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Taxe écologique : au transport aérien de prendre l'initiative !

La chronique de Jean-Louis Baroux


C’est une évidence, le transport aérien est devenu la cible privilégiée des dictateurs écologiques. Ils ont réussi à faire passer cette activité qui, rappelons-le, ne génère que moins de 3% des émissions de CO2, au premier des responsables du réchauffement climatique. Bien entendu, il n’est pas question de discuter l’impact des vols sur le climat, mais il serait grand temps de prendre une initiative forte, ne serait-ce que pour clouer le bec aux adversaires jaloux de cette activité pourtant si utile à l’humanité, non seulement parce qu’elle rapproche les hommes et qu’elle est un facteur de la paix, mais parce qu’elle est également essentielle à l’économie mondiale.


Rédigé par le Mercredi 23 Novembre 2022

Le transport aérien va-t-il laisser à d’autres le soin de recevoir l’inévitable taxation écologique sans pouvoir maîtriser son utilisation à son profit ? - DR : DepositPhotos.com, _fla
Le transport aérien va-t-il laisser à d’autres le soin de recevoir l’inévitable taxation écologique sans pouvoir maîtriser son utilisation à son profit ? - DR : DepositPhotos.com, _fla
L’apport majeur du transport aérien à la prospérité et au bien-être de la planète ne le sauvera pas des accusations injustes et ne le protègera pas d’une taxation écologique.

Petit à petit on la sent venir, sauf si les acteurs eux-mêmes prennent l’initiative d’une contribution obligatoire.

Si la taxation écologique en venait à être décidée par une quelconque autorité politique, qu’elle soit mondiale, européenne ou même seulement nationale, il parait évident que la traçabilité de son utilisation serait impossible à suivre.

Les montants prélevés finiraient inéluctablement dans un budget global, lequel serait utilisé au bon vouloir des politiques, sans qu’il puisse être contrôlé.

Or le seul intérêt d’une telle contribution est de financer la transition écologique du transport aérien et non pas de contribuer à alimenter les caisses de certains transporteurs terrestres structurellement déficitaires.

LIRE AUSSI : Transport aérien : haro sur les taxes et l’avion bashing 🔑


Pourquoi ne pas confier l’affaire à IATA ?

Il serait donc judicieux que les autorités du transport aérien prennent ces affaires en main.

Pourquoi ne pas confier l’affaire, par exemple, à IATA qui reste tout de même le meilleur représentant des compagnies aériennes ?

Cela pourrait prendre la forme d’une résolution applicable dans un premier temps à toutes les compagnies distribuées au travers du BSP.

Imaginons une contribution de 5 euros ou dollars par passager, laquelle pourrait d’ailleurs être modulée entre les vols courts et longs-courriers.

Le transport aérien émet bon an mal an un peu plus de 4 milliards de coupons de vol. Certes tous ne passent pas dans le canal du BSP, mais ce dernier doit encore représenter 60% du total.

Je pense au BSP car c’est un moyen rapide et imparable de collecter des fonds et on parle tout de même de 10 à 12 milliards de dollars par an. IATA est parfaitement capable d’encaisser cette manne et de la stocker de manière sécurisée.

Et les transporteurs « low costs » ?

Il resterait alors à en fixer l’utilisation, laquelle devrait être reliée uniquement à l’amélioration de la performance écologique du secteur. Cela pourrait faire l’objet de votes en assemblée de IATA ou de décision du Bureau des Gouverneurs, à partir de projets soumis par les opérateurs.

Ainsi l’argent collecté auprès des clients serait fléché directement vers l’amélioration du transport aérien. Ce système aurait également l’intérêt d’éviter une concurrence déloyale entre les acteurs car tous seraient soumis aux mêmes règles.

On m’objectera que les transporteurs « low costs » n’utilisent pas le BSP et que, par conséquent, ils pourraient éviter une telle contribution. Or l’enjeu est tout de même très important.

Les compagnies à bas coûts transportent aux alentours 700 à 800 millions de passagers par an. Il ne serait donc pas juste qu’ils ne participent pas à cette levée de fonds, ce qui accentuerait encore le différentiel qu’elles ont vis-à-vis des transporteurs traditionnels.

Il faudra alors trouver un moyen équitable d’encaisser leur participation. Cela pourrait peut-être se faire au travers des redevances aéroportuaires qui sont suffisamment complexes pour pouvoir héberger un tel prélèvement. Or tous les transporteurs y compris les « low costs » sont obligés d’utiliser les aéroports.

La difficulté majeure est que, très souvent, les compagnies aériennes prennent les initiatives trop tardivement.

Le meilleur exemple a été la gestion du « surbooking ». A ne pas décider elles-mêmes des compensations que devraient recevoir les passagers débarqués, elles ont laissé les autorités prendre des mesures coercitives et elles ont eu la main très lourde. Le même phénomène s’est reproduit avec la gestion des vols retardés ou annulés.

Les décisions des politiques ne sont prises qu’en considérant l’intérêt exclusif des consommateurs sans prendre en compte les difficultés des opérateurs.

L’écologie est devenue le premier enjeu des 10 prochaines années au moins. Le transport aérien va-t-il laisser à d’autres le soin de recevoir l’inévitable taxation sans pouvoir maîtriser son utilisation à son profit et non celui de ses concurrents ?

LIRE AUSSI : Biokérosène : "le sujet n'est pas de concurrencer le prix du pétrole !" 🔑

Jean-Louis Baroux - DR
Jean-Louis Baroux - DR
Jean-Louis Baroux est l'ancien président d'APG (Air Promotion Group) et le créateur du CAF (Cannes Airlines Forum) devenu le World Air Forum.

Grand spécialiste de l'aérien, il a signé aux éditions L'Archipel ''Compagnies Aériennes : la faillite du modèle'', un ouvrage que tous les professionnels du tourisme devraient avoir lu.

Les droits d'auteur de l'ouvrage seront reversés à une association caritative. On peut l'acquérir à cette adresse : www.editionsarchipel.com.

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Tags : baroux
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Commentaires

1.Posté par Fourcade le 25/11/2022 10:04 | Alerter
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L'ADEME le dit elle-même, le seul levier pour répondre à l'urgence climatique actuelle est la réduction du trafic, mais peut-être fait-elle aussi partie des "dictateurs écologiques"?
En tenant compte des effets non-CO2 (trainées de condensation, autres gaz à effets de serre, etc.) la contribution actuelle au réchauffement climatique est plutôt de l'ordre de 6% et est en augmentation.
IATA ne prévoit-elle pas un doublement du trafic d'ici 2037 par rapport à 2019? Les gains en efficacité énergétique n'y suffiront pas (fameux paradoxe de Jevons).
Le parlement européen lui-même estime que la seule part des émissions de CO2 de l'aviation internationale pourrait atteindre 22 % en 2050 si le secteur aérien ne fait pas d'effort par rapport aux autres secteurs. Et ce ne sont pas les mesurettes proposées jusqu'à maintenant par le secteur aérien, y compris la votre, qui changeront la tendance.
Compte-tenu de l'ampleur du travail à réaliser pour atteindre la neutralité carbone (passer de 36,8 Gt CO2/an en 2019 à 2,2 en 2050, soit un effort de -94%), aucun secteur d'activité ne peut être sanctuariser.

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