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FUTUROSCOPIE - Tendances 2022 : P… comme Prospective, une science d’utilité publique 🔑

« Des signaux, des mots et des maux »


Pour vous éclairer sur l’année à venir, Futuroscopie et TourMaG.com ont choisi une trentaine de mots caractéristiques de l’année passée. On pourrait bel et bien parler de tendances… De "A" comme Anxiété à "W" comme Woke, en passant par "C" comme Croisières, "T" comme télétravail ou "R" comme recrutement, c’est parti ! Voici, nos analyses, qui seront réunies dans un E-book récapitulatif.


Rédigé par le Dimanche 23 Janvier 2022

La prospective n’est pas de la divination. Elle se base, dans le secteur touristique, sur une observation très fine et très analytique des changements en cours au niveau de la technologie, des transports, du climat, de la géopolitique, de la macro économie et des grands courants sociétaux - DR : DepositPhotos.com, Olivier26
La prospective n’est pas de la divination. Elle se base, dans le secteur touristique, sur une observation très fine et très analytique des changements en cours au niveau de la technologie, des transports, du climat, de la géopolitique, de la macro économie et des grands courants sociétaux - DR : DepositPhotos.com, Olivier26
Alors que le futur était resté dans de nombreux secteurs un continent inconnu, il aura fallu une pandémie et des changements drastiques de modes de vie pour que notre regard sur l’avenir cherche à se préciser.

Sous différents noms : futur, demain, monde d’après…

L’exercice prospectif n’a pas échappé au secteur touristique qui, aux confins de nombreuses activités - culture, environnement, sports, architecture, transports - a tenté de se remettre en question et de se montrer plus vigilant et prévoyant face à l’incertitude.

Pour autant, une fois la croissance revenue, les esquisses hâtives du monde de demain balaieront-elles les tableaux Excel de la réalité économique ? Pas sûr.

La prospective n’est pas de la divination

Déclarer que l’essence commencera à baisser dès le printemps, que l’aérien coûtera plus cher dans les mois à venir, et que les Français passeront autant leurs vacances en France en 2022, c’est de la prévision.

Une prévision à court terme basée sur des indices révélés par de nombreux observateurs économiques, quelques enquêtes d’opinion parfois un peu trop prématurées pour être exactes, ou alors par une simple reprogrammation du passé.

En revanche, concevoir des stratégies à un horizon de 10 à 20 ans, en imaginant l’état du monde à partir des différents indicateurs de développement disponibles, c’est de la prospective.

Et la prospective n’est pas de la divination. Elle se base, dans le secteur touristique, sur une observation très fine et très analytique des changements en cours au niveau de la technologie, des transports, du climat, de la géopolitique, de la macro économie et, ne les oublions pas, des grands courants sociétaux.

Les difficultés de l’exercice

Pas facile, direz vous ! En effet, l’exercice est complexe et mérite d’autant plus de compétences que le monde contemporain évolue à très grande vitesse menée par les majors des GAFAS qui, avant les États explorent l’espace, peaufinent la réalité virtuelle, recherchent les moyens de rendre l’humanité « immortelle »… tout en la manipulant et exerçant sur elle un contrôle de plus en plus strict qu’elle accepte naïvement, en croyant qu’elle agit pour son bien.

Or, s’il faut aller vite, va-t-on forcément dans le bon sens ?

L’anticipation requiert des capacités de réflexion et d’analyse une fois faite une collecte de données suffisamment sérieuses et abondantes pour être crédibles.

De plus, elle ne peut se passer de l’intuition humaine. Si bien que les « data » seules dans lesquelles certains placent toutes leurs espérances pour nous livrer une vision du monde de demain, sont loin d’avoir prouvé leurs performances.

La prospective ne mérite pas que de l’intelligence artificielle. Elle mérite une culture d’humaniste (au sens classique du terme) et surtout une excellente connaissance du fonctionnement des hommes et des femmes que je ne voudrais plus qualifier de « consommateurs », ni situer dans des cases « marchés ».

Exemple : depuis quelques années, voire décennies, on savait la catastrophe environnementale en cours.

Partout dans le monde (sauf en France) des candidats écologistes gagnaient des élections et se mobilisaient pour mettre en place des stratégies « vertes » tendant à préserver la planète des méfaits de l’activité industrielle.

De grandes associations et autres ONG voyaient le jour et remportaient les faveurs de milliers d’adhérents.

