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FUTUROSCOPIE - Partir ou rester ? L’incertitude sanitaire rebat les cartes comportementales

Le décryptage de Josette Sicsic (Futuroscopie)


Alors que des vagues d’incertitude sanitaire déferlent sur les populations des pays avancés, le secteur du voyage est de nouveau chahuté. Ses clients aussi qui, entre envie d’évasion et craintes d’être coincés à l’autre bout du monde, adoptent des attitudes contrastées… Sans compter cette course d’obstacles que représentent les formalités à accomplir pour certaines destinations. Pour vous éclairer, voici une segmentation des attitudes post-Covid à l’heure de la cinquième vague. Lesquelles sont bien différentes de celles observées en 2020.


Rédigé par le Lundi 6 Décembre 2021

Non, tout le monde ne va pas se ruer sur les agences de voyages ou rester calfeutrés devant sa cheminée ! Entre ces deux extrêmes, les nuances sont multiples et plurielles - DR : DepositPhotos.com, Sementsova321
Non, tout le monde ne va pas se ruer sur les agences de voyages ou rester calfeutrés devant sa cheminée ! Entre ces deux extrêmes, les nuances sont multiples et plurielles - DR : DepositPhotos.com, Sementsova321
L’embellie de ces dernières semaines a donné l’illusion d’une liberté retrouvée.

Enfin, les plus aisés pouvaient faire des projets de voyages, y compris hors frontières, y compris sur des destinations lointaines.

La réouverture des USA début novembre a d’ailleurs été un événement célébré par la presse unanime, comme si tous les Français n’attendaient que ce feu vert pour s’envoler vers le rêve américain (alors que nul ne devrait ignorer que nos compatriotes sont moins d’un million chaque année, à boucler leurs valises pour traverser l’Atlantique nord !)

Un million sur 68 millions, c’est peu. Mais c’est le paradoxe de notre monde de course à l’urgence qui, d’un communiqué en copié-collé à l’autre, ne prend plus le recul nécessaire à l’analyse des faits et à leur mise en perspective.

Mais de quelle perspective suis-je en train de parler ? Toujours la même.

Mon propos depuis plus de deux décennies ne varie pas : il consiste à rappeler la complexité de la population touristique dont les comportements différents d’un groupe à l’autre, d’un jour à l’autre, d’une heure à l’autre, ne devraient pas être généralisés par un discours médiatique peu critique.

Non, tout le monde ne va pas se ruer sur les agences de voyages ou rester calfeutrés devant sa cheminée ! Entre ces deux extrêmes, les nuances sont multiples et plurielles.

Sur un océan d’incertitudes, tel que l’évoque le sociologue Edgar Morin, on navigue de plus en plus à vue, sur les vagues d’une complexité que je vais tenter en quelques lignes de démontrer…

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• Les intrépides : ils partiront

Commençons d’emblée par les plus audacieux des voyageurs.

Ceux qui par ignorance ou par inconscience ou au contraire, par intrépidité, ont déjà réservé des vacances et ne comptent pas les annuler. Les mauvaises nouvelles ne les atteignent pas.

Ils sont souvent jeunes et éduqués, et sont décidés à se faufiler dans n’importe quel avion pour éprouver le plaisir indicible de goûter au plaisir de l’ailleurs.

Avec, cerise sur le gâteau, un sentiment de transgressivité parfaitement adapté à leurs tempéraments de frondeurs. Mais des frondeurs « obéissants » puisqu’ils sont vaccinés. De bon cœur ou non ? Peu importe.

Ce sont ces « revanchards » dont l’hédonisme n’est plus à démontrer. Sauf que j’y verrai deux catégories : des prudents et des imprudents.

- Les hédonistes prudents : clientèle bénie pour les agents de voyages, ceux-là comptent bien changer d’air et prendre le large. Mais, ils ont compris les leçons de la pandémie, celle des billets non remboursés ou ayant mis des mois à l’être, celle des récriminations interminables auprès d’hébergeurs peu enclins à rembourser des arrhes.

Ils ont donc retenu par la même occasion que l’agence de voyage traditionnelle a encore un rôle à jouer et peut leur éviter des démarches fastidieuses, en cas d’annulation. Ils s’appuient donc sur leurs agences et prennent le parti de la sécurité. Quitte à devoir changer de cap au dernier moment !

- Les hédonistes imprudents : Mais, il y a les autres. Ceux qui, pour des raisons idéologique ou économiques, ou encore générationnelles, ne sont jamais entrés dans une agence de voyages et ne comptent pas changer leurs habitudes.

Clients des comparateurs, des vols à petits prix et des plateformes de réservation, ils incarnent cette catégorie de « nouveaux touristes » qui dès les années 2000 ont su profiter de toutes les « nouvelles offres » que leur proposait un système ayant choisi d’ouvrir ses portes au plus grand nombre… Un brin casse-cou, ils n’en restent pas moins avisés et prennent leurs précautions en matière d’assurance, histoire de ne pas voir leur budget voyages partir complétement en fumée.

