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Futuroscopie : le thermalisme à l'heure du renouveau 🔑

Décryptage de Josette Sicsic, Futuroscopie


Le salon des Thermalies pour sa 41e édition faisait plaisir à voir. Malgré une première journée pénalisée par la grève, les trois jours suivants ont fait le plein de visiteurs en quête des fameux bienfaits que l’eau et ses multiples compléments peuvent procurer : thermalisme, thalassothérapie, spas, soins de toutes sortes. Après deux années difficiles, il est clair que le besoin de se remettre sur pied constitue une préoccupation largement partagée par des jeunes et des moins jeunes. Mais l’eau d’hier est-elle l’eau d’aujourd’hui ? Et les maux qui affectent l’eau d’une façon générale ne risquent-ils pas de pénaliser un secteur qui a trop longtemps vécu sur ses habitudes et des règles plus ou moins dépassées ?
Des réponses s’esquissent. Dans deux filières au moins : la thalassothérapie et le thermalisme sur lequel nous nous concentrons dans cet article.


Rédigé par le Mardi 24 Janvier 2023

Entièrement rénovés, les thermes de Balaruc-les-Bains ( Hérault) en font la première station thermale de France avec 52 000 curistes à l’année - Photo thermesbalaruclesbains.com
Entièrement rénovés, les thermes de Balaruc-les-Bains ( Hérault) en font la première station thermale de France avec 52 000 curistes à l’année - Photo thermesbalaruclesbains.com
Il y a l’eau de mer, de rivières, de lacs, de sources, de pluie…

Il y a l’eau que l’on boit, celle dans laquelle on nage ou se prélasse, celle qui fait vivre la nature et nous fait vivre, celle qui fait tourner les usines, celle qui nettoie.

Et puis, il y a l’eau qui monte inexorablement (la mer) et qui est déjà sur le point de submerger les littoraux de certaines régions du globe.

Et celle qui descend dans les réserves et les nappes phréatiques et qui est en train de créer les conflits d’usage pourtant annoncés par les écologistes de la première heure.

Indispensable à la vie, l’eau c’est cependant la vie. Celle qui, dans toutes les cultures, dans toutes les mythologies et religions permet à l’humanité de s’épanouir.


La mutation du thermalisme grâce à trois piliers porteurs

Très liée à l’histoire du tourisme, l’eau thermale a attiré tôt dans l’Antiquité, les notables et les populations de proximité en quête de soins. Très bien dotée, la France n’a pas échappé à ce mouvement.

Ainsi, aujourd’hui, selon le dernier rapport de l’Observatoire de l’économie des stations thermales (OESTH), avec 88 stations, 102 établissements dont 77 sont privés, et 770 sources d’eau minérale, notre pays France détient 20% du capital thermal européen.

Lire aussi : L’essor annoncé du bien-être "hardcore" 🔑

Mais, 7 stations s’accaparent 20% de la clientèle alors que 70% des stations comptent moins de 5000 habitants. Ce qui rend l’activité thermale déterminante pour leur économie qui globalement sur l’ensemble du pays génère 2.5 milliards d’euros de recettes, environ 16 000 emplois temps plein.

Des chiffres confirmant qu’il n’est décidément pas question pour l’Hexagone de se priver d’une offre historique. Mais, les chiffres de fréquentation, en baisse dramatique pendant les mois de confinements (la moyenne se situait autour de 600 000 curistes en année normale) démontrent pour leur part que l’avenir du thermalisme ne peut continuer sans une réforme d’envergure.

Une réforme passant par la création d’une offre complémentaire de bien-être plus adaptée aux attentes de nos contemporains. Et surtout par une modernisation de ses équipements dont certains trop désuets souffrent mal de la concurrence des stations étrangères, vis-à-vis notamment d’une clientèle internationale qui nous fait défaut.

En effet, plus attirée par l’offre luxueuse de certaines stations italiennes par exemple, lesquelles étaient venues massivement participer aux Thermalies sous la houlette de leur ministre du tourisme, la clientèle internationale cherche des soins mais aussi une hôtellerie de qualité, à des tarifs accessibles, et surtout moins de contraintes en termes de durée de séjours et de prises en charge. Une antienne qui agite le monde du thermalisme français depuis des lustres.

Certes, pour le moment, on ne peut cependant pas nier les rénovations et l’avénement d’une nouvelle génération d’équipements de prestige comme le projet de Vittel du Groupe France Thermes dont les travaux commenceront bientôt, ou celui du groupe Valvital à Nancy qui ouvrira ses portes cette année, avec trois espaces sur 3700 mètres carrés, autour du bien-être, la santé, l’aqualudisme.

Un type équipement qui a joué le rôle de sauveurs dans les années quatre-vingt pour beaucoup de stations et affiche des performances de 1.5 million d’entrées annuelles.

Autre sauveur à exploiter : l’offre touristique qui pourrait faire accomplir aux stations thermales souvent bien situées, un véritable bond en avant. D’une part, elle détient les clés de l’hébergement (43% marchand et 57% en résidences secondaires). D’autre part, la station thermale propose un environnement propre aux activités de plein air : patrimoine naturel (92%), randonnée (87%), vélo (81%), culture ( 90%)… et casino ( 60%) alors que le tourisme d’affaires représente 33% des activités pratiquées.