Pour aller encore plus loin, des psychologues travaillaient dès les années soixante sur le stress lié à la rupture de l’homme avec la nature, et des mouvements comme le mouvement hippie annonçaient le malaise du siècle : une révolte contre la société de consommation et une folle envie de renouer avec la sobriété, le naturel et la nature comme cadre de vie, une pointe de spiritualité en plus.

Attention aux « irréalistes » ?

Voilà donc 70 ans que s’amorçait un phénomène que la frénésie consommatrice avait masqué et masque encore derrière les performances des écrans, de l’informatique, de l’internet et les milliards de recettes générées par le tourisme international.

Shootés aux réseaux sociaux, aux applis, aux datas, aux clouds, à la réalité augmentée et virtuelle, le secteur touristique entre autres ne jurait plus, il y a peu, que par des technologies capables de communiquer à la vitesse de l’éclair, en toute liberté, en plagiant la réalité au point de la rendre inutile…

Au lieu de repenser le paysage, les sites et hébergements « éco », l’usage augmenté du vélo, la limitation des visiteurs sur les espaces fragiles et d’y consacrer des moyens conséquents, on a encouragé les musées virtuels, les chambres d’hôtels immersives, on s’est extasié sur les cités surgissant des sables et sur leur architecture pharaonique…

Et, on s’est même demandé si le monde réel avait encore une utilité quand Zoom a compensé la pénurie de réunions, de rencontres et de séminaires...

Pourquoi se déplacer quand tout peut-être réglé sur un écran et quand on peut en plus faire des économies ?

Dans une société dominée par des « irréalistes » qui ont cru que c’en était fini du monde d’avant, il aura fallu un confinement, puis deux, des couvre-feux, du télétravail à outrance, des gestes barrières pour que s’effondre en partie le modèle high tech que l’on voulait nous proposer pour l’avenir. Lequel dans les années 2000 était effectivement dominant.

Une affaire de questionnement

Or, tout donne à penser aujourd’hui que le « virtuel » et la technologie à outrance sont en effet utiles à condition d’être bien utilisés et dosés.

Mais, attention, les risques de cybersécurité sont devenus en un an le risque majeur pour les entreprises, juste avant les catastrophes naturelles, selon le Baromètre Allianz des risques (Baromètre des risques 2022 d’Allianz). C’est dire à quel point, le cyber world présente des dangers concrets.

La tentation technologique a-t-elle donc vécu ? La tentation du « toujours plus » aussi ? En grande partie, d’autant que ni l’une ni l’autre ne résolvent les problèmes environnementaux et climatiques. Ainsi, la Californie berceau de la Silicon Valley et de ses géants, est l’une des régions du monde les plus menacées par la sécheresse, le manque d’eau, la pollution…

Une cause nationale à défendre

Faire de la prospective ne constitue donc pas qu’un suivi des évolutions techniques dont le monde est capable et de ses performances économiques.

Elle consiste à questionner les changements socioculturels dont on parle beaucoup, mais dont on parle mal dans la mesure où on les confond souvent avec des modes.

Elle doit faire des efforts pour cerner la réalité en devenir. Elle doit s’appuyer sur des observations, des données chiffrées sûres, des réflexions anthropologiques capables d’anticiper les scénarii de rupture.

Elle doit pour le secteur touristique, être faite par des équipes pluridisciplinaires que seul l’État, les grandes entreprises et régions pourraient financer.

Or, en France, depuis le tout début des années 2000 et la publication d’un ouvrage collectif intitulé « Réinventer les vacances » (dirigé par Jean Viard), on bricole des exercices prospectifs inspirés des grandes tendances dictées par l’OMT, mais souvent trop tard.

En s’y prenant plus tôt et avec plus de sérieux, n’aurait-on pas pu anticiper la pandémie et ses risques ? D’autant que le Sras et Ebola étaient déjà passés par notre petite planète !

Oui. Car les scientifiques alertaient depuis des décennies mais n’étaient pas plus écoutés que les climatologues, les politologues, les économistes, les démographes… aujourd’hui !

Josette Sicsic - DR
Josette Sicsic - DR
Journaliste, consultante, conférencière, Josette Sicsic observe depuis plus de 25 ans, les mutations du monde afin d’en analyser les conséquences sur le secteur du tourisme.

Après avoir développé pendant plus de 20 ans le journal Touriscopie, elle est toujours sur le pont de l’actualité où elle décode le présent pour prévoir le futur. Sur le site www.tourmag.com, rubrique Futuroscopie, elle publie plusieurs fois par semaine les articles prospectifs et analytiques.

Contact : 06 14 47 99 04
Mail : touriscopie@gmail.com

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