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Mesdames et Messieurs les pilotes, reparlez-nous encore, svp ! 🔑

l'édito de Christophe Hardin


Auitrefois, il n’était pas rare que les pilotes signalent ou prĂ©cisent le nom d d’un site, d’un fleuve et de son mĂ©andre brillant dans le lointain, d’un petit village ou encore d’une Ăźle dans la douce lumiĂšre au couchant.Signaler depuis le cockpit ce que l’avion survole ou va survoler est devenu plutĂŽt rare et c’est bien dommage....


Rédigé par le Mercredi 1 Mars 2023

Amis pilotes (et pourquoi pas conducteurs de métro) quand cela est possible parlez-nous et à coup sûr vous ferez des heureux.  - Crédit : Déposit photos
Amis pilotes (et pourquoi pas conducteurs de métro) quand cela est possible parlez-nous et à coup sûr vous ferez des heureux. - Crédit : Déposit photos
Par beau temps et comme le chantait Michel Delpech, "la terre est un paradis vu d’avion."

Un hublot peut se transformer en une magnifique fenĂȘtre sur la beautĂ© du monde.

Avant, il n’était pas rare que les pilotes signalent ou prĂ©cisent le nom d d’un site, d’un fleuve et de son mĂ©andre brillant dans le lointain, d’une petite citĂ© ou encore d’une Ăźle dans la douce lumiĂšre du couchant.

Cette pratique est devenue malheureusement assez rare et c’est dommage. Pour l’avoir vĂ©cue assez souvent dans le passĂ©, elle participe Ă  un moment de partage, de convivialitĂ© et de sociabilitĂ© entre cette communautĂ©, Ă©quipage et passagers, ensemble, pendant quelques heures au-dessus de la terre.

La vue et le plaisir seront le mĂȘme pour le passager de la premiĂšre classe comme celui de la classe Ă©co
 et ils ne sont pas (encore) facturĂ© en supplĂ©ment dans le prix du billet.


Une façon de voyager trÚs individualiste, cloisonnée

de Paris Ă  New-York au Nord Est du Canada. Photo : Eric L Boichut ( @ericlboichut)
de Paris Ă  New-York au Nord Est du Canada. Photo : Eric L Boichut ( @ericlboichut)
Alors pourquoi nos amis pilotes, prennent-ils, moins souvent la peine d’indiquer ce que l’on peut observer depuis l’avion alors qu’eux-mĂȘmes dĂ©crivent trĂšs souvent leur cockpit comme le "bureau avec la plus belle vue du monde" ?

Peut-ĂȘtre pensent-ils en observant les comportements des passagers qu’ils seraient moins intĂ©ressĂ©s par ce que l’on peut observer dehors ?

Il est vrai que nos comportements sont de plus en plus de trÚs individualiste, cloisonnés, et le voyage n'y échappe pas.

Tout nous pousse en ce sens. Avec le dĂ©veloppement de la connectivitĂ©, nos smartphones ou tablettes, l’attention du voyageur se focalise sur un Ă©cran. Il est dans son monde
 Do not disturb !

Avec un casque sur les oreilles, son écran individuel personnel ou dans le dossier de siÚge devant lui, il devient moins disponible.

Désormais blindée et verrouillée à double tour pendant tout le vol, la porte du poste de pilotage semble elle aussi participer à cette rupture du lien entre les pilotes et les passagers.

L’émerveillement d’un voyageur, Ă  qui, on avait permis une visite dans le cockpit au-dessus de la cordillĂšre des Andes entre Quito et Lima (les belles annĂ©es de feu la compagnie AOM) reste un trĂšs beau souvenir de ma vie de PNC.

Aujourd’hui, et on peut le comprendre, finies les « visites de poste » pendant le vol ou l’espace d’un instant une porte s’ouvrait sur la splendeur du firmament.

On s’isole physiquement, ce qui devrait encourager Ă  cultiver le lien par micro interposĂ©, car heureusement, il reste les hublots pour apprĂ©cier les paysages.

Faire se tourner les tĂȘtes

capture écran flightradar24. Le vol Brest-Paris au large de Saint Malo
capture écran flightradar24. Le vol Brest-Paris au large de Saint Malo
Et lĂ  je dis : "Mesdames et messieurs les pilotes, parlez-nous !". Ne renoncez pas Ă  nous faire tourner la tĂȘte vers les paysages uniques que peut procurer ce moyen de transport Ă  nul autre pareil.

MĂȘme si, suivant le siĂšge occupĂ©, tout le monde ne peut pas en profiter, vous ferez des heureux. Vous contribuerez aussi et c’est utile par les temps qui courent, Ă  remettre de la majestĂ© dans le voyage aĂ©rien.

Au loin ou sous les ailes, tout le monde ne sait pas forcĂ©ment de quel site de quelle ville il s’agit. Si cela est possible, n’hĂ©sitez pas Ă  prĂ©ciser ce qui dĂ©file en dessous.

