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Futuroscopie - quelle part du marché russe votre pays va-t-il perdre ? 🔑

Le décryptage de Josette Sicsic (Futuroscopie)


L’exercice prospectif démontre son efficacité quand il repère les scenarii de rupture et prend soin de les analyser. Après la pandémie, la guerre déclarée par le président russe avait beau être annoncée par les analystes les plus lucides, elle était jugée improbable par ce que le monde compte de géopoliticiens. La réalité est autre...


Rédigé par le Lundi 28 Février 2022

En France, où l’on avait beaucoup misé sur les Russes, notamment sur les ultra riches, et sur les Ukrainiens (en 2012, Atout France publiait un cahier sur les 2 marchés), il est clair que l’on ne s’attend pas à un retour de ces clients, sur les trois destinations surtout où ils avaient leurs habitudes. - Depositphotos.com Auteur Anton_Sokolov
En France, où l’on avait beaucoup misé sur les Russes, notamment sur les ultra riches, et sur les Ukrainiens (en 2012, Atout France publiait un cahier sur les 2 marchés), il est clair que l’on ne s’attend pas à un retour de ces clients, sur les trois destinations surtout où ils avaient leurs habitudes. - Depositphotos.com Auteur Anton_Sokolov
Et parmi les conséquences dramatiques du conflit en cours, les pertes générées par le marché touristique russe ne sont pas négligeables.

A l’heure où les chars et les bombardements assaillent l’Ukraine, les professionnels du tourisme de toutes les destinations privilégiées par les Russes, font leurs comptes.

Et ils ne sont pas bons.

En matière de prévision, la plateforme Mabrian Travel Intelligence a calculé le nombre de sièges aériens prévus depuis la Russie donc « probablement supprimés) pour les six mois à venir. Ce sont les suivants :

France : 179 000
Espagne : 123 000
Italie : 229 000
Grèce : 303 000
Égypte : 283 000
UAE : 771 000
Turquie : 1 990 000


Avec plus de 45 millions de voyages à l’étranger (en 2019), la clientèle russe (et ukrainienne) étaient indéniablement prometteuses pour de nombreuses destinations.

D’après les estimations ci-dessus, l’on notera que le retour de bonnes relations avec la Turquie laissait entrevoir une saison estivale euphorique pour les opérateurs turcs.

Ils attendaient au moins 2 millions d’arrivées, voire beaucoup plus durant l’été, et qui voient de nouveau leur optimisme s’effondrer et les risques de banqueroute se préciser.

Pour mémoire, les Russes constituent, quand les deux pays sont « amis » 20% de la clientèle touristique du pays auxquels s’ajoutent les Ukrainiens !

'*) Mabrian Travel Intelligence

Sombres perspectives aussi pour l’Égypte qui annonçait cependant vouloir garder les clients russes déjà sur place jusqu’à ce qu’ils puissent retourner dans leur pays en toute sécurité.

Même les USA qui espéraient plus de 200 000 arrivées font grise mine. Probablement pour longtemps.

Quant à l’Europe, elle n’est guère mieux lotie. La Grèce, première victime, n’avait pas ménagé ses efforts pour retrouver en 2022 ses niveaux de fréquentation d’avant Covid ( soit quelque 30 millions d’arrivées) dans lesquels les Russes pesaient de plus en plus lourd : au moins 500 000 pax, notamment sur la Crête et ses villages de vacances bon marché.

Quant à l’Ukraine elle-même, neuvième destination touristique européenne, elle aurait pu accueillir plus d’un million et demi de Russes si le temps était au beau fixe !

Soit sa deuxième clientèle après les Polonais. Mais, l’histoire fera sans doute ses comptes autrement…

La France : montagne, Côte d’Azur, Paris-Ile de France vont souffrir

En France, où l’on avait beaucoup misé sur les Russes, notamment sur les ultra riches, et sur les Ukrainiens (en 2012, Atout France publiait un cahier sur les 2 marchés), il est clair que l’on ne s’attend pas à un retour de ces clients, sur les trois destinations surtout où ils avaient leurs habitudes.

