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Comment les parcs d’attractions changent de méthode pour embaucher [ABO]

De nouvelles méthodes RH pour sortir de la crise du recrutement


Alors que la saison estivale bat son plein, de nombreux parcs d’attractions français peinent à recruter suffisamment de personnel, en particulier des postes en CDI, ou requérant des spécificités techniques. Une pénurie persistante ces dernières années, qui oblige les établissements à multiplier les initiatives pour séduire de nouveaux candidats, dans un secteur où les vocations se font de plus en plus rares.


Rédigé par le Mercredi 23 Juillet 2025

Face à une pénurie de saisonniers, certains parcs d'attractions peinent à maintenir leur niveau de service - Depositphotos.com, @mikeledray
Face à une pénurie de saisonniers, certains parcs d'attractions peinent à maintenir leur niveau de service - Depositphotos.com, @mikeledray
Dans les parcs d’attractions français, derrière les sourires des mascottes et les cris de joie des visiteurs sur les montagnes russes, une autre réalité s’impose : celle d’un secteur qui peine à recruter.

"Pendant longtemps, cela a été très problématique pour nous", nous confie Antoine Lacarrière, directeur de La Mer de Sable.

"Depuis 2023, nous avons dû complètement repenser notre manière de recruter."

Hausse des salaires de 17 % en deux ans, programme de participation financière, efforts sur le confort du personnel et aménagements RH ciblés ont permis un petit miracle : 45% des saisonniers de l’an dernier sont revenus en 2025, contre 10 à 20% auparavant.

Nigloland, de son côté, reçoit de nombreuses candidatures pour ses emplois saisonniers, mais peine à recruter en CDI, notamment sur les métiers techniques : mécaniciens, électriciens, techniciens de maintenance, cuisiniers.

"Ce sont des postes où l’on attend des compétences précises, et où la formation sur le terrain ne suffit pas toujours", explique le service communication.


Pourquoi les candidats ne sont-ils plus au rendez-vous ?

Du côté du Parc Astérix, le manque de main-d'œuvre se fait encore sentir, même si le deuxième parc le plus fréquenté de France n'a pas chômé pour recruter. "Cette année, nous n’avons pas connu de pénurie de personnel, sauf sur quelques métiers en tension comme la restauration ou la maintenance," nous explique Fathia Gueucier, responsable RH du Parc Astérix.

Il faut dire que lorsque les équipes sont incomplètes, c'est tout l'équilibre du parc qui est fragilisé. "Un manque d’opérateurs entraîne des pauses mal couvertes, des équipes techniques détournées de leurs missions principales, et une réactivité réduite en cas de panne", précise Antoine Lacarrière.

À terme, ce sont les visiteurs eux-mêmes qui peuvent en pâtir : files d’attente rallongées, problèmes de propreté sur le site, voire fermeture temporaire de certaines attractions.

Mais alors, comment expliquer cette désaffection pour les parcs d'attractions ? Il s'agit en réalité d'une combinaison de plusieurs facteurs, parmi lesquels des conditions de travail exigeantes, une saisonnalité contraignante, un logement difficile à trouver, des salaires jugés trop bas et des horaires décalés (week-ends, jours fériés, périodes estivales).

Néanmoins, il existe aussi une évolution plus profonde, comme le souligne le sociologue Jean Viard, spécialiste du temps libre et du travail : "Depuis le Covid, les jeunes ont réévalué leur rapport au travail. Ils ne veulent plus de contraintes déséquilibrées, recherchent du sens et un cadre de travail plus humain.

Les métiers de service, et en particulier les emplois saisonniers dans les parcs, souffrent aujourd’hui d’un déficit de reconnaissance"
, analyse-t-il.

Des initiatives pour booster le recrutement

"Après la crise sanitaire, les difficultés de recrutement se sont accrues dans de nombreuses structures de la branche, notamment pour les contrats saisonniers" confirme l'Afdas, l'opérateur de compétences (OPCO) des secteurs - entre autres - de la culture, du tourisme, des loisirs et du divertissement.

De plus, les parcs d’attractions ne sont plus seuls sur le terrain du travail saisonnier. Hôtellerie, restauration, événementiel, agriculture, livraisons à domicile… tous ces secteurs recrutent massivement, parfois avec des avantages plus nets comme un logement inclus, des pourboires, des horaires plus souples, du télétravail (pour certains postes supports).

Face à la difficulté croissante à attirer et fidéliser du personnel, certains parcs n'ont eu d'autre choix que de se réinventer. Ils misent désormais sur l'expérience collaborateur autant que sur l’expérience visiteur.

Lire aussi : Comment le secteur du tourisme peut-il séduire et retenir les meilleurs talents en 2025 ?

Car pour espérer retenir des saisonniers, l'approche traditionnelle du management ne suffit plus.

C’est le virage amorcé par La Mer de Sable depuis 2023. L’arrivée d’une nouvelle responsable des ressources humaines a donné lieu à un changement structurel dans la manière de recruter et de gérer les équipes.

"Nous avons complètement transformé nos restaurants, réorganisé les espaces, amélioré les produits, et même revu les horaires pour proposer des journées continues sans coupure, plus confortables pour les équipes", précise Antoine Lacarrière. Résultat : les candidatures augmentent lentement, mais sûrement.

Autre levier crucial : la mobilité, qui représente souvent un frein pour les jeunes sans permis ou sans voiture.

Le parc a mis en place un partenariat avec une plateforme de covoiturage, avec un système de récompenses pour les conducteurs prenant des collègues à bord. De même, un projet de navette locale est en cours de discussion avec la commune, afin de permettre à des jeunes des villages voisins d’accéder facilement au site.

Pouvoir poser des congés, même pendant la haute saison

À Nigloland, on soigne aussi la première impression : les entretiens sont organisés en groupes, dans un lieu symbolique du parc.

Les responsables RH et les chefs de service sont présents, permettant un premier contact direct avec les futurs encadrants.

Le traitement des candidatures a été accéléré et humanisé avec des réponses systématiques, des délais réduits, et un retour constructif en cas de refus. La polyvalence est encouragée, les saisonniers pouvant découvrir différents métiers au fil de la saison, et favoriser ainsi leur montée en compétences et leur engagement.

Pour maintenir un rythme de recrutement stable, le Parc Astérix a mis en place plusieurs mesures concrètes en faveur du bien-être des saisonniers. "Nous avons revu les rythmes de travail pour permettre une meilleure qualité de vie, avec par exemple des cycles de quatre jours travaillés et trois jours de repos", explique la responsable RH.

Même pendant la haute saison, les équipes peuvent poser des congés, un droit rare dans le secteur, et particulièrement apprécié.

Enfin, pour faciliter l’accès à l’emploi, le parc propose des navettes gratuites depuis plusieurs gares de la région et accompagne les saisonniers dans leur recherche de logement via des partenariats locaux.

Ainsi, le Parc Astérix parvient chaque année à fidéliser près de la moitié des saisonniers, baptisés à juste titre, les "irréductibles".


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