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Flexi Fridays, RTT solidaires, salaires... les leviers RH d'Evaneos 🔑

SĂ©rie spĂ©ciale : Comment a Ă©voluĂ© le marchĂ© de l’emploi ces 25 derniĂšres annĂ©es ?


TourMaG.com fĂȘte ses 25 ans en 2023. A cette occasion nous lançons une sĂ©rie d’interviews de DRH sur l’évolution du marchĂ© de l’emploi. Rapport au temps, Ă  l'espace, ambitions des collaborateurs... Claire Degueil, DRH d'Evaneos partage son point de vue sur l'Ă©volution du monde du travail dans le tourisme et les bonnes pratiques d'Evaneos.


Rédigé par le Jeudi 25 Mai 2023

« Aujourd’hui, 25% des salariĂ©s ne viennent que deux jours par mois au siĂšge et vivent aussi bien Ă  Marseille, qu’à Nantes ou encore Munich », souligne Claire Degueil, DRH d'Evaneos. - @Evaneos
« Aujourd’hui, 25% des salariĂ©s ne viennent que deux jours par mois au siĂšge et vivent aussi bien Ă  Marseille, qu’à Nantes ou encore Munich », souligne Claire Degueil, DRH d'Evaneos. - @Evaneos
TourMaG.com – Pouvez-vous vous prĂ©senter et remettre dans le contexte ce que reprĂ©sente Evaneos aujourd'hui ?

Claire Degueil :
J’ai intĂ©grĂ© Evaneos en tant que DRH en avril 2017, l’entreprise Ă©tait alors dans une phase de forte croissance. Elle comptait 120 salariĂ©s. Son effectif avait doublĂ© chaque annĂ©e depuis 3 ou 4 ans.

Elle a Ă©tĂ© fouettĂ©e par la pandĂ©mie. Une cinquantaine de postes ont Ă©tĂ© supprimĂ©s. J’ai dĂ» accompagner cette crise, avant de connaĂźtre la reprise du business il y a 1 an et demi.

Aujourd’hui, Evaneos c’est 165 salariĂ©s, d’une quinzaine de nationalitĂ©s diffĂ©rentes. 25 % de l’effectif a quittĂ© la rĂ©gion parisienne, pour d’autres rĂ©gions en France et en Europe, oĂč nous avons des marchĂ©s Ă©metteurs et 10% des salariĂ©s est Ă  temps partiel.

A lire aussi : K. Yigan (DRH Groupe Figaro) : "Il y a dix ans, les employeurs avaient la main" 🔑

La moyenne d’ñge est de 35 ans. Ce qui est lĂ©gĂšrement supĂ©rieur Ă  la tendance post crise.


TourMaG.com – Quel impact la crise sanitaire a-t-elle eu sur le marchĂ© ?

Claire Degueil :
Peu de choses ont émergé, le covid a accéléré certaines tendances, comme le télétravail.

Chez Evaneos, nous avions dĂ©jĂ  une politique dĂ©diĂ©e. Il Ă©tait possible de faire du tĂ©lĂ©travail d’urgence, par exemple si on avait une fuite d’eau ou un colis Ă  se faire livrer. Nous proposions Ă©galement un mode de tĂ©lĂ©travail voyage qui permettait de partir 30 jours Ă  l’étranger en tĂ©lĂ©travail.

C’est particuliĂšrement intĂ©ressant pour nos salariĂ©s internationaux. Un collĂšgue Mexicain peut par exemple passer 15 jours de vacances en famille puis rester 15 jours de plus en tĂ©lĂ©travail.

C’était possible et cadrĂ© par un accord avant la crise. En revanche, ce qui Ă©tait trĂšs exceptionnel, c’est le fait de ne pas ĂȘtre Ă  Paris et de ne pas ĂȘtre lĂ  tous les jours. Aujourd’hui, 25% des salariĂ©s ne viennent que deux jours par mois au siĂšge et vivent aussi bien Ă  Marseille, qu’à Nantes ou encore Munich.

