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Futuroscopie - Les backpackeuses en plein essor, grâce aux communautés en ligne 🔑

spécial Journée internationale des droits des femmes


Il y aurait beaucoup à dire sur les femmes voyageuses, touristes, vacancières… Et tout ne peut pas être dit dans le cadre d’un article. Néanmoins, à l’occasion de cette nouvelle Journée internationale des droits des femmes, nous souhaitons apporter un éclairage sur les « Backpackeuses », c’est à dire ces « routardes » plutôt jeunes qui sillonnent la planète. En temps normal, s’entend. Pour cela nous avons interrogé Nathalie Montargot, professeure associée, à Excelia Business School de La Rochelle.


Rédigé par le Dimanche 6 Mars 2022

"Les backpackeuses interviennent en fait dans les réseaux affinitaires en ligne pour narrer leurs expériences et devenir elles-mêmes des soutiens aux autres femmes voyageuses" - Depositphotos.com Auteur Prystai
"Les backpackeuses interviennent en fait dans les réseaux affinitaires en ligne pour narrer leurs expériences et devenir elles-mêmes des soutiens aux autres femmes voyageuses" - Depositphotos.com Auteur Prystai
… Tout aussi actives, voire plus que les hommes, les femmes voyagent. Et c’est l’une de leurs grandes conquêtes.

En groupes, seules ou à deux, elles ont l’audace de ces pionnières incarnées par une Alexandra David Néel qui entra à Lhassa déguisée en homme en 1924, ou de ces audacieuses aventurières qui, accompagnées, n’en étaient pas moins dévorées par la curiosité et n’hésitaient pas à braver l’inconnu.

J’ai cité l’exploratrice suisse Ella Maillart, l’écrivaine américaine Edith Wharton, la très britannique Vita Sackswill West sur lesquelles nous reviendrons dans un article prochain.

Certes, le monde a changé. Il est par intermittences, plus sûr ! Et le voyage s’est démocratisé.

En temps normal, il est donc moins risqué de parcourir le monde surtout quand on a en poche une carte de crédit et un smartphone avec quelques applications efficaces et bien documentées.

Pour autant, depuis le récit de Muriel Cerf dans « L’Anti Voyage », un ouvrage qui a ravi des milliers de routardes confrontées aux mêmes aventures qu’elle en Inde, au Népal et Bhutan, il est d’autres témoignages (surtout des reportages) de cette présence féminine sur les routes du monde.

Et ils proviennent souvent de ces communautés de voyageuses qui en ligne, racontent leurs périples et leurs mésaventures tout en échangeant des informations et autres bons plans.

Révélateur d’un monde hyperconnecté où les écrans ont remplacé les courriers en « poste restante » d’American Express et de toutes les grandes postes du monde, cette correspondance analysée par des enseignantes chercheuses spécialisées en tourisme du groupe Excelia Business School de La Rochelle mettent en évidence quelques caractéristiques du voyage au féminin de ce nouveau millénaire.

Futuroscopie - Considérez-vous que les femmes ont des demandes spécifiques en matière de voyages touristiques ? de vacances ?

Nathalie Montargot :
Il semble difficile de généraliser selon les motivations de voyage et leurs modalités. Voyagent-elles pour leurs loisirs, le travail ? Seules, en famille, en groupe ? Quelle est leur destination ?

Nous avons avec mes co-autrices Joëlle Lagier (Excelia) et Magali Tréholan (SBSC), étudié plus particulièrement les voyage en solitaire de femmes qui voyagent en sac à dos (backpackeuses). Ces femmes recherchent dans le cadre de leurs loisirs une forme de voyage minimaliste et indépendant, proche des populations locales, afin de favoriser les rencontres et les découvertes authentiques.

Nous sommes parties des conversations en ligne de ces femmes sur les réseaux sociaux et notamment sur les forums de voyages sur Facebook avec des groupes dédiés, comme « Voyager au féminin en sac à dos » (88 000 membres), « We are backpackeuses ! » (139 000 membres) ou « Women who travel » (150 000 membres). Nous souhaitions répondre à la question suivante : comment les backpackeuses développent leur empowerment à travers leur voyage par le biais des réseaux affinitaires ?

Le phénomène d’empowerment correspond à une augmentation de leur pouvoir, de leur autonomie et de leur capacité à agir. Par la communauté en ligne et la sororité, elles développent des compétences, renforcent leur niveau de confiance et d’indépendance qui les encouragent à tenter l’aventure et à devenir pourvoyeuses d’information pour les autres femmes.

Futuroscopie : que ressort-il d’autre ?

