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FUTUROSCOPIE - Quand les chansons font la "promo" des destinations 🔑

Série Tourisme et musique : le décryptage de Josette Sicsic (Futuroscopie)


ChantĂ©es et rechantĂ©es par de nombreux artistes, les destinations touristiques dĂ©tiennent des outils de promotion exceptionnels. Qui n’a pas eu envie de sauter dans un avion en entendant Franck Sinatra chanter New York, Yves Montand chanter « A Paris », Dalida susurrer « Love in Portofino » et Akhenaton rythmer « Je suis Marseille » ?
Pour entamer cette sĂ©rie estivale consacrĂ©e aux liens entre musique et tourisme, commençons donc par quelques exemples de standards de la variĂ©tĂ© française et internationale qui font plus pour le tourisme que n’importe quelle campagne de publicité  et qui pourraient faire plus !


Rédigé par le Mardi 2 Août 2022

Syracuse

‱ Syracuse : Lorsque Bernard Dimey compose les paroles de Syracuse sur une musique d’Henri Salvador, cet artiste dĂ©jantĂ© qui force trop sur l’alcool et la fumĂ©e, ne sait sans doute pas grand chose de cette ville sicilienne qu’il a contribuĂ© Ă  immortaliser.

On est au dĂ©but des annĂ©es soixante. Le duo Salvador/Dimey fait un tabac. La chanson reprise par Yves Montand devient d’autant plus rapidement un succĂšs que sa musique se fredonne facilement tandis que sa poĂ©sie incite Ă  l’évasion.

Quel Français ne se surprend pas alors Ă  rĂȘver de dĂ©barquer dans le port de Syracuse dont la rĂ©putation est faite ? Pour longtemps.


« Twist Ă  Saint-Tropez » et autre « Capri, c’est fini »

‱ « Twist Ă  Saint-Tropez » et autre « Capri, c’est fini » : Dans un autre genre, alors que la vague yĂ©yĂ© dĂ©ferle sur les ondes et dans le cƓur des jeunes EuropĂ©ens, un petit port de pĂȘche du Var devient le centre du monde grĂące Ă  la popularitĂ© de l’une de ses habitantes les plus sculpturales : Brigitte Bardot.

SĂ©journant dans sa villa, s’offrant gĂ©nĂ©reusement aux photographes, la star assure la promotion de Saint-Tropez mieux que n’importe quelle campagne de publicitĂ©.

Une chanson contribue cependant beaucoup au succĂšs de la nouvelle station balnĂ©aire : c’est « Twist Ă  Saint-Tropez » chantĂ© par Dick Rivers, un jeune Niçois Ă©pris de rock n’roll, vedette du groupe Les Chats sauvages. Il n’avait jamais mis les pieds Ă  Saint-Trop ! On est en 1961.

Son 45 tours se vend Ă  300 000 exemplaires. Beaucoup ! Mais moins qu’une autre Ă©toile filante qui envoĂ»te la France, la fera danser tout l’étĂ© et se vendra Ă  2,5 millions d’exemplaires.

SignĂ©e par un jeune chanteur de 19 ans, totalement inconnu, cette chanson intitulĂ©e : « Capri, c’est fini ! » rĂ©volutionne les hit-parades et fait de l’üle italienne le point de mire de toute une gĂ©nĂ©ration de jeunes boomers en rupture avec le monde sage et disciplinĂ© de leurs parents.

Combinée ou non à la danse, la musique dispose à la fois de vertus curatives, éducatives, cognitives
 Elle stimule, elle soigne, elle ravive les souvenirs, elle aide parfois à retrouver la parole.

L’inoubliable « Clair de lune »

‱ L’inoubliable « Clair de lune » : Tous ces exemples ne peuvent cependant pas masquer l’un des plus grands succĂšs inexpliquĂ©s de la chanson française, un certain « Clair de lune Ă 
Maubeuge
» !

ComposĂ©e en 1962 par un chauffeur de taxi parisien, cette chansonnette projette sur le devant de la scĂšne, une ville dont nul apparemment n’avait eu l’idĂ©e de rĂȘver !

SĂ©vĂšre, sombre, Ă  l’image d’un Nord sinistrĂ©, Maubeuge entre alors dans le Top Ten des hit-parades, pour 5 mois et, chantĂ©e par toute la France, se mue en une sorte de lĂ©gende urbaine dont nul ne connaĂźt les caractĂ©ristiques mais dont tous connaissent le « clair de lune » !

Mieux, la chanson nĂ©e du gĂ©nie d’un amateur qui, lui non plus, n’avait jamais mis les pieds dans la ville qu’il chantait, devient un film dans lequel l’inĂ©galable Bourvil interprĂšte Ă  son tour cette chansonnette vedette.

