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Futuroscopie : un tourisme de réparation investit le secteur du luxe 🔑

DĂ©cryptage de Josette Sicsic, Futuroscopie


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D’ « upstream », le bien-être est devenu « mainstream ». La cause est entendue. D’où la prolifération de spas et autres activités dédiées au bien être dans l’hôtellerie, les stations, les territoires. Mais, il apparaît que, face à un public de plus en plus averti et exigeant, certains veulent aller plus loin et mettre au point une offre holistique totalement dédiée à la réparation et la réinvention de soi. En version luxe ou en version plus modeste, mais avec tous les problèmes de recrutement se posant à ce secteur…


Rédigé par le Jeudi 16 Mars 2023

Lou Calen se présente comme un hôtel de luxe éco responsable qui propose 36 chambres douillettes et élégantes et une palette d’activités - Photo Lou Calen
Lou Calen se présente comme un hôtel de luxe éco responsable qui propose 36 chambres douillettes et élégantes et une palette d’activités - Photo Lou Calen
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… Dans les années 2000, une étude réalisée sur un échantillon de vacanciers fréquentant des resorts, indiquait que le resort idéal serait celui où l’on peut se faire « réparer » de la tête au pied, « relooker » et doter de nouveaux savoirs tant culinaires que sportifs ou artisanales…

Ce rêve de « fabrique » d’un nouveau « moi » était né. Mais, force est de constater qu’il n’est toujours pas réalisé. Ou, alors il est en voie de l’être !

Pour lancer le concept : the Purist*, le groupe Accor a en effet jeté son dévolu sur les Cures Marines de Trouville MGallery, où il remplacera l’institut de thalasso, détruit par un incendie en février 2022. Sacré défi pour le géant de l’hôtellerie qui, depuis quelques années, a bel et bien, le bien-être dans la tête et cherche à peaufiner une offre de qualité, originale et compétitive.

Selon les propres mots d’une responsable : « Il s’agit d’offrir une expérience immersive et holistique aux clients d’Accor, dans le cadre d’une démarche globale de bien-être qui sera infusée dans l’ensemble des services (espace bien-être, hébergement, restauration). »

Pour résumer, dit en termes de technocrates : « il s’agit de créer des cercles vertueux d’expériences et de partages d’expériences pour embarquer les clients dans une quête de la connaissance de soi et de leur permettre d’être acteurs de leur bien-être de façon durable. »

Dit en langage courant : il s’agit tout simplement de proposer un lieu éco responsable dans lequel toutes sortes de thérapies, soins et activités de loisirs et développement personnel permettront à la clientèle de se faire du bien, et potentiellement de se « réparer » !


Sur une idée ancienne, le concept se développe

Bien évidemment, l’idée est aussi ancienne que le tourisme de santé d’une façon générale, que les cures de thalassothérapie ou de thermalisme…

Mais, la nouveauté réside dans la capacité d’un seul opérateur à proposer dans un cadre le plus enchanteur et luxueux possible, en pleine nature de préférence, une palette de plus en plus détaillée d’activités triées sur le volet.

Ainsi, dans le Var, le dernier né se nomme Lou Calen. Proche de Cotignac, conçu par un homme d’affaires canadien, il se présente comme un hôtel de luxe éco responsable qui propose 36 chambres douillettes et élégantes et une palette d’activités permettant d’accomplir ce chemin désormais banal mais très en vogue, tendant à se déconnecter pour se reconnecter à la nature et à soi.

Pour cela, des coachs et thérapeutes locaux sont mis à contribution dont quatre ont un contrat avec l’établissement, tandis que l’on estime à une trentaine les partenaires capables d’apporter leur contribution à la philosophie des lieux.

Outre le yoga ou la méditation, on propose une découverte de la flore locale et de ses vertus culinaires (truffes, safran…) mais aussi des soins permettant de se dérider par l’entremise de pierres semi précieuses de gua sha.

Mieux, on propose aussi de la marche méditative, du « gong song », une méthode de relaxation, asiatique bien évidemment… Sans oublier cependant un bar à vin et une bière locale ainsi qu’une bonne table !

Le tout sous la forme de packages, ou à la carte. Le tout, à des tarifs plutôt haut de gamme qui ne sont pas à la portée de toutes les bourses.

Le bien-ĂŞtre en version luxe

Prévue depuis la fin du siècle dernier, la mutation du luxe est donc une réalité et une évidence qui se loge partout et poursuivra sa marche en avant face à une clientèle grandissante, se satisfaisant de mieux être plus que de santé. Deux créneaux qu’il ne faut pas confondre.

Ainsi, dans les resorts ayurvédiques du Kerala en Inde, on propose à la fois des packages beauté, purification du corps, rajeunissement, tenant du bien-être.

Mais, l’on propose aussi en version haut de gamme ou moyenne gamme des séjours particulièrement efficaces sur le plan de la santé, qui ont le mérite d’afficher des prix très inférieurs à ceux pratiqués en Europe : 75 euros par jour, tout compris, précise une cliente d’un établissement de Varkala, qui revient chaque année passer un mois dans ce qu’elle considère comme le meilleur site du monde pour retrouver une forme physique et mentale.

