinture », le voyage en Italie d’Henri Calet restera un modèle du genre et le personnage inventé dans ce roman, l’archétype même de ces millions de touristes internationaux qui ne parviennent pas à se débarrasser de leur encombrante présence ni à se dépatouiller des découvertes qu’ils sont censés faire au cours de le voyage.
Ils cheminent à travers le monde sans le voir ! A côté de leurs pompes, ils restent bien médiocrement à côté du monde ! Mais, ils n’en souffrent pas pour autant. Au contraire. Le dépaysement est source d’immense plaisir. Le tourisme en dilettante au sens italien du terme : celui qui prend plaisir à vivre, est un amusement de tous les moments que tant d’autres comme Jean Giono par exemple défendront à leur tour.
Sources : L’Italie à la paresseuse. Henri Calet. Editions La dilettante.
Quelques lignes plus loin, insistant sur le même thème, il soupire encore plus amèrement : « Ne plus s’avoir dans les pattes, ne plus se voir, ne plus s’avoir sur le dos ! être un peu seul » ! Et le voilà de conclure : « J’en ai par dessus la tête de ce monsieur qui sait tout d’avance… Fichu compagnon de route ! »
En quelques phrases bien tournées, Calet a également tout dit sur l’une des notions les plus débattues par la littérature et la sociologie du voyage : est ce que l’ailleurs a les capacités de débarrasser un individu de ses soucis ? Mieux, a-t-il le pouvoir de venir à bout des démons d’un voyageur irrémédiablement reclus dans les profondeurs de son moi ? Effectivement, dans certains cas, la rupture ne se fait pas.
Le voyage n’efface par les tourments intérieurs d’un individu égocentré qui, malgré l’altérité extérieure et les richesses qu’elle lui propose, reste rivé à son moi et décline toute invitation d’ordre culturel. « Voyage au dessous de la ceinture », le voyage en Italie d’Henri Calet restera un modèle du genre et le personnage inventé dans ce roman, l’archétype même de ces millions de touristes internationaux qui ne parviennent pas à se débarrasser de leur encombrante présence ni à se dépatouiller des découvertes qu’ils sont censés faire au cours de le voyage.
Ils cheminent à travers le monde sans le voir ! A côté de leurs pompes, ils restent bien médiocrement à côté du monde ! Mais, ils n’en souffrent pas pour autant. Au contraire. Le dépaysement est source d’immense plaisir. Le tourisme en dilettante au sens italien du terme : celui qui prend plaisir à vivre, est un amusement de tous les moments que tant d’autres comme Jean Giono par exemple défendront à leur tour.
Sources : L’Italie à la paresseuse. Henri Calet. Editions La dilettante.
Retrouvez les autres articles de notre série "La contribution des écrivains voyageurs"
D’hier à demain
Le plaisir lié aux vacances et aux voyages n’est pas non plus une tendance nouvelle. On demande au contraire de plus en plus d’artifices capables de se détendre le corps et l’esprit.
Des générations et des populations entières auront à certains moments de l’année, besoin de passer des vacances semi oisives, « sans se prendre la tête ».
Nul doute que l’hédonisme est une posture éternelle. L’homme est bel et bien animé par un principe de plaisir et le restera, quel que soit son degré de maturité touristique, et quelles que soient les activités pratiquées.
Des générations et des populations entières auront à certains moments de l’année, besoin de passer des vacances semi oisives, « sans se prendre la tête ».
Nul doute que l’hédonisme est une posture éternelle. L’homme est bel et bien animé par un principe de plaisir et le restera, quel que soit son degré de maturité touristique, et quelles que soient les activités pratiquées.
Journaliste, consultante, conférencière, Josette Sicsic observe depuis plus de 25 ans, les mutations du monde afin d’en analyser les conséquences sur le secteur du tourisme.
Après avoir développé pendant plus de 20 ans le journal Touriscopie, elle est toujours sur le pont de l’actualité où elle décode le présent pour prévoir le futur. Sur le site www.tourmag.com, rubrique Futuroscopie, elle publie plusieurs fois par semaine les articles prospectifs et analytiques.
Contact : 06 14 47 99 04
Mail : touriscopie@gmail.com
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