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Agences de voyages : pourquoi peinent-elles autant à recruter ?

Comment faire évoluer la situation ?


Les offres d’emploi en agences de voyages sont nombreuses, pourtant elles peinent à trouver preneur. Faible rémunération, inadéquation entre formation et attentes des recruteurs, conditions de travail difficiles... Les freins au recrutement sont connus. Alors comment faire évoluer la situation ? Voici la réponse des experts du recrutement et des candidats au métier de conseiller en voyages.


Rédigé par le Mardi 17 Septembre 2019

Qu'ils soient jeunes diplômés ou expérimentés, les candidats peinent à trouver une place en agence de voyages - DR
Qu'ils soient jeunes diplômés ou expérimentés, les candidats peinent à trouver une place en agence de voyages - DR
Les candidats à l’embauche manquent dans les agences de voyages.

Une situation qui n’est pas nouvelle… et qui empire même !

Depuis le lancement, il y a un an, de son cabinet de recrutement Cibléojob, exclusivement dédié aux métiers des agences de voyages, Alain Sauvage a observé l’évolution du marché de l’emploi.

« Il devient très difficile, voire compliqué de recruter. La pénurie des agents de voyages s’accentue. »

« Les difficultés semblent s'aggraver du côté des agences de voyages qui peinent à recruter des conseillers voyages, billettistes et technico-commerciaux », constate, elle aussi, Valérie Dufour, à la tête de TourMaG Jobs.

A 50 ans, Josse Dachicourt recherche un emploi de responsable d’agence. Il évolue depuis 32 ans dans l’industrie du tourisme à des postes de conseiller voyages et commercial. Après un licenciement économique en 2014, il multiplie les remplacements en agence et sur le terrain.

Devant la quantité d’offres d’emploi diffusées, il s’interroge : « j’ai même pensé à de fausses annonces, un moyen pour les employeurs de se constituer des viviers ou de faire parler d’eux… et puis ce sont toujours les mêmes annonces. »

Manque d’attractivité

Les métiers des agences ne séduisent pas, selon les professionnels interrogés.

Le constat se fait dès la sortie de la formation. Les candidats sont rares, une fois leur BTS Tourisme en poche, à se tourner vers les agences de voyages.

« En devenant plus généralistes, les formations se sont éloignées des métiers des agences », constate Alain Sauvage, fondateur de Cibléojob.

« Les jeunes diplômés ne se positionnent pas sur nos annonces, confirme Audrey Cardon, chargée des ressources humaines au sein du réseau Univairmer. Est-ce qu’ils partent directement à l’étranger ? On s’interroge en interne. »

Les Offices de tourisme bénéficieraient de la situation selon Alain Sauvage. « A travers les métiers de conseillers en séjour sur les territoires, les Offices de tourisme ne se contentent plus aujourd’hui d’apporter du conseil, mais font également de la vente de prestations locales », précise-t-il.

Une faible rémunération

L’expression est toujours d’actualité, l’argent est sans conteste le nerf de la guerre.

« C’est le principal frein de la profession, d’après la dirigeante de MS Group. Les entreprises partent du principe qu’un junior doit être rémunéré tant et attendent beaucoup de lui.

Elles se réfèrent aux grilles du syndicat du tourisme, qui n’ont aucune corrélation avec la réalité. Pourtant, le coût du turn over est bien plus élevé que de faire évoluer cette grille. »


« Certains employeurs ont un discours à l’ancienne, ils considèrent que l’on est bien payé en gagnant 1 600€ net par mois et en faisant 15 heures supplémentaires par semaine. C’est du grand n’importe quoi ! » poursuit-elle.

Valérie Dufour en est convaincue, « il faut revoir la grille de salaires non adaptée aux compétences exigées par le poste qui a bien évolué avec le marché averti et hyper concurrentiel. »

« Les salaires n’ont jamais été importants dans la profession, mais étaient compensés par un système de variables. Ce qui est synonyme pour les jeunes d’objectifs et de pression. Ce qui n’existe pas sur des postes en OT », complète Alain Sauvage.

Les responsabilités qui pèsent sur les agents de voyages, face à des clients de plus en plus exigeants, sont un autre frein selon lui. Enfin, « l’actualité et les difficultés rencontrées par les groupes ne rassurent pas sur la pérennité des métiers », assure-t-il.