• Les « négationnistes » : le voyage comme acte politique

Enfin, parmi les habitués des voyages, il y a ceux qui considèrent qu’ils sont les victimes d’un vaste complot et que rien ne peut les empêcher de sauter les frontières.

Prêts à ruser, prendre des risques, contourner la loi, ils osent les voyages lointains, vers des destinations « peu recommandables » à moins que celles-ci ne sombrent dans le rouge.

Prêts à en découdre, ils font de leurs départs et de leurs prochains voyages une sorte d’étendard d’une rébellion anti-covid, anti-vaccin, anti tout…

Leur voyage constitue une sorte d’acte politique. Mais, s’il nécessite un vaccin, ils finissent par le faire…

• Les découragés modérés : ils renoncent avec fatalisme

A l’opposé, certains renoncent à se déplacer. Parmi eux, on trouve des voyageurs victimes d’annulations, reports, non remboursements en 2020.

Ce sont des gens raisonnables qui, au terme de nombreuses déconvenues covidiennes, n’ont plus envie de payer au prix fort leurs envies d’évasion.

Découragés mais fatalistes, ils font contre mauvaise fortune bon cœur en restant chez eux ou tout au moins en France.


Mieux, ce choix constitue une alternative ostentatoire tendant à prouver à leur entourage qu’ils maitrisent la situation et que leur sagesse leur donnera raison. Car, in fine, ce sont des optimistes qui imaginent que la situation va s’améliorer et qu’ils pourront de nouveau s’évader bientôt.

• Les découragés excédés : ils renoncent en se révoltant

Autre catégorie de renonçants : les impatients. Ceux-là au contraire, sont carrément excédés de se contraindre à rester chez eux.

Ils le font (ou à la rigueur, partent en France) mais ils acceptent les restrictions de très mauvaise grâce, considérant que « le Covid, ça suffit ! ».

Ceux-là sont des rebelles mais des rebelles en paroles. Sachant raison garder, ils n’en attendent pas moins un dénouement rapide de la situation pour pouvoir s’envoler et guettent l’actualité sanitaire et touristique de près.


• Les disciplinés vaccinés : ils restent chez eux

Une autre catégorie, sans doute la plus importante, n’a de toutes façons pas l’habitude de partir ni aux sports d’hiver ni au soleil, ni ailleurs.

Ils préfèrent donc ne pas prendre de risques et joue la carte de la prudence en restant en France et à proximité.

Vaccinée trois fois ou au moins deux fois (selon l’âge), cette population produit son passe sanitaire, sans broncher et s’estime déjà heureuse de pouvoir circuler sans plus de contraintes.

Plus ou moins résignée, cette catégorie considère que le voyage n’est pas vital. Même quand les jours meilleurs reviendront, elle ne tiendra pas à partir.

• Les oubliés des vacances

N’oublions pas enfin qu’une partie de la population ne part jamais en vacances (plus de 40%). Encore moins en fin d’année.

Pour eux, Noël c’est, au mieux, en famille. Ils resteront donc chez eux et dans le meilleur des cas, iront en voiture réveillonner parmi leurs proches.

Tout ce battage autour des déplacements, des prix des avions, des trains les indiffère totalement. Ils ne l’entendent même pas.

Résignés ou révoltés, certains ne se sont même pas fait vacciner. Un choix délibéré qui leur permet d’afficher leur exclusion de ce monde de loisirs qui n’est pas le leur.

Le voyage : bon ou pas bon pour la santé ?

En résumé, ne doit-on pas se poser la question de savoir si le voyage est bon ou pas pour la santé ?

Normalement, de nombreuses enquêtes ont prouvé que la perspective de partir enchantait le quotidien de nombreux voyageurs, durant les semaines précédant un départ. Cela reste toujours vrai. Mais, en temps normal seulement.

En revanche, quand tout devient compliqué donc stressant, les attitudes changent. On le voit, elles se ventilent sur un très large spectre qu’il faudrait encore segmenter par générations… et situation économique.

Josette Sicsic - DR
Josette Sicsic - DR
Journaliste, consultante, conférencière, Josette Sicsic observe depuis plus de 25 ans, les mutations du monde afin d’en analyser les conséquences sur le secteur du tourisme.

Après avoir développé pendant plus de 20 ans le journal Touriscopie, elle est toujours sur le pont de l’actualité où elle décode le présent pour prévoir le futur. Sur le site www.tourmag.com, rubrique Futuroscopie, elle publie plusieurs fois par semaine les articles prospectifs et analytiques.

Contact : 06 14 47 99 04
Mail : touriscopie@gmail.com

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