Du mĂȘme coup, elle se maintient quelques mois de plus dans le peloton de tĂȘtes des rengaines prĂ©fĂ©rĂ©es des Français. 450 000 disques sont vendus.

Et durant des annĂ©es, la ville de Maubeuge bĂ©nĂ©ficia des retombĂ©es de ce tube ! Aujourd’hui encore, le site internet de l’office du tourisme reprend les paroles de la chanson et en propose une Ă©coute. Tandis que les employĂ©s Ă  l’accueil confirment : « On y a droit Ă  chaque fois : les gens viennent ici et fredonnent Le clair de lune » !

« Alexandrie »

‱ « Alexandrie » : Autre triomphe, international cette fois : l’incomparable « Alexandrie » du sautillant Claude François. Certes, il Ă©tait natif de la ville Ă©gyptienne mais, « les lumiĂšres, le phare, les sirĂšnes
 » compensent Ă  peine des fadaises telles que : « j’ai plus d’appĂ©tit qu’un barracuda »  ou autre : « je boirai tout le Nil si tu ne m’reviens pas » !

Reste le rythme de la chanson, embrasĂ© qui plus est, par la prĂ©sence des Clodettes, et qui continue, quarante-cinq ans aprĂšs sa sortie en 1976 de faire danser toutes les gĂ©nĂ©rations. Il continue par la mĂȘme occasion Ă  les rappeler au bon souvenir d’une ville mythique qui, en ces temps troublĂ©s, ne demanderait qu’à regagner le cƓur des touristes.

Un peu Ă  la façon d’un cĂ©lĂšbre slow cĂ©lĂ©brant Portofino, chantĂ© par Dalida Ă  la fin des annĂ©es cinquante ou encore Ă  la façon de « The girl from Ipanema » qui a donnĂ© le goĂ»t du BrĂ©sil tandis que l’opĂ©rette vedette de Francis Lopez : « le chanteur de Mexico » faisait Ă©clater le soleil de la capitale mexicaine et installait la destination dans le cƓur du public.

L’opĂ©rette d’ailleurs a largement contribuĂ© au succĂšs d’autres capitales rĂ©gionales andalouses comme SĂ©ville et surtout Cadix dont la « belle » ne se pĂ©rimera jamais !

Barbara et Nantes

‱ Barbara et Nantes. Dans une toute autre veine, de nombreuses chansons de variĂ©tĂ© ont Ă©tĂ© Ă©crites dans le souci du verbe et ont modifiĂ© la gĂ©ographie urbaine.

Ainsi, en 1964, Barbara dĂ©livre l’un de ses plus beaux messages Ă  travers l’une de ses Ɠuvres les plus Ă©mouvantes : Nantes. Vingt ans plus tard, rendue immortelle par le succĂšs de cette chanson, la ville de Nantes reconnaissante dĂ©cide de rendre hommage Ă  la chanteuse et inaugure une "rue de la Grange au Loup".

Rue qui n'existait pas, car Barbara avait inventĂ© ce nom de toutes piĂšces pour les besoins de sa chanson. Mais, les touristes de passage qui l’entendaient d’une autre oreille, voulaient une vraie rue. Barbara viendra l'inaugurer en compagnie de GĂ©rard Depardieu.

Quelques années plus tard, c'est une "Allée Barbara", bordée des roses qui sont si chÚres à la chanteuse qui est également inaugurée sur la carte nantaise.

Suit l’installation d’une statue de la chanteuse, tandis que le musĂ©e du ChĂąteau des Ducs est fier d’exposer la partition de la chanson que Barbara n’aura finalement jamais le courage de chanter pour les Nantais


MĂȘme scĂ©nario pour Moscou. Quand Gilbert BĂ©caud fait de sa chanson « Nathalie » un succĂšs, le cafĂ© Pouchkine n’existe pas. Devant l’afflux de touristes qui veulent « aller y boire un chocolat », l’enseigne se crĂ©e et essaime ailleurs dans le monde.

Toulouse et Claude Nougaro

‱ Toulouse et Claude Nougaro. Autre ville, autre histoire. Quand en 1967, Claude Nougaro, toulousain de naissance et de cƓur consacre à sa ville natale une chanson, il a trop souffert entre les murs roses de Toulouse pour se montrer tendre avec eux.

Il faudra donc attendre une seconde version, plus de 10 ans plus tard, pour que la capitale occitane gagne ses faveurs et inspire au poĂšte une vraie chanson d’amour qui rencontra immĂ©diatement son public. Car, entre-temps, Nougaro a redĂ©couvert sa ville qui lui a d’ailleurs bien rendu l’affection qu’il a dĂ©ployĂ©e pour elle, Ă  sa mort.