La liste des griefs est longue. « De plus en plus de responsabilités et compétences demandées et des objectifs à atteindre élevés ! », énumère Valérie Dufour.

« Chez certains, il y a une énorme pression, les agents sont surveillés, chronométrés, ce n’est pas possible. Ce n’est pas ça le tourisme ! Avec leurs méthodes, certains recruteurs ont dégradé le métier d’agent de voyages », appuie Josse Dachicourt.

De l'expérience exigée

Rares sont les employeurs à assurer la formation des nouvelles recrues.

Et encore moins quand il s’agit de main-d’œuvre fraîchement diplômée. « On ne laisse pas la chance aux candidats juniors motivés et prêts à se former pour s'adapter au métier. Les expérimentés, eux, sont déboussolés face aux rémunérations proposées non adaptées à leur niveau d'expérience et leur savoir-faire », observe au quotidien Valérie Dufour.

Et ce n’est pas Thomas* qui dira le contraire. Après avoir travaillé plusieurs années comme conseiller séjour en Office du tourisme, une autre année à l’étranger dans une agence de voyages et avoir beaucoup voyagé, de retour en France, fin mai, il s’est mis en quête d’un poste en agence.

« J’ai cherché pendant quatre mois, j’étais très investi, c’est vraiment ce qui m’intéresse, se désole-t-il. Les 40 candidatures que j’ai envoyées m’ont permis de passer sept entretiens et à chaque fois on m’a répondu que je n’avais pas assez d’expérience. Celle que j’ai en Office de tourisme n’est pas reconnue. »

Aujourd’hui, il travaille chez un tour-opérateur. « Les employeurs sont de plus en plus exigeants, je trouve ça hallucinant. Ils veulent que l’on soit opérationnel immédiatement, que l’on arrive avec un carnet d’adresses et toujours plus d’expérience.

Il faut bien qu’on nous laisse la chance d’en vivre une première avec un minimum de formation. »


Pour mettre toutes les chances de son côté, il a suivi une formation aux GDS, financée en partie par Pôle Emploi et sur ses fonds personnels. « Ça n’a pas suffit », regrette le jeune homme. « Alors entendre parler de pénurie, ça me fait rire. Je connais beaucoup de personnes au chômage, alors qu’elles ont un diplôme. »

Mobile et expérimenté, Josse Dachicourt rencontre, lui aussi, des difficultés à trouver un emploi à la hauteur de ses attentes : chef d’agence avec un salaire minimum de 2 000€ net mensuels.

« Les employeurs recherchent le top, mais ne veulent pas payer : quelqu’un avec un bon relationnel, capable de fidéliser la clientèle, une personne avec des connaissances sur les destinations, de l’expérience, qui peut prendre des responsabilités et manager le personnel pour un salaire de 1 100€. Ils ne trouvent personne parce qu’ils ne payent pas », s’agace-t-il.

Faire évoluer le métier

Quelles solutions apporter alors ? C’est là que le bât blesse. Nos experts peinent eux aussi à trouver la réponse à cette épineuse question.

« L’emploi d’agent de voyages n’a pas suffisamment évolué. Il reste traditionnel. Nous avons toujours un bureau, une chaise vendeur et deux chaises clients. Il faut repenser le concept, des agences ont réussi ce pari, mais cela reste infime », souligne Alain Sauvage.

« Les méthodes de ventes évoluent, travailler avec les coachs voyage ou sortir de l’agence permet de retrouver de l’oxygène, de redynamiser le métier », remarque Audrey Cardon, d’Univairmer.

L’évolution du poste doit également passer par la maîtrise des GDS. « En rendant le métier moins technique, on peut élargir le vivier. Aujourd’hui, les recruteurs recherchent des personnes expérimentées qui maîtrisent Amadeus, alors que ce n’est qu’un outil informatique », remarque Alain Sauvage.

La pénurie de main-d’œuvre accroît la difficulté pour les jeunes diplômés à intégrer le monde du travail. « En flux tendu en permanence, les entreprises ne prennent pas le temps d’assurer une formation interne », explique Alain Sauvage.

