Avec Koob, Easia Travel veut "fluidifier les échanges entre TO, hôteliers et DMC"

Easia Travel, c’est d’abord une histoire de terrain. « Nous sommes une DMC (Destination Management Company) fondée il y a 25 ans.

Trois associés : deux Vietnamiens et moi », résume Philippe Richard.

Le cœur d’activité ? Accompagner des agences de voyage et tour-opérateurs dans l’organisation de séjours sur-mesure au Vietnam, au Cambodge, au Laos et en Thaïlande. Un temps présent au Myanmar, Easia Travel y a suspendu ses opérations en raison de la situation politique, tout en maintenant un bureau à Yangon, mobilisé en soutien logistique pour les autres pays.

Aujourd’hui, Easia Travel, c’est 55 000 voyageurs en 2024 et un chiffre d’affaires de 55 millions de dollars, et des marchés phares comme la France, l’Allemagne, l’Italie ou les États-Unis. La France reste le premier marché, avec 15 000 à 20 000 voyageurs, pour 20 millions de chiffre d’affaires.

Easia Travel a également ouvert un hôtel pendant le covid, à Mai Chau, au Viêt-Nam.

Face à l’évolution des usages et à la montée de la désintermédiation, Easia Travel a lancé Koob, une plateforme technologique B2B pensée pour fluidifier les échanges entre TO, hôteliers et DMC.

« Aujourd’hui, les TO vont directement sur Booking.com ou Hotelbeds. On perd en valeur, en expertise locale. Il nous fallait réagir », justifie Philippe Richard.

Koob permet aux DMC de constituer leur propre banque hôtelière connectée aux channel managers, avec tarification en temps réel (live inventory), réservation de services à la carte, modules combinables via le Trip Designer…

Une marketplace flexible et multilingue, disponible gratuitement pour les TO, mais financée par les DMC partenaires. Une dizaine ont déjà embarqués.

Après deux ans de développement, le lancement officiel a lieu en septembre 2025, avec une première démonstration prévue à l’IFTM-Top Resa.

Mais la technologie ne suffit pas. Pour Easia Travel, le tourisme doit désormais répondre à des enjeux sociaux et environnementaux. « Le changement climatique nous rattrape. Le tourisme doit se réinventer. »

Dès sa conception, Koob intègre un volet durable : remontée des bonnes pratiques, visibilité accrue pour les hébergements engagés, filtrage des partenaires selon leurs critères RSE. « Ce n’est pas du greenwashing. C’est un investissement humain et financier », affirme Philippe Richard.

Concrètement, Easia Travel est certifiée Travel Life et Child Safe, exclut les visites d’orphelinats, et participe à l’initiative Refill Not Landfill, avec distribution de gourdes et installation de bonbonnes d’eau.

Sur le terrain, une douzaine d’hébergements chez l’habitant au Vietnam sont accompagnés, notamment sur l’amélioration de l’hygiène avec la création de toilettes et de douches, la formation à la cuisine, l’accueil touristique, dans une logique de valorisation économique locale et équitable. « La rencontre est au cœur de notre ADN. Notre premier slogan était : Rencontre au bout de l’horizon », rappelle le cofondateur de la DMC.

Malgré cette structuration solide, l’environnement reste incertain. « Le tourisme est un fétu de paille dans le vent géopolitique », constate Philippe Richard.

Entre les tensions internationales, la guerre en Ukraine qui allonge les temps de vol et renchérit les coûts, ou les incidents ponctuels en Asie du Sud-Est, le secteur reste fragile. « L’instabilité donne des idées à certains apprentis dictateurs. Le tourisme n’a pas besoin de ça » , poursuit-il.

Easia Travel prépare l’ouverture d’un bureau au Japon via Easia Travel, prévue pour 2026. Une destination très culturelle, en phase avec les valeurs de l’entreprise.

En parallèle, Koob est appelé à monter en puissance : « Le but est de pouvoir répondre 24/7, même à des marchés lointains comme les États-Unis. » L’objectif reste clair : réconcilier exigence technologique, sens du voyage, et ancrage local durable. Un pari audacieux, mais essentiel.