DMC : après l'Allemagne, Bretzel Travel étend sa toile en Europe ! [ABO]

Certains mettent des années à réaliser de la croissance externe, d'autres quelques semaines.

À peine lancée, la petite équipe de Bretzel Travel va déjà devoir pousser les murs de ses bureaux pour accueillir celle de Brightside Travel. Samy Bailly nous l'avait annoncé : le projet du réceptif est de rapidement créer un réseau de DMC en Europe.

Quatre mois seulement après avoir vu le jour, l'entreprise annonce l'acquisition de Brightside Travel, comme une évidence.

"Tout est parti d'une rencontre.

Nous voulions, comme je vous l'ai déjà partagé, créer un réseau européen, plutôt orienté sur le sur-mesure. Nous avions un oeil sur le Royaume-Uni, puis l'occasion s'est présentée lorsque nous avons rencontré Loïc Acosta.

Il avait créé son activité en 2021, puis le covid avait mis le projet en pause. Il cherchait des associés pour le relancer, nous avons saisi la balle au rebond," nous partage Samy Bailly.

Celui qui a cumulé plusieurs expériences dans d'importants groupes de réceptifs a décidé de voler de ses propres ailes entre deux fenêtres d'ouverture des frontières.

Un peu esseulé à Édimbourg et essoufflé par la crise sanitaire, la société n'a pas pu prendre l’envol souhaité, mais Loïc Acosta n'a pas pour autant renoncé à ses ambitions.

Après une première rencontre au crépuscule de l'année 2024, plusieurs rendez-vous ont eu lieu avant d'arriver à un possible accord.

Cinq mois plus tard, les signatures ont été apposées à la fin du contrat de rachat.

En intégrant Bretzel Travel, le DMC britannique va pouvoir bénéficier des bonnes pratiques et des connaissances du marché français de l'ancien responsable d'Evaneos.

A lire : Bretzel Travel : Après Evaneos, Samy Bailly veut créer un réseau de DMC en Europe

"L'enjeu était de conserver Loïc dans les équipes, c'est la personne ressource, le référent sur les destinations.

Nous avons rapidement identifié un bras droit qui deviendra directrice commerciale. Emmanuelle Jaillet a une solide expérience dans les médias, puis a entamé une reconversion professionnelle. Elle souhaite désormais s'installer en Écosse.

L'idée, à terme, est d'intégrer progressivement plus de monde pour faire grossir l'effectif et installer durablement ce bureau," poursuit le cofondateur.

Malgré un lancement en pleine crise sanitaire, cette année Brightside Travel devrait se charger des séjours de 150 à 200 clients.

La production ne sera pas revue, le contenu est déjà là, il sera juste repimpé à la sauce Bretzel Travel. Le réceptif gardera aussi son nom. Les processus acquis par Samy tout au long de sa carrière seront aussi enseignés à la petite équipe écossaise.

"Nous sommes alignés à tous les niveaux, la production est assez pointue et de qualité.

L'offre sur-mesure propose des expériences originales, plutôt privatives, et nous allons juste apporter une petite dose de gamification à tout ça. Harry Potter est un inconditionnel au Royaume-Uni, comme la chasse aux fantômes en Écosse.

Je reviens d'ailleurs d'une visite dans un cimetière à Édimbourg avec une guide spécialisée : nous étions armés d'une application pour détecter les spectres.

C'est très ludique, on parle d'un cimetière anglo-saxon, et les visiteurs repartent avec plein d'anecdotes. Loïc a mis aussi en lumière la gastronomie — qui est bien meilleure qu'en Angleterre — la musique, le whisky, etc." s’enthousiasme le quadragénaire.

Bien armé, Brightside Travel peut maintenant se rapprocher de son marché émetteur et partir à sa conquête.

L'objectif sera de multiplier les dossiers pour atteindre un premier seuil critique d'un million d'euros de chiffre d'affaires.

"Les marges sont très faibles dans le voyage, ce n'est pas nouveau, mais là-bas, les salaires sont très élevés.

Atteindre ce cap permettra de payer correctement les salariés. Nous allons nous développer progressivement. Nous sommes structurés, le programme est déjà là, il reste maintenant à valoriser le travail des vendeurs et à nous faire connaître," estime Samy Bailly.
Pour y parvenir, Bretzel Travel espère pouvoir s'appuyer sur le réseau Selectour.