« On tourne en rond, les entreprises n’ont pas les moyens de former et d’accompagner des juniors et en même temps, on ne veut pas d’experts pour ne pas les payer trop chers », confirme Carole Betito.

Dans la profession, l’expérience reste une attente forte des employeurs. « Les soft skills et les compétences, la disponibilité, la flexibilité, etc. ne sont pas assez valorisées. On reste focalisé sur l’expérience, à laquelle on indexe la rémunération. Les entreprises ne sont pas assez souples.

Il faudrait créer des catégories de rémunération basées sur les besoins de l’entreprise et valoriser les gens par rapport à leur souplesse, en mettant en place un système de primes »
, préconise Carole Betito.

Et pourquoi pas « motiver le personnel en poste avec des avantages tels que des voyages offerts et une formation continue, afin qu'il puisse s'adapter à l'évolution du marché en temps réel », suggère Valérie Dufour.

« Être à l’écoute des besoins des collaborateurs est nécessaire. De même que de partager les bonnes pratiques. Cela passe par la formation », pour la chargée des RH du réseau Univairmer.

Quel avenir pour le métier d’agent de voyages ?

Les difficultés pour les recruteurs risquent de perdurer.

« Il faut revaloriser l’image du secteur, dire qu’Internet n’a pas pris le relais de l’agent de voyages. On a besoin de leur expertise, de leur sens du service.

Faire de la pédagogie sur ce qu’est le secteur et ses métiers est primordial. Le sens du service ne s’apprend pas »,
tient à préciser Carole Betito, de MS Group. D’autant qu’« aujourd’hui, les passionnés du tourisme, cultivés, maîtrisant la géographie, c’est fini. Il n’y en a quasiment plus. »

« Je comprends que mes amis qui ont suivi une formation dans le tourisme se tournent vers d’autres secteurs, si après quatre mois de recherche je n’avais pas trouvé, j’aurais fait la même chose », répond le jeune candidat.

Quid de la réforme du BTS tourisme ? « Il faudra attendre deux ans et la sortie sur le marché du travail des premiers diplômés pour voir les bénéfices de ce nouveau référentiel », affirme le fondateur de Cibléojob. Peut-être permettra-t-elle de créer de nouvelles vocations.

« J’aurais aimé faire un stage en agence, pour gagner en expérience, voir comment on y travaille. C’était impossible », déplore Thomas.

Mobiles et toujours passionnés par le métier, nos deux candidats ne comptent pas abandonner leurs recherches. « Tous les employeurs ne sont pas comme ça », reste convaincu Josse Dachicourt. Avis aux recruteurs intéressés !

En attendant, le vivier est à sec.

* prénom d’emprunt

Caroline Lelievre Publié par Caroline Lelievre Journaliste - TourMaG.com
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Commentaires
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11.Posté par Hervé le 18/09/2019 11:42 | Alerter
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@HOP
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10.Posté par cath le 18/09/2019 11:36 | Alerter
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je partage entièrement ce point de vue ; cet article illustre très la situation actuelle , qui ne va que s agraver en effet sans prise de decision vers l evolution de ces grilles; il est vrai pour y être confrontée que meme avec des resultats et objectifs atteints et dépassés c est le systeme de primes qui est retenu par les employeurs et non l augmentation ...
bien dommage pour le calcul des retraites ...

9.Posté par Tiphaine HEEM le 18/09/2019 11:03 | Alerter
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Arrêtez de croire que les employeurs ne paient pas bien les agents de voyages, c'est faux. Certains chefs d'agence peuvent être très bien payés et avec des avantages financiers complémentaires : chèque Kdo assurance, miles attack pour ne citer que ceux là

8.Posté par Hop le 18/09/2019 10:31 | Alerter
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Ou peut-être la problématique est ailleurs ? Les agents de voyages se donnent beaucoup trop d'importance au vu de la faible valeur ajoutée qu'ils produisent. A part vendre des billets sur Amadeus ou des forfaits via des portails b2b, référencés par leur réseau pour empocher la com la plus forte, où ya plus qu'à cliquer, que font ils d'autre ? Rien... Quand les agents de voyages arrêteront de penser d'eux plus que nécessaire peut être que la profession redeviendra attrayante.