Nathalie Montargot :
Il ressort de notre étude que les communautés en ligne accélèrent l’essor de cette forme de voyage. Les résultats montrent en effet qu’elles recherchent des informations provenant des femmes qui ont une expérience de cette forme de voyage. Elles sollicitent donc de l’information, jugée plus fiable de la part de leurs paires, qu’elles ne trouvent pas dans les circuits commerciaux.

Elles demandent alors de l’aide pour la construction de leur voyage minimaliste et authentique dans l’espace et dans le temps : Quand partir ? Où ? Quelles étapes prévoir ? Quel mode de transport et d’hébergement ? Quelle sécurité sur place ? Elles illustrent également leurs expériences par des récits de voyages, des anecdotes, des références à des blogs ou vlogs de voyage.

Nous avons ainsi identifié plusieurs formes d’empowerment qui correspondent à différentes phases : Le pré-voyage et la phase de recherche d’informations (l’empowerment intellectuel), le voyage en lui-même qui facilite l’empowerment expérientiel et enfin l’après-voyage qui renforce l’empowerment identitaire lors de leur retour au quotidien.

Nous avons plus particulièrement étudié l’expérience vécue avant et après le voyage (avec l’étude des besoins d’informations et des retours d’expérience), nous sommes donc en train de mettre au point une deuxième phase de recherche concernant l’expérience vécue lors du voyage lui-même.

En résumé, le voyage en solo apparaît comme une démarche d’émancipation. Il présente toutefois quelques spécificités au féminin, car cela implique de s’affranchir des normes de genre, d’anticiper et de gérer la sécurité et d’éviter de potentiels risques sur place, afin de maximiser l’expérience de liberté et d’autonomie.

Nathalie Montargot - DR
Nathalie Montargot - DR
Futuroscopie : Fait-on ce qu'il faut pour les satisfaire ?

Nathalie Montargot :
Il semble que les backpackeuses souhaitent pouvoir identifier rapidement les lieux clefs de leur voyage (transport, hébergement, détente, restauration, etc.). Ceux-ci doivent être facilement accessibles tant d’un point humain que physique (sécurité assurée sur place, qualité de l’accueil, coordonnées, horaires, etc.).

Les backpackeuses interviennent en fait dans les réseaux affinitaires en ligne pour narrer leurs expériences et devenir elles-mêmes des soutiens aux autres femmes voyageuses.

Elles partagent ainsi leur enrichissement personnel pour que les autres en profitent et s’en inspirent à leur tour. Les animatrices de communautés, pour renforcer cette dynamique, peuvent accompagner l’empowerment identitaire en donnant un rôle particulier à ces femmes dans la communauté.

C’est, par exemple, ce qui est mis en place dans le groupe Facebook « Voyager au féminin en sac à dos », avec la mise en relation de femmes qui souhaitent devenir mentors et d’autres qui souhaitent bénéficier d’un mentorat. Cet empowerment identitaire reste néanmoins un chemin personnel qui s’est construit indépendamment des acteurs du système, par le biais d’une forme d’auto-empowerment.

Futuroscopie : Assiste-t-on à des progrès ou au contraire des retours en arrière dans ce domaine ?

Nathalie Montargot :
Le tourisme étant très dépendant des phénomènes conjoncturels, il est difficile de le dire à ce stade tant la pandémie et maintenant les conflits géo-politiques au cœur de l’Europe impactent les voyages.

Néanmoins, nous avons analysé les conversations ouvertes et non pas les échanges privés entre les voyageuses. Or, ceux-ci sont probablement révélateurs d’autres sujets que nous ne pouvons pas bien évidemment analyser mais qui existent. Probablement, des sujets liés à la sécurité sanitaire bien au delà du Covid

La sécurité sanitaire pour les femmes

Pour compléter la dernière remarque de Nathalie Montargot, j’ajouterai bel et bien mon expérience de terrain : celle qui m’a permis de découvrir qu’il n’était pas toujours évident d’acquérir à des tarifs abordables des produits d’hygiène féminine ou ceux de contraception.

Pas facile non plus, dans certains pays, de trouver des tests de grossesse sans être stigmatisées par le pharmacien.

Difficile parfois de trouver des médecins compétents capables d’éviter des comportements discriminatoires dictés par un obscurantisme religieux…

Josette Sicsic - DR
Josette Sicsic - DR
Journaliste, consultante, conférencière, Josette Sicsic observe depuis plus de 25 ans, les mutations du monde afin d’en analyser les conséquences sur le secteur du tourisme.

Après avoir développé pendant plus de 20 ans le journal Touriscopie, elle est toujours sur le pont de l’actualité où elle décode le présent pour prévoir le futur. Sur le site www.tourmag.com, rubrique Futuroscopie, elle publie plusieurs fois par semaine les articles prospectifs et analytiques.

Contact : 06 14 47 99 04
Mail : touriscopie@gmail.com

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