Comme pour beaucoup, le tĂ©lĂ©travail a Ă©tĂ© mis en place du jour au lendemain. Nous sommes passĂ©s Ă  100% tĂ©lĂ©travail sans aucun problĂšme. Nous avons dĂ©couvert que c’était simple. Nous ne nous Ă©tions jamais posĂ© la question, mais c’était possible. AprĂšs cette pĂ©riode, des salariĂ©s ont demandĂ© Ă  ne pas revenir et nous avons travaillĂ© avec le CSE, les reprĂ©sentants du personnel pour bien le cadrer, ce qui a permis de le rendre officiel et Ă©quitable pour tous.

90% du temps on peut ĂȘtre Ă  distance des uns et des autres, deux jours par mois, nous sommes tous ensemble, c’est indispensable pour le collectif, pour notre culture et pour la qualitĂ© de nos relations de se retrouver les mĂȘmes jours sur site.

C’est notre maniĂšre de rĂ©pondre aux besoins de flexibilitĂ© et Ă  notre culture, et puis allier digital et prĂ©sentiel c’est alignĂ© avec notre business model.

A chaque demande de quitter la rĂ©gion parisienne ou de venir que les deux jours d’Evaneos Days, un comitĂ© RH se rĂ©uni pour Ă©tudier la demande. Le manager prend les retours des collaborateurs avec qui le demandeur est en lien et ensuite nous avons un Ă©change RH et manager pour Ă©tablir les points de vigilance. La demande acceptĂ©e, un avenant est ensuite rĂ©digĂ©, car le tĂ©lĂ©travail est contractualisĂ©.


"Aujourd’hui, nous sommes sur un temps plein en 4 jours et demi avec les vendredis flexibles"

TourMaG.com – Vous avez fait un gros travail sur la gestion du temps.

Claire Degueil :
Avec la sortie de crise, il y a beaucoup de sujets sur la projection des salariĂ©s dans le monde du travail. Quel est le rapport au temps ? Celui Ă  l’espace ? Et d’une certaine maniĂšre le rapport au contrat de travail. OĂč est-ce que je travaille ? Quand ? Pour quelles missions ?

Avant la crise, 98% des Ă©quipes Ă©taient basĂ©es Ă  Paris, aujourd’hui nous sommes 30% au quotidien dans les locaux et 100% des salariĂ©s deux jours par mois.

En sortant du chĂŽmage partiel, nous avons rĂ©flĂ©chi avec les managers d’équipe, les reprĂ©sentants du personnel, la direction
 Ă  un modĂšle pour revoir notre rapport au temps. C’est aussi accompagner le collectif dans quelque chose qui soit alignĂ© cohĂ©rent avec notre culture et notre histoire tout en Ă©tant adaptĂ© aux pratiques et aux attentes d’adaptabilitĂ© et de flexibilitĂ© d’aujourd’hui.

Aujourd’hui, nous sommes sur un temps plein en 4 jours et demi avec les vendredis flexibles. Chacun peut choisir de travailler un vendredi sur deux ou Ă  la demi-journĂ©e


L’objectif est de rendre l’engagement des salariĂ©s durable. C’est aussi leur donner la possibilitĂ© d’un certain Ă©quilibre, qui est difficile Ă  trouver aujourd’hui et d’avoir plaisir Ă  venir au travail, envie de contribuer Ă  ce que l’on fait et de le faire de maniĂšre soutenable, durable.

Les flexi Fridays sont trĂšs utilisĂ©s par les salariĂ©s et trĂšs significatifs quand on en parle aux candidats. C’est trĂšs marquant.

Plus rĂ©cemment, nous avons mis en place les RTT solidaire et environnement, ce sont des marqueurs importants car alignĂ©s avec ce que l’on veut faire.

Si un salariĂ© choisi de partir avec un transport bas carbone Ă  la place de l’avion et donc prend deux fois plus de temps pour partir en vacances ou en week-end, au lieu de poser une journĂ©e de son compteur, il pose une demi-journĂ©e et on lui en offre une demie journĂ©e. Nous encourageons le voyage et le transport bas carbone.