Une autre habituée, sur un autre site du Kérala appartenant à la chaîne Raja Ayurvéda, insiste également sur la dimension médicale de l’ayurvéda qui, dans de nombreux établissements se pratique sous la forme de cures à raison de plusieurs massages et soins par jour, doublées d’un régime alimentaire et d’activités strictes, surveillées et contrôlées.

Les risques du luxe combiné à l’amateurisme

Une dernière remarque qui confirme le problème de l’amateurisme risquant de régner dans les établissements européens. Certes, les Occidentaux sont de plus en plus nombreux (nombreuses surtout) à se former à des méthodes thérapeutiques d’inspiration asiatique (chinoise, indienne…) qui font illusion.

Mais, ces formations peu surveillées, ne garantissent aucunement la qualité des praticiens. Alors qu’en Inde, le médecin ayurvédique est formé en six ans, en France n’importe qui peut devenir du jour au lendemain un « masseur ayurvédique » et tromper sa clientèle.

Si bien que, pour pouvoir juger des capacités d’un prestataire, il convient de posséder soi-même une très grande connaissance de toutes ces disciplines et surtout une expérience. Aucun diplôme officiel, on le répète, existe. De plus, les Occidentaux, malgré de fréquents séjours de formation en Asie, ont souvent du mal à intégrer une tradition qui n’est pas ancrée dans leur culture.

On peut donc imaginer que, les programmes déployés dans certains établissements pourront laisser à désirer. Ce qui pourrait finir par poser problème et causer un préjudice à tous les nouveaux venus qui auront beau mettre en avant leur sérieux haut de gamme dans un discours étudié, n’en seront pas moins approximatifs dans leurs programmes.

… A l’heure où les Occidentaux consomment de plus en plus d’anti dépresseurs (16 millions. Étude santé 2019), ces établissements ont bien un rôle à jouer. Mais, ils doivent à leur clientèle la compétence, le sérieux, la prudence et surtout la transparence.

La santé ne peut se positionner comme un produit commercial de plus. Le bien-être non plus. On ne devient pas un spécialiste des soins de l’esprit comme on devient un spécialiste du tir à l’arc ou de la poterie !

D’hier à aujourd’hui :

Un pionnier : l’espace des possibles

*A tout seigneur, tout honneur. Notons qu’une première génération de militants du « mieux être », adeptes convaincus de l’efficacité des disciplines de ressourcement, déconnection, méditation, yoga… a dès les années soixante-dix, créé des « villages de vacances » dédiés à ces disciplines.

Ainsi, Yves Donnars, psychothérapeute, formé en Californie, a-t-il créé « L’espace des possibles » près de Royan en bord de mer, sur plus d’une dizaine d’hectares. Là, depuis près de 50 ans, son équipe aguerrie dans le recrutement de ses prestataires propose des dizaines de disciplines tous les jours que les participants peuvent expérimenter à leur rythme et sur lesquelles ils peuvent échanger avec les autres participants au cours de soirées, repas, apéros.

Fréquenté par des fidèles sur plusieurs générations, l’Espace des possibles se présente comme une sorte de laboratoire capable de dénicher les thérapies de demain tout en cultivant les disciplines éternelles comme la danse ou la musique…

https://www.jardiner-ses-possibles.org

*The Purist incarne les ambitions d’un groupe hôtelier à l’écoute de l’air du temps

S’inspirant de la réflexion menée depuis plusieurs années dans le secteur, l’offre du groupe Accor est construite autour de quatre piliers bien identifiés : le soin, l’activité physique (de pleine conscience, posturale, de plein air, sportive), la nutrition (basée sur la cuisine énergétique avec l’apport de la cheffe Émilie Félix) et le sommeil (en lien avec le Dr Alexandra Balu, spécialisée dans l’antiâge et la nutrition).

Les emprunts aux neurosciences sont omniprésents, via la neuro-relaxation ou la neuro-esthétique, par exemple. La teneur des programmes et des cartes ? Rien de précis n’a filtré pour l’instant.

Mais c’est certain : chez The Purist, il sera question de soins holistiques et high tech (qui varieront d’un établissement à l’autre), d’expériences individuelles et collectives (via des workshops, des temps de partage…), d’ultra personnalisation et de bien-être à 360°, pour une clientèle en quête de reconnexion à soi…

Josette Sicsic
Josette Sicsic
Journaliste, consultante, conférencière, Josette Sicsic observe depuis plus de 25 ans, les mutations du monde afin d’en analyser les conséquences sur le secteur du tourisme.

Après avoir développé pendant plus de 20 ans le journal Touriscopie, elle est toujours sur le pont de l’actualité où elle décode le présent pour prévoir le futur. Sur le site www.tourmag.com, rubrique Futuroscopie, elle publie plusieurs fois par semaine les articles prospectifs et analytiques.

Contact : 06 14 47 99 04
Mail : touriscopie@gmail.com

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