7.Posté par Eastwood Bob le 18/09/2019 10:23 | Alerter
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if you pay peanuts, you get monkeys, tout simplement.
Les employeurs veulent le beurre et l’argent du beurre, l'expérience au prix du débutant. Quand on voit les compétences t responsabilités qui sont celles d'un agent de voyage, moi même dans le tourisme, je déconseille cette branche à chacun : je ne connais aucun autre secteur qui à un tel niveau d'expertise requise et un tel niveau de responsabilité rémunère si pauvrement.

6.Posté par Christelle le 18/09/2019 10:08 | Alerter
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en effet cet article relate bien la réalité des faits. Pour moi le plus gros problème est ce BTS tourisme bien trop éloigné de la réalité du métier !!!! Nous prenons des stagiaires chaque année et aujourd'hui nous ne prenons plus que des bachelors , déjà parce que leur stage sont à longue durée : 4 mois minimum et parce que l'enseignement des BTS est beaucoup trop théorique !!!! il faut repenser cette formation. Je suis intervenue plusieurs fois en classe de BTS ou de bachelor pour parler des divers métiers en agence et je peux vous dire que les étudiants sont aux antipodes des réalités, que ce soit sur les postes ou les salaires ! J'ai eu la chance de ne pas faire un BTS tourisme mais un certificat supérieur de tourisme opérationnel (ancienne école nouvelle frontière UET) et l'enseignement était vraiment en adéquation avec le monde professionnel, de plus on avait un stage de 6 mois qui était un véritable stage de pré embauche. Il est bien dommage que cette ecole n'existe plus car ils avaient tout compris aux besoins des agences et des TO. D'ailleurs toute ma promo avait trouvé un emploi directement en sortant de cette formation !

5.Posté par Tiphaine HEEM le 18/09/2019 09:42 | Alerter
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D'accord avec cet article sauf qu'il ne faut pas oublier que les marges sont faibles et le coût du travail énorme en France avec toutes les charges, en plus si la personne ne fait pas l'affaire on doit payer des indemnités...on marche sur la tête! Plus personne ne veut s'investir et les jeunes et moins jeunes finir à 18h et ne pas travailler le samedi...Je ne pense pas que le salaire soit le problème en fin de compte. C'est aussi un problème générationnel.

4.Posté par Trichard Nathalie le 18/09/2019 09:10 | Alerter
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Bonjour
Gerante d'une agence atypique en plein developpement je vous confirme qu'il est difficile de recruter malgré une mise en place de primes sur objectif tres atteignable, un lieu de travail où les "bureaux" ne sont pas des bureaux classiques... les vendeurs en poste ont peur de quitter leurs habitudes bien ancrées depuis des annees pour la nouveauté; ceux avec de d'experience doivent reapprendre ce metier d'agent de voyages different mais efficace. J'ai donné sa chance à une personne venant d'OT mais malheureusement bon en conseiller mais pas l'âme d'un vendeur donc experience non concluante !
Et en province les candidats sont rares
A la recherche d'un chef de comptoir au Havre depuis cet ete alors, à bon entendeur :)

3.Posté par Hervé le 18/09/2019 09:03 | Alerter
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Tout ce qui est écrit dans l'article est correct. Il faut aussi y ajouter la difficulté de faire venir les jeunes dans des petites villes où nous recherchons désespérément des candidats....

2.Posté par David P le 18/09/2019 08:49 | Alerter
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Super article, criant de verité malheureusement.
Je rejoins Thomas et Josse, il n'est pas évident de trouver un emploi en tant qu'agent de voyages. A croire qu' "Expérience exigée" soit la seule chose qu'aient en tête les recruteurs. Je suis débutant mais avec une 1ere expérience réussie. J'ai été formé à Grand Sud Tourism School à Toulouse et la formation colle parfaitement aux attentes du terrain. Mais ce n'est hélas pas suffisant pour un débutant, je crois.
La rémunération n'est pas la 1ere de mes priorités, je recherche avant tout de l'expérience et à faire ce que j'aime.
Je reste néanmoins optimiste, les efforts paient toujours. :D

1.Posté par Altus Allister le 18/09/2019 08:47 | Alerter
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Une étudiante en tourisme m'a récemment confié, qu'une fois les études terminés, être embauché comme conseillère dans une agence de voyage, c’était la honte

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