Voyez par exemple le petit vol Brest – Paris CDG :

Par beau temps et sur la droite il devrait ĂȘtre obligatoire d’indiquer aprĂšs une vingtaine de minutes de vol, le Mont-Saint-Michel, et lĂ -bas les remparts de Saint-Malo avec, devant, cet Ăźlot qu’on peut distinguer, celui du Grand BĂ©, tombeau de Chateaubriand, classĂ© au titre des monuments historiques et Ă©ternellement tournĂ© vers la mer...

Et moi si j’étais pilote je ferais passer par le biais du public adress (le micro pour parler aux passagers) cette belle citation de Flaubert :

« Il dormira lĂ -dessous, la tĂȘte tournĂ©e vers la mer ; dans ce sĂ©pulcre bĂąti sur un Ă©cueil, son immortalitĂ© sera comme fut sa vie, dĂ©serte des autres et entourĂ©e d'orages. ». Cadeau !

RĂ©veiller l’imaginaire

Vos annonces, mesdames et messieurs les pilotes contribueront Ă  rĂ©veiller l’imaginaire, faire se dĂ©tourner les regards des Ă©crans virtuels pour apprendre, pour profiter, pour mĂ©diter, pour rĂȘver.

Un commandant de bord avec qui j’en ai discutĂ© m’a objectĂ© qu’aujourd’hui les passagers avaient la gĂ©ovision sur leurs Ă©crans individuels pour se situer. Cela est vrai sur les longs courriers. La gĂ©ovision indique certes une position mais c’est un peu court.

À bord du vol d’American Arline CDG – Miami que je suis en ce moment sur un site spĂ©cialisĂ©, je vois l’avion longer les cĂŽtes françaises.

Les passagers amĂ©ricains savent-ils seulement qu'ils peuvent apercevoir Omaha beach, la Pointe du Hoc et les plages du dĂ©barquement ? Ces terres de Normandie, lĂ  oĂč leurs ancĂȘtres ont dĂ©barquĂ© et oĂč beaucoup reposent Ă  jamais ?

D’une belle « vue sur mer » les pilotes, juste en quelques mots, peuvent transformer ce moment en quelque chose de plus fort, d'unique, un moment de mĂ©moire, d’histoire, de souvenir.

Prendre quelques secondes pour une annonce

Paris - Milan et au loin le Mont Blanc. Photo D.Hardin
Paris - Milan et au loin le Mont Blanc. Photo D.Hardin
On m’objectera aussi qu'on n'est pas aux commandes d’un avion pour faire le guide touristique et que certains passagers qui veulent profiter d’un vol pour se reposer n’apprĂ©cient pas forcĂ©ment les annonces en permanence.

Tout cela est vrai et loin de moi l’idĂ©e de suggĂ©rer une litanie permanente d’annonces « gĂ©ographiques » . Safety first comme disent les aviateurs. Piloter : c’est ĂȘtre concentrĂ© sur la conduite du vol.

Cependant, et si les conditions le permettent, peut-il y avoir la place durant le vol pour une ou deux annonces qui ne prendront qu’une vingtaine de secondes ? Je le pense.

L’étĂ© dernier, j’étais sur un vol Paris – La RĂ©union qui dĂ©collait en fin d’aprĂšs-midi. Pas d’annonces venant du cockpit Ă  part celle de sĂ©curitĂ© avant le dĂ©collage.

Dommage de ne pas nous avoir signalĂ© le Mont-Blanc et plus tard, dans l’obscuritĂ© naissante, la baie de Naples et le VĂ©suve.

Addiction aux écrans

Plus gĂ©nĂ©ralement et au-delĂ  de l’avion, notre addiction aux Ă©crans nous empĂȘche d’apprĂ©cier le paysage lors d’un voyage ou d’un dĂ©placement.

Vous pouvez faire l’expĂ©rience aussi avec le mĂ©tro parisien quand il a l'opportunitĂ© de "s’envoler" pour devenir le "mĂ©tro aĂ©rien".

Choisissez de monter Ă  la station Passy par un beau soir, direction Nation, Ă  l’heure oĂč la tour Eiffel s’illumine.

Quand votre wagon arrive au-dessus de la Seine, regardez combien de personnes dĂ©tournent leurs regards de leur smartphone pour voir ce que certains rĂȘvent de voir au moins une fois dans leur vie. Malaise


Alors oui, amis pilotes (et pourquoi pas conducteurs de métro) quand cela est possible parlez-nous, et à coup sûr vous ferez des heureux.

Dans une sociĂ©tĂ© oĂč l’on observe souvent un phĂ©nomĂšne de repli sur soi, honneur Ă  ceux qui par une simple annonce, nous redonnent du plaisir et l’opportunitĂ© d’apprĂ©cier encore mieux, et en communion avec les autres, le spectacle du monde.

David Savary Publié par Christophe Hardin Journaliste AirMaG - TourMaG.com
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Tags : aerien, pilote
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Commentaires

1.Posté par cyril cousin le 01/03/2023 15:31 | Alerter
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Tellement bien vu et bien dit Christophe !
Totalement en phase ...
J'ajoute qu'au delà des messages sur les sites survolés , un petit brief sur le consommation par passager du trajet, la distance orthodromique bref tout un petit tas d'anecdotes ou d'infos qui peuvent faire la différence et que j'entends souvent sur les vols Transavia.. ca change et c'est sympa ...

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