C’est encore peu utilisĂ© car c’est en place depuis janvier. LĂ  encore, c’est trĂšs alignĂ© avec notre stratĂ©gie : encourager le voyage et le transport bas carbone en minimisant les impacts nĂ©gatifs et en optimisant les impacts positifs.

Ce sont des mesures trĂšs symboliques et sur lesquelles nous devons ĂȘtre pionnier en termes de business. C’est un systĂšme cohĂ©rent entre ce que l’on dit et ce que l’on fait.

"Recruter reste un enjeu de rapidité "

TourMaG.com - Recrutez-vous ? Quelles difficultés rencontrez-vous ?

Claire Degueil :
Nous proposons une vingtaine de postes additionnels dans l’annĂ©e. Une bonne moitiĂ© sur les mĂ©tiers R&D : dĂ©veloppeur design product. Les autres postes concernent le marketing, les sales, le service clients.

Recruter est difficile sur le marchĂ©, mais je trouve que l’on s’en sort plutĂŽt bien. Nous sommes Ă  l’interface entre le secteur du voyage et du digital. Nous recrutons des profils de ces deux mĂ©tiers. Dans le secteur du voyage, notre positionnement attire les collaborateurs liĂ©s aux mĂ©tiers du tourisme.

CĂŽtĂ© digital, nous sommes passĂ©s par le creux de la vague pendant le covid, que connaissent aujourd’hui certaines start-up ou scale-up, car elles n’ont pas les mĂȘmes financements des fonds d’investissement. Nous sommes redevenus attractifs aussi auprĂšs de ces publics.

Recruter reste un enjeu de rapiditĂ©. Comme nous recrutons moins, ça augmente aussi le niveau d’exigence de chaque personne.

Globalement, je trouve que nous avons moins besoin de batailler. C’est aussi grĂące au travail de repositionnement de nos salaires et aux avantages liĂ©s Ă  la flexibilitĂ© de l’espace et du temps.


TourMaG.com – La rĂ©munĂ©ration est un vĂ©ritable sujet dans l’industrie du tourisme. Que proposez-vous ?

Claire Degueil :
Les salaires sont fixes, nous ne proposons plus de variable. Nous avons mis en place un plan d’actionnariat salariĂ© pour tous. Chacun, une fois sa pĂ©riode d’essai validĂ©e reçoit un pool de droits Ă  actions de l’entreprise, des BSPCE, c’est un systĂšme d’actionnariat de start-up.

Autre avantage : Une cagnotte voyage est crĂ©ditĂ©e de 50€ tous les mois Ă  utiliser sur le site Evaneos. Et puis nous avons des indemnitĂ©s liĂ©es au tĂ©lĂ©travail, au tickets restaurant


"L’onboarding est plus global qu’il y a dix ou quinze ans"

TourMaG.com - En matiĂšre de recrutement, avez-vous revu vos process au fil des ans ? Quelle est votre stratĂ©gie de recrutement aujourd’hui ?

Claire Degueil :
Le process de recrutement s’appuie sur des Ă©changes avec le futur manager du salariĂ©, sa future Ă©quipe et des entretiens certains plus techniques avec un cas pratique, d’autres sur le feed culturel.

Nous avons fait Ă©voluer notre process d’onboarding. Nous l’avons revu pour proposer en amont des petites vidĂ©os sur les mĂ©tiers, afin de garder le temps en prĂ©sentiel pour de l’échange.

Nous avons un systÚme de parrainage. Un salarié est parrain de la promo pour un mois donné.

Un rendez-vous est programmĂ© avec le CSE dans le parcours. L’entretien culturel avec des collĂšgues pas forcĂ©ment avec l’équipe directe, mais intĂ©gration dans un collectif, dans une aventure.

L’onboarding est plus global qu’il y a dix ou quinze ans. Il y a pas mal d’intentions Ă  l’intĂ©gration, peut-ĂȘtre qu’aujourd’hui elle est moins focalisĂ©e sur le mĂ©tier.


TourMaG.com – Quelles sont les Ă©volutions RH des derniĂšres annĂ©es ?

Claire Degueil :
L'accompagnement des collaborateurs dans l’évolution des carriĂšres est plus prĂ©sent.