D’ores et déjà, la région Paris-Ile de France qui estimait à 360 000 les séjours des Russes, sur une durée moyenne de 6,4 nuits, s’attend à perdre les recettes de leurs dépenses évaluées par l’Observatoire du CRT à 142 euros en moyenne par jour. Soit un total de 343 millions d’euros de recettes.

Sur la Côte d’Azur, destination historique, très prisée par les clientèles russes et ukrainiennes, les hôteliers sont également très inquiets. Les annulations se précisent d’autant plus que les sanctions de toutes sortes notamment financières risquent de durer. Or, selon les derniers chiffres de l'Observatoire du tourisme de la Côte d'Azur, le marché russe se place au 9e rang des étrangers sur la Côte d'Azur. Il représente plus de 300.000 séjours par an. Et si plus de 1.000 résidences secondaires ont été recensées, près de la moitié des séjours se déroulent dans les hôtels, surtout 4 et 5 étoiles, et les résidences.

Enfin, la situation n’est pas plus brillante en montagne, notamment dans ces stations vedettes que sont Courchevel ou Megève.

Très fréquentées par les couches les plus aisées de la clientèle russe, ces stations déplorent des annulations en cascade dans l’hôtellerie, comme le rapporte un article de la Tribune.

A Courchevel seule, les Russes représentaient 800 000 nuitées et des dépenses faramineuses dans les boutiques et boîtes de nuit.

Quid du marché russe en Espagne ?

En Espagne, même scenario. En une semaine, les réservations de nuits d’hôtel ont chuté de 18 % dans le pays, selon la plateforme de réservations Mirai.

Une baisse directement liée au conflit puisque qu’elle a commencé aux alentours du premier jour de l’attaque russe.

Pour les professionnels du tourisme, c’est une inquiétude de plus, alors qu’ils se relèvent à peine de la crise sanitaire. Mais les Russes ne représentent pas une majorité de leurs clients : ils étaient environ 1,3 million par an avant la pandémie, c’est-à-dire environ 1,5 % de tous les touristes étrangers dans la Péninsule ibérique.

Leur présence était néanmoins intéressante, puisqu’ils dépensaient en Espagne environ 1,4 milliard d’euros, sur une année. Région la plus touchée : la Catalogne et Barcelone où ils représentent seulement 2 % des touristes mais dépensent beaucoup là aussi !

Des dépenses internationales en baisse depuis 2013

En matière de dépenses, on fait aussi des comptes. Globalement, les classes moyennes russes avaient diminuer leurs dépenses suite à la dévaluation de leur monnaie. Ainsi en 2013, globalement, on estimait leurs dépenses à plus de 53 milliards de dollars US contre 31 milliards en 2017, suivant une décrue régulière chaque année.

… Dur, dur donc ce monde d’après Covid dans lequel les dictateurs les uns après les autres sont capables de pulvériser en quelques semaines les efforts de nombreuses professions du tourisme.

Les espoirs ruinés du tourisme domestique russe

Selon une enquête de l’AFP datant de 2019, les Russes étaient bel et bien déterminés à entrer dans le Top Ten des plus grandes destinations touristiques du monde, alors qu’elle était au seizième rang.

« Le gouvernement, indique l’article, travaille à une nouvelle stratégie visant à doubler d'ici à 2035 la part du secteur dans l'économie, pour atteindre 7% du PIB, et à doubler les recettes budgétaires liées à cette activité. Une source citée par l'agence Interfax a évoqué des investissements approchant les 10 milliards d'euros ».

Josette Sicsic - DR
Josette Sicsic - DR
Journaliste, consultante, conférencière, Josette Sicsic observe depuis plus de 25 ans, les mutations du monde afin d’en analyser les conséquences sur le secteur du tourisme.

Après avoir développé pendant plus de 20 ans le journal Touriscopie, elle est toujours sur le pont de l’actualité où elle décode le présent pour prévoir le futur. Sur le site www.tourmag.com, rubrique Futuroscopie, elle publie plusieurs fois par semaine les articles prospectifs et analytiques.

Contact : 06 14 47 99 04
Mail : touriscopie@gmail.com

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