Le réceptif et son désormais mini-réseau de bureaux ont candidaté pour être référencés auprès des agences du réseau présidé par Laurent Abitbol.

Les DMC ont jusqu'au 31 juillet pour déposer leur dossier afin de figurer sur la shortlist des partenaires pour les trois prochaines années. Après seulement trois mois en Allemagne et une vingtaine de dossiers réservés, ce référencement BtoB est la grande priorité de l'entreprise.

"Ce serait une opportunité incroyable pour nous.

Pour nous démarquer, quand nos concurrents aiment proposer des GIR et des départs à dates fixes, nous sommes sur le sur-mesure. En FIT, il est possible de vivre avec une marge de 15 %, une fois la taille critique atteinte.

En même temps, nous poursuivons notre développement : nous allons nous équiper de l'outil Odys – Travel Software, récemment acquis par Evaneos, puis nous avons toute la partie administrative et comptable, qui est primordiale.

Quand vous vous développez, la trésorerie est reine," affirme le néo-montagnard.

Un business plan à trois ans pour Brightside Travel a déjà été élaboré, pour pouvoir se projeter et suivre les objectifs de l'entreprise.

Si le Royaume-Uni figurait au sommet de la liste des souhaits des trois fondateurs du réseau de réceptifs, il n'est pas le seul.

"Nous aimerions rapidement aller aux Pays-Bas, une destination dans l’air du temps.

Puis nous souhaitons aussi nous implanter en Autriche, ce sera sans doute le prochain pays que nous allons ouvrir, en raison des combinés possibles avec l'Allemagne.

Nous avons même déjà des dossiers de voyages sur l'Allemagne et l'Autriche."

Une implantation, anticipée pour janvier 2026, qui passera sans doute par la création d'un bureau, via le recrutement d'un responsable sur place. La future recrue pourrait aussi devenir l’un des associés des trois créateurs, sur le modèle d'Evaneos où les salariés sont aussi actionnaires de l'entreprise.

Un développement qui peut paraître très - ou trop - rapide, mais qui se fait réellement avec bon sens.

A lire : Bretzel Travel : Et l’Allemagne dans tout ça ? La nouvelle agence d’experts du tourisme

"Nous ne sommes pas une start-up qui va lever des fonds pour vite grossir et ouvrir tous les ans une nouvelle destination.

Nous saisirons les possibilités qui se présenteront, comme des départs en retraite ou des patrons qui ont besoin d'être épaulés pour développer leur activité, ou alors nous allons ouvrir nos propres bureaux," réaffirme l'ancien responsable d'Evaneos.

Le positionnement, sur des destinations peu intermédiées, est finalement aussi d'actualité. À l'heure où la France connaît des vagues de chaleur à répétition, ces destinations plus nordiques et moins balnéaires font office de refuge.

Alors que la Norvège refait surface dans les agences de voyages, l'Écosse connaît un regain d'intérêt aussi.

"Pour avoir discuté dernièrement avec Loïc Acosta, il a eu des demandes de dernière minute, de personnes qui voulaient partir dans des destinations où elles sont sûres d’avoir frais.

Quand les gens ont un besoin, le prix importe assez peu finalement.

Finalement, certains pays tirent bénéfice de cette situation et nous pouvons imaginer, dans quelques années, qu'une bascule s'opère sur les destinations, notamment au cœur de la saison."

Ce n'est pas le réchauffement climatique qui a poussé les fondateurs de Bretzel Travel à ne pas s'attaquer aux grands pays touristiques et intermédiés que sont l'Italie ou l'Espagne, mais cela correspond bien à une volonté des créateurs de la structure.

Une façon de se démarquer des autres acteurs et de pouvoir croître très rapidement.

"Les deux pays que vous avez cités ne sont pas prioritaires. Il est plus judicieux de se positionner sur de nouvelles destinations qui sont en forte croissance que sur des marchés qui stagnent.

Nous sommes plus facilement identifiables et référencés par les agences.

Notre principal enjeu est de rassurer les agents de voyages sur notre solidité financière, parce qu'en face, nous n'avons pas toujours de concurrents," affirme Samy Bailly.

En seulement trois mois, Bretzel Travel a réussi à se faire un petit nom dans les agences de voyages.