Auparavant nous faisions deux revues des talents par an pour faire le point sur la performance et l’évolution. Maintenant, nous avons une revue tous les trimestres, une par saison, avec un thĂšme diffĂ©rent : carriĂšre, rĂ©munĂ©ration, formation, revue collective et une axĂ©e sur des feedbacks de maniĂšre horizontale.

Faire plus court et plus souvent correspond mieux Ă  ce qu’il Ă©tait possible de faire pour les managers, et permet un suivi de plus prĂšs des salariĂ©s.

"C’est moins une Ă©volution verticale, de quĂȘte de responsabilitĂ© que de dĂ©veloppement de compĂ©tences"

TourMaG.com - Quelles sont les attentes des salariés en 2023 ?

Claire Degueil :
Il y a une attente de dĂ©veloppement : vouloir grandir. Assez vite certains veulent Ă©voluer, changer de pĂ©rimĂštre, de projet
 Les attentes de mobilitĂ© ou d’évolution vont plus vite qu’avant. L'Ă©volution est moins verticale, centrĂ©e sur une quĂȘte de responsabilitĂ©, que de dĂ©veloppement de compĂ©tences.

La recherche de sens n’est pas nouvelle, mais est remontĂ©e plus haut dans l’ordre des critĂšres. Il y a un enjeu de cohĂ©rence, que le discours soit incarnĂ© par l’entreprise. Il y a peut-ĂȘtre plus de mĂ©fiance.

Nous sommes interrogĂ©s sur l’expression de nos engagements RSE : est-ce que ce n’est pas du greenwashing ou du carewashing ?

Il y a une attente forte d’authenticitĂ©. Par exemple, un futur salariĂ©, qui rejoindra l’entreprise dans 15 jours, nous a envoyĂ© un mail nous demandant de lui dire ce qui ne tournait pas rond dans l’entreprise, ce qui dysfonctionne avant son arrivĂ©e. Ce besoin de transparence, de connaĂźtre les ratĂ©s, les vulnĂ©rabilitĂ©s est plus fort qu’avant.

Il y a quelques annĂ©es, j’aurais rĂ©pondu : les missions mĂȘme du job et les collĂšgues. Aujourd’hui, je dirais que les collĂšgues sont un enjeu de rĂ©tention.

"Les jeunes ont un souci de l’équilibre professionnel et personnel bien plus grand que les gĂ©nĂ©rations prĂ©cĂ©dentes"

TourMaG.com - Quel regard portent les jeunes sur le monde du travail ? Cette vision a-t-elle évolué ses 20 derniÚres années ?

Claire Degueil :
Ils nous poussent beaucoup sur le sujet du rapport au temps. Les jeunes ont un souci de l’équilibre professionnel et personnel bien plus grand que les gĂ©nĂ©rations prĂ©cĂ©dentes.

Ils ont aussi moins d’attentes de manager. On se rend compte que l’humain est difficile, ce sont des sujets dans lesquels on peut ĂȘtre trĂšs pris Ă©motionnellement. Ils n’hĂ©sitent pas Ă  se tenir Ă  distance de ça, quitte Ă  ne pas trop Ă©voluer. C’est peut-ĂȘtre pour se protĂ©ger ou chercher un confort tout en maintenant leur capacitĂ© Ă  impacter, d’ĂȘtre partie prenante de ce qu’il se passe.

Tout de suite ils n’ont plus envie d’ĂȘtre junior.


TourMaG.com - Futur du travail : A quoi ressemblera le monde du travail ?

Claire Degueil :
Je pense que le mode slasheur, c’est-Ă -dire : un pied dans un monde / un pied dans un autre va se dĂ©velopper. Par exemple, une part de salariat et une autre dans de l’entreprenariat, de l’enseignement ou encore au du temps consacrĂ© Ă  une activitĂ© associative. L’envie est de multiplier les univers, et de ne pas mettre toute son Ă©nergie, son engagement dans le mĂȘme lieu.


"25 ANS" - LES INITIATIVES QUI ONT COMPTÉ

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