Non seulement, le chanteur y est enterrĂ© mais le carillon de la basilique Saint-Sernin oĂč eurent lieu ses obsĂšques Ă©grĂšne les notes de cette chanson, tandis que sous le Pont Neuf, les paroles d’un autre succĂšs : « C’est une Garonne » sont entiĂšrement retranscrites sur une plaque.

Mieux ! En 2014, pour commĂ©morer ses dix ans d’absence, la Mairie organise un grand concert en son honneur. Tandis que l’office de tourisme organise des visites guidĂ©es sur les pas du chanteur.

Vesoul, Bruxelles, Amsterdam :

‱ Vesoul, Bruxelles, Amsterdam : Parmi d’autres exemples, notons encore des chansons au caractĂšre hybride. En 1964 par exemple, le grand Jacques Brel entonne : « Amsterdam ».

Une chanson crue, forte, tonitruante dans laquelle le port, la dĂ©tresse et la dĂ©bauche des marins d’Amsterdam l’emportent largement sur l’imagerie tranquille des canaux, des maisons bourgeoises et des brumes du nord.

La France entiĂšre s’éprend de la chanson, comme elle s’éprend d’ailleurs de deux autres chansons de Jacques Brel consacrĂ©es Ă  une ville : « Bruxelles » dĂ©crite Ă  la belle Ă©poque des « femmes en crinoline et des bus Ă  impĂ©riaux », et surtout Vesoul, une drĂŽle de valse plaquĂ©e sur une drĂŽle d’histoire tout en quiproquos, Ă©voquant une bien drĂŽle de ville qui plante aussitĂŽt son drapeau sur la carte de France. Tandis que Bruxelles, aurĂ©olĂ©e par le succĂšs de son « expo » commence Ă  briller dans le ciel des escapades urbaines.

‱ MontrĂ©al et les lacs du Connemara : Une capitale comme MontrĂ©al doit aussi pour sa part beaucoup Ă  un artiste emblĂ©matique de la chanson quĂ©bĂ©coise : Charlebois. Il faut dire que dans « Je reviendrai Ă  MontrĂ©al », l’une des chansons les plus chĂšres au cƓur des QuĂ©bĂ©cois, l’artiste a donnĂ© non seulement beaucoup de lui-mĂȘme mais il a su glisser une sĂ©rie d’images reprĂ©sentatives du long hiver canadien dont la poĂ©sie reste Ă  ce jour inĂ©galĂ©e.

Mais l’OT de MontrĂ©al ne s’en sert pas. En revanche, l’admirable succĂšs de Michel Sardou : « Les lacs du Connemara » qui a propulsĂ© dĂšs 1981 sur la scĂšne touristique cette petite rĂ©gion alors peu connue oĂč le chanteur (pour la petite histoire, n’avait jamais mis les pieds !) est toujours exploitĂ©e par le tourisme irlandais !

L’indiffĂ©rence d’autres villes


En fait, alors que quelques dizaines de villes profitent de la notoriĂ©tĂ© de certaines chansons pour exister sur les cartes touristiques, trop nombreuses sont encore celles qui n’en profitent pas.

Ainsi, Paris qui est capable d’afficher une liste interminable de titres consacrĂ©s Ă  ses rues, ses places, ses marchĂ©s, capable de compter dans quasiment tous les quartiers des adresses de chanteurs cĂ©lĂšbres dans le monde entier, n’en fait pas grand-chose sur le plan touristique.

Seuls des noms de rue et de places et quelques statues de bronze rappellent, depuis peu, que Dalida vivait Ă  Montmartre et que Georges Moustaki flĂąnait souvent autour de l’église Saint MĂ©dard.

Que dire encore de Marseille, l’autre grande capitale française de la chanson de variĂ©tĂ© et de l’opĂ©rette qui aurait tant Ă  dire sur ses talents musicaux historiques et se contente de mettre en avant sa scĂšne contemporaine, son hip hop et son rap ? Mais, ce n’est dĂ©jĂ  pas si mal !

Pour en lire davantage...

Vous pourrez en lire plus sur l’ouvrage "En avant la musique". Josette Sicsic. Editions L’Harmattan.

Et pour retrouver tous les articles de la SĂ©rie Tourisme et Musique : cliquez ici !

Josette Sicsic - DR
Josette Sicsic - DR
Journaliste, consultante, confĂ©renciĂšre, Josette Sicsic observe depuis plus de 25 ans, les mutations du monde afin d’en analyser les consĂ©quences sur le secteur du tourisme.

AprĂšs avoir dĂ©veloppĂ© pendant plus de 20 ans le journal Touriscopie, elle est toujours sur le pont de l’actualitĂ© oĂč elle dĂ©code le prĂ©sent pour prĂ©voir le futur. Sur le site www.tourmag.com, rubrique Futuroscopie, elle publie plusieurs fois par semaine les articles prospectifs et analytiques.

Contact : 06 14 47 99 04
Mail : touriscopie@gmail.com


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