Relativement faciles à développer, ces activités qui ne nécessitent pas forcément de gros investissements financiers ont l’avantage de correspondre aux attentes d’une clientèle de vacanciers post-pandémiques qui a besoin de nature et de remèdes naturels.

A noter enfin qu’en termes de santé, le taux d’équipement des stations est 1.8 fois plus élevé que la moyenne. En termes de médecins, on y trouve 3 fois plus de médecins qu’en moyenne nationale. Ce qui est pour le moins rassurant à l’heure où les déserts médicaux font trembler les populations résidentes et les touristes. Même constat pour les pharmacies.

Didier Calas, PDG des Thermes de Balaruc les Bains : « le futur ne m’inquiète pas »

Entièrement rénovés, les thermes de Balaruc-les-Bains ( Hérault) en font la première station thermale de France avec 52 000 curistes à l’année. Une fierté pour Didier Calas, à la tête de l’établissement, qui ne ménage pas sa peine.

Non seulement, il tient à rester leader en rhumatologie et phlébologie, mais il tient à diversifier l’offre de la station sur le plan du bien être voire du « mieux être » et autres activités ludiques, capables de « faire du bien » à ses curistes.

Selon lui, il est capital de multiplier une offre parallèle « sympathique », ludique, susceptible de détendre une clientèle plus jeune qui peut revenir vers les stations thermales à condition que celles-ci perdent leur image désuète et leur clientèle vieillissante ou tout simplement « vieille ». Car, les rhumatismes « c’est bien évidemment plus une maladie de vieux », dit-il en souriant.

Ce qui, une fois dit lui permet d’affirmer qu’il « ne se fait aucun souci pour l’avenir du thermalisme. Les gens souffrent et souffriront longtemps encore de cette affection. Ils auront donc toujours un besoin vital de cures ». Et de cures de plus en plus efficaces car les services de recherche de l’établissement thermal ne chôment pas et font des découvertes dont nous entendrons parler…

Les nuages dans un ciel radieux

Mais, attention. Tout n’est pas rose non plus dans les stations, surtout celles qui souhaiteraient se doter de nouvelles spécialités capables de satisfaire une clientèle en quête d’une offre santé moins traditionnelle et plus tournée soit vers la beauté du corps, du visage, la minceur, la relaxation, la vitalité et pourquoi pas la bonne humeur !

En effet, elles enregistrent aussi de graves problèmes liés aux difficultés de recrutement d’un personnel qualifié. Près de 90% ont déclaré avoir éprouvé des problèmes de ce type en 2021. En tête des pénuries de personnel : les kinésithérapeutes (77% des stations s’en plaignent), les médecins thermaux ( 44%) ou tout simplement les infirmiers, les psychologues et autres spécialistes de thérapies complémentaires. Une pénurie imputable aussi au manque d’attractivité du secteur, aux conditions de travail, aux faibles rémunérations et à l’activité saisonnière du thermalisme.

Lire aussi : Quand les plantes changent de statut et renforcent le bien-être 🔑

Sans compter que passer sa vie dans une petite station thermale quand elle est fermée n’a rien de réjouissant pour des jeunes !

Autre danger : comme partout ailleurs, et comme les autres stations, les stations thermales ne peuvent se dispenser de courir des risques graves par rapport aux changements climatiques en cours. En montagne, l’Observatoire des stations thermales a bien souligné que l’évolution des niveaux d’enneigement pourrait surtout pénaliser Ax-les-Thermes, Bagnères-de-Luchon, La Bourboule, Eaux Bonnes…

Les changements climatiques extrêmes pourraient pénaliser Allevard-les-Bains, Amélie-les-Bains Palalda, Bagnères-de-Bigorre, Cilaos, Digne-les-Bains, Vals-les-Bains… Quant au manque d’eau lié aux canicules, il menace bon nombre d’autres stations…

Enfin, sans vouloir jouer les oiseaux de mauvais augure, on ne peut exclure les risques de pollution des eaux. Ainsi, en 2006, Enghien-les-Bains a dû fermer ses thermes à cause d’une pollution aux nitrates probablement liées à l'usage de désherbants. Certes, les contrôles sont sérieux, réguliers, fréquents et irréprochables.

Mais, par les temps mauvais qui courent, on ne sait jamais ce que nos lendemains peuvent inventer. En tout cas, plus que d’autres, la station thermale de demain doit aussi gérer les problèmes de performance énergétique et les problèmes de sécurité des eaux usées. En fait, toutes doivent engager une course à l’obtention d’un label de performance responsable. Car, pour l’instant, aucune d’entre elles n’en détient !

Josette Sicsic - DR
Josette Sicsic - DR
Journaliste, consultante, conférencière, Josette Sicsic observe depuis plus de 25 ans, les mutations du monde afin d’en analyser les conséquences sur le secteur du tourisme.

Après avoir développé pendant plus de 20 ans le journal Touriscopie, elle est toujours sur le pont de l’actualité où elle décode le présent pour prévoir le futur. Sur le site www.tourmag.com, rubrique Futuroscopie, elle publie plusieurs fois par semaine les articles prospectifs et analytiques.

Contact : 06 14 47 99 04
Mail : touriscopie@gmail.com

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